LES IMPACTS TARIFAIRES ACCROÎTRONT LE DÉFICIT; ON PRÉVOIT TOUTEFOIS ENCORE UN EXCÉDENT POUR L’EF 2030
- Comme attendu, le Québec prévoit que son déficit atteindra un nouveau record, soit ‑13,6 G$, dans le contexte d’une hypothèse prudente selon laquelle les tarifs américains exploseront le mois prochain. Le gouvernement présente un ambitieux plan qui lui permettra de dégager un excédent dans cinq ans (comme l’exige la loi provinciale), essentiellement en limitant rigoureusement la croissance des dépenses. Bien que ce plan soit viable, il réclamera une très grande rigueur budgétaire jusqu’à la fin de la décennie. C’est pourquoi l’ensemble des risques budgétaires est appelé à basculer à la baisse.
- Prévisions de l’équilibre budgétaire : Le déficit devrait, selon les projections, augmenter pour passer de ‑10,4 G$ (‑1,7 % du PIB nominal) dans l’EF 2025 à ‑13,6 G$ (‑2,2 %) dans l’EF 2026, pour ensuite se réduire et se chiffrer à un excédent de 0,1 G$ (0,0 %) dans l’EF 2030 (graphique 1).
- Hypothèses économiques : D’après les prévisions référentielles, on s’attend à ce que la croissance du PIB réel s’établisse à 1,4 % en 2024, pour ensuite se ralentir et atteindre 1,1 % en 2025 et 1,4 % en 2026 en raison des mesures tarifaires et de représailles, qui s’inscriront à une moyenne de 10 % sur les deux prochaines années; les autres scénarios prévoient une nouvelle hausse tarifaire et des déficits plus importants ou une désescalade, qui donnerait lieu à un retour à l’équilibre budgétaire d’ici l’EF 2029.
- Dette nette : Selon les prévisions référentielles, la dette nette augmente pour passer de 38,7 % du PIB nominal dans l’EF 2025 à un pic de 41,9 % dans l’EF 2028, avant de baisser à 39,8 % dans l’EF 2030 (graphique 2).
- Besoins en emprunts : 36,7 G$ dans l’EF 2025 et 29,7 G$ dans l’EF 2026, puis 31,7 G$ en moyenne par an à partir de l’EF 2027 jusqu’à l’EF 2030.

NOTRE AVIS
Le budget 2025 du Québec projette des déficits plus importants sur la plus grande partie de l’horizon prévisionnel, essentiellement en raison de la hausse des dépenses en réaction aux impacts tarifaires; le plan consiste à rétablir l’équilibre budgétaire dans l’exercice financier 2029‑2030 (EF 2030). Malgré des dépenses supplémentaires, les revenus inattendus donnent un déficit moindre de ‑10,4 G$ (‑1,7 % du PIB nominal) dans l’EF 2025, puis à un déficit qui passe à ‑13,6 G$ (‑2,2 %) dans l’EF 2026, puisque les revenus autonomes devraient, selon les projections, baisser de ‑0,9 G$ alors que les dépenses des programmes augmentent de 2,2 G$. Sur l’horizon de l’EF 2026 jusqu’à la fin de l’EF 2030, les revenus autonomes devraient augmenter de 0,1 G$ par rapport au compte rendu de novembre. Dans le même temps, le budget ajoute 8,5 G$ au total des dépenses, dont 7,3 G$ sont consacrés aux programmes et 1,2 G$ aux charges de remboursement de la dette, par rapport au compte rendu du semestre précédent. Un total de 4,1 G$ dans les dépenses nouvelles est affecté à l’aide à apporter aux entreprises pénalisées par les surtaxes tarifaires américaines, au soutien des projets d’investissements, à la promotion de la diversification des marchés et aux mesures à prendre pour faciliter l’identification des produits du Québec. Le déficit devrait baisser dans les années ultérieures, entre l’EF 2027 et l’EF 2030, parce que le total des dépenses augmente en moyenne de 2 % par an par rapport à la croissance totale des revenus de 3,8 % par an, pour revenir à l’équilibre (0,1 G$ ou 0 % du PIB nominal) dans l’EF 2030. Le budget comprend aussi des réserves de prévoyance de 2,0 G$ pour l’EF 2026 et l’EF 2027 respectivement, puis de 1,5 G$ par an à partir de l’EF 2028.
Dans le scénario référentiel, la croissance économique devrait se ralentir, mais rester positive sur l’horizon de deux ans, selon deux scénarios prévisionnels de rechange. Selon les prévisions référentielles, il faut s’attendre, en moyenne, à des tarifs de 10 % et à des mesures de représailles dans les deux prochaines années. Dans ce scénario référentiel, la croissance du PIB réel du Québec devrait se chiffrer à 1,4 % en 2024, pour se ralentir et s’établir à 1,1 % en 2025, avant de remonter à 1,4 % en 2026. Dans le même temps, la croissance du PIB nominal devrait se ralentir pour passer de 5,3 % en 2024 à 3,4 % en 2025 et en 2026. Le premier scénario de rechange suppose que les États-Unis imposeront des tarifs de 25 % sur les importations non énergétiques et de 10 % sur les importations énergétiques, avec des mesures de rétorsion équivalentes. Ce premier scénario de rechange prévoit que le PIB se contractera de 0,1 % en 2025 avant de remonter à 0,5 % en 2026, avec un déficit de ‑14,8 G$ dans l’EF 2026 qui s’amenuise à ‑2,1 G$ dans l’EF 2030. Le deuxième scénario suppose que les conflits commerciaux se règlent rapidement, auquel cas le PIB réel croît de 1,8 % en 2025 et de 2 % en 2026, avec un déficit réduit de ‑12,7 G$ dans l’EF 2026, pour ensuite dégager un excédent de 0,5 G$ dans l’EF 2029.
La dette nette en pourcentage du PIB nominal devrait, selon les projections, augmenter pour passer de 38,7 % dans l’EF 2025 à un pic de 41,9 % dans l’EF 2028 avant de fléchir à 39,8 % dans l’EF 2030 selon le scénario référentiel. Dans l’autre scénario qui suppose une nouvelle escalade des tarifs et une riposte, la dette nette en pourcentage du PIB serait supérieure à 40 % pour une grande partie de l’horizon prévisionnel, pour culminer à 43,3 % dans l’EF 2028, et pour ensuite baisser à 41,8 % dans l’EF 2030. Dans le même temps, dans l’autre scénario qui suppose une désescalade rapide des tensions commerciales, la dette nette augmenterait pour passer à 40,7 % dans l’EF 2028 avant de plonger à 38,1 % dans l’EF 2030. Le budget met aussi à jour les cibles de réduction de la dette, en augmentant le point milieu de la cible intermédiaire (2032‑2033) pour passer de 33 % à 35,5 % du PIB, ainsi que la cible à plus long terme (2037‑2038) pour passer de 30 % à 32,5 %, en raison de l’incertitude budgétaire attribuable aux risques qui planent sur les perspectives économiques.
Le programme de financement pour l’EF 2025 s’établit à 36,7 G$, ce qui est supérieur à l’estimation du compte rendu de novembre, soit 32,5 G$, mais ce qui se rapproche de l’estimation de 36,5 G$ dans le budget 2024, alors qu’un financement par anticipation de 9,3 G$ a été réalisé en date du 5 mars. C’est pourquoi les besoins en emprunts sur l’horizon prévisionnel devraient se chiffrer à 29,7 G$ dans l’EF 2026, 37,5 G$ dans l’EF 2027, 33,3 G$ dans l’EF 2028, 27,3 G$ dans l’EF 2029 et 28,9 G$ dans l’EF 2030.


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