• Aux États‑Unis, l’inflation selon l’IPC de base a étonné à la hausse et se remet à monter tendanciellement…
  • ... ce qui se traduira probablement par un relèvement de l’indice de prédilection de la Fed, soit l’inflation fondamentale des DCM.
  • Le bond des prix des services essentiels alarmera la Fed.
  • Les bons du Trésor ont encaissé le choc quand les marchés ont de nouveau repoussé les baisses de taux anticipées de la Fed.
  • L’anticipation des baisses de taux de la BdC a elle aussi été repoussée en raison des incidences de la Fed…
  • … alors que le pistage de l’IPC canadien a inscrit un solide bond.
 
  • États‑Unis : IPC//IPC de base, évolution en % sur un mois, janvier, en chiffres désaisonnalisés :
  • Données réelles : 0,3/0,4
  • Banque Scotia : 0,2/0,3
  • Consensus : 0,2/0,3
  • Auparavant : 0,2/0,3 (révisée par rapport à 0,3/0,3)

Aux États‑Unis, l’IPC de base a malmené les bons du Trésor et fait frissonner tous ceux qui croient toujours que la Fed doit se précipiter pour abaisser les taux.

L’IPC de base a gagné 0,4 % sur un mois (0,39 % pour être exact), comme l’avaient correctement prédit seulement trois des 68 prévisionnistes; 15 de ces prévisionnistes ont incorrectement prédit 0,1 ou 0,2 et 50 ont frôlé ce chiffre. Le résultat est supérieur aux estimations actualisées de la Fed de Cleveland. Les chiffres se remettent à monter peu à peu depuis quelques mois après avoir plongé à des creux durant l’été (graphique 1). 

Graphique 1 : Aux États-Unis, l'inflation selon l'IPC fondamental

Le résultat de l’IPC de base veut probablement dire que le chiffre qui sera publié le 29 février pour l’inflation fondamentale des DCM sera de l’ordre de 0,3 % sur un mois en données désaisonnalisées. Dans ce cas, ce résultat serait significatif, dans la foulée des résultats de 0,14 %, 0,06 % et 0,17 % dans les trois précédentes publications, puisqu’on enverrait ainsi une mise en garde contre l’hypothèse voulant que ce passage à vide se poursuive.

Les marchés ont fortement réagi et les détails ont vraisemblablement eu encore plus d’impact.

Les marchés

Cette surprise à la hausse et les détails fermes ont fait bondir les rendements : les rendements sur deux ans ont gagné environ 15 points de base pour s’inscrire à 4,6 % et les rendements des bons du Trésor à 10 ans ont augmenté d’environ 14 points de base à 4,28 %. L’anticipation d’une baisse au moment de la décision du 20 mars a été complètement éliminée, puisque l’anticipation de baisses en mai s’est réduite de 7 points de base pour s’inscrire à 10 points de base à peine. Le graphique 2 fait état des mouvements intraséances dans l’anticipation des baisses de taux de la Fed au cours des trois prochaines réunions. Je ne peux pas concevoir que la Fed abaisse ses taux à sa réunion de mai au vu de chiffres comme ceux‑ci et en raison du fait que le PIB américain du T1 sera vraisemblablement vigoureux quelques jours à peine avant la réunion de la Fed. Nous prévoyons au T3 une première baisse, qui pourrait se concrétiser n’importe quand entre juillet et septembre, mais il faudrait d’ici là que la conjoncture se redresse considérablement. Je ne peux toutefois pas éliminer la possibilité d’un redurcissement des taux.

Graphique 2 : Anticipation des cours selon les réunions de la Fed

L’anticipation des baisses de la Banque du Canada tire les cours à la hausse

L’anticipation des baisses de la Banque du Canada a également affecté les cours. Ils ont néanmoins été en quelque sorte rognés par les effets d’entraînement des incidences relatives de la banque centrale (graphique 3). 

Graphique 3 : Anticipation des cours selon les réunions de la BdC

Parlons maintenant de l’IPC canadien qui sera publié mardi prochain. J’ai estimé la hausse de synthèse à 0,6 % sur un mois en données non désaisonnalisées ou à 0,4 % sur un mois en données désaisonnalisées et à 3,5 % sur un an, contre 3,4 %. L’IPC de base traditionnel est estimé à 0,5 % sur un mois en données désaisonnalisées. Il faut aussi tenir compte des déchirantes données sur les ventes de logements qui seront publiées demain et du fait qu’on s’attende à un vigoureux marché du logement ce printemps, pour continuer de repousser l’anticipation des baisses de taux de la BdC, tout en gardant à l’esprit un risque considérable de durcissement des taux. Il faudra que bien des indicateurs évoluent dans le bon sens pour que notre prévision d’une première baisse en septembre se matérialise, et je continue de croire qu’il y a un risque encore plus grand de flambée inflationniste et de hausse de taux au Canada qu’aux États‑Unis.

Les détails — Les prix des services essentiels ont bondi

L’inflation des services essentiels (sauf l’énergie et le logement) a bondi de 0,85 % sur un mois en données désaisonnalisées; il s’agit du résultat le plus incendiaire depuis avril 2022 (graphique 4). C’est ce qui nous donne 10,7 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé. Autrement dit, le bond de 0,7 % sur un mois en données désaisonnalisées du total des prix des services, sauf l’énergie, ne s’explique pas seulement par le logement; ce résultat est attribuable à une pression haussière beaucoup plus généralisée sur les prix des services.

Graphique 4 : L'IPC de base aux États-Unis : services sauf le logement

Ce bond des prix des services a été largement suffisant par rapport à celui qu’il fallait pour masquer la désinflation fondamentale des biens de -0,3 % sur un mois en données désaisonnalisées (graphique 5). La désinflation fondamentale des biens reste intacte.

Graphique 5 : L'IPC de base aux États-Unis : services sauf le logement

Or, le logement a effectivement concouru à inflation générale des services : le logement a gagné 0,6 % sur un mois en données désaisonnalisées alors que les loyers des résidences principales ont augmenté de 0,4 % (graphique 6) et que les loyers équivalents des propriétaires ont progressé de 0,6 % (graphique 7). 

Graphique 6 : L'inflation des loyers aux États-Unis; Graphique 7 : La ténacité de l'inflation des loyers

La désinflation des prix des biens a été en partie portée par les prix des véhicules. Les prix des véhicules d’occasion ont chuté de 3,4 % sur un mois en données désaisonnalisées (graphique 8) et les prix des véhicules neufs n’ont pas bougé (graphique 9). La désinflation est venue rogner environ 0,1 % sur un mois, en données désaisonnalisées, sur l’IPC de base en chiffres pondérés.

Graphique 8 : L'inflation des voitures d'occasion; Graphique 9 : L'inflation des voitures neuves

Les vêtements ont aussi écorné les prix des biens (graphique 10). Il en a été de même de l’ameublement (graphique 11), des biens récréatifs (graphique 12) et des prix des médicaments (graphique 13).

GrGraphique 10 : Les ventes de vêtements aux États-Unis; Graphique 11 : L'IPC américain : l'ameublement des ménages; Graphique 12 : L'IPC américain : les biens récréatifs; Graphique 13: Les prix des médicaments sur ordonnance

Ce qui a porté l’inflation des services à part le logement? Voici un conseil : ne tombez pas malade (graphiques 14 et 15). Et si vous avez une voiture, je n’ai pas besoin de vous raconter ce qui se passe avec les primes d’assurance automobile qui explosent (graphique 16). Les prix des services financiers augmentent eux aussi (graphique 17). Il ne faut pas s’amuser non plus (graphique 18); ou peut-être que les gens s’amusent déjà trop. 

Graphique 14 : Les services dans les hôpitaux aux États-Unis; Graphique 15 : L'assurance-maladie aux États-Unis; Graphique 16 : L'explosion des primes d'assurance des véhicules automobiles aux États-Unis; Graphique 17: Les services financiers aux États-Unis
Graphique 18 : L'IPC américain : les services récréatifs

Les prix des billets d’avion ont aussi inscrit des gains (graphique 19); en outre, les services de réparation de véhicules automobiles ont augmenté de 0,8 % sur un mois. Les services de soins médicaux ont progressé de 0,7 %. 

Graphique 19 : Les tarifs du transport en avion aux États-Unis

Si l’IPC de synthèse a étonné à la hausse, c’est essentiellement à cause de l’augmentation plus importante qu’attendu du chiffre de l’IPC de base. Les prix de l’essence (graphique 20) ont à peu près évolué selon les estimations (‑3,3 % sur un mois en données désaisonnalisées), tout comme les prix des aliments (+0,5 % sur un mois) puisque les produits alimentaires à domicile ont gagné 0,4 % et que les produits alimentaires hors domicile ont progressé de 0,5 % (graphiques 21 et 22).

Graphique 20 : L'IPC américain : l'essence; Graphique 21 : Les prix des aliments aux États-Unis; Graphique 22 : Les prix des aliments aux États-Unis

Plus de détails!

Nous vous invitons aussi à consulter le graphique 23, qui fait la répartition de l’ensemble du panier de l’IPC, ainsi que le graphique 24, qui en fait autant du point de vue des apports pondérés à l’évolution sur un mois de l’IPC. Les graphiques 25 et 26 font de même pour l’inflation sur un an par constituante.

Graphique 23 : L'évolution, en janvier, dans les catégories de l'IPC de synthèse aux États-Unis; Graphique 24 : L'évolution, en janvier, dans les catégories de l'IPC de synthèse aux États-Unis
Graphique 25: L'évolution sur 12 mois, en janvier, dans les catégories de l'IPC de synthèse aux États-Unis; Graphique 26: Les apports pondérés, en janvier, à l'évolution sur 12 moins de l'IPC de synthèse aux États-Unis

Veuillez également consulter le tableau détaillé de la fin, qui fait la répartition du panier, de même que les micrographiques et les baromètres de la note z des écarts par rapport aux récentes tendances par constituante.

RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION AUX ÉTATS-UNIS
RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION AUX ÉTATS-UNIS
RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION AUX ÉTATS-UNIS