Ottawa doit adopter des politiques audacieuses, non seulement pour permettre au pays de revenir au niveau de croissance prépandémique, mais aussi pour relever le rythme de la croissance économique et de la productivité et « sortir du piège des 2 % », avertit le nouveau document de recherche publié en collaboration par le Forum des politiques publiques et la Banque Scotia.

L’aide supplémentaire à offrir aux parents pour les aider à payer les frais élevés de garde des enfants et une subvention limitée dans sa durée pour les entreprises afin de promouvoir les dépenses en biens d’équipement font partie des mesures qui permettraient d’accélérer à long terme la relance économique du Canada, affirment les auteurs du rapport, produit en collaboration avec l'équipe Études économiques de la Banque Scotia dans le cadre d’un nouveau partenariat entre la Banque et le groupe de réflexion indépendant.

Si elles sont adoptées par le gouvernement fédéral, ces deux politiques muscleraient considérablement le PIB du Canada, selon Sean Speer, chercheur du Forum des politiques publiques pour la recherche en compétitivité stratégique de la Banque Scotia, et Nikita Perevalov, première directrice, Prévisions économiques de la Banque.

« Les choix de politiques stratégiques pérennisent la vigueur de l’économie et de l’industrie. Il est donc important de se pencher résolument sur les politiques porteuses d’une meilleure croissance et d’une plus grande productivité — et de toutes leurs retombées sociales corollaires. C’est ce qui nous permettra finalement de sortir du creux induit par la pandémie et du piège des 2 % dont le Canada était captif avant même la COVID-19 », affirment les auteurs du rapport.

La COVID-19 impose à l’économie du Canada un tribut dévastateur, comme dans tant d’autres pays : la population active canadienne a perdu 300 000 travailleurs par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie. Or, l’économie canadienne stagne depuis des dizaines d’années, notamment en raison des vents contraires comme le vieillissement de la population et les relents de la crise financière mondiale de 2008-2009, selon MM. Speer et Perevalox.

Le Canada a aujourd’hui l’occasion d’adopter des politiques qui permettront de dépasser le taux de croissance annuelle du PIB de moins de 2 % relevé dans ce pays depuis les 20 dernières années, mais aussi de connaître une croissance supérieure et meilleure pour une durée soutenue, a déclaré Brian Porter, président et chef de la direction de la Banque Scotia, à l’assemblée générale annuelle de la Banque au début de cette semaine.

Outre le complément annuel de 5 000 dollars par enfant de l’Allocation canadienne pour enfant, une hausse considérable du crédit d’impôt pour enfant et la subvention de contrepartie limitée dans la durée pour les dépenses consacrées par les entreprises à la machinerie, à l’équipement et à la propriété intellectuelle, la Banque réclame l’élimination des obstacles interprovinciaux qui se dressent contre le commerce. 

« Tout porte à croire que ces trois recommandations sur les politiques joueraient un rôle important dans la fortification de notre économie dans cette période critique, a déclaré M. Porter pendant son allocution devant les actionnaires. Ces politiques sont logiques. Elles sont économiquement judicieuses. Et elles sont avantageuses pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. »

Ce dossier de recherche a été publié en prévision du Budget très attendu qu’a déposé le gouvernement fédéral le 19 avril et dans lequel Ottawa devait faire état de ses projets de dépenses pour étayer la relance économique du Canada après la COVID-19 et au-delà.

« En mettant au point leurs plans postpandémiques, les décideurs canadiens doivent de nouveau s’engager à répondre aux impératifs de la croissance économique et de la productivité, précisent MM. Speer et Perevalov. Il est crucial de se consacrer de concert à la croissance et à la productivité pour hausser le PIB par habitant et ainsi améliorer les niveaux de vie. On sait aussi que le relèvement de la productivité des travailleurs fait monter les salaires. »

Jean-François Perrault et Rebekah Young, économistes de la Banque Scotia, proposent d’offrir aux Canadiens une aide supplémentaire pour la garde des enfants, que décrit M. Porter dans un récent contre-éditorial, afin de hausser la participation des femmes dans la population active, en abaissant les frais personnels de garde d’enfants.

En outre, une subvention de contrepartie limitée dans la durée, selon laquelle Ottawa financerait une fraction de certaines dépenses en biens d’équipement et en propriété intellectuelle, « permettrait d’encourager les investissements destinés à accroître la productivité des entreprises canadiennes et ainsi corriger le piètre dossier du pays dans les dépenses d’investissement et la productivité », précise le rapport.

« Il n’y a pas de solution miracle. Il faudra faire appel à différentes politiques pour tonifier la croissance et la productivité du Canada. Or, il y a certes lieu de croire que différentes politiques pourront en définitive se répercuter sur les marges — qui finiront par augmenter. Essentiellement, pour être plus audacieux dans nos choix de politiques, nous devons adopter des stratégies industrielles exhaustives, plutôt qu’un pot-pourri de programmes gouvernementaux. »

Dans les prochains mois, la Bourse Banque Scotia du Forum de politiques publiques permettra de se consacrer à d’importants travaux pour déterminer les politiques procroissance qu’il faudrait adopter. Il sera entre autres question de l’infrastructure numérique, de la technologie propre, de l’immigration, ainsi que de la science et de la technologie, selon le rapport. 

« L’objectif est de produire un ensemble exhaustif de recommandations sur les politiques à adopter, qui permettra d’éclairer et de façonner l’ambitieux programme procroissance pour le Canada. »