- Les baromètres « de base » privilégiés de la BdC atteignent la cible de 2 % à la rigueur.
- L’inflation des services s’évapore : l’inflation des biens de base reste timorée.
- L’IPC du logement, qui était un motif d’inquiétude permanent pour la BdC, se calme.
- La BdC devrait abaisser ses taux de 50 points de base. Or, elle risque fort de raviver les pressions inflationnistes.
- IPC canadien, évolution en % sur un mois, septembre, en données non désaisonnalisées
- Chiffres réels : -0,4 / 1,6
- Scotia : -0,1 / 2,0
- Consensus : -0,3 / 1,8
- Auparavant : -0,2 / 2,0
- Baromètres « de base », évolution en % sur un mois, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé
- IPC en moyenne tronquée : 2,3 %
- IPC en médiane pondérée : 1,7 %
- IPC fondamental traditionnel : 2,4 %
On a épisodiquement beaucoup conjecturé, sans fondement, au sujet de la prochaine décision de la Banque du Canada. Or, il fallait que les données justifient une décision. Ces données sont maintenant publiées. La Banque du Canada abaissera probablement ses taux de 50 points de base mercredi prochain, dans la foulée d’un rapport qui indique que les baromètres de base privilégiés de la Banque atteignent la cible. Il s’agissait de notre réaction spontanée, ainsi que celle de nos opérateurs boursiers et clients, quelques secondes après avoir pris connaissance des baromètres de base. Il y a toujours le risque que la BdC — qui a pris de court les marchés à maintes reprises auparavant — décide d’abaisser les taux de -25 points de base. Or, l’obstacle qui l’empêcherait de le faire est plutôt élevé aujourd’hui. J’irais aussi jusqu’à dire que bien qu’il s’agisse de notre prévision, nous ne sommes pas d’accord avec une surbaisse des taux.
Essentiellement, la moyenne de l’indicateur sur la moyenne tronquée et les baromètres médians pondérés de l’inflation fondamentale se sont ralentis pour s’établir à une moyenne de 2 % sur un mois, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, en septembre (graphique 1). L’IPC en médiane pondérée a été le plus élevé des deux indices, à 2,3 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé. Or, l’IPC en moyenne tronquée, à 1,7 %, rétablit l’équilibre, et la BdC a tendance à adopter une moyenne. L’IPC fondamental traditionnel (hors alimentation et énergie) a gagné 2,4 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, après s’être inscrit à 0,8 % à peine dans le mois précédent (graphique 2).
Sur une moyenne mobile de trois mois, l’IPC fondamental traditionnel (hors alimentation et énergie) a crû de 1,6 % à peine sur un mois, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé. Les baromètres de l’IPC à médiane pondérée et de l’IPC à moyenne tronquée ont gagné 2,1 %.
Mais pourquoi abaisser les taux de 50 points de base?
- La BdC souhaiterait une symétrie autour de la cible inflationniste de 2 % sur fond de chiffres comme ceux-ci, parce qu’elle doit prioriser davantage le risque de sous-ciblage de la cible inflationniste de 2 %.
- Selon les estimations, l’écart de production est très négatif, ce qui accentue cette inquiétude.
- La BdC abaissera probablement la croissance du PIB du T3, qui passera de 2,8 % dans sa précédente prévision à environ la moitié de ce nombre la semaine prochaine, ce qui permet de faire valoir un discours selon lequel le rebond auquel elle s’attendait est entravé, du moins pour l’instant.
- La croissance de la population ne s’est pas encore ralentie, compte tenu des chiffres de l’Enquête sur la population active, qui indique un autre gain de plus de 100 000 travailleurs en septembre, ce qui veut dire —à tort ou à raison — que la BdC peut faire valoir qu’elle continue de s’inquiéter des chiffres par habitant (qui sont en partie toujours faux, à mon avis).
- La BdC a déjà pris de court les marchés. Or, il faudrait de solides arguments pour annoncer aux marchés qu’ils se sont dupés en anticipant une baisse de 50 points de base. Il faudrait aussi une volonté de fer pour contredire les marchés, surtout les économistes, ainsi que la forte pression exercée par les milieux d’affaires et par les dirigeants politiques.
- Il est improbable que Tiff Macklem soit celui qui contredira cette pression, compte tenu de ses instincts naturellement conciliants. C’est pourquoi la fonction de réaction de la BdC est appelée à avoir un poids considérable dans la prévision.
- Puisque le taux directeur s’inscrit aujourd’hui à 4,25 % et qu’il se situe aux alentours de 150 points de base au-dessus du taux neutre, la BdC est très restrictive et a toujours une marge de manœuvre après avoir abaissé les taux à 3,75 %. Il faut donc qu’elle fasse preuve de circonspection désormais.
- L’inflation des services a récemment disparu (graphique 3) de concert avec la léthargie de l’inflation des biens de base (graphique 4).
- En outre, ce qui inquiète surtout la BdC à propos du risque inflationniste à court terme, ce sont les frais de logement, qui ont eux aussi brusquement fléchi le mois dernier (graphique 5). Même si le modeste poids d’environ 3 % dans le panier pour les intérêts hypothécaires continue de s’apaiser, la BdC priorisera davantage les graphiques 6 et 7, qui indiquent sans doute que les loyers et la valeur à neuf des logements sont tendanciellement plus timorés.
En décidant d’abaisser les taux de 50 points de base et compte tenu de l’assouplissement ambitieux des marchés sur le parcours prévu, il est probable que la BdC ranime la croissance plus rapidement en 2025-2026, ce qui rapprochera l’écart de production plus rapidement que l’estimation, de concert avec d’autres sources de risque inflationniste permanentes en raison des gains de salaire réels, de concert avec la piètre productivité, les grands déficits du logement et l’immigration continue, qui est probablement interventionniste du point de vue budgétaire dans une année électorale, ainsi que de nos travaux sur la demande refoulée et l’épargne refoulée dans le secteur des ménages. La BdC risque beaucoup de déclencher les forces inflationnistes.
Parmi les autres constituantes, le secteur des transports porte l’élan désinflationniste (graphique 8) alors que les variations dans les prix des véhicules sont discrètes (graphique 9), que les prix des billets d’avion ont baissé (graphique 10) et que les prix de l’essence ont plongé (graphique 11).
Les prix des aliments ont monté. Or, le faible poids qui pèse sur le bruissement tendanciel n’a guère eu d’impact sur l’IPC de synthèse (graphique 12).
Les prix des vêtements ont baissé (graphique 13).
La hausse de 0,1 % sur un mois en données désaisonnalisées et le poids approximatif de 10 % dans les catégories des loisirs, de la formation, de la lecture et du divertissement ont eu peu d’impact sur l’inflation globale, malgré une variation importante dans cette catégorie (graphique 14).
Nous invitons le lecteur à consulter, dans les pages suivantes, les autres graphiques qui font la répartition d’un plus grand nombre de constituantes, ainsi que le tableau détaillé à la fin de cette publication, dont les mesures de dispersion et les micrographiques.
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