Au Canada, l’économie autochtone enregistre une forte croissance « en forme de bâton de hockey » et pourrait se chiffrer à 100 milliards de dollars ou plus, affirme la cheffe de la direction et fondatrice de l’Indigenomics Institute.
« Nous n’en sommes qu’au talon du bâton de hockey », affirme Carol Anne Hilton, cheffe de la direction et fondatrice de l’institut, faisant référence à la forme de la courbe que produit une croissance exponentielle après une longue période de stagnation.
« Jouons au hockey et marquons des points… Nous sommes un peuple puissant; ayons le courage de passer à l’action ensemble », ajoute Mme Hilton, qui est de descendance Nuu-chah-nulth de la nation Hesquiaht, sur l’île de Vancouver.
Mme Hilton a tenu ces propos lors de sa présentation sur la réconciliation économique à l’occasion de la récente conférence de la Banque Scotia, intitulée Réconciliation intentionnelle : Leçons, leadership et idées pour les entreprises, au Canada et ailleurs.
L'événement hybride, qui s'est tenu le mois dernier, s'est concentré sur les approches visant à intégrer la réconciliation au sein des entreprises et des organisations et incluait des groupes de discussion avec des intervenants et intervenantes de l’Autorité financière des Premières Nations (FNFA), d’Agnico Eagles, de Telus, de PwC et de Cedar Leaf Capital, premier courtier en placement au Canada détenu et dirigé majoritairement par des Autochtones.
Au cours du sommet, la Banque a également lancé son premier plan d’action pour la vérité et la réconciliation, qui compte 37 engagements visant à rétablir des relations de confiance avec les peuples autochtones. Les mesures de ce plan initial s’articulent autour de six piliers et vont de l’engagement à soutenir les employés autochtones en leur offrant une formation spécialisée afin de bâtir un bassin de talents prêts pour des rôles de leadership, à l’augmentation de l’approvisionnement auprès des fournisseurs autochtones. Le plan reconnaît l’existence d’obstacles systémiques et institutionnels freinant le progrès économique et la nécessité d’agir pour favoriser celui-ci.
« Nous croyons que ce moment est l’occasion d’une génération de faire progresser la réconciliation, a expliqué Scott Thomson, président et chef de la direction de la Banque Scotia, lors de la conférence.Nous nous engageons à soutenir les mesures significatives et progressistes contenues dans notre plan pour favoriser l’inclusion et multiplier les possibilités pour tous les peuples autochtones. »
« La hausse du pouvoir économique autochtone représente une prouesse collective, et j’en suis émerveillée. »
Le discours de Mme Hilton a porté sur l’essor de l’économie autochtone et de la réconciliation économique ainsi que sur la manière dont les politiques gouvernementales, comme la Loi sur les Indiens, ont empêché les peuples autochtones de participer à celles-ci. Elle a évoqué son premier livre, intitulé Indigenomics: Taking a Seat at the Economic Table, publié en 2021.
« On nous a empêché de faire notre place, essentiellement en niant notre existence et notre identité », a-t-elle déclaré durant sa présentation.
Selon les plus récentes données de Statistique Canada, l’économie autochtone a connu un regain de croissance au cours des dernières années. Le revenu intérieur brut gagné par les Autochtones a été estimé à 56,1 milliards de dollars en 2021, en hausse de 10 % par rapport à 2020 (51 milliards de dollars) et de 56,6 % par rapport à 2012 (35,6 milliards de dollars).
« Le pouvoir économique des peuples autochtones prend forme sous nos yeux », a affirmé Mme Hilton.
Elle a également décrit la « fièvre de justice économique » qui se propage depuis quelques décennies, alors que les peuples autochtones ont commencé à se tourner vers le système judiciaire pour faire valoir leurs droits, notamment à l’égard du territoire et de ses ressources.
« La justice économique s’obtient dans les salles d’audience des tribunaux et est au cœur de l’économie canadienne », a-t-elle ajouté.
Mme Hilton a également souligné l’émergence de leaders autochtones comme Ernie Daniels, qui est devenu le premier membre autochtone du conseil d’administration de la Banque du Canada en janvier 2023. M. Daniels est membre de la Première Nation de Salt River, dans les Territoires du Nord-Ouest, et un survivant des pensionnats autochtones.
« La hausse du pouvoir économique autochtone représente une prouesse collective, et j’en suis émerveillée », a déclaré Mme Hilton.
Grâce au pouvoir et au potentiel de cette génération d’Autochtones, elle croit que l’économie autochtone dépassera les 100 milliards de dollars au Canada.
« Le potentiel d’une économie autochtone atteignant les 100 milliards de dollars est essentiel pour l’avenir du Canada, mais il est déjà en voie de se concrétiser », a affirmé Mme Hilton.