Lorsque Egian Metallic est tombé sur une vidéo YouTube sur l’esthétique automobile à l’âge de 17 ans, il ne savait pas que cela changerait sa vie.

La vidéo a incité ce membre de la Première Nation Mi’gmaq de Listuguj, au Québec, à créer sa propre entreprise d’esthétique automobile. Après avoir économisé 2 000 $ pour acheter tout le matériel nécessaire, il s’est lancé en affaires depuis l’entrée de garage de sa grand-mère. Cependant, il avait également besoin de connaissances en affaires pour passer à l’étape suivante, mais il n’en avait pas les moyens.

Il a donc demandé des bourses d’études à Indspire, la plus grande organisation caritative canadienne dirigée par des Autochtones et axée sur les Autochtones, qui soutient les étudiants inuits, métis et des Premières Nations dans leurs études, et il s’est inscrit au programme de commerce de l’Université St. Francis Xavier pour étudier le marketing.

«Recevoir le soutien d’Indspire a complètement changé ma mentalité à l’égard de l’école et m’a donné l’occasion de sortir de la réserve pour acquérir de l’expérience en affaires», a-t-il raconté dans un témoignage publié sur le site Web d’Indspire.

Three people sat at table

Source : Indspire

 

«Les fonds de donateurs d’Indspire m’ont permis d’acheter suffisamment de nourriture et d’avoir assez d’argent pour mes frais de subsistance pendant mes études. Pour la première fois, j’ai vraiment senti qu’il y avait de l’espoir pour mon avenir. Savoir qu’il y avait des gens bien dans le monde qui s’occupaient de gens comme moi, ça a tout changé.»

Indspire soutient les jeunes autochtones dans tout le Canada, tant dans les zones rurales que dans les centres urbains, afin de les aider à obtenir un diplôme et à poursuivre des études postsecondaires grâce à des bourses d’études, des conférences pour les jeunes et des programmes de mentorat. Son programme Bâtir un avenir meilleur, soutenu par ScotiaINSPIRE, offre des bourses d’études qui sont égalées par le gouvernement du Canada pour les études dans les établissements d’enseignement postsecondaire ainsi que pour les métiers spécialisés. 

La Banque Scotia, partenaire d’Indspire depuis 1996, a renouvelé son partenariat avec l’organisation. Par l’entremise de ScotiaINSPIRE, l’initiative de 500 millions de dollars sur 10 ans de la Banque visant à promouvoir la résilience économique des groupes défavorisés, la Banque investira 600 000 $ sur 3 ans à l’appui de trois programmes : le programme de bourses d’études Bâtir un avenir meilleur pour les écoles postsecondaires; le programme Essor : Rassemblement pour l’autonomisation des jeunes autochtones et le Rassemblement national pour l’éducation autochtone.

«Il est essentiel de soutenir les jeunes autochtones en éliminant les obstacles à la réussite scolaire pour leur permettre de développer les compétences dont ils auront besoin dans la carrière de leur choix et d’atteindre leur plein potentiel, déclare Maria Saros, vice-présidente et chef mondiale, Impact social à la Banque Scotia. Nous sommes fiers d’appuyer Indspire et l’impact important qu’elle a sur la vie de ces étudiants et de leurs communautés.»

En 2022 et 2023, le programme Bâtir un avenir meilleur a versé 27,5 millions de dollars sous forme de bourses d’études à plus de 7 500 étudiants inuits, métis et des Premières Nations, ce qui représente une augmentation considérable par rapport à 2019, où il a distribué 17,8 millions de dollars sous forme de 5 553 bourses d’études.

«De tous les Autochtones qui poursuivent actuellement des études postsecondaires, un quart d’entre eux ont bénéficié d’une forme de soutien de notre part, a partagé Mike DeGagné, président et chef de la direction d’Indspire. Cela vous donne une idée de l’importance des ressources dont nous disposons pour les étudiants.»

Les participants à Indspire ont un taux d’obtention de diplôme postsecondaire supérieur à celui des autres étudiants autochtones, selon le gouvernement canadien. Environ 75 % des récipiendaires de bourses d’études d’Indspire ont terminé leurs études postsecondaires dans le temps prévu et 88,4 % ont obtenu leur diplôme dans les 4 ans suivant la date prévue.

Group on stage posing for group photo

Source : Indspire

 

Le niveau d’éducation des jeunes autochtones au Canada a beaucoup progressé, mais un fossé subsiste, qui découle d’une multitude de facteurs, dont les traumatismes générationnels et les répercussions des pensionnats. En outre, les étudiants autochtones ont souvent moins accès aux ressources, au financement et aux bourses que leurs homologues non autochtones. 

Au début des années 1970, il y avait très peu d’Autochtones dans les programmes d’études postsecondaires, a révélé M. DeGagné, qui est également professeur de sociologie et conseiller spécial sur les initiatives autochtones à l’Université de Toronto.

«Dans de nombreuses provinces, pour pouvoir s’inscrire à l’université, les Autochtones devaient s’émanciper, ce qui signifiait qu’ils devaient renoncer à leurs droits en tant qu’Autochtones», a fait savoir M. DeGagné, qui est membre de la communauté ojibwée de la Première Nation Animakee Wa Zhing 37 (nom anglais de Northwest Angle). L’émancipation faisait partie de la Loi sur les Indiens.

«Cela a empêché les Autochtones de s’intégrer pleinement comme ils l’auraient souhaité, y compris dans l’enseignement supérieur.»

Indspire a été créée en 1985, l’année où l’émancipation a été supprimée de la Loi sur les Indiens.

Bien que de nombreux progrès aient été réalisés au fil des ans, un fossé subsiste.

Les données de Statistique Canada de 2016 montrent que 72 % des jeunes non autochtones étaient susceptibles d’avoir suivi ou terminé un programme d’études postsecondaires, soit plus de deux fois le taux des jeunes autochtones (37 %).

L’emplacement et l’accès sont des facteurs clés. Statistique Canada a constaté que 83 % des jeunes autochtones habitant dans les réserves vivaient dans des zones rurales et que 70 % des réserves comptaient moins de 500 habitants.

«En raison de leur densité de population relativement faible, il se peut que les plus petites communautés doivent compter davantage sur les centres urbains pour ce qui est de l’accès à l’éducation. Ces déplacements peuvent être longs et coûteux, ce qui a une incidence sur les taux de participation à l’éducation», indique Statistique Canada.

Outre les bourses d’études, Indspire aide également les jeunes autochtones à des étapes clés de leur parcours éducatif avant l’enseignement supérieur, notamment avec des programmes de mentorat. 

Man at podium

Source : Indspire


L’organisation caritative tient également des événements annuels tels que le Rassemblement national pour l’éducation autochtone, où des éducateurs et des partenaires travaillent ensemble pour améliorer les résultats scolaires des élèves autochtones de la maternelle à la dernière année du secondaire. Quelque 1 200 enseignants autochtones et non autochtones de tout le Canada participent à cet événement, durant lequel des spécialistes de l’éducation donnent des ateliers pour présenter des pratiques exemplaires et des études, a expliqué M. DeGagné.

«De nombreux enseignants d’élèves autochtones, en particulier dans les régions rurales et éloignées, manquent de ressources et n’ont qu’un accès limité à un perfectionnement professionnel essentiel», a ajouté M. DeGagné.

«Notre programme vise à encourager les enfants à rester à l’école en offrant à leurs enseignants la possibilité de favoriser leur réussite pour donner à toute une génération de jeunes autochtones la confiance, le soutien et les outils dont ils ont besoin pour terminer leurs études secondaires et poursuivre des études postsecondaires.»

Indspire organise également l’événement Essor : Rassemblement pour l’autonomisation des jeunes autochtones, qui se tiendra à Ottawa en avril de cette année, pour permettre aux étudiants de s’informer sur les possibilités de carrière et d’éducation postsecondaire en participant à des ateliers sur les carrières, en personne ou virtuellement.

M. DeGagné s’est dit impressionné par les progrès réalisés au cours des vingt dernières années pour aider les Autochtones à accéder à l’enseignement supérieur et au marché du travail avec des carrières intéressantes.

«Les universités et les collèges ont très bien réagi aux réalités autochtones et à la réconciliation au Canada», a-t-il affirmé.

Il a ajouté que le soutien croissant des entreprises canadiennes contribue également à la sensibilisation.

«Beaucoup d’organisations ont des plans d’action pour les Autochtones et des moyens très détaillés de soutenir la communauté autochtone», a déclaré M. DeGagné.

«La réconciliation n’est pas terminée, mais je pense que les personnes qui ont participé au changement méritent d’être félicitées pour ce qu’elles ont accompli.»