CANADA : REPRISE HÉSITANTE AU PREMIER TRIMESTRE
En mars, les ventes d’automobiles au Canada se sont ralenties pour s’inscrire à 1,76 million d’exemplaires (-4,4 % sur un mois) en rythme désaisonnalisé et annualisé, selon Wards Automotive (graphique 1). Malgré sa volatilité en fréquence mensuelle, la demande de véhicules neufs perdure en 2024, et son rythme reste supérieur à 1,68 million d’exemplaires vendus en 2023. Les chiffres des ventes non désaisonnalisées pour janvier et février ont été révisés à la hausse, soit respectivement de 2,7 % et de 2,5 %, ce qui explique une partie de la baisse désaisonnalisée, puisque les ventes d’automobiles ont moins augmenté que dans un mois typique de mars, selon les annales récentes. Les ventes d’automobiles se sont établies à une moyenne de 1,78 million d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) au T1, soit une hausse de 1,0 % sur un trimestre par rapport au T4 de 2023, pour atteindre le point culminant dans un trimestre depuis le T1 de 2021. Il n’empêche que les ventes non désaisonnalisées continuent de se chiffrer à -5,7 % depuis le début de l’année par rapport aux niveaux de 2019. Le taux moyen du crédit automobile s’élevait à 8,2 % à la fin de janvier, à l’heure où la Banque du Canada continue de maintenir à 5 % son taux directeur. Alors que les récents chiffres annuels de l’inflation de synthèse et de l’inflation fondamentale ont été, dans un cas comme dans l’autre, inférieurs à 3 % en février, la BdC devra probablement attendre d’autres statistiques confirmant que l’inflation revient durablement sur la cible de 2 % avant de commencer à abaisser son taux directeur, ce qu’elle devrait faire, à notre avis, au T3 cette année. Nos prévisions pour les ventes d’automobiles au Canada s’établissent à 1,74 million d’exemplaires en 2024, et augmentent pour passer à 1,78 million d’exemplaires en 2025, lorsque les vents contraires qui soufflent sur les taux d’intérêt s’apaiseront.
ÉTATS-UNIS : AMÉLIORATION DE L’OFFRE MALGRÉ LE FREINAGE DE LA CROISSANCE DES VENTES
Aux États‑Unis, les ventes de véhicules légers neufs se sont ralenties à 15,5 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) (-1,3 % sur un mois) en mars (graphique 2). Les ventes d’automobiles dans ce pays se sont chiffrées à une moyenne de 15,4 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) au premier trimestre, en se contractant de -2,3 % sur un trimestre. Bien que les ventes de véhicules légers dans ce pays continuent de se ralentir par rapport à leur récent pic de 15,8 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) au T2 de 2023, les ventes non désaisonnalisées progressent de 5,1 % depuis le début de l’année par rapport à l’an dernier. Cette période de calme plat et de ralentissement des ventes favorise l’amélioration de l’offre. La production nord‑américaine de véhicules légers a augmenté pour s’établir à une moyenne de 15,6 millions d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé) pour le trimestre clos en février 2024. Dans le même temps, l’inventaire des véhicules légers aux États‑Unis a crû dans 23 des 24 derniers mois (en chiffres désaisonnalisés); or, les stocks du T1 de 2024 restent légèrement supérieurs à 60 % des niveaux du T1 de 2019. L’expédition des véhicules via le port de Baltimore a été paralysée par l’effondrement du pont qui s’est produit le 26 mars. D’après les données de l’Administration portuaire du Maryland, on a importé via ce port 282 000 voitures en 2023. L’an dernier, les importations de véhicules via le port de Baltimore ont représenté moins de 2 % des ventes de 15,5 millions d’exemplaires de l’an dernier, ce qui laisse entendre que leur réacheminement pourrait peu à peu augmenter les pressions qui s’exercent sur les coûts dans certains cas, dans un secteur qui a été malmené, dans les quatre dernières années, par les chocs chroniques de la chaîne logistique; mais dans l’ensemble, l’impact ne devrait pas avoir pour effet de modifier considérablement les prévisions. Nos prévisions pour les ventes d’automobiles aux États‑Unis se chiffrent à 15,9 millions d’exemplaires en 2024 en raison des vents contraires que font souffler les taux d’intérêt élevés et les stocks qu’on est toujours en train de reconstituer devraient augmenter pour s’établir à 16,7 millions d’exemplaires en 2025 lorsque ces vents contraires se calmeront.
LES VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : CROISSANCE GÉNÉRALISÉE DES VENTES D’AUTOMOBILES EN FÉVRIER
Les ventes mondiales d’automobiles ont augmenté de 2,5 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en février après avoir enchaîné trois baisses mensuelles consécutives; les ventes ont crû dans la plupart des régions couvertes (graphique 3). En Europe de l’Ouest, les ventes d’automobiles ont progressé de 3,7 % sur un mois (en données désaisonnalisées); elles ont inscrit une deuxième hausse mensuelle consécutive depuis le début de l’année. La croissance des ventes d’automobiles de février a été étayée par les progrès accomplis dans 10 des 15 pays couverts : les ventes ont augmenté en France (4,5 % sur un mois, en données désaisonnalisées), en Italie (1,1 %) et au Royaume‑Uni (10,5 %), alors qu’elles ont baissé en Allemagne (-0,7 %) et en Espagne (-1,6 %). En Europe de l’Est, les ventes d’automobiles ont plongé de -3,4 % sur un mois (en données désaisonnalisées) : elles ont baissé dans trois des quatre pays couverts et ont été encore plus ralenties par leur baisse soutenue en Russie (-6,4 %). En Amérique latine, les ventes d’automobiles ont elles aussi augmenté pour un deuxième mois consécutif depuis le début de l’année, en progressant de 5,8 % sur un mois (en données désaisonnalisées). Les légères baisses comptabilisées au Mexique (‑0,7 % sur un mois, en données désaisonnalisées) et au Chili (-0,9 %) ont été entièrement éclipsées par les hausses inscrites au Brésil (1,8 %), en Colombie (13,1 %) et au Pérou (14,7 %), alors qu’en Argentine, la progression désaisonnalisée de 72,6 % est essentiellement attribuable à des distorsions, puisque les ventes non désaisonnalisées ont augmenté de 10 % sur un mois. En Asie‑Pacifique, les ventes d’automobiles ont progressé de 0,8 % sur un mois (en données désaisonnalisées), puisque les hausses inscrites en Australie (7,6 %), en Chine (2,1 %), en Indonésie (6,5 %) et en Corée du Sud (2,3 %) ont été essentiellement masquées par les baisses comptabilisées en Inde (-3,0 %) et au Japon (-5,8 %). Dans nos prévisions pour les ventes mondiales d’automobiles, nous nous attendons à une hausse de 2,3 % en 2024 et de 3,3 % en 2025, parce que les taux d’intérêt élevés pèsent sur les dépenses des consommateurs et sur l’activité économique (graphique 4).
LES VENTES DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES AU CANADA : LA COLOMBIE‑BRITANNIQUE ATTEINT LA PREMIÈRE CIBLE ANNUELLE INTERMÉDIAIRE DANS LA VENTE DE VEZ
La part des véhicules à émission zéro (VEZ) dans les nouvelles immatriculations de véhicules à moteur au Canada a légèrement baissé pour s’établir à 12,0 % au T4, contre 12,3 % au T3 de 2023, selon Statistique Canada. Les nouvelles immatriculations annuelles de VEZ ont progressé de 49,4 % sur un an pour s’inscrire à 184,6 k en 2023, dont 139,5 k étaient des véhicules électriques à batterie et 45,1 k, des véhicules hybrides rechargeables. Grâce à la croissance de la part du marché des véhicules électriques à batterie et des véhicules hybrides rechargeables, les VEZ interviennent pour un peu plus d’un sur 10 (10,8 %) des nouvelles immatriculations de véhicules à moteur dans tout le Canada l’an dernier (1,71 million). La part du marché des VEZ représente la moitié du premier objectif provisoire de vente d’au moins 20 % de VEZ parmi les nouveaux véhicules légers au Canada d’ici 2026; ce premier objectif est un jalon dans la réalisation de la cible de vente de 100 % de VEZ au Canada d’ici 2035. En Colombie‑Britannique, la part du marché des VEZ a légèrement fléchi à 21,4 % au T4 contre 23,2 % au T3 (graphique 5). La Colombie‑Britannique est la seule province pour laquelle des données sont publiées à atteindre déjà cette première cible intermédiaire des ventes dans les chiffres annuels, puisque les 42,6 k VEZ représentent un sur cinq (20,2 %) de toutes les nouvelles immatriculations de véhicules à moteur en 2023. Au Québec, les VEZ ont représenté plus d’une immatriculation nouvelle sur cinq nouvelles immatriculations de véhicules à moteur pour le deuxième trimestre consécutif au T4 (21,4 %) en 2023, ce qui représente une hausse sur les 20,9 % inscrits au T3. Or, les 77,1 k immatriculations annuelles de VEZ ont représenté 18,6 % des immatriculations de véhicules de cette province en 2023. Dans le même temps en Ontario, qui est la province la plus importante d’après toutes les immatriculations de véhicules à carburant, les VEZ sont restés stables, à 8,2 % de l’ensemble des nouveaux véhicules à moteur immatriculés au T3 et au T4, alors que les 49,8 k VEZ vendus pour l’année représentent une part de marché de 7,4 % en 2023. L’Île‑du‑Prince‑Édouard a déclaré une part annuelle comparable des VEZ, soit 7,6 % (496 exemplaires) pour les immatriculations annuelles 2023 de véhicules à moteur. Dans le même temps, la part annuelle de marché des VEZ dans les autres provinces pour lesquelles des données sont publiées est dans chaque cas inférieure à 5 % : cette part s’établit à 4,8 % (1,7 k exemplaires) pour le Nouveau‑Brunswick, à 3,5 % (1,6 k exemplaires) pour le Manitoba et à 2,3 % (1,1 k exemplaires) pour la Saskatchewan. Statistique Canada ne publie pas les nouvelles immatriculations de véhicules à moteur par type de carburant pour Terre‑Neuve‑et‑Labrador, la Nouvelle‑Écosse, ni pour l’Alberta. Dans le cadre de son budget de l’exercice financier 2024‑2025, le Manitoba a récemment annoncé qu’il lancerait un programme d’incitation à l’achat des VEZ, en offrant, sur les véhicules électriques à batterie ou sur les véhicules hybrides rechargeables répondant aux conditions d’admission, des rabais pouvant atteindre 4 000 $ afin d’encourager la demande de VE dans cette province. Au Québec, dans le cadre du budget de l’exercice financier 2024‑2025, le gouvernement a annoncé qu’il éliminerait peu à peu le rabais sur les VE d’ici la fin de 2026, en réduisant chaque année le montant du rabais, actuellement plafonné à 7 000 $. Bien qu’il soit encourageant que la Colombie‑Britannique et le Québec aient tous deux atteint une part des ventes de VEZ de 20 % en chiffres annuels et trimestriels, respectivement, en 2023, il faudra que les autres provinces continuent d’accomplir des progrès pour permettre au Canada d’atteindre la première cible intermédiaire des ventes de VEZ d’ici 2026, puisque l’activité paralysée fait souffler des vents contraires à court terme et même à plus long terme.
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