CANADA : LES CHOCS POURRAIENT MASQUER UNE REMONTÉE SAISONNIÈRE
Au Canada, les ventes d’automobiles ont gagné 6,1 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en novembre pour s’inscrire à 1,79 million d’exemplaires en rythme annualisé, selon Wards Automotive (graphique 1). Même si les mois de l’été ont été marqués par des chocs comme les incendies de forêt, les grèves, l’augmentation des prix et le redurcissement de la conjoncture financière, les ventes de véhicules légers sont résilientes à l’heure où 2023 tire à sa fin. Sur une moyenne mobile de trois mois, les ventes d’automobiles se sont hissées à 1,72 million d’exemplaires (en données désaisonnalisées et annualisées) en novembre, contre 1,63 million (en données annualisées et désaisonnalisées sur une moyenne mobile de trois mois) en août, ce qui donne la progression désaisonnalisée la plus fulgurante depuis le printemps 2021. Il faut toutefois faire une mise en garde et signaler qu’au Canada, les ventes de véhicules non corrigées des variations saisonnières se ralentissent statistiquement au quatrième trimestre de l’année, de sorte que la hausse des ventes désaisonnalisées est probablement attribuable, du moins en partie, aux achats qui ont pu être reportés cet été en raison des chocs que nous venons d’évoquer. Si les taux élevés du crédit automobile font souffler des vents contraires, puisqu’ils s’établissent à une moyenne de 8 % au T3 de 2023, les gains de salaires élevés des employés permanents, à 6,1 % (en données annualisées et désaisonnalisées sur une moyenne mobile de trois mois) jusqu’en novembre viennent étayer la consommation intérieure. Le marché du travail au Canada s’est détendu après s’être crispé à l’extrême : les taux de postes vacants ont baissé pour revenir à ce qu’ils étaient ou presque avant la pandémie, et le marché s’est enrichi d’emplois même si le rythme de la création d’emplois a été plus lent que la croissance de la population active. Pour les ventes d’automobiles au Canada, nos prévisions ressortent à 1,68 million d’exemplaires en 2023, chiffre qui devrait s’établir à 1,71 million en 2024 et à 1,78 million en 2025, à l’heure où les stocks reprennent du mieux et alors que les pressions qui pèsent sur les taux s’amenuisent.
ÉTATS-UNIS : LES TAUX DE FINANCEMENT PÈSENT SUR LES VENTES
L’élan de la reprise des ventes d’automobiles aux États‑Unis continue de se ralentir au S2 de 2023, puisque les ventes ont plongé de ‑0,7 % sur un mois (en données désaisonnalisées) à 15,3 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et annualisées) en novembre (graphique 2). En rythme désaisonnalisé, les ventes de véhicules légers ont fléchi dans quatre des cinq derniers mois. Le taux moyen, sur 48 mois, du crédit consenti sur les voitures neuves aux États‑Unis a atteint 7,67 % en novembre, soit presque 4 points de pourcentage de plus qu’en mars 2022, à l’époque où la Réserve fédérale a commencé à hausser son taux directeur dans ce cycle de durcissement pour le porter de 0,25 % à 5,50 % aujourd’hui, et ce qui est supérieur au pic le plus récent du taux de crédit consenti sur les voitures neuves, soit 7,44 % en mai 2009. À l’heure où la demande est douchée par les coûts élevés du financement, les indicateurs de l’offre continuent de prendre du mieux. En chiffres désaisonnalisés, les stocks américains de véhicules assemblés en Amérique du Nord ont progressé dans 11 des 12 derniers mois jusqu’en octobre; ils se situent toutefois toujours aux alentours du tiers du niveau moyen de 2019. En Amérique du Nord, la production de véhicules légers a perdu ‑6,6 % sur un mois (en données désaisonnalisées) pour s’inscrire à 14,8 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et annualisées) en octobre, du fait des impacts de la grève aujourd’hui réglée des travailleurs membres de l’United Auto Workers à l’encontre des Trois Grands de Détroit (General Motors, Ford et Stellantis). Malgré le ralentissement des ventes de véhicules à court terme, il faudra prolonger encore la hausse de la production de véhicules pour calmer entièrement les pressions qui s’exercent sur l’offre. Nos prévisions pour les ventes de véhicules aux États-Unis se chiffrent à 15,4 millions d’exemplaires en 2023, à cause des vents contraires que font souffler les stocks anémiques, les taux élevés et le mauvais moral des consommateurs, et les ventes devraient remonter à 16,2 millions d’exemplaires en 2024 et à 17,0 millions en 2025, lorsque ces vents contraires retomberont.
LES VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : REBOND OU RALENTISSEMENT?
Les ventes mondiales d’automobiles restaient stables au début du quatrième trimestre : elles ont gagné 0,7 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en octobre, même si elles ont accusé des différences notables à l’échelle régionale (graphique 3). En Europe de l’Ouest comme en Europe de l’Est, les ventes d’automobiles ont rebondi respectivement de 3,6 % et de 6,2 % sur un mois (en données désaisonnalisées), après s’être contractées de ‑7,1 % et de ‑2,8 % dans le mois précédent; elles ont augmenté dans les quatre pays de l’Europe de l’Est et dans 10 des 15 pays de l’Europe de l’Ouest couverts. Il convient de signaler que les ventes de véhicules ont progressé en France (de 5,0 % sur un mois en données désaisonnalisées), en Allemagne (2,3 %), en Italie (2,1 %), en Espagne (10,3 %) et au Royaume‑Uni (7,1 %). Les ventes d’automobiles en Asie‑Pacifique ont relativement peu bougé à l’échelle régionale (0,3 % sur un mois en données désaisonnalisées), puisque la baisse des ventes en Chine (‑2,4 %), qui représente environ deux tiers de la part du marché, a effacé la progression des ventes en Australie (2,9 %), en Inde (10,5 %), en Indonésie (5,7 %), au Japon (3,2 %) et en Corée du Sud (2,2 %). Dans le même temps, les ventes d’automobiles en Amérique latine ont été contrastées : elles ont gagné 1,7 % sur un mois (en données désaisonnalisées) à l’échelle régionale, même si cette progression s’explique essentiellement par l’augmentation des ventes au Brésil (6,4 %) et au Chili (10,7 %), ce qui a largement compensé la baisse des ventes en Colombie (‑10,4 %) et au Mexique (‑4,6 %), malgré les légères contractions en Argentine (‑0,4 %) et au Pérou (‑0,6 %). Pour les ventes mondiales d’automobiles, nous prévoyons une augmentation de 10,6 % en 2023, de 3,9 % en 2024 et de 3,3 % en 2025 (graphique 4).
LES VENTES DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES AU CANADA : UN AUTRE PAS FRANCHI SUR LE LONG PARCOURS DE L’ÉLECTRIFICATION
Les véhicules électriques ont franchi un autre pas dans la réalisation de la cible intermédiaire du Canada, soit 20 % des ventes de véhicules à zéro émission (VZE) d’ici 2026 et 100 % des ventes de VZE d’ici 2035. Au troisième trimestre de 2023, les véhicules électriques à batterie et les véhicules hybrides rechargeables se sont chiffrés à plus d’un dixième (12,1 %) de l’ensemble des immatriculations de véhicules automobiles neufs pour la première fois à l’échelle nationale. Cette augmentation de la part du marché des VZE a été étayée par la hausse trimestrielle des immatriculations des véhicules électriques à batterie (22,1 % sur un trimestre) et des véhicules hybrides rechargeables (10,7 %), ainsi que par la contraction du total des immatriculations automobiles (‑3,3 %) en chiffres non désaisonnalisés. En Ontario, province qui représente le plus vaste marché au Canada pour l’ensemble des immatriculations automobiles, les VZE sont intervenus pour 8,2 % dans le total des ventes de véhicules de la province, ce qui représente un VZE sur quatre (26,3 %) vendus pour l’ensemble du pays au troisième trimestre. Dans le même temps, deux VZE sur cinq (41,3 %) vendus d’un océan à l’autre au troisième trimestre l’ont été au Québec, alors que 15,1 % des ventes provinciales de véhicules neufs ont été attribuables aux véhicules électriques à batterie et 5,2 %, aux véhicules hybrides rechargeables (graphique 5). Enfin, un peu moins d’un VZE sur quatre (23,7 %) vendus à l’échelle nationale l’a été en Colombie‑Britannique, province qui continue d’inscrire le taux d’adoption le plus élevé parmi les provinces qui publient ces chiffres, puisque les VZE comptabilisent 23,2 % des immatriculations de véhicules neufs dans cette province pour le troisième trimestre. Même si on n’avait pas, jusqu’à maintenant, compté autant de VZE parmi les immatriculations trimestrielles de véhicules neufs, ce gain dans la part du marché, qui intervient dans un contexte où les ventes totales de véhicules se ralentissent du fait de la hausse des prix et des taux de financement élevés, ne semble pas préfigurer une mutation plus importante à court terme. À défaut d’un basculement dans la dynamique des marchés ou dans les politiques officielles, l’abordabilité fera probablement souffler d’importants vents contraires sur la cible des ventes constituées à 100 % de VZE au Canada, comme l’indiquent les Études économiques de la Banque Scotia dans leur rapport sur l'abordabilité des VE.
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