- L’IPC de base, à 0,16 % sur un mois, a été le plus famélique depuis près de trois ans.
- L’inflation des services essentiels a trébuché.
- L’ampleur s’est améliorée, étayée par les détails sous‑jacents.
- Les dépenses de consommation des ménages fondamentales pourraient être très anémiques à la fin du mois.
- Il s’agit du premier fléchissement de l’inflation, qui vient d’enchaîner une série de fortes hausses…
- … ce qui augmente le risque de surréaction des marchés…
- … en amont des éventuelles déclarations optimistes, mais prudentes du président de la Fed, Jerome Powell.
- Les taux canadiens ont emboîté le pas; les rendements à 5 ans pourraient se renchérir.
- IPC américain/IPC de base, sur un mois en % SA et en données désaisonnalisées, mai 2024 :
- Données réelles : 0,0/0,16
- Scotia : 0,2/0,3
- Consensus : 0,1/0,3
- Auparavant : 0,3/0,3
- IPC américain/IPC de base, sur un an en %, mai 2024 :
- Données réelles :3,3/3,4
- Scotia : 3,5/3,5
- Consensus: 3,4/3,5
- Auparavant : 3,4/3,6
Quel excellent rapport! Mais calmons-nous : ce n’est qu’un chiffre. C’est de bon augure; or, la barre qui amènerait la Réserve fédérale à abaisser les taux bientôt est beaucoup plus haute que ce simple résultat de l’évolution de l’inflation.
Toujours est-il que l’inflation selon l’IPC de base est ressortie à 0,16 % sur un mois en données désaisonnalisées; il s’agit du chiffre le plus famélique depuis août 2021. Les détails sous‑jacents sont encore meilleurs, puisqu’ils font état de la très faible inflation des services essentiels, qui correspond désormais à celle des biens de base, de concert avec une nouvelle amélioration de l’envergure des variations de prix.
Le graphique 1 fait état de la baisse de l’IPC de base annualisé. Le graphique 2 sert à rappeler le risque de conversion dans les dépenses de consommation des ménages (DCM) fondamentales plus tard dans le mois. Les DCM fondamentales pourraient être assez anémiques, compte tenu de leur moindre poids sur le logement et parce qu’elles pèsent plus lourdement sur l’inflation des services essentiels, qui semble avoir implosé. Il est possible que le 28 juin, on publie le premier résultat de l’ordre d’un pour cent dans l’évolution sur un mois, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, des DCM fondamentales depuis environ six mois; ce résultat pourrait même être moindre. Les DCM fondamentales pèsent moins lourdement sur le logement, dont l’IPC est toujours aussi ferme, et pèsent plus lourdement sur l’inflation des services essentiels, qui semble avoir chaviré le mois dernier.
BRUTAL BASCULEMENT DU POSITIONNEMENT
Les marchés ont réagi en faisant brusquement basculer leurs positions, ce qui a fait perdre 13 points de base aux rendements des bons du Trésor américain à 2 ans, qui ont plongé à 4,69 %, ce qui les ramène aux niveaux constatés au début d’avril, avant une envolée des taux à deux mois. Le rendement des bons du Trésor américain 5 ans a lui aussi reculé, à 4,26 % cette fois, et on peut dire que ces titres sont toujours aussi bon marché. Le dollar s’est tout de suite dévalorisé, notamment selon l’indice DXY, par rapport à la quasi‑totalité de toutes les grandes et semi‑grandes monnaies; le dollar CA s’est entre autres apprécié d’un demi‑cent par rapport au dollar US.
Il faut se rappeler que pour l’essentiel, le rendement des bons du Trésor américain à 2 ans n’a effacé que le bond accompli dans la foulée du rapport sur les salaires non agricoles de vendredi dernier. En chiffres nets, le rendement a perdu 5 ou 6 points de base par rapport à ce qu’il était avant la publication de ce rapport en raison de la réaction de cet avant‑midi.
Les contrats à terme sur les fonds de la Fed anticipent désormais une baisse de l’ordre de 21 points de base en septembre, ce qui cadre avec notre pronostic pour une première réduction d’un quart de point à cette réunion. L’anticipation de la baisse des taux du FOMC au 31 juillet n’a que légèrement augmenté, mais représente toujours une erreur d’arrondissement, même si on ne peut pas claquer la porte sur cette réunion puisqu’il reste un autre rapport sur l’IPC et deux autres sur les DCM à déposer d’ici là. Les marchés anticipent une détente d’un peu plus 50 points de base cette année, ce qui correspond aussi à notre pronostic.
La courbe des rendements des obligations du Canada a emboîté le pas en s’envolant de 12 points de base le jour même pour les obligations à 2 ans et à 5 ans. À mon avis, les obligations du Canada à 5 ans commencent à paraître un peu chères, alors qu’on pourrait faire valoir que les bons du Trésor américain à 5 ans restent bon marché en chiffres absolus et par rapport aux obligations du Canada.
LE FOMC AURA BESOIN DE BEAUCOUP PLUS DE STATISTIQUES PROBANTES
Or, il ne s’agit que d’un seul chiffre. L’IPC de base, à 2,0 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé en mai, s’enchaîne avec six mois de résultats de l’ordre de trois à quatre pour cent.
Je ne m’attendrais pas à ce que Jerome Powell, président de la Fed, se réjouisse de ce seul chiffre par des levées de jambes et des pirouettes durant sa conférence de presse cet après-midi. Il a paru encouragé et a continué d’afficher l’optimisme prudent de sa dernière conférence de presse, en déclarant toutefois qu’on n’avait pas encore toute la confiance voulue pour atteindre le double objectif obligatoire qui permettra d’amorcer la détente des taux.
L’essentiel de son discours sur le ralentissement de la croissance et sur le rééquilibrage ne s’est matérialisé qu’en partie, et il faut d’autres justifications pour sortir l’économie de sa situation de demande excédentaire afin de mener l’inflation au point d’équilibre.
LES DÉTAILS
Le graphique 3 indique que le mois dernier, l’inflation des services essentiels a atteint un creux. À 0 % sur un mois en données désaisonnalisées, l’IPC des services sauf l’énergie et le logement a été le plus atone depuis septembre 2021.
Le graphique 4 indique que cette évolution concorde avec l’inflation toujours au ralenti des biens de base.
L’ampleur continue de prendre du mieux (graphiques 5 et 6).
Les graphiques 7 et 8 font état de la répartition du panier de l’IPC respectivement sur un an et selon les apports pondérés à l’inflation de synthèse sur un an.
Les graphiques 9 et 10 font de même pour les variations sur un mois des prix du panier.
Les graphiques 11 à 19 portent sur certaines constituantes.
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