SYNTHÈSE

  • Les déséquilibres entre la demande et l’offre de l’économie mondiale nous ont amenés à réviser à la baisse nos prévisions de croissance et ouvrent la voie à la volatilité des cours des produits de base dans les prochains mois.
  • Les cours du brut léger ont monté grâce à l’interruption de la production causée par l’ouragan sur la côte américaine du golfe du Mexique (CAGM) et aux signes de la hausse de la consommation de carburant.
  • Au début de septembre, les cours du brut de l’Ouest canadien ont dérapé lorsque l’activité sur la CAGM a fléchi; ils se sont toutefois repris en réaction à la baisse de l’offre plus tard en septembre; les données sur la production et sur le forage sont restées vigoureuses.
  • De concert avec la multiplication dans l’ensemble de l’économie mondiale, les problèmes de la chaîne logistique, les craintes qui pèsent sur l’endettement d’Evergrande et sur les efforts continus de la Chine pour réduire la pollution ont donné lieu à des fluctuations dans les cours des métaux industriels.

LES CONTRAINTES DE LA CHAÎNE LOGISTIQUE FREINENT LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

S’il y a un enjeu qui domine la conjoncture mondiale actuelle, c’est bien le déséquilibre entre la demande et l’offre dans l’économie partout dans le monde. La demande est vigoureuse dans de nombreux pays qui se déconfinent de la COVID-19; or, les réseaux de production et de transport ne sont pas en mesure de réagir assez rapidement pour y répondre. Aux États-Unis, les stocks de produits sont exceptionnellement faibles (graphique 1), et on a annoncé des baisses de production dans le secteur automobile — particulièrement tributaires de la complexité des chaînes logistiques mondiales. Au Canada, ces facteurs ont provoqué une contraction surprise au deuxième trimestre, et on comptabilise chaque mois un nombre record de postes à pourvoir. Nous avons récemment abaissé nos prévisions sur la croissance économique nord-américaine compte tenu de ces forces.

 

Même si nous entrevoyons toujours une conjoncture propice à la vigueur de la croissance dans les prochaines années, les révisions apportées à nos prévisions cadrent à l’évidence avec la flambée de l’inflation, et les blocages ont déjà porté les bonds des prix des intrants. Au Canada comme aux États-Unis, nous nous attendons à ce que les indicateurs de l’inflation fondamentale franchissent la barre des taux ciblés par les banques centrales jusqu’en 2023. Nous avons toujours bon espoir que la Banque du Canada haussera son taux directeur au milieu ou à la fin de l’an prochain malgré l’abaissement de nos prévisions de croissance et nous croyons que la Fed lui emboîtera le pas en 2023.

Puisque les problèmes de la chaîne logistique se multiplient dans l’ensemble de l’économie mondiale, l’évolution de la conjoncture régionale a rehaussé les déséquilibres et la volatilité en septembre sur les marchés des produits de base. Les craintes qui pèsent sur l’endettement élevé dEvergrande — l’une des premières entreprises de promotion immobilière de la Chine — se sont répercutées sur les marchés financiers et ont causé l’inquiétude à propos de la durabilité de la croissance économique du premier pays consommateur de métaux dans le monde. En outre, les efforts permanents de Beijing de maîtriser les émissions polluantes en prévision des Jeux olympiques de l’an prochain font baisser l’activité des usines et la consommation de l’énergie locale, ce qui percute la demande et l’offre de métaux de base. Aux États-Unis, les statistiques font aussi état des premiers chocs de l’ouragan Ida.

La volatilité à court terme est le résultat le plus probable de ces tendances. Même si nous pensons toujours que les perspectives de croissance sont propices à la valorisation de la plupart des produits de base dans l’univers que nous couvrons, il ne fait aucun doute que les cours se redresseront dans les prochains mois, lorsque les consommateurs et les entreprises affronteront les déséquilibres de l’offre et de la demande.

LES INTERRUPTIONS DE LA PRODUCTION HAUSSENT LES VALEURS DU BRUT

Les cours du brut léger se sont bien repris en septembre après avoir brusquement plongé en août. Les cours du WTI ont franchi la barre des 75 $ US le baril, en raison du double choc de l’ouragan Ida : sur la côte du golfe du Mexique, l’activité paralysée a fait monter les attentes vis-à-vis du durcissement de l’équilibre du marché pétrolier nord-américain et semble aussi avoir décalé une partie de la demande. L’offre hebdomadaire de produits américains — quasi-indice de la consommation américaine de carburant — a défrayé la chronique après avoir atteint un sommet depuis 1990 (graphique 2). Dans cette conjoncture, l’OPEP+ est restée fidèle à ses contingents de production déjà planifiés sur fond d’amélioration de la demande mondiale. Ainsi, le Brent a frôlé vers la fin du mois la barre des 80 $ US le baril.

Les courbes à terme du brut léger restent rétrodécalées (cours du Brent reproduit dans le graphique 3), après s’être pentifiées et avoir basculé à la hausse depuis le mois dernier.

Les cours du brut de l’Ouest canadien se sont affaissés au début de septembre — ce qui n’est guère étonnant, puisque les raffineries de la CAGM, paralysées par l’ouragan, sont des sources importantes de la demande marginale — mais ont repris du mieux à la fin du mois. La montée des valeurs du WCS est intervenue au moment où on a annoncé que l’offre baisserait en raison de la mise hors service d’une importante installation d’enrichissement du bitume pour cause de problèmes mécaniques. Il semble que les marchés aient interprété ce fait comme une mesure de compensation de l’abondance des barils déversés sur les marchés par la principale région productrice de pétrole du Canada. En août, la production de brut a été nettement supérieure à ce qu’elle était avant la pandémie; le prix du forage a continué de reprendre du mieux en Alberta et d’augmenter considérablement par rapport à l’an dernier en Saskatchewan. Au Canada et sur la CAGM, les installations fermées devraient reprendre leurs activités dans les prochains mois, grâce à l’aide nouvelle apportée à la capacité d’emport quand l’oléoduc de la Ligne 3 sera mis en service d’ici la fin de l’année.

LA LUTTE CONTRE LA POLLUTION EN CHINE BOUSCULE L’ÉQUILIBRE SUR LES MARCHÉS DES MÉTAUX

Les cours du cuivre ont à nouveau atteint une moyenne d’environ 4,30 $ US la livre en septembre — ce qui est inférieur aux sommets absolus atteints au début de l’année, mais ce qui est toujours nettement supérieur à leur moyenne statistique. Les tumultes causés par Evergrande ont amoindri le goût du risque — et, par extension, les valeurs du métal rouge phare — en septembre (graphique 4). Toutefois, vers la fin du mois, les stocks anémiques — en raison de la baisse de l’activité des fonderies du fait des restrictions adoptées pour enrayer la pollution atmosphérique — sont venus durcir les marchés et ont fait monter les cours.

Le minerai de fer continue d’être ébranlé par les efforts consacrés à mâter les émissions polluantes. En septembre, il a connu des hauts et des bas en raison des nouvelles sur Evergrande et des bonds sporadiques dans les prix et la consommation de l’énergie en Chine. Or, sa trajectoire est dominée par l’effet plus direct des restrictions imposées dans la production sidérurgique et destinée à endiguer la pollution. Le cours du minerai de fer, qui est un des principaux produits qui entrent dans la production sidérurgique, s’est établi à une moyenne de 124 $ US la tonne en septembre et a clôturé à un creux de 103 $ US la tonne, ce qui est loin du niveau atteint il y a à peine deux mois, à plus de 220 $ US la tonne.

Pour le nickel, les restrictions imposées jusqu’à maintenant dans la consommation de l’énergie semblent avoir essentiellement percuté les usines d’acier inoxydable. Cet alliage est l’un des principaux débouchés du nickel; c’est pourquoi les cours du métal ont été soumis à une forte pression baissière dans les 10 derniers jours. Au début du mois, les cours du nickel ont franchi la barre des 9,20 $ US la livre — leur plus haut depuis plus de 10 ans — essentiellement grâce à la vigueur de la demande exprimée pour les produits en acier inoxydable à la suite d’un certain défoulement des dépenses de consommation refoulées. Ce bond s’explique aussi par les signes des pénuries de l’offre.

Les cours de l’aluminium ont eux aussi fluctué. Les craintes d’une contraction de l’offre en Chine ont porté la valeur de ce métal à plus de 1,30 $ US la livre en septembre — son plus haut depuis 2008.

LES ACHETEURS D’OR ATTENTIFS AUX PRÉVISIONS DE LA FED

Le lingot a généralement évolué tendanciellement à la baisse en septembre. Le métal jaune s’est d’abord échangé, au début du mois, à plus de 1 810 $ US l’once; or, le cours a peu à peu fléchi pour se rapprocher de la barre des 1 750 $ US l’once. Cette tendance s’explique par la hausse du dollar américain sur fond de fléchissement du goût du risque, ainsi que par la réaction aux communiqués selon lesquels la banque centrale américaine interviendra pour maîtriser les pressions inflationnistes, puisque l’or est traditionnellement considéré comme une valeur refuge.


NOTE TECHNIQUE

Indice Scotia des prix des produits de base – Principales exportations canadiennes

Janvier 2007 = 100

Le présent indice a été conçu pour suivre les variations des prix au comptant ou de vente en dollars US pour des marchandises et des produits manufacturés à base de matières premières du Canada sur les marchés d’exportation. Le poids de chaque produit repose sur la valeur de ses exportations nettes en 2010. Avant janvier 2007, le poids de chaque produit reposait sur la valeur de ses exportations entre 1995 et 1997. Toutefois, dans le cas du brut et des produits pétroliers raffinés, du papier de pâte maigre non couché et du carton doublure, on utilisait la valeur des exportations nettes. Le Canada importe une grande quantité de ces produits; par conséquent, l’emploi de la seule valeur des exportations aurait surestimé leur contribution à la performance commerciale du Canada.

La composition de l’indice est la suivante :  

PÉTROLE ET GAZ

Produits pétroliers bruts et raffinés ($ US par baril) le prix du pétrole brut non corrosif léger MSW à Edmonton (auparavant, prix du pétrole brut Edmonton Par) et prix du pétrole lourd Western Canadian Select à Hardisty, en Alberta; écarts de prix par rapport au prix des contrats à terme à échéance rapprochée sur le WTI provenant de Bloomberg.

Gaz naturel ($ US le millier de pieds cubes) Prix à l’exportation moyen de l’Office national de l’énergie.

Liquides du gaz naturel (LGN – propane, butane, éthane et pentanes plus) ($ US le baril) Prix du propane à Edmonton et à Sarnia.

 

MÉTAUX ET MINÉRAUX

Cuivre et produits ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres pour le cuivre de catégorie A.

Zinc ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres SHG; avant septembre 1990, prix des producteurs américains pour le zinc de haute qualité, livré.

Plomb ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres; avant janvier 1991, prix des producteurs américains pour le plomb de qualité ordinaire, livré.

Aluminium et produits ($ US la livre) Depuis 1979, cours officiel au comptant à Londres.

Nickel ($ US la livre) Depuis 1980, cours officiel au comptant à Londres.

Or ($ US l’once) Prix de l'or LBMA en après-midi, à compter du 20 mars 2015.

Potasse ($ US la tonne) Chlorure de potassium standard, prix au comptant, FAB à Vancouver. 

Soufre ($ US la tonne) À l’état solide, prix au comptant, FAB à Vancouver.

Charbon métallurgique ($ US la tonne) Prix contractuel du charbon dur cokéfiable de première qualité, FAB à Vancouver.

Minerai de fer (cents US la tonne métrique sèche) Prix au comptant des fines ayant une teneur en fer de 62 %, livrées CFR à Qingdao, en Chine; avant janvier 2011, prix contractuel des concentrés ayant une teneur en fer de 66 % en provenance du Labrador et du Québec et exportés vers l’Europe du Nord (FAB à Sept-Îles).  

Uranium ($ US la livre) Contrats à terme à échéance rapprochée sur l’U308, selon Bloomberg.

Molybdène ($ US la livre) Depuis mars 1992, prix MW du courtier de l’oxyde de molybdène.

Cobalt ($ US la livre) Prix MW du courtier.

 

PRODUITS FORESTIERS

Bois d’œuvre et produits ligneux, 2 x 4 de pin-sapin-épinette de l’Ouest, catégorie no 2 ou supérieure ($ US le mpmp), FAB à l’usine.

Panneaux de particules orientées ($ US le millier de pieds carrés), Centre-Nord des États-Unis, 7/16 de pouce.

Pâte kraft blanchie de résineux de l’hémisphère nord ($ US la tonne) Prix de vente, livrée aux États-Unis.

Papier journal ($ US la tonne) Prix de vente moyen, 45 grammes par mètre carré, livré dans l’Est des États-Unis.

Papier spécial à base de pâte mécanique ($ US la tonne courte). Papier glacé A, 35 lb, livré aux États-Unis.

Carton doublure ($ US la tonne courte), livré dans l’Est des États-Unis, escompte régional compris.

 

PRODUITS AGRICOLES

Blé et farine ($ US la tonne), DNS de première qualité à 14 % de protéines à Duluth, au Minnesota; avant avril 2011, CWRS de première qualité à 13,5 % de protéines à St-Laurent.

Orge ($ US la tonne), Agroalimentaire Manitoba no 1 : prix global au comptant de l’orge de l’Ouest canadien; données statistiques no 1 à Lethbridge (Alberta).

Canola et oléagineux ($ US la tonne) Classé Canada no 1, rendu Vancouver.

Bovins et bœuf ($ US le quintal) Bouvillons de plus de 1 051 livres à Toronto; depuis janvier 1993, moyenne ontarienne.

Porcs ($ US le quintal) Indice 100 du porc à Toronto; depuis janvier 1993, moyenne ontarienne.

Poissons et crustacés ($ US la livre) Prix du saumon coho argenté de la côte Ouest et du homard de l’Atlantique; avant 1986, filets et blocs de morue.

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