Quand Roman Ivaniv a pris des vacances soleil en février, il ne se doutait pas qu’il faisait ses adieux à l’Ukraine, son pays natal. Quelques jours après son arrivée au Sri Lanka en compagnie de sa tendre moitié, l’invasion russe commençait.
« Je ne m’y attendais pas et ça m’a beaucoup secoué, relate-t-il. J’espérais que nous gagnerions la guerre en un ou deux mois, mais la situation s’est envenimée et il n’y avait aucune issue à l’horizon. J’ai donc dû réfléchir à la suite des choses parce que retourner en Ukraine était impensable. »
M. Ivaniv et sa moitié vivent maintenant à Vancouver, où il travaille à la Banque Scotia comme ingénieur en informatique mobile, un domaine dans lequel il a huit ans d’expérience dans son pays. Il fait partie des quelques Ukrainiens qui ont décroché un emploi à la Banque dans le cadre des efforts multilatéraux de l’organisation pour aider les victimes de la terrible guerre russe tout en recrutant du personnel qualifié.
« J’aime les gens d’ici, dit-il. Ils sont très gentils. Tout le monde est prêt à donner un coup de main. »
À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en février, bon nombre de villes et d’infrastructures cruciales ont été détruites ou gravement endommagées et des milliers de personnes, blessées ou tuées. Des millions d’Ukrainiens ont fui ou ont été déplacés, et le conflit s’est exacerbé au cours des derniers mois.
Quand un retour prochain en Ukraine (où bien des amis et des membres de la famille d’Ivaniv vivent toujours) est devenu inconcevable, le couple a entamé des recherches pour trouver un pays d’accueil.
Parmi les raisons ayant poussé Ivaniv vers le Canada, il y a l’offre de permis de travail aux ressortissants ukrainiens par le gouvernement fédéral et leur obtention relativement facile.
Après avoir passé plusieurs entrevues avec des entreprises du Canada et d’ailleurs depuis le Sri Lanka, il a opté pour la Banque Scotia, notamment vu la rapidité du processus d’embauche étant donné l’urgence de la situation.
En l’espace de quelques semaines, M. Ivaniv avait passé plusieurs entretiens avec la Banque et reçu une offre. En mai, le couple s’installait à Vancouver, dans un logement temporaire fourni par la Banque, ce qui l’a énormément aidé selon lui.
« Ça m’a sauvé la vie. C’est très difficile de trouver un logement depuis l’étranger, quand on n’a ni antécédents de crédit ni références, explique-t-il. En plus, se loger coûte très cher. »
Pour la Banque, c’est l’occasion d’acquérir divers talents, de nouvelles perspectives et une mine de connaissances, dit-elle. Selon moi, on ne change pas la vie d’une seule personne. On fait venir toute la famille. Ça a un effet de domino, un effet générationnel.
Depuis le mois de mars, la Banque Scotia collabore avec TalentLift Canada, une agence de ressources humaines à but non lucratif qui aide les membres des populations de réfugiés à se trouver un emploi ailleurs et répond aux besoins urgents des Ukrainiens déplacés en raison de la guerre. La Banque a remis 270 000 $ (sur le million de dollars consacré à l’aide humanitaire et aux activités de relogement en Ukraine) à TalentLift pour faciliter la mise en contact avec des candidats ukrainiens aux compétences recherchées. Cet engagement financier envers TalentLift s’inscrit dans le cadre de ScotiaINSPIRE, une initiative de 500 millions de dollars sur 10 ans de la Banque visant à développer la résilience économique des groupes les plus défavorisés.
« Nous sommes prêts à aider les Ukrainiens touchés par la guerre de plusieurs façons, y compris en matière d’emploi, explique Karen Soos, première directrice, Impact social à la Banque Scotia. Ils sont bourrés de talent, et les débouchés professionnels font partie intégrante de la reconstruction. »
La mise en place d’un processus accéléré était indispensable pour embaucher les ressortissants ukrainiens, dit Geetika Issar, directrice principale mondiale, Diversité, équité et inclusion, Stratégie et programmes – Acquisition des talents.
Habituellement, l’embauche de candidats internationaux prend de 6 à 15 mois, une période d’attente trop longue pour les gens déplacés en raison d’une guerre, soutient-elle.
Au départ, la Banque envoyait ses affichages de poste à TalentLift, qui cherchait ensuite des candidats compatibles. Cependant, la recherche et le suivi des candidats, parfois difficiles à joindre alors qu’ils fuyaient un pays en guerre, pouvaient prendre un ou deux mois, ajoute-t-elle.
En juillet, on a modifié le processus de manière à passer régulièrement en revue les compétences nécessaires plutôt que les postes à pourvoir et à cibler les bons candidats à mesure afin d’accélérer les choses.
Pour Mme Isaar, l’aide ainsi apportée aux Ukrainiens déplacés est particulièrement gratifiante.
« Pour la Banque, c’est l’occasion d’acquérir divers talents, de nouvelles perspectives et une mine de connaissances, dit-elle. Selon moi, on ne change pas la vie d’une seule personne. On fait venir toute la famille. Ça a un effet de domino, un effet générationnel. »
La Banque a également cherché à offrir des emplois aux Ukrainiens déplacés déjà présents au Canada.
Yuliya Stefanyshyn est née en Ukraine, mais a quitté son pays il y a huit ans. Employée du Centre numérique de la Banque Scotia, elle participe aux activités de recrutement visant les Ukrainiens. À son entrée au service de la Banque à titre de consultante principale, Acquisition des talents en avril, elle a constaté l’arrivée massive d’Ukrainiens au Canada et a voulu les aider.
« J’ai publié un message sur Facebook pour dire aux gens que je travaillais à la Banque Scotia et qu’ils pouvaient m’envoyer leur curriculum vitae s’ils venaient d’arriver ou avaient besoin d’aide. Après coup, j’ai reçu énormément de demandes sur LinkedIn. J’étais dépassée », explique-t-elle.
Pour simplifier le processus, Mme Stefanyshyn a préparé, avec l’aval de son directeur, un affichage de poste pour cibler les Ukrainiens à Toronto. Elle prend part à l’épluchage des profils reçus et s’efforce de proposer aux candidats des postes correspondant à leurs compétences.
Mme Stefanyshyn, dont la famille vit toujours en Ukraine, trouvait important d’aider ses compatriotes comme elle pouvait.
« Au fond de moi, je me demandais comment les aider ici. Je peux essayer d’embaucher des gens, et les aider à s’installer et se reloger pour fuir leur situation actuelle, dit-elle. Je peux publier des affichages de poste ou discuter autour d’un café. Tout le monde est reconnaissant de pouvoir parler à quelqu’un qui a des petits conseils et du soutien à offrir. »
L’équipe de Mme Stefanyshyn a également organisé une séance d’information et un salon de l’emploi en juillet pour présenter le processus de demande d’emploi au Canada et des astuces sur la préparation d’un curriculum vitae et les entrevues.
En outre, les Services bancaires aux particuliers et l’Exploitation globale de la Banque ont mené une activité de carrière et d’embauche en juillet en partenariat avec ACCES Employment. À l’origine, l’événement se destinait aux Ukrainiens déplacés, mais on l’a repensé pour inclure les nouveaux arrivants d’Afghanistan et d’autres régions.
Les efforts déployés par la Banque depuis le début de la guerre lui ont permis d’embaucher environ deux douzaines d’Ukrainiens dans plusieurs services.
Ivaniv dit aimer travailler à distance depuis Vancouver en tant que développeur principal au sein de l’Usine numérique, qui assure le soutien entourant l’application mobile de la Banque.
« Le projet est super et l’équipe m’est d’une aide précieuse », lance-t-il.
D’ici à ce qu’un retour sécuritaire en Ukraine soit possible, il prévoit rester au Canada.
« Je vais peut-être essayer d’obtenir la résidence permanente. Je vais y réfléchir. En tout cas, je resterai vraisemblablement au Canada pendant un bon moment, cinq ou six ans, sans doute. Mais à mon avis, je rentrerai à la maison. »