- La croissance des salaires continue de se déchaîner.
- Les chiffres sur l’emploi n’ont pas été mauvais.
- Les solides gains dans les emplois salariés ont été éclipsés par la baisse dans les données estimatives sur le travail autonome.
- En Ontario, le recul a inscrit une valeur aberrante exceptionnelle.
- Le conseil d’amoindrir l’anticipation hâtive des baisses de taux a porté fruit.
- Emplois au Canada sur un mois en milliers/taux de chômage en %, décembre, en données désaisonnalisées
- Données réelles : 0,1/5,8
- Scotia : 25/5,8
- Consensus : 15/5,9
- Auparavant : 24,9/5,8
- Salaires : 6,2 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé//5,7 % sur un an contre 5,0 %
Les salaires ont planté un autre clou dans le cercueil en ce qui concerne la mesure dans laquelle les marchés anticipent une baisse de taux de la Banque du Canada dès les réunions de mars ou d’avril. La croissance de l’emploi a été freinée et les détails ont été contrastés, même s’ils ont généralement été meilleurs que les données de synthèse. Le graphique 1 donne certains détails.
![Graphique 1 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image.img.png/1704806257763.png)
L’ANTICIPATION DES BAISSES DE TAUX DE LA BdC S’EST SPECTACULAIREMENT REPLIÉE
Comme le confirme le graphique 2, le conseil de payer les contrats de mars et d’avril a été plutôt rentable. En prévision de la réunion que tiendra la BdC en mars, les marchés n’anticipent plus qu’une baisse de 6 à 8 points de base après avoir prévu une baisse de 25 points de base aux alentours de la mi‑décembre. À mon avis, il reste encore une certaine marge de manœuvre pour effacer l’anticipation d’une baisse en avril, de l’ordre de 20 à 22 points de base par rapport à une baisse cumulative de presque un‑demi-point anticipée d’ici avril.
![Graphique 2 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image_copy.img.png/1704806698084.png)
LA CROISSANCE DES SALAIRES CONTINUE DE FAIRE DES RAVAGES
La croissance des salaires est un facteur clé à cet égard. Elle a à nouveau été catastrophique le mois dernier, puisque les salaires ont flambé de 6,2 % sur un mois en rythme désaisonnalisé et annualisé, après avoir inscrit un gain de 7,1 % le mois précédent, les salaires continuent d’exploser tendanciellement, comme l’indique le graphique 3.
![Graphique 3 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image_copy_287003624.img.png/1704805140192.png)
Lorsque le gouverneur Tiff Macklem parle de ce que surveille la BdC, les salaires en constituent un aspect essentiel. L’argument voulant que la progression des salaires soit simplement destinée à compenser le choc de la flambée de l’inflation sur le pouvoir d’achat est depuis longtemps invalidé. Le graphique 4 nous apprend que la croissance des salaires reste obstinément supérieure à l’inflation depuis longtemps. En outre, les conventions salariales collectives pour le travailleur canadien sur trois qui est syndiqué (contre 10 % aux États‑Unis) continuent d’exploser : des gains importants sont cimentés pour les années à venir, même si Ottawa est plutôt lent à actualiser les chiffres.
![Graphique 4 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image_copy_1955459850.img.png/1704805154635.png)
LES DÉTAILS
Les détails qui sous-tendent les chiffres de synthèse sur l’emploi sont nuancés. Le travail autonome et l’emploi en Ontario, essentiellement léthargiques, ont éclipsé les hausses ailleurs dans l’économie.
Je ne sais pas ce qui s’est produit en Ontario le mois dernier; toutefois, cette province a craché dans le bol à punch collectif des Fêtes. Je suis tenté de prendre avec un grain de sel l’affirmation selon laquelle cette province ait pu avoir, malgré son importance, un impact significatif sur l’ensemble des chiffres. L’Ontario a inscrit une baisse de presque 50 000 emplois, et la léthargie a été assez vaste pour déconseiller d’en faire une curiosité ponctuelle et circonscrite. Les emplois ont fondu de 20 000 postes dans la construction, de 12 000 dans le commerce de gros et de détail et ont baissé un peu moins dans la santé et les services sociaux, dans l’information, la culture et les loisirs, ainsi que dans l’hébergement et la restauration. Les autres provinces se sont conjuguées pour porter une hausse qui a compensé ces replis.
C’est une baisse de l’ordre de 18 000 postes autonomes qui explique que les données de synthèse à l’échelle nationale n’ont pas bougé : cette baisse a masqué une hausse de 11 000 emplois dans les postes salariés du secteur privé et une augmentation de 7 000 emplois dans les postes salariés du secteur public. Les postes de travailleurs autonomes peuvent avoir une valeur inestimable pour l’économie canadienne; or, il s’agit de la catégorie la plus anémique parmi les données estimatives, et je conseille souvent à nos lecteurs de faire fi des fortes variations dans ces données.
Sectoriellement, l’ampleur a été anémique (graphique 5). Les secteurs producteurs de biens ont perdu 43 000 emplois, et les secteurs des services ont compensé par une augmentation de 43 000 emplois. Dans le secteur des biens, l’agriculture, l’activité manufacturière et la construction ont toutes inscrit des baisses comparables. Dans les services, le gain a été porté par les services professionnels, scientifiques et techniques, de même que par la santé et l’aide sociale et les « autres » services.
![Graphique 5 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image_copy_54750590.img.png/1704805175920.png)
Les emplois à temps plein ont reculé de 23 500 postes, ce qui a été compensé par la hausse de 23 600 emplois à temps partiel.
Les heures de travail ont progressé de 0,4 % sur un mois en données désaisonnalisées, ce qui est un plus pour le PIB de décembre, puisque le PIB est une identité définie sous la forme des heures de travail multipliées par la productivité des travailleurs, ce que viendront mieux éclairer les chiffres à publier sur l’activité économique.
Toujours est-il que les heures de travail se sont repliées de 1,3 % sur un trimestre, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, pour l’ensemble du T4, et si on s’en remet uniquement à l’effet de décalage, il n’y a aucun acquis pour le T1 d’ici à ce qu’on publie les données de ce trimestre (graphique 6).
![Graphique 6 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image_copy_834578700.img.png/1704805189207.png)
Le taux de chômage du Canada n’a pas bougé, à 5,8 % (graphique 7). En effet, l’évolution globale anémique de l’emploi a été accompagnée d’une légère variation de la taille de la population active (+4,8 k travailleurs), même si la population a augmenté de 74 000 habitants encore le mois dernier.
![Graphique 7 : xxx](/content/experience-fragments/scotiabank/global_economics/fr/la_semaine_en_bref/2024-01-05/master/_jcr_content/root/image_1263361805.img.png/1704805201116.png)
Dans l’ensemble, je crois que l’explosion des salaires et l’amélioration des chiffres sur l’emploi par rapport à ce que laissent entendre les données stagnantes publiées produisent une combinaison de résultats qui amèneront la BdC à faire preuve d’attentisme. La BdC ne surréagit jamais à une même série de chiffres, et le lecteur ne devrait pas le faire non plus, surtout si on se fie au nombre toujours élevé de postes à pourvoir et à l’explosion de l’immigration. C’est ce qui expliquera que les salaires continueront d’augmenter d’autant et c’est ce qui fait que l’inflation repart de plus belle; or, nous ne pouvons pas exclure la possibilité d’un nouveau durcissement ou d’un taux qui restera fixé à 5 % pendant encore plus longtemps que ce qu’anticipent les marchés et, peut-être, ce à quoi s’attend le très large consensus. Cet avis concorde avec les autres points de vue auxquels j’adhère toujours, notamment celui qui veut qu’il soit absurde de baisser les taux au début du printemps sur le marché du logement et dans la foulée des budgets de l’État, ce qui viendrait embraser le risque inflationniste.
Les chiffres américains ont une incidence externe supplémentaire sur le Canada. Aux États‑Unis, la croissance des salaires s’est accélérée à 4,3 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, et les emplois salariés ont augmenté de 216 000 le mois dernier. Il s’agit d’une toile de fond vigoureuse pour le consommateur américain et, par extension, pour l’économie canadienne.
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