- Mettre l’accent sur l’IPC de synthèse sur un an, qui atteint la cible de 2 %, est trompeur…
- ... puisque les baromètres de l’inflation fondamentale que privilégie la BdC se sont accélérés marginalement.
- La moyenne tronquée et la médiane pondérée évoluent tendanciellement bien au‑delà de la cible de 2 % pour l’inflation de synthèse.
- L’inflation des frais de logement s’est accélérée et prendra probablement encore de la vitesse.
- La ténacité des pressions inflationnistes sous‑jacentes déconseille une surbaisse des taux.
- IPC canadien : évolution en % et en données non désaisonnalisées sur un mois/évolution sur un an en août :
- Données réelles : ‑0,2/2,0
- Scotia : 0,0/2,1
- Consensus : 0,0/2,1
- Auparavant : 0,4/2,5
Surbaisser les taux sur la foi de ces données serait à mon avis un faux pas du point de vue de la politique monétaire. En effet, l’inflation fondamentale au Canada a de nouveau repris de la vitesse en août par rapport à juillet, ce qui contraste avec les chiffres de synthèse, qui annonçaient en jubilant que le taux d’inflation sur un an, d’après l’IPC de synthèse, s’est replié à 2 %.
À moyen terme, la BdC vise une cible de 2 % pour l’inflation de synthèse, mais s’en remet à ses baromètres de base dans une plus large fréquence pour opérationnaliser la réalisation probable et durable de ce mandat. On ne sait pas vraiment si l’inflation sous‑jacente s’est ralentie assez rapidement pour atteindre durablement la cible de 2 % dans l’inflation de synthèse. Préjuger ce ralentissement en accélérant la détente des taux fait partie des risques qui pourraient raviver les pressions inflationnistes, d’autant plus que les statistiques montrent constamment qu’une grande partie du panier est toujours en surchauffe (logement) et qu’elle pourrait continuer de s’échauffer.
Ce qu’il faut essentiellement faire, c’est suivre les baromètres de l’inflation fondamentale que privilégie la BdC sur un mois en rythme désaisonnalisé et annualisé. Sur la foi de ces baromètres, l’IPC en médiane pondérée a gagné 2,9 % et l’IPC en moyenne tronquée s’est adjugé 2,3 %, pour une moyenne de 2,6 %. C’est loin d’être aussi explosif qu’auparavant; or, ces chiffres laissent entendre que les pressions inflationnistes sous‑jacentes perdurent.
En fait, selon les chiffres d’août, l’inflation fondamentale de juillet, qui s’est ralentie de l’ordre d’un pour cent sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, était transitoire, puisque nous revenons ainsi aux chiffres comptabilisés pour les trois mois d’avril, mai et juin (graphique 1). La moyenne d’avril s’est établie à 2 % sur un mois et en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, puis à 3,8 % en mai, à 2,9 % en juin, à 1,7 % en juillet et enfin, à 2,6 % en août. Ces baromètres évoluent tendanciellement à la hausse, selon un modèle volatil, après avoir plongé à des creux au début de l’année.
Ces chiffres sont plus élevés que ceux que la BdC avait l’habitude de consulter. Le graphique 2 fait état de l’IPC fondamental traditionnel, hors alimentation et énergie. Ces chiffres se sont en quelque sorte apaisés dans les deux ou trois derniers mois.
Le graphique 3 nous apprend que les prix des biens de base se sont légèrement relevés après avoir fait du surplace.
Le graphique 4 indique que les prix totaux des services se sont décélérés, et le graphique 5 confirme qu’il en va de même pour les prix des services selon l’IPC hors logement, qui sont très volatils d’un mois au suivant, mais qui ont pesé sur cette catégorie malgré les points suivants.
Ce qui m’a surpris, c’est le fait que l’inflation des prix du logement se soit réaccélérée (graphique 6). Il s’agit toujours d’un grand motif d’inquiétude pour la BdC, et peut‑être même encore plus dans la foulée des réformes hypothécaires annoncées hier par le gouvernement fédéral.
Alors que je m’attendais à ce que l’inflation des loyers reflue le mois dernier, c’est le contraire qui s’est produit : elle s’est accélérée (graphique 7). Cette accélération contredit les statistiques confirmant que les loyers des étudiants ont brusquement baissé dans la nouvelle année d’études puisqu’Ottawa a freiné le nombre d’étudiants internationaux accueillis au pays. Les loyers pourraient donc baisser le mois prochain. Ou encore, il y a peut‑être eu une surchauffe compensatoire dans d’autres parties du marché locatif. Ou c’est peut‑être encore parce que Statistique Canada a apporté des mises au point à la qualité dans le suivi des principaux points de repère.
La valeur à neuf des logements s’est elle aussi accélérée le plus depuis le début de 2022 (graphique 8). L’IPC comprend les prix des logements selon le volet du logement seulement du nouvel indice des prix du logement de Statistique Canada, qui sert d’intrant dans la mesure de la valeur à neuf du logement. Les constructeurs ont haussé leurs prix le mois dernier.
Les charges d’intérêts hypothécaires donnent des signes d’essoufflement (graphique 9). Elles ne font toujours pas partie du panier de l’IPC en moyenne tronquée sur un mois, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, ni non plus du point de prix du 50e percentile en médiane pondérée. Les intérêts hypothécaires n’ont jamais été pris en compte dans ces baromètres, ni avant la pandémie.
Les autres catégories sont représentées dans le reste des graphiques reproduits dans cette note. Il faut surtout s’attarder à la léthargie des prix du transport pour l’ensemble des véhicules et des prix des billets d’avion, sur le rebond des prix des voyages touristiques qui ont fait exploser la catégorie des loisirs et de l’éducation, de même que sur l’anémie des prix des vêtements et des chaussures.
Nous invitons aussi le lecteur à consulter le tableau détaillé complémentaire, qui comprend d’autres catégories de prix et d’autres indicateurs, en plus des micrographiques.
Pour conclure, la fonction de réaction conciliante de la BdC pourrait bien consister à surbaisser éventuellement les taux. Or : a) les pressions inflationnistes fondamentales marginales ne justifient pas cette surbaisse; b) il serait risqué de parier que la croissance de la demande ne dépassera pas celle du PIB potentiel, ce qui pourrait raviver le risque inflationniste.
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