SYNTHÈSE
- Les données publiées continuent d’indiquer qu’un solide rebond économique se dessine partout dans le monde; nous nous attendons toujours à ce que l’inflation se modère pour atteindre son taux cible à mesure que l’année avance.
- Le durcissement du discours de la Fed a eu des incidences négatives sur les cours de nombreux produits de base en juin.
- La flambée des grands indices repères du brut a perduré en juin et les fondamentaux se sont fortifiés; les pourparlers de l’OPEP+ et sur le pacte nucléaire iranien continuent de peser sur le marché.
- Les principaux métaux industriels ont inscrit des gains de prix plus modérés en juin qu’en mai : les valeurs du cuivre ont plongé. Or, les porteurs fondamentaux de la demande et de l’offre restent en place.
LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE : LA FED CHANGE DE TON
Les données publiées continuent d’indiquer qu’un solide rebond économique se dessine partout dans le monde. Les statistiques publiées dans certains pays pendant la durée de la troisième vague laissent entendre que la relance a été freinée en avril et en mai; la hausse des taux de vaccination — surtout au Canada — est de bon augure pour un rebond, et la reprise se déroule dans de nombreux pays. Nous nous attendons toujours à ce que la croissance mondiale passe la barre des 6 % en 2021 — ce qui constituerait le taux de croissance le plus vigoureux depuis au moins 1980.
Les données publiées pour le Canada et les États-Unis en mai font état du taux d’inflation le plus élevé depuis le début des années 2000; nous nous attendons toujours à ce que, dans le bilan de l’économie, l’offre augmente suffisamment dans les prochains mois pour modérer le rythme de l’accroissement des prix et rapprocher l’inflation de sa cible. C’est pourquoi nous croyons toujours que la Banque du Canada haussera, au T3 de 2022, son taux directeur et que la Réserve fédérale américaine commencera probablement à déboucler son bilan en janvier 2022 avant de hausser ses taux d’intérêt au T2 de 2023. D’ici là toutefois, il se peut que les prix bondissent à cause des pénuries de produits. La léthargie relative du marché du travail américain (graphique 1) plaide pour le prolongement des mesures de relance monétaires; toutefois, il est probable que ce marché prenne du mieux.
Il n’empêche que les acteurs du marché ont clairement réagi aux signaux inflationnistes et au changement de ton dans les communiqués de la Réserve fédérale américaine en juin, ce qui s’est répercuté sur les cours de nombreux produits de base dans l’univers que nous couvrons.
LE COURS DE L’OR TRÉBUCHE À LA FIN DU MOIS
Le lingot a été l’une des victimes du durcissement du discours de la Réserve fédérale américaine en juin (graphique 2, page 2). Une séance après la publication du dernier procès-verbal du FOMC, les cours de l’or ont perdu plus de 80 $ US l’once : il s’agit du plongeon intraséance le plus brutal depuis août l’an dernier. Si le métal jaune a culminé dans l’année écoulée, c’est grâce au cadrage de la banque centrale américaine, qui tolère le surciblage de l’inflation et qui veillera à ce que les taux restent faibles dans les prochaines années. Ni l’une ni l’autre des plateformes de la politique monétaire n’a été abandonnée dans le procès-verbal de juin du FOMC; or, l’amélioration des projections de l’inflation et de la croissance et un basculement de certains membres du comité qui préfèrent avancer les hausses de taux ont de toute évidence amené certains acheteurs d’or à repenser leurs attentes vis-à-vis des taux réels américains.
PÉTROLE BRUT : LE MOIS LE PLUS FRUCTUEUX DEPUIS LA PRÉPANDÉMIE
Le brusque rebond des grands indices repères du brut a perduré en juin, et les fondamentaux ont continué de se fortifier. Au moment d’écrire ces lignes, le WTI et le Brent avaient tous deux atteint leur plus haut depuis la fin de 2018 (graphique 3), après avoir franchi la barre des 70 $ US le baril et atteint une moyenne d’environ 50 % de plus, depuis le début de l’année, que pour l’ensemble de 2020. Aux États-Unis, l’activité des raffineries a continué de prendre de la vitesse en juin, tout comme la consommation de carburant — dont le carburant d’aviation malmené, à l’heure où la reprise a progressé et alors que les voyages sont relancés. La colonne de l’offre du marché a elle aussi pour effet de tendre l’équilibre : dans la semaine du 18 juin 2021, les valeurs du brut ont plongé à leur plus creux depuis mars 2020, et la production est toujours nettement inférieure aux niveaux prépandémiques.
À court terme, la valorisation du brut réagira sans aucun doute à la conjoncture sur deux fronts. Premièrement, la teneur des pourparlers sur le pacte nucléaire iranien, qui pourrait, s’il est adopté, mettre en ligne une offre importante de brut nouveau. La pause apparente des discussions en juin a été suivie d’un pic dans la valorisation du brut : les nouvelles sur les pourparlers nucléaires ont donné lieu, au début de l’année, à la même volatilité des cours. Deuxièmement, le dénouement des pourparlers de l’OPEP+ cette semaine aura lui aussi des répercussions. Jusqu’à maintenant, la rigueur des contingents de production du bloc a considérablement favorisé la valorisation du brut; tout indique que les membres du bloc voteront pour assouplir les contingents dans le contexte du décollage des cours du pétrole.
Le WCS suit les principaux indices repères du brut léger, qui ont frôlé en juin la barre des 60 $ US le baril. Dans cette conjoncture, et grâce à la résiliation, au terme de 2020, du programme de contingentement du gouvernement provincial qui contingentait la production, le PIB et le forage progressent substantiellement en Alberta depuis le début de l’année. La décision favorable de la Cour d’appel du Minnesota dans le dossier de l’oléoduc de la Ligne 3 — essentielle à moyen terme, pour la capacité d’emport de l’Ouest canadien — ouvre probablement la voie à la réalisation de ce projet vers la fin de l’année.
LES PRIX DES MÉTAUX INDUSTRIELS EN PAUSE RESTENT SOLIDEMENT ÉTAYÉS
Deux forces expliquent le plongeon du cours du cuivre par rapport aux niveaux sans précédent atteints en mai. Premièrement, le durcissement du ton du FOMC dans son procès-verbal, qui a fait monter le dollar US et qui a pesé sur les valeurs de tous les produits adossés au billet vert. Deuxièmement, Beijing a annoncé qu’elle mettrait aux enchères une partie de ses réserves stratégiques de grands métaux de base afin de modérer le rythme fulgurant des récents gains de prix, ce qui a percuté le cuivre — sans doute le premier bénéficiaire de l’amélioration du goût du risque depuis la période de pointe des confinements; or, on a relevé des baisses dans l’ensemble des produits de base industriels et agricoles. La courbe à terme du métal rouge a basculé à la baisse au milieu du mois (graphique 4). Or, les cours du cuivre restent très élevés par rapport aux moyennes statistiques et pourraient continuer d’être étayés par la reprise mondiale cette année et par la demande de batteries, de même que par la croissance limitée de la production à plus long terme.
La récente progression des cours du nickel et du zinc a elle aussi été freinée dans les deux dernières semaines de juin. La valorisation de ces deux métaux a baissé dans la foulée du communiqué du 16 juin de la Réserve fédérale; or, elle s’est depuis remise à monter. En particulier, le nickel a inscrit de solides gains dans la semaine écoulée grâce aux solides signaux de la demande et à une certaine activité spéculative.
Même si elle a été sanctionnée par la plupart des mêmes facteurs que les autres métaux industriels, la valorisation du minerai de fer a continué d’augmenter en juin. Les comptes rendus de la production chinoise de l’acier ont haussé les cours du minerai de fer — élément important dans la sidérurgie. La suspension des activités de mines majeures — deux au Brésil dans la foulée d’un décret d’évacuation local et une en Chine en réaction à des inondations — pourrait encore durcir le marché. À l’approche de 2022, nous nous attendons à un relèvement de la production du minerai de fer en Amérique latine et à une régression de l’activité spéculative, ce qui viendra réduire l’écart entre l’offre et la demande et porter les prix à la baisse en les rapprochant de la barre des 100 $ US la tonne.
NOTE TECHNIQUE
Indice Scotia des prix des produits de base – Principales exportations canadiennes
Janvier 2007 = 100
Le présent indice a été conçu pour suivre les variations des prix au comptant ou de vente en dollars US pour des marchandises et des produits manufacturés à base de matières premières du Canada sur les marchés d’exportation. Le poids de chaque produit repose sur la valeur de ses exportations nettes en 2010. Avant janvier 2007, le poids de chaque produit reposait sur la valeur de ses exportations entre 1995 et 1997. Toutefois, dans le cas du brut et des produits pétroliers raffinés, du papier de pâte maigre non couché et du carton doublure, on utilisait la valeur des exportations nettes. Le Canada importe une grande quantité de ces produits; par conséquent, l’emploi de la seule valeur des exportations aurait surestimé leur contribution à la performance commerciale du Canada.
La composition de l’indice est la suivante :
PÉTROLE ET GAZ
Produits pétroliers bruts et raffinés ($ US par baril) le prix du pétrole brut non corrosif léger MSW à Edmonton (auparavant, prix du pétrole brut Edmonton Par) et prix du pétrole lourd Western Canadian Select à Hardisty, en Alberta; écarts de prix par rapport au prix des contrats à terme à échéance rapprochée sur le WTI provenant de Bloomberg.
Gaz naturel ($ US le millier de pieds cubes) Prix à l’exportation moyen de l’Office national de l’énergie.
Liquides du gaz naturel (LGN – propane, butane, éthane et pentanes plus) ($ US le baril) Prix du propane à Edmonton et à Sarnia.
MÉTAUX ET MINÉRAUX
Cuivre et produits ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres pour le cuivre de catégorie A.
Zinc ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres SHG; avant septembre 1990, prix des producteurs américains pour le zinc de haute qualité, livré.
Plomb ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres; avant janvier 1991, prix des producteurs américains pour le plomb de qualité ordinaire, livré.
Aluminium et produits ($ US la livre) Depuis 1979, cours officiel au comptant à Londres.
Nickel ($ US la livre) Depuis 1980, cours officiel au comptant à Londres.
Or ($ US l’once) Prix de l'or LBMA en après-midi, à compter du 20 mars 2015.
Potasse ($ US la tonne) Chlorure de potassium standard, prix au comptant, FAB à Vancouver.
Soufre ($ US la tonne) À l’état solide, prix au comptant, FAB à Vancouver.
Charbon métallurgique ($ US la tonne) Prix contractuel du charbon dur cokéfiable de première qualité, FAB à Vancouver.
Minerai de fer (cents US la tonne métrique sèche) Prix au comptant des fines ayant une teneur en fer de 62 %, livrées CFR à Qingdao, en Chine; avant janvier 2011, prix contractuel des concentrés ayant une teneur en fer de 66 % en provenance du Labrador et du Québec et exportés vers l’Europe du Nord (FAB à Sept-Îles).
Uranium ($ US la livre) Contrats à terme à échéance rapprochée sur l’U308, selon Bloomberg.
Molybdène ($ US la livre) Depuis mars 1992, prix MW du courtier de l’oxyde de molybdène.
Cobalt ($ US la livre) Prix MW du courtier.
PRODUITS FORESTIERS
Bois d’œuvre et produits ligneux, 2 x 4 de pin-sapin-épinette de l’Ouest, catégorie no 2 ou supérieure ($ US le mpmp), FAB à l’usine.
Panneaux de particules orientées ($ US le millier de pieds carrés), Centre-Nord des États-Unis, 7/16 de pouce.
Pâte kraft blanchie de résineux de l’hémisphère nord ($ US la tonne) Prix de vente, livrée aux États-Unis.
Papier journal ($ US la tonne) Prix de vente moyen, 45 grammes par mètre carré, livré dans l’Est des États-Unis.
Papier spécial à base de pâte mécanique ($ US la tonne courte). Papier glacé A, 35 lb, livré aux États-Unis.
Carton doublure ($ US la tonne courte), livré dans l’Est des États-Unis, escompte régional compris.
PRODUITS AGRICOLES
Blé et farine ($ US la tonne), DNS de première qualité à 14 % de protéines à Duluth, au Minnesota; avant avril 2011, CWRS de première qualité à 13,5 % de protéines à St-Laurent.
Orge ($ US la tonne), Agroalimentaire Manitoba no 1 : prix global au comptant de l’orge de l’Ouest canadien; données statistiques no 1 à Lethbridge (Alberta).
Canola et oléagineux ($ US la tonne) Classé Canada no 1, rendu Vancouver.
Bovins et bœuf ($ US le quintal) Bouvillons de plus de 1 051 livres à Toronto; depuis janvier 1993, moyenne ontarienne.
Porcs ($ US le quintal) Indice 100 du porc à Toronto; depuis janvier 1993, moyenne ontarienne.
Poissons et crustacés ($ US la livre) Prix du saumon coho argenté de la côte Ouest et du homard de l’Atlantique; avant 1986, filets et blocs de morue.
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