CANADA : LÉTHARGIE PASSAGÈRE OU DURABLE À L’ORÉE DE 2025?
En février, les ventes d’automobiles au Canada ont perdu ‑1,7 % sur un mois pour se chiffrer à 1,69 million d’exemplaires en rythme désaisonnalisé et annualisé, selon Wards Automotive (graphique 1).

La cadence des ventes de véhicules légers a fléchi au début de l’année, en chiffres désaisonnalisés : la moyenne mobile sur trois mois (mm3m) a plongé à 1,73 million d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé), contre 1,85 million d’exemplaires au quatrième trimestre de 2024.
Le pronostic de l’industrie laisse entendre que ce ralentissement pourrait s’expliquer en partie par la léthargie du segment des véhicules électriques, parce qu’on a mis en pause en janvier le rabais fédéral du Programme d’incitatifs pour véhicules zéro émission (iVZE) et la subvention des véhicules électriques Roulez Vert du Québec en raison du tarissement annoncé dans le financement de ces programmes. Le Québec devrait relancer en avril, dans le nouvel exercice financier, sa subvention pour les véhicules électriques, qui devrait cadrer avec le plan déjà annoncé pour éliminer progressivement le programme d’aide financière, alors que l’avenir du programme iVZE est plus incertain, surtout dans un scénario de guerre commerciale dans lequel les gouvernements pourraient être appelés à respecter de front différentes priorités dans les dépenses des programmes.
Vers la fin de 2024, les statistiques économiques ont laissé entrevoir une réaction positive à la baisse des taux d’intérêt : le taux de chômage du Canada évolue tendanciellement aux alentours de 6,6 % en février, contre 6,9 % en novembre 2024, et les chiffres du PIB nous apprennent que la consommation des ménages a crû de 5,6 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé et annualisé) au quatrième trimestre. Or, la menace de l’administration américaine d’imposer des surtaxes généralisées de 25 % sur les importations hors énergie du Canada, de concert avec la riposte du Canada d’imposer des surtaxes réciproques sur 155 milliards de dollars de marchandises, continue de peser sur ce rebond de l’activité économique et sur les perspectives. Les dirigeants d’entreprises et les représentants de l’industrie automobile avertissent que des surtaxes aussi importantes pourraient paralyser la production automobile en moins d’une semaine, puisque la chaîne logistique est fortement intégrée dans le couloir nord‑américain et ne pourrait pas absorber ces surcoûts.
La conjoncture commerciale reste volatile : les menaces tarifaires changent chaque jour. Nos prévisions pour les ventes de véhicules légers canadiens s’établissent à 1,84 million d’exemplaires en 2025 et à 1,83 million en 2026; or, elles risquent de baisser si les surtaxes généralisées se matérialisent.
ÉTATS-UNIS : DES VENTS CONTRAIRES TARIFAIRES TENACES SOUFFLENT SUR LA CROISSANCE
En février, les ventes d’automobiles aux États-Unis ont gagné 3,2 % sur un mois en rythme désaisonnalisé pour s’inscrire à 16 millions d’exemplaires en rythme annualisé (graphique 2).

Dans les deux premiers mois de 2025, les ventes mensuelles d’automobiles aux États-Unis ont reculé après avoir bondi à la fin de l’an dernier. La cadence des ventes en mm3m en février s’est ralentie à 16,1 millions d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé), contre une moyenne de 16,5 millions d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé) au T4 de 2024. Or, le rythme des ventes de véhicules légers neufs reste supérieur aux 15,9 millions d’exemplaires vendus en 2024.
L’inflation sous‑jacente toujours aussi récalcitrante, engluée aux alentours de 3 % sur un an, de concert avec la moyenne de 4,1 % du taux de chômage, a repoussé les attentes pour d’autres baisses de taux de la Réserve fédérale dans le court terme. La Fed a abaissé son taux directeur de 100 points de base, à 4,5 %, dans ses trois dernières réunions de 2024, et les marchés anticipent un ralentissement dans le rythme des baisses en 2025. On s’attend à une normalisation progressive de la politique monétaire, ce qui représente une constituante porteuse de la croissance économique, qui devrait se ralentir en 2025 par rapport à la forte croissance de 2,8 % sur un an comptabilisée en 2024. Or, la multiplication des menaces tarifaires et leur mise en œuvre commencent à plomber les perspectives, ainsi que le moral des consommateurs et des entreprises.
Nos prévisions pour les ventes de véhicules légers aux États-Unis ressortent à 16,2 millions d’exemplaires en 2025 et à 16,5 millions en 2026, ce qui risque de baisser si les surtaxes généralisées devaient être mises en œuvre dans toute l’Amérique du Nord.
VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : CROISSANCE GÉNÉRALISÉE DES VENTES EN 2024
Les ventes mondiales d’automobiles se sont ralenties à ‑1,1 % sur un mois (en rythme désaisonnalisé) en décembre, après avoir augmenté dans quatre des cinq mois précédents (graphique 3). Les ventes d’automobiles se sont accélérées de 7,6 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé) au T4, grâce à la vigueur des ventes, vers la fin de l’année, ce qui a donné la meilleure croissance trimestrielle depuis le T3 de 2022. Les ventes mondiales annuelles d’automobiles ont progressé de 3,5 % en 2024. En Europe de l’Ouest, les ventes d’automobiles ont fini l’année sur une meilleure note qu’au début de 2024 : elles ont augmenté de 2,4 % sur un mois (en rythme désaisonnalisé) en décembre et de 3,9 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé) au T4, même si elles ont légèrement fléchi de ‑0,1 % sur un an (en rythme non désaisonnalisé) en 2024. En Europe de l’Est, elles ont gagné 0,4 % sur un mois (en rythme désaisonnalisé) en décembre, en progressant de 3,4 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé) au T4, ce qui donne une croissance annuelle des ventes de 22,4 % sur un an (en rythme non désaisonnalisé) pour 2024. Dans la région de l’Asie‑Pacifique, les ventes d’automobiles ont perdu ‑2,2 % sur un mois (en rythme désaisonnalisé) pour décembre; or, le rythme moyen des ventes a augmenté de 10,3 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé) au T4, grâce à des ventes annuelles en hausse de 2,8 % sur un an (en rythme non désaisonnalisé) pour 2024, essentiellement du fait de la progression de 5,9 % sur un an des ventes d’automobiles en Chine, pays qui représente le marché le plus important de la région en volume. Dans le même temps, les ventes de véhicules en Amérique latine ont régressé de ‑6,0 % sur un mois (en rythme désaisonnalisé) pour décembre, ce qui a masqué par ailleurs la hausse des ventes de 3,2 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé) pour le T4 et ce qui a pesé sur l’augmentation de 9,3 % sur un an (en rythme non désaisonnalisé) pour 2024. Nous prévoyons que les ventes mondiales de véhicules augmenteront de 1,8 % en 2025 et de 1,7 % en 2026 (graphique 4).



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