Les entreprises dirigées par des femmes doivent déjà relever des défis particuliers, mais la pandémie et son effet domino sur l’économie ont ajouté à la pression, puisque les entrepreneures doivent composer avec un contexte où tout a changé.
Les mesures de distanciation physique, nécessaires pour ralentir la propagation du nouveau coronavirus, ont porté un coup dur aux secteurs qui dépendent des interactions en personne, comme le voyage et le tourisme, la restauration et les services de soins personnels, où les femmes sont plus présentes.
La situation exceptionnelle que nous vivons a amené L’initiative femmes de la Banque Scotia et d’autres organismes ciblant les femmes à bonifier les ressources pratiques et les programmes – en donnant accès gratuitement à des conseillers juridiques par exemple – pour les aider à trouver leur voie.
« Les femmes travaillent fort depuis des années pour faire face à l’adversité et surmonter les nombreux obstacles du milieu des affaires », explique Gillian Riley, cadre responsable de L’initiative Femmes de la Banque Scotia et présidente et chef de la direction de Tangerine.
« La pandémie a ajouté de nouvelles difficultés pour tous les propriétaires de petite entreprise, mais particulièrement les femmes. Dans ce contexte très éprouvant, il est important pour nous de répondre aux besoins uniques et évolutifs des femmes entrepreneures afin qu’elles survivent à la crise et redeviennent prospères lorsque tout ça sera derrière nous. »
22 % des entreprises québécoises dirigées par des femmes craignent de ne pas survivre : sondage
Il est encore trop tôt pour connaître tout l’impact de la pandémie sur l’économie canadienne et l’économie mondiale, mais certaines statistiques laissent entrevoir des conséquences plus néfastes pour les femmes.
Selon une estimation préliminaire de Statistique Canada, le PIB connaîtrait une chute de 9 % en mars, la plus forte baisse jamais enregistrée en un mois. Et les secteurs touchés par les fortes baisses sont ceux où l’on trouve davantage d’entreprises dirigées par des femmes.
« Les premières données sur les conséquences de la COVID-19 suggèrent que les femmes souffriront davantage et différemment des hommes, autant sur le plan économique que de leur vie productive, selon un rapport des Nations Unies publié récemment. Partout dans le monde, les femmes gagnent moins, épargnent moins, occupent des emplois plus précaires et sont plus susceptibles de travailler dans le secteur informel… Dans bien des pays, la première ronde de mises à pied a touché massivement le secteur des services – vente au détail, hospitalité et tourisme – où les femmes sont surreprésentées. »
L’initiative Femmes de la Banque Scotia a comme mandat d’épauler les femmes propriétaires ou dirigeantes d’entreprise par trois grands volets : accès au capital, mentorat et formation. Pour aider les entrepreneures, elle a donc publié du contenu pertinent dans son Centre de ressources en ligne et elle collabore avec d’autres organisations au pays comme Disruption Ventures, Visa, Forum for Women Entrepreneurs, Réseau des Femmes d’affaires du Québec (RFAQ) et Femmessor.
À titre d’exemple, la collaboration avec Femmessor, un organisme à but non lucratif aidant les femmes entrepreneures de tout le Québec, vise à fournir aux entreprises touchées par la COVID-19 un accès gratuit à des services-conseils sur divers sujets, comme des questions juridiques, le commerce en ligne et les programmes d’aide offerts.
Sévrine Labelle, présidente-directrice générale de Femmessor, explique qu’un sondage réalisé récemment par son organisation auprès de ses membres révèle que les femmes entrepreneures sont grandement touchées par la COVID-19.
Des 1 080 femmes entrepreneures du Québec sondées, 22,3 % indiquent que leur entreprise pourra difficilement se relever de la crise actuelle et 49,4 % recherchent activement du financement. Toutefois, seulement 20 % ont l’intention de se prévaloir des mesures gouvernementales, car de nombreuses entrepreneures disent ne pas y être admissibles ou encore que les mesures ne répondent pas à leurs besoins.
Deux entreprises sur trois fonctionnent à moins de 50 % de leur capacité, et une entrepreneure sur cinq craint que son entreprise ne survive pas à la crise.
« La situation actuelle est très préoccupante, parce que nous avons travaillé fort depuis 10, 15 ans pour bâtir un tissu économique féminin important, que nous pourrions perdre et devoir rebâtir après la crise. »
Grâce au programme de Femmessor, les entrepreneures du Québec ont accès gratuitement à des services-conseils
La Banque Scotia, avec l’aide du ministère de l’Économie et de l’Innovation et du gouvernement du Canada, appuie le programme et propose gratuitement les services-conseils de cinq experts.
L’initiative appelée la Brigade Expertes Femmessor lancée le 7 avril compte 65 experts pour fournir des conseils personnalisés. L’entrepreneure qui a un besoin particulier est alors jumelée à un expert, qui lui fournit ses conseils au cours d’une rencontre virtuelle ou téléphonique individuelle.
Les femmes ont fait appel à la Brigade Expertes Femmessor pour des questions liées aux programmes d’aide, au commerce en ligne, ainsi qu’aux stratégies requises pour innover et transformer leur entreprise afin de saisir les occasions de la « nouvelle normalité ». Jusqu’à maintenant, 150 consultations ont eu lieu – ce qui est un nombre beaucoup plus élevé que la moyenne habituelle lorsque ce service était réservé aux clientes de Femmessor, ce qui témoigne de l’urgence et du besoin pressant de conseils, selon Mme Labelle.
Environ 90 % des experts sont des femmes, souligne-t-elle.
« C’est un beau geste de solidarité », explique-t-elle.
« Les conseils peuvent varier selon le type d’entreprise, mais généralement, les entrepreneures devraient profiter des programmes de soutien des gouvernements et des programmes d’allégement pour leurs prêts, par exemple », explique Evangelia Chalkiadakis, directrice, Développement - Petites entreprises, Région de Laval et Nord de la Banque Scotia et conseillère pour le programme Femmessor.
« Les entrepreneures doivent aussi être proactives pour tenter d’attirer des clients par diverses stratégies de marketing et autres, en préparation de l’assouplissement des restrictions », souligne-t-elle.
« Il faut semer aujourd’hui si l’on veut récolter en septembre, affirme Mme Chalkiadakis. Si vous ne le faites pas, une large clientèle ne sera pas au rendez-vous au moment de la réouverture. »
S’adapter à la nouvelle réalité est essentiel : webinaire
« Il est aussi essentiel de positionner votre entreprise pour la nouvelle réalité, qui continue d’évoluer », a dit Mme Riley durant le webinaire de L’initiative Femmes de la Banque Scotia avec Elaine Kunda, fondatrice et directrice associée de DisruptionVentures, un fonds privé d’investissement en capital de risque pour les entreprises dirigées par des femmes.
Mme Riley a donné comme exemple les restaurants qui sont passés aux repas pour emporter ou les détaillants qui vendent leurs articles par l’intermédiaire des médias sociaux.
« Il est vraiment très important de réfléchir aux moyens que votre entreprise peut prendre pour s’adapter au nouvel environnement et à la nouvelle réalité », souligne-t-elle.
« Le nouveau contexte fait ressortir l’importance de l’innovation, puisque nous avons été forcés de changer radicalement notre façon de travailler ces dernières semaines. L’adoption du numérique est cruciale », ajoute Mme Riley.
Gillian Riley, cadre responsable de l’initiative Femmes de la Banque Scotia et présidente et chef de la direction de Tangerine, affirme que l’adoption du numérique est la clé pour aller de l’avant.
« La pandémie a accéléré la prise de conscience de l’importance du numérique, qui est là pour rester à mon avis, explique Mme Riley. Ce qui aurait probablement pris cinq ans auparavant s’est sans doute concrétisé au cours des six dernières semaines. Nous avons vu des progrès incroyables! »
L’initiative Femmes de la Banque Scotia poursuit ses efforts pour améliorer son approche afin de demeurer pertinente et de fournir, maintenant et après la crise de la COVID-19, un soutien utile et tourné vers l’avenir, ajoute Mme Riley.
« Nous devons voir à ce que l’initiative continue de fournir un soutien approprié, que ce soit par des moyens comme les balados, les webinaires, les ressources en ligne et les parrainages comme celui que nous avons établi avec Femmessor », renchérit-elle.
« Globalement, la crise de COVID-19 a été difficile de bien des façons pour de nombreuses personnes, mentionne Mme Riley, mais nous en ressortirons plus forts. »
« Les Canadiens sont très résilients, explique-t-elle. Je pense que nous allons tirer beaucoup de leçons de cette situation, et au bout du compte, nous en sortirons grandis. »