Khaled Al Mouktaran a découvert le hockey lorsque lui et sa famille sont arrivés au Canada en tant que réfugiés syriens. C’est la réceptionniste de l’hôtel de Toronto, où la famille s’est installée à son arrivée en mars 2016, qui leur a parlé du sport. Alors âgé de 14 ans, M. Al Mouktaran et sa fratrie n’avaient jamais entendu parler du hockey.
«Je pensais que le hockey était un sport que l’on pratiquait en souliers de course, affirme M. Al Mouktaran. Un peu comme le baseball ou le badminton. Jamais je n’aurais pensé que l’on devait se déplacer sur la glace, sur des lames de métal. Ça dépassait mon imagination.»
Khaled Al Mouktaran ne se doutait pas encore qu’il apprendrait non seulement à jouer au hockey, mais que le sport jouerait un rôle aussi important dans sa vie, en lui permettant d’établir des liens dans son nouveau pays et en le faisant gagner en confiance et même en orientant son avenir professionnel.

Photo : Moezine Hasham, fondatrice de Hockey 4 Youth, à gauche, et Khaled Al Mouktaran, à droite, à la Classique du patrimoine Tim Hortons NHL 2022 à Hamilton, en Ontario
Son histoire témoigne de l’impact positif que le sport peut avoir sur ceux qui peuvent y jouer. Khaled Al Mouktaran a pu découvrir le sport national du Canada grâce à Hockey 4 Youth, un organisme caritatif qui aide les nouveaux Canadiens et les jeunes à priorité élevée à jouer au hockey.
L’organisme torontois, qui profite du soutien de la Banque Scotia, offre gratuitement de l’équipement, du temps de glace, du coaching et d’autres programmes axés sur le sport. L’objectif de Hockey 4 Youth est d’augmenter l’inclusion sociale, de bâtir la confiance et de développer les compétences des jeunes afin de leur permettre de réussir tant sur la patinoire que dans la vie.
Le soutien de la Banque s’inscrit dans le cadre de son programme Hockey pour tous qui vise à rendre le sport plus diversifié, inclusif et accessible.
«Le hockey est plus qu’un sport, car il peut rassembler et rapprocher les gens et les collectivités, explique Laura Curtis Ferrera, chef du Marketing à la Banque Scotia. Pendant trop longtemps, de nombreux groupes de Canadiens étaient exclus de ce sport pour des raisons financières et culturelles. Dans le cadre de son programme Hockey pour tous, la Banque Scotia s’est engagée à devenir un vecteur de changement en soutenant des organismes comme Hockey 4 Youth dont la mission est de rendre le sport plus inclusif.»
Dans le cadre du même programme, nous avons commandité la publication du livre Le chandail de hockey. Cette œuvre de fiction pour enfants suit les péripéties du personnage principal, une jeune fille de couleur, lors de son tout premier match de hockey. Les profits nets sont remis à Hockey 4 Youth. Le lancement du livre aura lieu peu de temps avant la Journée du hockey au Canada de la Banque Scotia — la plus grande journée de célébration du hockey au pays — qui se déroulera à Owen Sound et qui sera diffusée sur la chaîne Sportsnet.
Khaled Al Mouktaran est l’un des 600 jeunes qui ont reçu l’aide de Hockey 4 Youth depuis sa fondation en 2015, affirme Moezine Hasham, fondateur et directeur général de Hockey 4 Youth. Ces participants, provenant de 38 pays, y compris la Syrie, le Pakistan, les Philippines, le Mexique, la Jamaïque et l’Ouganda, d’où viennent les parents de M. Hasham.

Photo : Khaled Al Mouktaran
«C’est un beau sport. Malheureusement, le milieu doit devenir plus sécuritaire et plus inclusif afin de permettre à un plus grand nombre de jeunes de le pratiquer, explique-t-il. Et c’est ce que nous visons. Notre objectif est d’éliminer le plus d’obstacles possible.»
L’expérience de M. Hasham, qui a grandi en Colombie-Britannique, l’a incité à fonder l’organisme Hockey 4 Youth. En effet, un voisin de la famille a constaté l’enthousiasme du jeune M. Hasham pour le hockey de rue et a recommandé à ses parents de l’inscrire au hockey sur glace, et lui a offert l’ancien équipement de son fils.
«À l’époque, je n’avais pas conscience de l’impact que cela aurait, mais le hockey a été un réel exutoire pour moi. Le sport m’a permis de trouver ma place dans la société et m’a donné un sentiment d’appartenance,» ajoute M. Hasham.
Dans les faits, peu de nouveaux arrivants ont l’occasion d’essayer de jouer au hockey, comme en témoigne un rapport de l’Institut pour la citoyenneté canadienne datant de 2014. Tandis qu’environ 71 % des nouveaux citoyens sondés par l’organisme sans but lucratif ont manifesté de l’intérêt pour le hockey, seulement 1 % des répondants ont dit y avoir joué.
En se basant sur les conclusions de ce rapport et sur sa propre expérience, M. Hasham, qui a travaillé dans le domaine du mécénat d’entreprise, a fondé Hockey 4 Youth en 2015. Le slogan de l’organisme est «seule la bande devrait freiner l’élan des joueurs».
M. Hasham ajoute qu’un obstacle majeur est le coût; des statistiques démontrent que les frais d’une saison de jeu dans une ligue de hockey mineur peuvent atteindre 4 000 $.
«C’est énorme pour n’importe quelle famille, mais ça l’est encore plus quand vous venez d’arriver au Canada et que votre pays d’origine est l’Afghanistan ou la Syrie, et que vous n’avez pratiquement rien. Ensuite, ajoutez à cela la barrière culturelle.»
Au départ, Hockey 4 Youth était un programme du Marc Garneau Collegiate Institute, une école secondaire de Thorncliffe Park, dans la région de Toronto, où s’installent de nombreux nouveaux Canadiens.
C’est là que Coach Moe, comme l’appellent les participants de Hockey 4 Youth, a fait la connaissance de Khaled Al Mouktaran en 2016. Le professeur d’éducation physique de l’école, Paul Hillman — qui travaille avec Hockey 4 Youth depuis le tout début — a encouragé M. Al Mouktaran à jouer et l’a mis en contact avec M. Hasham. L’organisme Hockey 4 Youth a fourni de l’équipement à M. Al Mouktaran.
À l’époque, M. Al Mouktaran tentait encore de s’habituer à son nouveau pays après que sa famille ait fui la guerre en Syrie.
«C’est sans doute l’un des moments les plus difficiles de ma vie; je devais apprivoiser une nouvelle culture et m’habituer à de nouveaux aliments,» ajoute-t-il.
Kahled Al Mouktaran se rappelle la première fois où il a enfilé des patins et mis les pieds sur la patinoire; il est tombé et a dû se relever à plusieurs reprises. Lorsqu’il a voulu abandonner, avec quelques autres participants, les coachs de Hockey 4 Youth les ont plutôt encouragés à continuer. Les entraîneurs bénévoles utilisaient un bâton de hockey pour tirer les jeunes sur la patinoire. M. Al Mouktaran n’a jamais regretté d’avoir persévéré.
Au fil du temps, M. Al Mouktaran s’est amélioré au hockey et a même commencé à aider d’autres nouveaux arrivants à apprendre à patiner et à ajuster leur équipement.
Cette expérience l’a aidé à obtenir un emploi comme surveillant de patinoire à la ville de Toronto, où il veille à la sécurité et aide les patineurs durant les périodes de patinage libre dans les différents arénas municipaux. Il a ensuite eu l’occasion de devenir coach dans le cadre du programme Hockey In the Neighbourhood, mis en place par la ville de Toronto et la MLSE Foundation, dont l’objectif est d’encourager les jeunes à pratiquer le sport.
«Aider 35 jeunes âgés de 6 à 12 ans à faire leurs premiers pas sur la glace est l’une de mes plus grandes réalisations,» explique M. Al Mouktaran. Lorsque les jeunes sont frustrés, lui et les autres entraîneurs les tirent sur la glace avec un bâton de hockey, comme ses coachs l’avaient fait avec lui.
«Je tiens vraiment à ce que ces jeunes, leur famille, leurs amis et les membres de la communauté découvrent à quel point ce sport est amusant, dit-il. C’est un bon moyen de contribuer dans la collectivité, de développer un sentiment d’appartenance et d’établir des liens. C’est bon pour la santé mentale et ça permet de rester actif.»
Son implication auprès de la ville de Toronto a mené M. Al Mouktaran à son emploi actuel de travailleur social. Lorsque la COVID a frappé, les activités de loisir comme le patinage intérieur ont été annulées, mais la ville avait besoin de plus de personnel dans les refuges. M. Al Mouktaran a commencé par faire du bénévolat, puis il a été engagé dans les refuges, comme celui où lui et sa famille avaient été hébergés à leur arrivée.
«C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Je voulais offrir à d’autres le même type d’aide que j’avais reçu et, qui sait, peut-être que j’apporte quelque chose de nouveau,» affirme M. Al Mouktaran.
Selon M. Hasham, c’est précisément ce type de lien communautaire et de résilience que l’organisme Hockey 4 Youth cherche à favoriser. Un sondage auprès des participants a révélé que 80 % d’entre eux se sentent davantage inclus dans la société et 94 % disent avoir une meilleure santé physique et mentale. Dans le cadre du même sondage, 87 % des participants ont dit avoir créé des liens avec leurs pairs, les bénévoles, les coachs et les autres membres du personnel.
M. Hasham explique que le soutien de la Banque Scotia a permis au programme d’acheter plus d’équipement, de payer pour du temps de glace et d’élargir sa portée.
«Ça nous permet d’investir dans les jeunes en leur permettant de participer à ce sport, qui est notre passe-temps national. Le programme a un effet positif sur ces jeunes et ça rapporte à long terme. Ils se sentent réellement intégrés dans leur nouveau pays. C’est comme ça qu’on développe le sport.»