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Après un an de pandémie, un nouveau sondage commandé par l’Association médicale canadienne (AMC) révèle un fort degré de stress et de fatigue chez les médecins canadiens. En effet, 69 % des répondants se disent plus fatigués qu’il y a un an, et que 64 % ressentent de l’anxiété par rapport à la pandémie.

« Comme tous les professionnels de la santé, les médecins doivent composer avec le stress occasionné par la dernière année. Et même s’ils sont nombreux à souffrir, rares sont ceux qui demandent de l’aide. Il est vraiment dommageable de souffrir en silence; il nous reste donc encore beaucoup à faire pour abattre les obstacles qui empêchent les médecins et les autres travailleurs de la santé de demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin », fait valoir la Dre Ann Collins, présidente de l’AMC, dans un communiqué.

Le sondage a été rempli entre le 18 et le 22 février par 1 648 médecins en exercice, qui, lorsqu’on leur a demandé quels facteurs minaient leur santé mentale, ont mentionné la prolongation des restrictions sociales (64 %), l’incertitude persistante quant à l’avenir (63 %) et les préoccupations entourant le déploiement des vaccins (62 %).

Sans surprise, les médecins sondés estiment qu’une stratégie efficace de distribution des vaccins est l’une des grandes priorités et plus de la moitié donnent une note relativement faible aux gouvernements pour la gestion du déploiement jusqu’à maintenant. Ils font état des principaux défis de la campagne de vaccination, notamment l’approvisionnement en vaccins (93 %), une orientation claire quant aux groupes prioritaires (52 %) et la participation des médecins dans la distribution et l’administration des vaccins (39 %).

« Le déploiement des vaccins représente la lumière au bout du tunnel pour la population canadienne. C’est aussi vrai pour les médecins, dont la santé mentale a été mise à mal par la pandémie, ajoute la Dre Collins. Malgré les efforts héroïques et les conseils de nos collègues de la santé publique et des travailleurs de la santé, le déploiement connaît des débuts difficiles. Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer. »

L’épuisement des médecins ne date pas d’hier. Dans un sondage mené auprès des membres de l’AMC en 2018 – bien avant la COVID –, 30 à 35 % des répondants disaient l’avoir vécu à un degré ou un autre au cours de leur carrière.

« Il ne fait aucun doute que la pandémie aura contribué à perpétuer et même à accentuer le phénomène », remarquait la Dre Collins en entrevue avec Perspectives.

« Nous en aurons pour longtemps à prendre toute la mesure des ravages, qui n’excluront pas les traumatismes psychologiques. L’assiette des médecins est pleine – patients aux soins intensifs, grands malades isolés de leur famille et qui n’ont que des soignants pour leur tenir la main – et c’est sans parler de ces histoires à fendre l’âme d’appels déchirants et de tentatives de réunir les familles par le truchement d’iPad et autres appareils électroniques. »

Comme si ce n’était pas assez, les médecins doivent eux-mêmes prendre garde de ne pas être infectés pour ensuite contaminer leur famille. Même hors des zones rouges, point de répit, avec l’obligation du port constant de l’équipement de protection individuelle (EPI), de la distanciation physique et des mesures accrues de désinfection.

« Ça n’en finit plus », soupire la Dre Collins.

Gestion financière MD inc. (MD), la seule société nationale de services financiers qui se consacre aux médecins canadiens et à leur famille, et la Banque Scotia se sont associées à l’Association médicale canadienne pour appuyer les médecins canadiens et les communautés qu’ils servent. Ce partenariat a donné lieu entre autres à la création de l’Initiative bien-être+, qui s’accompagne d’une contribution de 15 millions de dollars visant à répondre aux besoins de santé et de bien-être urgents et continus des médecins et des apprenants en médecine, et à l’octroi de 4,6 millions supplémentaires pour soutenir les médecins durant la pandémie. L’AMC a aussi lancé la ligne SOS bien-être, qui offre aux médecins, aux médecins résidents, aux étudiants en médecine et à leur famille immédiate du soutien et des conseils en santé mentale 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Comme nombre de Canadiens, les médecins voient leurs finances mises à rude épreuve à l’heure de la COVID. Comme beaucoup sont essentiellement propriétaire de petite entreprise, ils doivent assumer des frais généraux (personnel, fournitures, loyer) et planifier leur avenir financier et celui de leur famille. Leurs revenus dépendent des consultations, qui ont diminué comme peau de chagrin.

« Stress familial et stress financier forment un cocktail des plus anxiogènes, avertit Carol Fensom, gestionnaire principale de portefeuille chez MD. Les travailleurs de la santé que je côtoie ne sont pas de ceux qui se défilent – ils bravent le danger sans hésiter. »

Cela fait plus de 12 ans que Mme Fensom aide les médecins à planifier leurs finances et leurs placements, et le chaos vécu en début de crise – confinement, pénurie d’EPI, méconnaissance de la maladie et chute initiale des marchés boursiers – était du jamais vu pour elle.

« Imaginez le portrait : chute des cours boursiers de 30 à 35 % en un mois au début de 2020, cabinet qui risque de fermer ses portes et hésitation à visiter ses parents âgés à cause du risque contamination lié à la fréquentation des patients. Tous étaient à fleur de peau. »

Mme Fensom et ses collègues ont pris l’initiative d’appeler leurs clients plutôt que laisser l’inquiétude les ronger.

« J’ai beaucoup de clients de longue date, et j’arrive souvent à prédire ce qui les taraude. Il faut savoir se faire rassurant. Je leur dis que je suis là pour les aider, que je connais leurs finances de fond en comble et qu’ils ont tout ce qu’il faut pour traverser la tempête, et je leur rappelle que l’important est de pensez à eux.

Ce sont des appels difficiles, mais qui, au final, resserrent les liens. C’est ce qui donne tout son sens à ce que je fais : aider ceux qui se dévouent corps et âme à aider les Canadiennes et les Canadiens. »