Rédigé par Doretta Thompson, Directrice, Responsabilité sociétale à Comptables professionnels agréés du Canada
On estime qu’environ 260 entreprises sont créées chaque jour au Canada. Cela représente près de 100 000 nouvelles entreprises par année. Malheureusement, parmi celles-ci, environ neuf sur dix fermeront leurs portes avant leur premier anniversaire. D’aucuns diront que les règles du jeu au Canada désavantagent les nouvelles entreprises de façon disproportionnée. C’est pourquoi toutes les mesures que vous pouvez prendre pour mieux vous préparer lorsque vous passez à l’étape du démarrage sont avantageuses.
Est-il possible de protéger entièrement votre entreprise en démarrage contre une fermeture? Non. Toutefois, pour prémunir votre entreprise contre cette éventualité, il est essentiel d’éviter les erreurs courantes que de nombreux nouveaux entrepreneurs commettent. Voici celles qui sont à éviter.
1. Négliger la conception du plan d’affaires et son importance
Un plan d’affaires bien ficelé permet de déterminer si votre entreprise est viable. Pour créer un tel plan, vous devez vous poser les bonnes questions et faire des recherches dans l’optique de cerner les besoins et les lacunes du marché, de définir votre stratégie de mise en marché et d’élaborer le plan opérationnel de votre entreprise.
Un plan d’affaires est bien plus qu’une simple suite de mots et de chiffres sur papier. C’est un outil qui a pour objectif de vous aider à planifier adéquatement la création et la croissance de votre entreprise. Voici quelques questions auxquelles votre plan d’affaires devrait répondre.
• Quel besoin commercial avez-vous cerné et comment votre entreprise y répondra-t-elle?
• Quelles études de marché pouvez-vous consulter pour confirmer l’étendue du besoin?
• Quels profils caractérisent les clients qui apprécieront votre entreprise?
• Quels sont les produits ou services précis que votre entreprise fournira à son démarrage et aux étapes subséquentes?
• Où votre entreprise exercera-t-elle ses activités? Comment fonctionnera-t-elle en ligne?
• Comment votre entreprise s’y prendra-t-elle pour attirer des clients?
• Quel sera son positionnement sur le marché?
• De quels équipements, installations, systèmes et permis l’entreprise aura-t-elle besoin pour servir ses clients?
• Quels seront les besoins en personnel de votre entreprise pour servir ses clients?
• Quelles structure et méthode de gouvernance seront nécessaires pour que votre entreprise réponde à ses besoins?
• Quels sont les besoins financiers attendus et les résultats prévus pour les trois premières années?
• À quels risques votre entreprise sera-t-elle exposée? Que pouvez-vous faire pour atténuer ou gérer ces risques?
2. Ne pas comprendre la différence entre les entreprises individuelles, les sociétés en nom collectif et les sociétés de capitaux, et choisir une structure ne convenant pas à votre entreprise
Avec votre plan d’affaires en main, et grâce aux conseils de votre équipe, vous devriez être en mesure de déterminer la catégorie la plus appropriée pour votre entreprise.
Les entreprises individuelles sont habituellement les moins coûteuses et les plus faciles à démarrer. Bien que vous deviez tout de même l’enregistrer, vous n’aurez probablement pas besoin de déposer de documents avec l’aide d’un avocat ou de détenir un compte bancaire distinct pour votre entreprise.
Si vous subissez des pertes pendant l’année, vous pouvez les déduire de vos autres revenus et, ainsi, profiter de certains avantages fiscaux.
Dans une entreprise individuelle, le risque provient du croisement de vos actifs personnels et commerciaux. Par exemple, si votre entreprise est poursuivie en justice, vous risquez de perdre vos biens personnels si vous perdez le procès. Les autres structures d’entreprise pourraient vous permettre de mieux protéger vos actifs personnels.
Les sociétés en nom collectif sont fondées sur la relation entre des personnes qui exercent des activités commerciales en ayant pour but commun d’en tirer des profits. Elles peuvent être constituées de particuliers, de sociétés ou de fiducies, entre autres.
Les sociétés en nom collectif ne produisent pas de déclaration de revenus. En effet, les revenus et les pertes sont plutôt transférés aux partenaires, qui déclarent chacun leur part de revenus provenant de la société sur leur propre déclaration de revenus.
En général, dans le cas des sociétés en nom collectif, l’erreur la plus coûteuse consiste à négliger le contrat de société. Ce document précise les modalités du partage des profits et des pertes, en plus de fournir une clause de sortie à toutes les parties.
Sur le plan juridique, une société de capitaux existe de façon distincte de ses actionnaires. Il s’agit de la forme d’entreprise la plus coûteuse à mettre en place, mais elle présente des avantages qui lui sont propres. Habituellement, la société de capitaux paie moins d’impôts, dispose de plus de protections juridiques et peut clore son exercice lors du mois de son choix.
3. Ne pas avoir de plan pour les mauvais jours
Toute entreprise connaît des périodes de vaches maigres. Pour celles en démarrage, cette période d’austérité peut être anticipée dès la création de l’entreprise et peut durer plus longtemps que vous ne le pensez. Que pouvez-vous faire pour gérer et protéger vos flux de trésorerie?
• Ayez en place une ligne de crédit pour financer les flux de trésorerie faibles.
• Renseignez-vous sur les crédits d’impôt à l’investissement qui peuvent aider à atténuer les coûts de démarrage.
• Surveillez vos flux de trésorerie et assurez-vous que vos processus de facturation sont les plus efficaces possibles.
• Faites appel à un conseiller financier qui pourra vous accompagner tout au long de cette période.
4. Ne pas saisir les occasions de mentorat et d’acquisition de talents
L’une des grandes erreurs des entrepreneurs débutants est de porter plusieurs chapeaux en assumant des responsabilités qui dépassent leur champ d’expertise. Êtes-vous à la fois vendeur, spécialiste du marketing, administrateur et comptable? Si ce n’est pas le cas, vous devrez soit acquérir rapidement une foule de nouvelles compétences, soit embaucher des gens qui les possèdent déjà. En embauchant du personnel, comme des experts-conseils indépendants ou des employés en sous-traitance, vous pouvez réduire vos obligations légales et financières et, ainsi, consacrer votre temps et votre énergie à mettre votre entreprise en marche.
Ne négligez pas la valeur qu’un mentor d’expérience peut représenter pour votre entreprise. Grâce à l’expertise d’une personne qui a suivi une courbe d’apprentissage similaire dans une entreprise semblable à la vôtre, vous pouvez éviter plus facilement les erreurs et accroître vos chances de succès.
Comme il peut être difficile de trouver des mentors, vous pouvez également envisager d’acquérir de l’expérience au sein d’une entreprise prospère dont les activités s’apparentent à celles qu’aurait votre entreprise.
5. Gérer le budget de manière inadéquate
L’une des plus grandes erreurs que vous puissiez commettre en ce qui concerne votre nouvelle entreprise est de trop dépenser dès le départ. Commencez par adopter un budget modeste et ne vous engagez pas dans d’importantes dépenses avant d’avoir la certitude qu’elles sont absolument nécessaires. Par exemple, commencer vos activités dans des espaces de travail partagés ou des bureaux virtuels peut être une façon efficace de retarder les frais liés à la location d’un espace de bureaux. Si vous engagez trop de liquidités, vous risquez de vous retrouver rapidement dans l’embarras.
En ce qui concerne les impôts et les frais professionnels, s’il n’est pas possible pour votre entreprise d’avoir un compte à part pour ces dépenses, assurez-vous au moins d’utiliser une carte de crédit distincte. Cette façon de faire vous permet de séparer vos dépenses personnelles de vos dépenses professionnelles et repérer celles qui sont déductibles.
Il est normal de s’endetter un peu au démarrage d’une entreprise, mais vous devrez finir par rembourser ces dettes. Les frais d’intérêt peuvent s’accumuler rapidement, alors prenez soin de ne pas abuser de votre crédit.
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Ce qui précède constitue un aperçu de quelques-uns des pièges les plus courants auxquels sont confrontées toutes les entreprises en démarrage. Pour aller plus loin, CPA Canada offre également un ensemble de ressources à l’intention des petites entreprises. De plus, des séances sur les finances spécialement destinées aux femmes entrepreneures sont offertes.