Cet article fait partie d’une série régulière qui présente les moyens innovateurs par lesquels certains des clients de la Banque Scotia contribuent à réduire les émissions de carbone.

En tant que fournisseur de services complets de traitement et de recyclage des déchets organiques, la durabilité et la sensibilisation environnementale sont au cœur de la mission de Convertus Group. Cependant, l’entreprise reconnaît qu’il lui reste beaucoup à faire pour boucler la boucle et atteindre son objectif de carboneutralité. Pour y arriver, la totalité des déchets issus de son exploitation devra se retrouver ailleurs que dans les sites d’enfouissement.

«Pour que Convertus et d’autres entreprises atteignent les objectifs élevés qu’elles se sont fixés, je crois qu’il y a beaucoup de rééducation à faire à l’échelle du pays, explique Michael Leopold, PDG de Convertus. Ça revient plus ou moins à la question de la poule et de l’œuf. Nous devons réacheminer plus de déchets, mais nous avons également besoin de plus d’installations privées ou publiques qui sont en mesure de gérer le recyclage.»

Selon une étude du Environmental Research and Education Foundation of Canada, les provinces et territoires doivent établir des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des déchets et de réacheminement des déchets organiques. Cependant, des infrastructures additionnelles seront nécessaires.

Bien que le Canada se soit engagé à réduire de 30 % la quantité de déchets organiques (l’équivalent de 490 kg par personne), c’est-à-dire les aliments non consommés et jetés, les déchets non comestibles, les déchets agricoles, les biosolides recyclés à partir des eaux usées, les feuilles et déchets de jardin, y compris le gazon, d’ici 2030, les objectifs varient d’une province à l’autre. Par exemple, le rapport indique qu’en Ontario, on vise une réduction de 50 % à 70 % d’ici 2025, selon le secteur d’activité, alors que le Québec et la Colombie-Britannique prétendent qu’elles réachemineront respectivement 70 % et 95 % de leurs déchets organiques.

Cela fait état d’un manque de capacité d’environ 1,1 million de tonnes par an à l’échelle du pays pour la quantité de déchets alimentaires et de déchets de jardin générés, et d’un manque potentiel de capacité de 3,72 millions de tonnes dans les installations de compostage en cuve et de digestion anaérobie nécessaires au traitement de déchets organiques plus complexes.

Avec pour mission de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) en transformant de manière durable les déchets organiques en un produit réutilisable bénéfique – actuellement du gaz naturel renouvelable, des engrais et du compost – Convertus estime faire davantage partie de l’économie circulaire que de la gestion des déchets. «Contrairement à certains de nos concurrents, nous n’offrons pas de services de camionnage ou de décharge,» ajoute M. Leopold.

En 2019, lorsque Renewi Canada, une division de l’entreprise britannique de valorisation des déchets Renewi, et Waste Treatment Technologies (WTT) North America, une société d’ingénierie pour le traitement des déchets organiques, ont fusionné et formé Convertus, la nouvelle entreprise est devenue cliente de la Banque Scotia. 

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« Ça revient plus ou moins à la question de la poule et de l’œuf. Nous devons réacheminer plus de déchets, mais nous avons également besoin de plus d’installations privées ou publiques qui sont en mesure de gérer le recyclage.

Michael Leopold, PDG, Convertus Group

«C’était un partenariat logique, ajoute M. Leopold. Nous cherchions un investissement qui nous permettrait de croître et de faire les choses d’une manière plus durable. Cela coïncide avec l’engagement de la Banque Scotia à rendre ses portefeuilles plus écologiques.»

En outre, la Banque Scotia a récemment participé à une ronde de financement et a maintenu sa position dans notre syndicat de prêteurs de premier rang. Cela démontre qu’elle a confiance en Convertus et en notre engagement envers l’environnement,» ajoute-t-il.

Par ses engagements à l’égard du climat, la Banque Scotia agit en vue d’accélérer l’apport de solutions climatiques et de promouvoir une croissance économique durable dans les Amériques. Les engagements de la Banque en matière d’environnement comprennent un investissement de 350 milliards de dollars en capitaux liés aux enjeux climatiques d’ici 2030 et l'atteinte de la carboneutralité d’ici 2050.

«C’est un excellent partenariat. Convertus et la Banque Scotia sont parfaitement complémentaires et toutes deux engagées à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à contribuer à la gestion des changements climatiques,» explique Mike Dunnigan, directeur général et chef, Comptes nationaux, des régions de la Colombie-Britannique et du Yukon.

«C’est fantastique de voir cette entreprise de technologie verte continuer à se développer et à détourner de plus en plus de déchets organiques de nos décharges pour les transformer en terreau agricole et en gaz naturel utilisables. Les Canadiens ont encore beaucoup de chemin à parcourir en matière de réduction et de valorisation des déchets organiques, mais Convertus joue un rôle important à cet égard.»

Faire avancer les choses

Sur une période de 20 ans, le méthane (CH4) a un potentiel de réchauffement planétaire 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2). La production de pétrole et de gaz, le bétail et les sites d’enfouissement (troisième secteur en importance avec 4 % des émissions) sont les principales sources de méthane. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, il serait possible de réduire les émissions de méthane d’origine humaine en l’espace d’une décennie à l’échelle mondiale, ce qui contribuerait à réduire le réchauffement climatique de près de 0,3 °C d’ici 2045 et à limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C. Au Canada, le méthane est responsable d’environ 13 % des émissions totales de GES, dont environ 40 % proviennent de la production de pétrole et de gaz, selon Environnement et Changement climatique Canada.

Selon M. Leopold, «les déchets organiques font partie des facteurs déterminants. Le Canada est sur la voie du réacheminement des déchets organiques, mais il n’est pas au bout de ses peines. Nous devons faire en sorte que chaque municipalité et chaque organisme industriel, commercial et institutionnel participe au recyclage, et pas seulement du papier, du verre et du métal. Nous devons nous assurer que les matières organiques ne se retrouvent pas dans les décharges.»

Analyse de la situation

Convertus s’associe aux municipalités afin de les aider à concevoir, construire, exploiter et entretenir des installations de traitement des déchets organiques partout au pays. À London (Ontario) et à Surrey et Nanaimo (Colombie-Britannique), les déchets organiques sont convertis en engrais ou en compost et sont ensuite réutilisés par les agriculteurs et les municipalités pour le compostage en cuve. En novembre, Convertus s’est porté acquéreur d’Envirem Organics, dont les usines au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et au Maine se spécialisent dans les bioproduits organiques, dont les paillis, les sols et les engrais. À l’heure actuelle, les résidus de leurs processus sont transportés vers des décharges, et le lixiviat – un mélange concentré qui provient des déchets de la décharge – est acheminé vers une entreprise d’élimination des déchets liquides agréée.

L’usine de Convertus à Surrey, en Colombie-Britannique, utilise les processus de compostage en cuve, ainsi que la digestion anaérobie (DA) humide et sèche, dans lesquels des micro-organismes décomposent des matières biodégradables plus ou moins sèches en l’absence d’oxygène, afin de convertir les déchets en biogaz destiné à l’injection de gaz naturel ou à la production d’électricité. Le processus de digestion anaérobie dégage un mélange de CH4, de CO2 et de gaz à l’état de traces qui est ensuite converti en gaz naturel renouvelable pour une compagnie de gaz locale, ainsi que du CO2, qui est capturé et réutilisé pour purger les cuves de digestion anaérobie.

«Un grand nombre d’usines se contenteraient simplement d’évacuer le CO2, ce qui n’aide pas du tout à réduire l’empreinte carbone. Grâce à notre technologie brevetée, nous l’extrayons pour le réutiliser afin de couvrir les déchets et évacuer l’oxygène,» explique M. Leopold.

Des objectifs ambitieux

Tout au long du processus de conversion des déchets en ressource utilisable, Convertus maintient sa consommation d’énergie au minimum. Elle utilise principalement du diesel pour ses chargeurs et de l’électricité pour faire fonctionner les ventilateurs dans les tunnels. Toutefois, cela ne l’empêche pas de chercher de nouvelles façons de renforcer sa proposition circulaire.

Michael Headshot

Photo: Michael Leopold

Convertus vise la carboneutralité de ses activités d’ici 2035. Pour y arriver, elle devra trouver une solution à faible émission de carbone afin de réduire son utilisation de diesel et recourir à une alimentation électrique hors réseau. Elle entend également rendre son exploitation neutre en eau, ce qui signifie qu’elle éliminera les lixiviats et utilisera de l’eau brute, telle que celle provenant de la pluie ou des rivières et des lacs. En ce qui concerne la réduction des odeurs, M. Leopold explique que Convertus est en avance sur ses concurrents. Les entreprises de gestion des déchets s’installent habituellement loin des zones urbaines afin de réduire le nombre de personnes qui pourraient être touchées par les odeurs émises par leurs usines. «Cela n’a aucune incidence sur la réduction de leur empreinte carbone,» souligne-t-il. En ayant recours à la technologie pour réduire les odeurs émises par ses usines, Convertus peut s’installer en périphérie des villes, ce qui permet aux municipalités de faire la collecte des déchets organiques le matin et ceux-ci seront triés, déchiquetés et placés dans un tunnel de compostage avant la fin de la journée.

Selon M. Leopold, l’objectif le plus important est toutefois de faire en sorte que 0 % des déchets résiduels soient mis en décharge d’ici à 2035, un objectif qui ne peut être atteint que si les Canadiens trient correctement leurs déchets. «À l’heure actuelle, le volume des déchets envoyés dépend de la valeur environnementale du programme. Or, il varie de 3 % à 5 % en Colombie-Britannique et de 5 % à 25 % en Ontario. En règle générale, les directives relatives aux déchets qui peuvent être placés dans les bacs verts sont plus strictes en Colombie-Britannique. Bien que notre technologie soit en mesure de traiter des flux de déchets complexes, nous collaborons avec nos partenaires municipaux afin de promouvoir des programmes plus “propres”», ajoute-t-il.

Convertus s’est fixé un autre objectif ambitieux, soit de doubler sa taille d’ici 2026, et elle envisage différentes options pour y arriver. En premier lieu, elle tentera de combler toute capacité inexploitée dans ses usines existantes, puisque ses installations en Ontario roulent à environ 80 % de leur capacité. Elle considère également des acquisitions stratégiques.

«Notre récente acquisition d’Envirem Organics nous a permis d’établir une présence dans différentes provinces, faisant de nous le plus grand transformateur de produits biologiques au Canada, et nous plaçant parmi les deux ou trois principaux transformateurs en Amérique du Nord,» confie M. Leopold.