• Il est certain qu’il y aura cette année d’autres baisses de taux au Canada, à l’heure où nous continuons de croire que la Réserve fédérale abaissera ses taux en septembre.
  • Les données économiques ressortent essentiellement comme prévu. Nos prévisions restent donc inchangées. La baisse des taux d’intérêt tonifiera un peu la croissance économique vers la fin de l’année; or, il faudra compter du temps avant que l’impact complet des baisses de taux se matérialise, compte tenu des décalages de la politique monétaire.
  • Il se pourrait que l’embellie des taux d’intérêt et des perspectives des prochains mois soit fugace. Les résultats de l’élection américaine risquent d’embrouiller considérablement l’horizon.

Les baisses de taux tant attendues se concrétisent finalement au Canada et pourraient voir le jour aux États‑Unis en septembre. Ces baisses finiront par soulager les compartiments sensibles aux taux d’intérêt de l’économie et pourraient aussi relever le moral des entreprises et des ménages. Ces baisses interviennent dans le contexte d’une croissance ralentie, mais toujours positive et des solides progrès dans la gestion de l’inflation, même si des risques substantiels de hausses de l’inflation perdurent (en raison de la brusque augmentation des frais mondiaux d’expédition, ainsi que de la croissance fulgurante des salaires et de la léthargie de la productivité au Canada). Nous sommes toujours à l’aise avec notre avis selon lequel les taux directeurs baisseront d’encore 75 points de base au Canada cette année et selon lequel la Réserve fédérale abaissera son taux directeur d’au moins 50 points de base à partir de septembre. En outre, les données économiques ressortiront essentiellement comme prévu dans les prochains mois, ce qui donnera lieu à de légères mises au point seulement des perspectives de croissance. Dans l’ensemble, ce compte rendu prévisionnel s’apparente essentiellement à nos précédentes prévisions. De ce point de vue, la stabilité de nos prévisions de concert avec l’augmentation de la certitude sur le parcours des taux d’intérêt laisse entendre que l’horizon s’éclaircit pour les prochains mois.

Cette éclaircie pourrait bien prendre fin brusquement dans la foulée des résultats de l’élection américaine. Une victoire de l’ex‑président Trump, qui paraît probable aujourd’hui (graphique 1), risque d’embrouiller l’horizon sous plusieurs aspects. Donald Trump abaissera presque certainement les impôts des sociétés et allégera la réglementation, ce qui pourrait muscler à court terme la croissance et les marchés en mettant encore plus en péril la solvabilité budgétaire des États‑Unis. Il a beaucoup parlé de ses plans, qui consistent à hausser les tarifs douaniers sur toutes les importations à destination des États‑Unis (cf. le graphique 2 pour connaître l’impact de ses politiques commerciales beaucoup plus retenues sur l’incertitude dans son premier mandat de président). Son colistier à la vice‑présidence ainsi que certains autres conseillers semblent vouloir proposer une politique du dollar faible, ce qui pourrait mener à des efforts de dévaluation du dollar US. Si peu pratique que cela puisse paraître, les Républicains ont durci le discours sur la déportation des immigrants illégaux. À une époque très récente, M. Trump a à nouveau télégraphié une certaine hésitation à appuyer Taïwan. À l’exception de la baisse des impôts et de l’allégement de la réglementation, ces faits nouveaux seraient tous déstabilisants et donneraient lieu, dans les perspectives, à une forte incertitude baissière. Il va de soi que l’incertitude qui règne sur les politiques qu’une deuxième administration Trump pourrait adopter est forte. Si elle se limite à la baisse des impôts et à la déréglementation, elle pourrait bien muscler considérablement la croissance économique. L’adoption d’autres politiques aurait probablement pour effet d’éroder ces gains à la longue. Malgré l’incertitude qui plane à propos de l’impact net des politiques sur l’économie, il ne fait aucun doute que toutes les politiques envisagées à l’heure actuelle sont inflationnistes. Une deuxième administration Trump obligerait à réviser à la hausse les prévisions sur l’inflation et à ralentir (et diminuer) éventuellement les baisses de taux. Il est aujourd’hui évident que le parcours qui s’annonce après l’élection américaine est à peu près aussi limpide que de l’eau trouble.

Graphique 1 : Les paris sur la présidentielle américaine (de janvier 2024 à aujourd'hui); Graphique 2 :  Indice de l'incertitude sur les politiques commerciales

Si les tendances actuelles dans les sondages perdurent, nous rajusterons nos prévisions en septembre pour tenir compte de la victoire prévue de Donald Trump.

Tableau 1: International: PIB réel, Prix à la consommation 2021 à 2025
Tableau 2: Amérique du Nord: PIB réel 2021 à 2025 et Prévisions trimestrielles
Tableau 3: Taux des banques centrales, devises et taux d’intérêt 2022 à 2025
Tableau 4: Les provinces 2021 à 2025