- Le FOMC ne change pas du tout sa politique monétaire. On s’y attendait généralement.
- Une baisse en septembre « pourrait être envisageable ».
- La déclaration du FOMC laisse entendre qu’il ne s’agit plus seulement de l’inflation.
- Nous continuons de prévoir en septembre une première baisse…
- ..., ce qui pourrait se produire à Jackson Hole.
- Les marchés ont mal réagi à la déflagration boursière en Iran.
Le FOMC n’a rien changé à toutes les variables de sa politique, comme il fallait généralement s’y attendre, dont la fourchette des taux directeurs de 5,25 %‑5,5 % et son programme de durcissement quantitatif. Mais essentiellement, le président Jerome Powell a laissé entendre qu’il se pourrait que la Fed réduise ses taux à sa réunion de septembre, sans toutefois prendre d’engagement plus ferme. Les Études économiques de la Banque Scotia continuent de prévoir une première baisse à cette réunion. Jerome Powell a fait savoir que la Fed a de plus en plus l’assurance qu’elle est en bonne voie de réaliser les objectifs de sa double mission dans l’assouplissement monétaire, mais qu’elle n’y est pas tout à fait encore parvenue. La Fed a apporté de légères mises au point à ses déclarations.
Les marchés ont d’abord réagi à la totalité des communiqués, en abaissant d’environ 5 points de base le rendement des bons du Trésor à 2 ans entièrement pendant la conférence de presse, après avoir largement fait fi de la déclaration. Une autre baisse de 2 points de base s’est inscrite dans la foulée des grandes nouvelles publiées en Iran. Le S&P 500 a très légèrement augmenté. Les premiers mouvements boursiers ont cédé la place à la volatilité lorsqu’on a annoncé que le guide suprême de l’Iran avait ordonné d’attaquer Israël en guise de représailles. Il faut rester calme et observer, en se rappelant que la dernière fois que ça s’est produit, l’Iran a tenté de sauver l’honneur en lançant des missiles erratiques, qui ont été abattus, puisque les deux clans tâchaient d’éviter une guerre à part entière.
EN SEPTEMBRE, UNE RÉUNION DÉCISIVE
Jerome Powell a entamé sa conférence de presse en déclarant que l’inflation s’était apaisée « substantiellement » et que dans l’ensemble, les statistiques du marché du travail étaient revenues à ce qu’elles étaient à la veille de la pandémie et qu’elles sont assez solides, sans surchauffer, alors que les données sur l’inflation du T2 lui ont donné encore plus l’assurance de commencer à abaisser les taux, en laissant entendre que d’autres données satisfaisantes conforteraient cette confiance.
Il a donc télégraphié dès le début que la Fed n’avait pas encore atteint cette étape et qu’elle n’avait pas suffisamment l’assurance d’abaisser les taux ou qu’elle ne souhaitait peut-être pas communiquer tout de suite autant d’information.
La première question posée visait à savoir si l’anticipation boursière d’une baisse de taux en septembre était vraisemblable. Voici ce qu’a déclaré Jerome Powell :
« Nous n’avons pas pris de décisions pour septembre. Le Comité se rapproche de ce point. Nous nous en remettrons aux données, sans toutefois dépendre des points de données, en examinant la totalité des statistiques. Nous pourrions arrêter dès septembre une baisse de notre taux directeur. »
Je crois que ce qu’il veut dire ici, c’est qu’on prendrait probablement les mauvaises surprises pour les faire dérailler de leur cours au lieu d’abaisser les taux le 18 septembre, par opposition à une nette amélioration des données dans l’orientation du parti pris. Il y aura, avant cette réunion, deux autres rapports sur l’IPC, un autre sur les dépenses de consommation des ménages et deux autres sur les salaires non agricoles.
Quand on l’a sondé sur la question posée pour savoir si une nouvelle amélioration de l’inflation ferait d’une baisse en septembre le scénario référentiel, Jerome Powell a été réticent :
« Si nous devions constater que l’inflation baisse, que la croissance reste assez solide et que le marché du travail est toujours comparable à la conjoncture actuelle, il pourrait être question d’une baisse de taux en septembre. Si l’inflation déçoit, nous en tiendrions compte avec les autres facteurs. Nous nous pencherons sur la totalité des données et des risques. »
Jerome Powell a insisté pour dire que « [n]ous devons prendre connaissance d’un plus grand nombre de données. Durant le premier trimestre, les données sur l’inflation ont été médiocres, puis ont repris du mieux après sept mois de forte inflation à la fin de l’an dernier. Des données satisfaisantes plus nombreuses nous apporteraient une plus grande confiance. »
LE PRONOSTIC À TERME
Jerome Powell n’a pas donné d’information quand on lui a demandé si le tracé en pointillé de juin est toujours un guide exact. Voici ce qu’il a déclaré :
« La voie à suivre dépendra de l’évolution de l’économie. Nous ferons une autre synthèse des projections économiques à la réunion de septembre. Je peux imaginer un scénario dans lequel il n’y aurait pas du tout de baisse et un autre dans lequel il y en aurait plusieurs. Je ne voudrais pas vous tracer un parcours aujourd’hui. »
DES DÉCISIONS DE PLUS EN PLUS SENSIBLES AU MARCHÉ DU TRAVAIL
On a demandé à Jerome Powell « si le marché du travail est de retour au point d’équilibre et pourquoi une politique restrictive est justifiée à l’heure actuelle ». Voici ce qu’il a déclaré : « Les données sur le marché du travail font état d’une normalisation continue de la conjoncture : la surchauffe cède la place à des conditions plus normales. Nous surveillons attentivement la conjoncture du marché du travail. Nous sommes bien positionnés pour réagir. Nous sommes prêts à réagir si nous constatons plus qu’une normalisation graduelle des conditions. Je ne voudrais pas être témoin d’un nouveau ralentissement du marché du travail. » C’est ici qu’interviennent les salaires non agricoles à publier vendredi.
ON A PLUS L’ASSURANCE QUE CE PASSAGE À VIDE DE L’INFLATION POURRAIT S’INSCRIRE DANS LA DURÉE
On a demandé à Jerome Powell si les récents comptes rendus sur l’inflation donnent l’impression que la désinflation de l’an dernier se remet sur les rails avec l’élan désinflationniste après s’être infléchie au début de l’année. Il a paru évasif :
« En fait, je crois qu’il y a plus. La désinflation est généralisée. L’an dernier, ce sont les prix des biens qui baissaient. Nous constatons également des progrès dans les services de logements et dans les autres services à l’heure actuelle. Je dirais que la qualité augmente. Or, il ne s’agit que d’un trimestre. Nous devons attendre d’autres données. Notre confiance augmente. »
Cette réponse cadre avec mon parti pris selon lequel le rééquilibrage sous‑jacent de l’économie américaine devrait donner plus l’assurance que l’inflation aux États‑Unis continue de baisser, même s’il ne fait aucun doute qu’elle est volatile.
Lorsqu’on lui a demandé si les données sur l’inflation publiées au début de l’année étaient des écarts qui auraient pu autoriser des baisses jusqu’à maintenant, voici ce qu’il a déclaré :
« Si c’est seulement la saisonnalité qui a fait augmenter l’inflation auparavant, cela laisse entendre que l’inflation pourrait augmenter d’ici la fin de l’année avec les problèmes opposés de correction saisonnière. C’est la raison pour laquelle nous prenons des périodes de 12 mois. »
DES DISSIDENTS À L’HORIZON?
Même s’il n’y a pas eu de dissidents dans la décision d’aujourd’hui, Jerome Powell a effectivement fait observer qu’une « grande majorité » était d’accord pour ne pas bouger aujourd’hui. Ce n’est pas comme s’il avait dit que la Fed a été « unanime ». Il veut plutôt dire qu’une minorité de membres sans droit de vote du FOMC ont prôné pour une baisse aujourd’hui et que certains membres votants étaient du même avis, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre pour la possibilité de dissensions en septembre, selon les circonstances.
LES CHANGEMENTS DANS LES DÉCLARATIONS
Dans l’ensemble, le discours dans les changements apportés aux déclarations a été un peu plus conciliant de par sa nature. Or, il est resté non engageant en prévision de la décision qui sera prise en septembre. Avant de parler des changements, il faut parler de ce qui n’a pas changé. La Fed a continué de parler de ce qu’elle doit toujours réaliser pour améliorer sa confiance en précisant qu’elle n’y était pas encore parvenue, en répétant ce qui suit :
« Le Comité ne s’attend pas à ce qu’il soit approprié de réduire la fourchette cible tant qu’il n’aura pas plus l’assurance que l’inflation se rapproche durablement de la cible de 2 %. »
Voici ce qu’elle a effectivement changé. Nous invitons aussi le lecteur à consulter la comparaison des déclarations ci‑jointe.
- Essentiellement, la Fed a codifié, dans ses déclarations, une orientation plus équilibrée dans l’ensemble de sa double mission à l’heure actuelle en affirmant qu’elle est « attentive aux risques des deux côtés de sa double mission » pour ce qui est du plein‑emploi et de la stabilité des prix, au lieu d’affirmer, comme elle l’a fait auparavant, que le Comité « reste très attentif aux risques inflationnistes ».
- Elle affirme aussi désormais qu’elle juge que « les risques de réaliser ses objectifs dans l’emploi et l’inflation continuent d’être mieux équilibrés » au lieu de déclarer qu’elle « a évolué sur la voie d’un meilleur équilibre par rapport à l’année écoulée ».
- Elle affirme désormais que « les gains du marché de l’emploi se sont modérés et le taux de chômage a augmenté, même s’il reste faible ». Cette déclaration contraste avec l’affirmation précédente, selon laquelle « les gains du marché de l’emploi sont restés solides et le taux de chômage est resté faible ».
- Elle affirme aujourd’hui qu’« il y a eu d’autres progrès » dans la réalisation de la cible inflationniste de 2 %, au lieu de déclarer, comme elle l’avait fait auparavant, qu’il y avait « d’autres légers progrès ». Il s’agit d’une légère différence.
- Elle affirme désormais que l’inflation est « plutôt élevée » (en ajoutant l’adverbe « plutôt »).
Dans l’ensemble, en attendant les données, il se pourrait que ce soit à l’occasion du Symposium de Jackson Hole, du 22 au 24 août, que Jerome Powell lance fermement une baisse en septembre.
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