CANADA : LA CROISSANCE DES VENTES D’AUTOMOBILES SE RALENTIT; LE RYTHME ANNUALISÉ EST TOUJOURS SUPÉRIEUR À CELUI DE 2023
En mai au Canada, les ventes d’automobiles se sont légèrement ralenties (-0,2 % sur un mois, en données désaisonnalisées) pour s’établir à 1,71 million d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé), selon Wards Automotive (graphique 1). Les ventes enchaînent ainsi une troisième baisse mensuelle consécutive en données désaisonnalisées, puisque le rythme de croissance des ventes d’automobiles continue de fléchir par rapport au deuxième semestre de 2023 et aux deux premiers mois de 2024. Ce ralentissement de la croissance n’est pas entièrement attribuable à des facteurs de désaisonnalisation potentiellement distorsionnants, selon lesquels les ventes d’automobiles au Canada reprennent généralement du mieux dans les mois de l’été et baissent dans les mois de l’hiver. Les ventes non désaisonnalisées de mai ont gagné à peine 0,3 % sur un an, ce qui est nettement inférieur au récent pic de 18,9 % sur un an en février. Toutefois, le rythme des ventes d’automobiles s’est établi à une moyenne de 1,8 million d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) dans les cinq premiers mois de l’année, ce qui est supérieur à 1,68 million d’exemplaires vendus dans l’année 2023, alors que les ventes commençaient à se rétablir des pénuries de stock et des déficits de l’offre induits par la pandémie. La croissance de la demande de véhicules neufs est appelée à rester discrète à court terme, puisque les taux d’intérêt élevés pèsent sur les dépenses de consommation. En juin, à sa réunion de la semaine dernière, la Banque du Canada a abaissé de 25 points de base son taux directeur pour le fixer à 4,75 %; il s’agit de la première baisse de taux depuis qu’elle a commencé à les hausser en mars 2022, pour porter le taux directeur de 0,25 % à 5 % en juillet 2023. Dans nos prévisions révisées, nous nous attendons aujourd’hui à une baisse totale de 100 points de base du taux directeur de la BdC d’ici la fin de 2024, ainsi qu’à des baisses de 25 points de base dans chacune des trois prochaines réunions monétaires; le nombre de baisses risque toutefois de diminuer si les données publiées indiquent que l’inflation perdure ou s’embrase à nouveau. Ces baisses attendues du taux directeur permettraient d’apaiser certains vents contraires qui soufflent sur la demande de véhicules. Nos prévisions pour les ventes d’automobiles au Canada se chiffrent à 1,77 million d’exemplaires en 2024, et nous nous attendons à ce que les ventes augmentent pour s’inscrire à 1,80 million d’exemplaires en 2025, lorsque les vents contraires qui soufflent sur les taux d’intérêt s’apaiseront.
ÉTATS-UNIS : LES STOCKS D’AUTOMOBILES AUGMENTENT À L’HEURE OÙ LES VENTES ÉVOLUENT TENDANCIELLEMENT EN ZIGZAG
Aux États‑Unis en mai, les ventes d’automobiles ont gagné 0,7 % (sur un mois en données désaisonnalisées) pour s’inscrire à 15,9 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé); il s’agit du mois désaisonnalisé au cours duquel les ventes d’automobiles ont évolué le plus rapidement depuis décembre 2023 (graphique 2). Après s’être ralenties à une moyenne de 15,3 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) au T1 de 2024, les ventes d’automobiles ont augmenté dans trois des quatre derniers mois. Les ventes de véhicules légers aux États‑Unis ont essentiellement évolué tendanciellement en zigzag durant l’année écoulée : la moyenne mobile sur trois mois (mm3m) à la fin de mai 2024, soit 15,7 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé), correspond au rythme des ventes du T4 de 2023 et est légèrement inférieure au récent pic de 15,8 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) au T2 de 2023. Cette période de croissance anémique des ventes d’automobiles, de concert avec la reprise des cadences de production, permet de reconstituer les stocks d’automobiles. En Amérique du Nord, la production de véhicules légers s’est établie à une moyenne de 16,4 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) dans le premier trimestre clos en avril 2024; il s’agit du rythme le plus rapide, en mm3m, depuis le milieu de 2023; ce chiffre est également supérieur aux 16,2 millions d’exemplaires produits en 2019. Dans le même temps, les stocks de véhicules légers désaisonnalisés aux États‑Unis en mai ont augmenté dans 25 des 27 derniers mois pour atteindre leur plus haut depuis la fin de 2020 et pour se chiffrer à 75 % du niveau moyen de 2019, selon Wards Automotive. Les taux d’intérêt à court terme devraient continuer de peser sur la demande des consommateurs, puisque nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale maintienne son taux directeur à 5,5 % aux deux prochaines réunions du FOMC, en baissant son taux directeur de 25 points de base en septembre, ce qui donnera des baisses de taux globales d’à peine 50 points de base à la fin de 2024. Nos prévisions pour les ventes d’automobiles aux États‑Unis s’inscrivent à 15,8 millions d’exemplaires en 2024 en raison des taux d’intérêt élevés et du ralentissement de l’activité économique, qui vont souffler des vents contraires sur la demande et sur l’offre; ce chiffre devrait augmenter pour s’établir à 16,5 millions d’exemplaires en 2025 lorsque ces vents contraires se calmeront.
LES VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : CROISSANCE INÉGALE AU T2 DE 2024
Les ventes mondiales d’automobiles ont augmenté pour un troisième mois consécutif après avoir atteint récemment un creux désaisonnalisé en janvier pour frôler les niveaux du milieu de 2023 et enchaîner une hausse de 2,7 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en avril (graphique 3). Ce relèvement des ventes d’automobiles au début de l’année a été inégal à l’échelle régionale et nationale. En Europe de l’Ouest, les ventes d’automobiles ont progressé de 6,4 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en avril en inscrivant de larges gains, dans 12 des 15 pays que nous couvrons. Malgré leur volatilité mensuelle, les ventes d’automobiles de la région ont augmenté dans les quatre premiers mois de 2024, après avoir baissé vers la fin de 2023. Sur les grands marchés, les ventes d’avril ont rebondi en France (7,8 % sur un mois, en données désaisonnalisées), en Allemagne (17,4 %), en Italie (3,7 %) et en Espagne (4,7 %); elles ont toutefois baissé pour un deuxième mois consécutif au Royaume‑Uni (‑9,2 %). Dans le même temps, en Europe de l’Est, les ventes d’automobiles ont gagné 1,0 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en avril puisque le rythme des ventes de la région a repris du mieux après avoir piétiné au T4 de 2023. En Asie-Pacifique, les ventes d’automobiles ont augmenté de 1,3 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en avril, en enchaînant une deuxième hausse mensuelle consécutive, après un ralentissement de trois mois entamé à la fin de 2023, alors que les ventes en Australie (6,6 % sur un mois, en données désaisonnalisées) et au Japon (14 %), de concert avec les ventes quasiment inchangées en Inde (0,5 %), en Chine (0 %) et en Corée du Sud (‑0,1 %) ont été en partie effacées par la baisse des ventes en Indonésie (‑13,3 %). En Amérique latine, les ventes d’automobiles ont progressé de 11,9 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en avril, alors qu’elles ont augmenté au Brésil (16 %), au Chili (18,4 %), en Colombie (21,5 %), au Mexique (5,9 %) et au Pérou (36 %) et qu’elles ont reculé en Argentine (‑13,5 %). Dans nos prévisions pour les ventes d’automobiles mondiales, nous nous attendons à une hausse de 2,1 % en 2024 et de 3,2 % en 2025, parce que les taux d’intérêt élevés pèsent sur les dépenses de consommation et sur l’activité économique (graphique 4).
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