Selon un nouveau rapport des Études économiques de la Banque Scotia, l’affluence de nouveaux arrivants au Canada découlant de la hausse des cibles d’immigration par Ottawa entraînera une croissance du PIB réel de l’Ontario et du Québec pouvant atteindre un total combiné de 3,8 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, ce qui contribuera grandement à la reprise économique de ces provinces après la pandémie et dans l’avenir.
D’ici 2023, cette hausse visée de l’immigration ajoutera jusqu’à 2,9 milliards de dollars au PIB réel de l’Ontario, et jusqu’à 0,9 milliard de dollars à celui du Québec, ces gains étant prévus même en tenant compte des conditions d’emploi difficiles auxquelles les nouveaux arrivants font souvent face lors d’un ralentissement économique, mentionne-t-on également dans le rapport.
« Fait important, nous évaluons également qu’après 2022 – soit au-delà de la période de croissance liée aux réouvertures qui suivront le déconfinement – l’immigration représentera environ la moitié de la croissance économique générée en Ontario et au Québec », indique Marc Desormeaux, économiste principal à la Banque Scotia, dans le rapport.
En octobre dernier, le gouvernement fédéral a relevé ses cibles d’immigration « afin de compenser le manque à gagner et de s’assurer que le Canada dispose des travailleurs dont il a besoin pour remédier aux pénuries critiques dans le marché du travail et demeurer compétitif sur la scène mondiale ».
Ottawa a indiqué que son plan consiste à continuer d’accueillir des immigrants à un rythme de 1 % de la population du Canada, y compris 401 000 résidents permanents en 2021, 411 000 en 2022 et 421 000 en 2023. Le plan antérieur à la pandémie fixait les objectifs à 351 000 en 2022 et à 361 000 en 2023.
« L’immigration est un élément clé de la croissance de n’importe quelle économie, mais c’est tout particulièrement vrai au Canada, explique-t-on dans le rapport. Fondamentalement, l’immigration a une incidence sur la taille, la structure d’âge et les compétences du bassin de personnes disponibles pour travailler et pour produire des biens et des services. Au Canada, les gouvernements ont augmenté de façon constante leurs admissions annuelles depuis 2015; par conséquent, le pays est le seul membre du G7 dont la population augmentait à un rythme accéléré avant la pandémie de COVID-19. »
L’an dernier, les immigrants représentaient 34 % de la population en âge de travailler en Ontario, et 17 % au Québec, explique M. Desormeaux.
Toutefois, avec la fermeture des frontières et les restrictions liées aux voyages en raison de la pandémie, l’immigration a considérablement diminué au cours de la dernière année.
Les nouvelles cibles d’immigration et l’accueil d’un plus grand nombre de personnes au Canada procureront aux deux plus grandes provinces du pays un avantage économique évident et considérable, selon le modèle prévisionnel de la Banque Scotia.
Les efforts déployés pour aider les nouveaux arrivants à intégrer le marché du travail à moyen terme pourraient stimuler encore plus la croissance économique. Selon les estimations des Études économiques de la Banque Scotia, si le taux de participation au marché du travail à long terme des immigrants était harmonisé à celui des travailleurs nés au Canada, le PIB réel de l’Ontario pourrait grimper de 12 à 20 milliards de dollars de plus en Ontario à chacune des cinq prochaines années.
Le monde des affaires doit aussi intervenir pour combler les écarts historiques relatifs à la participation des immigrants au marché du travail, ajoute-t-on dans le rapport, par exemple en aidant les nouveaux arrivants à améliorer leurs connaissances financières et à développer des réseaux de soutien personnels et professionnels.
Dans un récent article d’opinion, Dan Rees, chef du Réseau canadien à la Banque Scotia, affirme que ces stratégies sont essentielles, de même que le recrutement d’un effectif diversifié et l’aide aux nouveaux arrivants pour la reconnaissance de leurs titres professionnels au Canada.
« Pour que le Canada puisse prospérer dans un monde qui évolue rapidement, nous devons nous assurer que chaque personne a la possibilité d’apporter sa contribution, explique M. Rees. Pour atteindre cet objectif, nous devons notamment veiller à bien intégrer les nouveaux Canadiens et à créer des conditions qui leur permettront de participer pleinement à l’économie. Les gouvernements de tous les niveaux ont un rôle à jouer, tout comme les entreprises, y compris les institutions financières canadiennes. »
M. Desormeaux considère également comme un facteur important la mise en place de politiques favorisant un environnement propice à l’investissement des entreprises qui, en retour, permettra d’assurer une demande suffisante pour les nouveaux arrivants qualifiés. Selon lui, une subvention temporaire d’appoint de 25 % pour promouvoir l’investissement dans la machinerie, l’équipement et la propriété intellectuelle peut contribuer à déclencher d’autres dépenses pendant que les entreprises se remettent de la pandémie.
« Le succès du Canada sur le plan de l’immigration est déjà bien connu; nous sommes d’avis que celle-ci, tout comme elle a favorisé l’expansion du pays avant la pandémie, peut contribuer à tracer la voie de la reprise après la crise si les bonnes conditions sont réunies », explique M. Desormeaux.