Robin Kovitz est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de Harvard et possède une vaste expérience en services bancaires d’investissement et en capital-investissement. Pourtant, obtenir du crédit supplémentaire pour l’aider à développer son entreprise de conception de paniers-cadeaux, Baskits, n’a pas du tout été un jeu d’enfant.
C’est sans compter le fait que Baskits a été rentable chaque année depuis sa création en 1985, bien avant que Mme Kovitz en fasse l’acquisition en 2014 et en devienne la chef de la direction. Dans les deux années qui ont suivi, Mme Kovitz a tenté d’obtenir du crédit pour aider son entreprise à croître, mais après une série de questions et de délais qui se sont additionnés, sa demande a été refusée.
« J’ai clairement constaté, à ce moment-là, que le processus d’autorisation de crédit est incroyablement sexiste, explique-t-elle. J’en étais abasourdie. Je n’arrive pas à obtenir un prêt de base, même en tant que titulaire d’un MBA de Harvard, même en tant que propriétaire de cette entreprise incroyable qui a toujours été rentable et qui est en pleine croissance. Comment les autres femmes sont-elles censées y arriver? »
Elle a fini par obtenir le financement dont elle avait besoin quand elle a rejoint la Banque Scotia en septembre 2020.
L’obtention de financement par les entrepreneures et les entreprises détenues par des femmes a été l’un des principaux enjeux de la conférence gratuite Une coche plus haut 2022, qui proposait présentations, tables rondes et ateliers et visant à aider et à outiller les entrepreneures. Lors de l’événement virtuel d’une journée, le 3 mars, qui donnait le coup d’envoi au Mois de l’histoire des femmes, Mme Kovitz a justement participé à une table ronde axée sur le financement.
Cette année, le thème de la conférence, animée par la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) de Northumberland en partenariat avec L’initiative Femmes de la Banque Scotia et Exportation et développement Canada, porte sur les « moments décisionnels pour la croissance », pour aider les entrepreneures dans leur parcours. Parmi les conférencières, on comptait notamment Joanna Griffiths, fondatrice et chef de la direction de Knixwear, et Jennifer Harper, fondatrice et chef de la direction de Cheekbone Beauty.
L’initiative Femmes de la Banque Scotia vise à aider les entrepreneures à bâtir pour elles-mêmes le meilleur avenir professionnel et financier possible en leur fournissant un accès impartial au capital, des solutions sur mesure, une éducation spécialisée, des services-conseils complets et du mentorat. Depuis son lancement en décembre 2018, l’initiative a mis plus de 3 milliards de dollars à la disposition d’entreprises détenues et dirigées par des femmes au Canada.
Dans sa deuxième année, elle a pris de l’expansion pour venir en aide à des cadres supérieures et des leaders émergentes clientes des Services bancaires et marchés mondiaux de la Banque en leur proposant des programmes personnalisés comme des cours de préparation pour siéger à des conseils d’administration. Elle a aussi déployé le volet rattaché à la Gestion de patrimoine mondiale, dans le but d’aider les investisseuses à avoir accès à de l’éducation et à d’autres outils.
« Notre objectif, c’est d’aider les entrepreneures et les entreprises détenues par des femmes tout au long de leur parcours et de leur donner les moyens de réussir, affirme Sloane Muldoon, première vice-présidente, Rendement des activités de détail à la Banque Scotia et coprésidente de L’initiative Femmes de la Banque Scotia. Le financement est essentiel à leur épanouissement, et c’est important qu’elles aient accès à du capital pour atteindre leur plein potentiel. »
Mme Kovitz a apporté de grands changements à Baskits au fil des années. Elle a notamment bonifié la gamme de produits, mis en place un système sophistiqué entre autres pour faire le suivi de l’inventaire, acquis plusieurs concurrents et repositionné l’entreprise comme marque de commerce électronique. Et récemment, avec l’aide de L’initiative Femmes de la Banque Scotia en matière de financement et de conseils, elle a également fait l’achat d’un nouvel édifice.
Baskits a vu ses activités presque multipliées par sept depuis son acquisition. Elle figure également sur la liste de 2020 et de 2021 des entreprises qui connaissent la plus forte croissance au Canada dressée par la revue Report on Business du Globe and Mail.
« De toute évidence, le capital est un grand facteur de réussite, et s’il n’est pas rendu accessible aux entrepreneures du Canada, c’est très mauvais pour notre économie », ajoute Mme Kovitz.
La chef de la direction de Baskits s’efforce de faire en sorte que son entreprise et sa culture offrent une expérience positive aux femmes et aux mères – le genre d’endroit où elle aurait aimé travailler quand elle a fondé sa propre famille.
Mme Kovitz est tombée enceinte de son premier enfant en 2010, alors qu’elle travaillait en capital-investissement. Elle était souvent l’une des seules femmes présentes dans son milieu – sinon la seule. Elle se souvient combien de ses amis et conseillers, à l’époque, ont voulu la convaincre de cacher sa grossesse.
« Ça a été un moment décisif pour moi, révèle-t-elle. Cacher la meilleure chose qui m’est jamais arrivée des personnes avec qui je passe le plus de temps parce que ça pourrait mettre ma carrière en péril? Ça n’avait aucun sens à mes yeux. »
Cela l’a poussée à faire le grand saut : elle a rejoint l’univers entrepreneurial en faisant l’acquisition de son entreprise dans le but d’avoir une carrière viable et de devenir sa propre patronne, tout en pouvant être la mère qu’elle souhaitait être.
La mère de deux enfants encourage ses employées à parler librement de leurs grossesses et de leurs congés de maternité, ou encore à travailler à temps partiel ou à prendre congé au besoin.
« Les membres de notre équipe comprennent que ce n’est pas un obstacle à leur carrière, ajoute-t-elle. Vous pouvez absolument avoir des enfants tout en ayant un bel avenir chez Baskits. J’embauche avec une vision à long terme, car mon entreprise, c’est du long terme. »
Et comme il y a de plus en plus de dirigeantes d’entreprises et d’entrepreneures et que les mentalités évoluent en ce qui concerne les horaires de travail flexibles à cause de la pandémie, elle espère que les choses vont s’améliorer.
« J’ai pris la décision stressante de quitter Bay Street, où j’avais une carrière très stable et fructueuse, parce que je voulais faire du télétravail. »
« C’est tellement motivant pour moi de voir que c’est en train de devenir acceptable sur le plan culturel, et d’être témoin de ce que la prochaine génération de femmes pourra accomplir. Si nous savons en tirer parti, ça pourrait devenir un énorme avantage qui aiderait les femmes à gérer leur maternité et leur métier sans qu’elles ne voient les deux comme étant mutuellement exclusifs. »