À l’âge de 14  ans, Juan Manuel González a quitté le Mexique pour apprendre l’anglais aux États-Unis. Son père, qui y travaillait neuf mois par année, croyait que le fait de parler anglais ouvrirait à son fils des portes qui étaient toujours restées fermées pour lui-même. 

« Ma mère ne sait ni lire ni écrire, et mon père n’a jamais eu d’éducation formelle, affirme M. González. Quant à moi, j’ai eu la chance d’aller à l’Université Stanford et d’obtenir deux maîtrises. » 

Ses études aux États-Unis ont consolidé son amour de l’apprentissage. À Guadalajara, sa ville d’origine, il est difficile pour les enfants d’avoir plus de huit ans de scolarité en raison des taux de pauvreté élevés et de la violence liée aux gangs. Après avoir passé plus de dix ans aux États-Unis, M. González a senti le besoin de retourner au Mexique pour aider les résidents et résidentes de régions pauvres à avoir accès à l’éducation.

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Juan Manuel Gonzalez, le chef de direction d’Enseigner Pour Le Mexique.

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Nataly Góngora, enseignante au Yucatan avec Teach For All au Mexique.


M. González est maintenant le chef de direction et le directeur général d’Enseigner Pour Le Mexique, qui fait partie de Teach For All. Ce dernier, un organisme mondial sans but lucratif, collabore avec des groupes et gouvernements locaux pour soutenir l’éducation, les enseignants et enseignantes et les élèves dans des collectivités confrontées à des difficultés comme la rareté des ressources, le manque d’espace et même la difficulté d’accès à des installations sanitaires.

« Une de nos quatre écoles au Mexique n’a pas d’eau potable, explique M. González. Nos membres y viennent et tentent malgré tout d’inspirer les élèves et de les amener à adopter un état d’esprit différent. » 

La portée de Teach For All au Mexique et aux États-Unis sera élargie grâce à un investissement de 1,4 million de dollars canadiens de ScotiaINSPIRE, l’initiative de la Banque Scotia qui consiste à investir 500 millions de dollars sur dix ans pour promouvoir la résilience économique des groupes défavorisés. Ce don — l’investissement le plus important de  ScotiaINSPIRE à ce jour pour les deux pays — permettra à Teach For All de recruter et de former 640 leaders au Mexique et plus que 10 000 aux États-Unis. Au bout du compte, plus de 600 000 enfants dans le besoin auront accès à l’éducation ou à une éducation encore meilleure. 

L’approche d’Enseigner Pour Le Mexique est fondée en partie sur la croyance selon laquelle même s’il n’est pas possible de maîtriser son environnement, il est possible de dominer ses émotions et ses réactions, et de déterminer l’ampleur des efforts qu’on applique à une tâche ou à un objectif. M. González indique qu’on encourage les élèves à se concentrer sur les façons d’améliorer leurs résultats plutôt que sur le fait que l’école est en mauvaise condition.

Source : Teach For All, La Banque Scotia


Cette approche a eu des répercussions non seulement sur l’attitude des élèves, mais également sur leurs résultats scolaires. L’année dernière, plus de 74 % des élèves fréquentant une école où travaillent des membres d’Enseigner Pour Le Mexique ont amélioré leurs résultats scolaires de dix points.

L’organisme Teach For All a vu le jour en 2007 et s’est inspiré de ses organismes partenaires fondateurs, Teach For America (des États-Unis) et Teach First (du Royaume-Uni). Il est présent dans 62 pays et, depuis sa création, il a déployé 13 400 enseignants et enseignantes dans des salles de classe et aidé plus de 1,1 million d’élèves aux quatre coins du monde.

Aux États-Unis, les taux d’inscription et de diplomation ont bondi, et les anciens et anciennes élèves de Teach For America y sont pour quelque chose. Une grande partie du succès de Teach For All est attribuable aux partenariats que l’organisme crée dans les collectivités où il est présent.

« Pour que nous puissions véritablement apporter un changement, nous devons collaborer avec tous les secteurs associés à l’éducation, soit le gouvernement, le secteur privé – nos donateurs et donatrices comme La Banque Scotia – et les autres organismes sans but lucratif présents dans la région, indique M. González. Ce changement ne s’opère pas si nous n’avons pas l’appui d’organisations comme ScotiaINSPIRE. » 

 Les étudiants apprennent avec des enseignants du Teach For All en Mexique. 


L'investissement de 1,4 million de dollars de la Banque Scotia sera étalé sur trois ans. Grâce à l’investissement considérable de ScotiaINSPIRE, les leaders pourront travailler avec les enfants, leur famille et les collectivités en général pour offrir des cours, de l’aide et des possibilités, et faire en sorte que les élèves aient accès à une éducation complète. Les nouveaux leaders s’engageront à enseigner pendant au moins deux ans dans les collectivités marginalisées choisies et aideront au total 36 000 élèves au Mexique et 600 000 élèves aux États-Unis. 

Le processus de Teach For All pour devenir leader est rigoureux. Pour que les difficultés locales soient bien comprises des personnes qui travailleront dans les collectivités concernées, l’organisme s’efforce de choisir des leaders qui y ont grandi.

Nataly Góngora en est à sa deuxième année avec Enseigner Pour Le Mexique. Elle enseigne les mathématiques et l’histoire à environ 80 élèves dans le Yucatan.

« J’ai eu des enfants très jeune et j’ai abandonné l’université, raconte Mme Góngora en espagnol. Je suis retournée à l’école après huit ans et j’ai obtenu mon baccalauréat, mais c’était très difficile parce que je suis une femme. »

Selon Mme Góngora, on dissuade de nombreuses filles de sa collectivité d’entreprendre des études supérieures et on leur dit plutôt qu’elles seront des femmes au foyer, qu’elles feront la cuisine et élèveront des enfants. Elle dit avoir toujours eu un intérêt pour l’enseignement et un désir de changer les opinions des membres de sa collectivité et c’est pour ces raisons qu’elle s’est sentie interpellée par Enseigner Pour Le Mexique.

L'école du Yucatan où Góngora enseigne.


« Je crois sincèrement que les élèves doivent réaliser ce dont ils et elles sont capables. C’est ce que j’ai toujours pensé. Quand un ou une élève y parvient, il ou elle a le potentiel de concrétiser ses idées et des choses incroyables arrivent », dit Mme Góngora.

L’année dernière, plus de 1 400 personnes ont postulé pour Enseigner Pour Le Mexique, mais seulement 10 % d’entre elles ont atteint la fin du processus de sélection. L’expérience professionnelle de la majorité des membres n’est pas liée à l’éducation.

« Nous avons des dentistes, nous avons des avocats et des avocates, mentionne M. González. Toutes ces personnes se consacrent à changer le système d’éducation. »

Pour améliorer le système éducatif, il faut changer la politique, les pratiques et la culture à tous les niveaux, explique M. González. Il faut que différentes personnes travaillent ensemble au sein de diverses organisations pour mettre en œuvre le changement. M. González souligne que 81 % des membres qui quittent Enseigner Pour Le Mexique continuent de travailler dans des secteurs liés à l’éducation et se joignent au gouvernement ou à d’autres organismes sans but lucratif. Cela veut dire que « des millions d’élèves partout au Mexique seront en contact avec des membres de Teach For All ».

Partout dans le monde, les partenaires du réseau Teach For All nouent des relations avec les communautés et les gouvernements afin que les enfants puissent réaliser tout leur potentiel.