• IPC canadien : il a baissé, pour tout de suite remonter!
  • L’inflation fondamentale est toujours nettement supérieure à la cible de 2 % à la marge.
  • Le premier ministre Trudeau a insisté sur une riposte « à raison d’un dollar pour un dollar ».
  • Le dollar CA a remonté et les rendements sur deux ans ont balayé la réaction initiale.
  • La BdC devrait retenir son souffle et attendre la semaine prochaine.
 
  • IPC canadien, évolution en % sur un mois//sur un an, décembre 2024 :
  • Données réelles : ‑0,4/1,8
  • Banque Scotia : ‑1,0/1,2
  • Consensus : ‑0,4/1,9
  • Auparavant : 0,0/1,9
  • Baromètres privilégiés de l’inflation fondamentale de la BdC, en % sur un mois et en données désaisonnalisées et annualisées, décembre 2024 :
  • IPC en moyenne tronquée : 3,5
  • IPC en médiane pondérée : 2,8
  • IPC de base traditionnel : 3,2

Il a beau avoir baissé, il a remonté tout d’un coup! Le problème n’est pas la léthargie de l’IPC de synthèse. Ce qui compte ici, c’est que l’inflation fondamentale au Canada continue de flamber et de faire monter l’inflation par rapport à la cible de 2 % de la BdC. Cette affirmation se vérifie aussi bien pour les chiffres de l’inflation fondamentale privilégiés de la BdC (graphique 1) que pour l’IPC de base traditionnel, qui n’exclut que l’alimentation et l’énergie, qui se sont le plus envolées depuis mai (graphique 2). 

Graphique 1 : Les baromètres fondamentaux privilégiés de la BdC; Graphique 2 : L'inflation fondamentale traditionnelle au Canada

Cette évolution s’explique en partie par l’élan tendanciel des pressions sous‑jacentes sur les prix. C’est aussi parce que les détaillants ont pu récupérer une partie de la marge de manœuvre libérée par le congé de TPS/TVH en offrant moins de rabais qu’ils offrent normalement en saison ou en haussant d’emblée les prix. On peut dire que les détaillants adorent les effets d’incidence. Les baromètres de base sous‑jacents ont explosé, ce qui explique que l’inflation de synthèse n’a pas été aussi léthargique qu’estimé, en priorisant davantage les effets directs du congé de TPS/TVH.

La réaction différée des marchés à l’inflation et aux annonces de tarifs

Le rendement sur 2 ans du Canada a d’abord plongé quand l’IPC a été publié et que les acteurs du marché ont d’abord pris connaissance de l’IPC de synthèse, qui a moins reculé que le facteur de crainte. Dans l’ensemble, les chiffres de l’inflation fondamentale et la publication des commentaires du premier ministre Trudeau ont inversé l’évolution des rendements à 2 ans des obligations du GdC. Le dollar CA, qui n’avait pas bougé, s’est valorisé pour passer de 1,4450 à 1,4380 pour réaliser un gain d’environ trois quarts de cent par rapport au dollar US grâce aux grands titres sur l’inflation et les tarifs douaniers.

Le premier ministre Trudeau a déclaré que le Canada est prêt à riposter « à raison d’un dollar pour un dollar » contre les tarifs douaniers américains, dans l’éventualité où ces tarifs sont imposés.

La BdC devrait passer son tour

Or, dans l’anticipation de la décision de la BdC la semaine prochaine, les marchés ont haussé de 1 ou 2 points à plus de 80 % la valorisation d’une baisse.

Je ne crois pas que la BdC devrait abaisser les taux. Or, elle pourrait bien emprunter le parcours facile dans ce qui est valorisé. Les emplois en arrachent (récapitulatif sur ce lien). L’inflation fondamentale reste beaucoup trop active. Dans l’enquête de la BdC, tous les baromètres des attentes inflationnistes se situent à un niveau égal ou supérieur à la limite du haut de la fourchette cible de l’inflation, soit 1 % à 3 %. Pour le T4, la croissance du PIB s’établit à près de 2 % sur un trimestre en données désaisonnalisées et annualisées d’après les comptes mensuels du PIB et se chiffre à un niveau qui est peut‑être supérieur d’après les comptes de dépenses. La consommation, y compris les dépenses par habitant, rebondit. Les tarifs douaniers américains assombrissent l’horizon, et tout porte à croire que le Canada ripostera vigoureusement, ce qui pourrait alourdir les pressions sous‑jacentes sur les prix. Le taux directeur de la BdC est déjà égal au taux neutre ou très proche de ce taux, ce qui n’est pas le cas de la Réserve fédérale américaine. La Fed temporise à 125 points de base de plus que le taux de la BdC. Le dollar CA provoque des soubresauts sur les marchés des changes et pourrait se hisser à 1,60 dans un scénario de représailles contre les tarifs douaniers.

Pourquoi alors se précipiter et abaisser les taux après les avoir réduits de 175 points de base jusqu’à maintenant? J’ai une certitude : je ne les abaisserais pas pour l’instant, en gardant toutes les options ouvertes à terme.

Les détails

L’IPC en moyenne tronquée a gagné 3,5 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées. L’IPC en médiane pondérée a progressé de 2,8 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées.

Les baromètres de la moyenne tronquée et de la médiane pondérée déclarées sur un an ont évolué à la baisse, mais on ne tient normalement pas compte de cet aspect. On les calcule comme des changements sur un mois, pondérés et composés, qui évoluent lentement, au lieu d’être des chiffres ponctuels. Ils nous en apprennent plus sur ce qui s’est produit dans les 11 mois précédents, puisqu’ils sont démesurément pondérés par rapport à ce qui s’est produit à la marge.

Ces deux chiffres explosent même après avoir été lissés. Du point de vue de la moyenne mobile sur trois mois, l’IPC en médiane pondérée s’inscrit à 3,4 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées, et l’IPC en moyenne tronquée s’établit à 3,7 %. Les chiffres flambent depuis très longtemps.

C’est pourquoi, si l’IPC de synthèse n’a pas reculé autant qu’attendu, c’est que les détaillants se sont emparés de la marge dégagée en offrant moins de rabais saisonniers que ce qu’ils feraient normalement ou en haussant les prix. Il faut noter que les baromètres en moyenne tronquée excluent les effets directs des changements dans les taxes indirectes comme la TPS et la TVH.

Les graphiques 3 à 14 donnent de nouveaux exemples des pressions qui s’exercent sur les prix.

Graphique 3 : L'inflation des biens au Canada; Graphique 4 : L'inflation des services au Canada; Graphique 5 : Les frais de logement au Canada; Graphique 6 : Les loyers au Canada
Graphique 7 : IPC canadien : Achat privé de voitures particulières; Graphique 8 : IPC canadien : Transport; Graphique 9 : IPC canadien : Essence; Graphique 10 :  Répartition de l'évolution mensuelle dans la catégorie de l'IPC des loisirs, de la formation et de la lecture

Nous invitons aussi le lecteur à consulter l’appendice ci‑joint, qui donne une ventilation plus détaillée du panier, en plus de faire état d’autres indicateurs et de micrographiques.

Graphique 11 : Évolution sur 12 mois des catégories détaillées en décembre de l'IPC canadien; Graphique 12 : Évolution sur 12 mois des catégories détaillées en décembre de l'IPC canadien
 Graphique 13 : Évolution mensuelle des catégories détaillées en décembre de l'IPC canadien; Graphique 14 : Contributions des catégories détaillées en décembre dans l'évolution mensuelle de l'IPC canadien
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION CA
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION CA
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