Pour les voyageurs, la République dominicaine n’est peut-être qu’une destination soleil où l’on vient se détendre sur fond de bachata. Pourtant, depuis quelques années, ce pays des Antilles a montré qu’il avait bien d’autres atouts. À l’échelle internationale, on a salué son développement financier, politique et social, et surtout son impressionnante croissance économique.

Selon le Fonds monétaire international, la République dominicaine a affiché la plus forte croissance de l’hémisphère occidental au cours des cinq dernières années – 6,6 % par année en moyenne. De plus, son PIB a crû de 7,0 % en 2018, principalement en raison de l’augmentation de la consommation intérieure, de l’inflation limitée et du faible taux de chômage. Notons que la République dominicaine est la huitième économie en importance en Amérique latine.

« La performance économique exceptionnelle du pays ces dernières années, laquelle a été soutenue par les politiques locales, a entraîné une réduction considérable de la pauvreté et des inégalités, ainsi que la convergence continue des revenus vers une économie avancée », indique le FMI dans son rapport par pays 2019.

D’après Eduardo Suarez, vice-président, Études économiques, Amérique latine à la Banque Scotia, la croissance dominicaine est attribuable « à des conditions microéconomiques et macroéconomiques favorables ». Il ajoute que « la banque centrale du pays a su brillamment asseoir sa crédibilité et maîtriser l’inflation, tandis que le gouvernement a bien fait les choses sur le plan budgétaire. Fort de cette crédibilité accrue, le pays a pu adopter certaines politiques pour stimuler l’économie, ou l’encadrer quand la situation s’emballait. »

M. Suarez mentionne par ailleurs certains éléments cruciaux ayant permis l’ascension de la République dominicaine. Il y a d’abord la réforme de son régime de retraite, laquelle permet au gouvernement de se financer à même l’épargne intérieure, et ainsi de réduire sa dépendance à la dette à court terme et aux prêts de banques étrangères, le tout en garantissant des prestations de retraite minimales aux gens qui participent à l’économie officielle de l’île. Ensuite, l’économiste applaudit la volonté du gouvernement de passer des accords commerciaux avec des partenaires, comme les États-Unis, l’Europe et la Corée, mais aussi l’établissement d’une zone franche où sont produits toutes sortes de biens d’exportation.

M. Suarez souligne la diversification croissante de l’économie locale, le pays investissant de plus en plus dans les secteurs de la fabrication, de la construction et des infrastructures, lesquels viennent s’ajouter aux industries traditionnelles dominantes, comme l’exploitation aurifère, le sucre, le café, le tabac et le rhum : « Les efforts du gouvernement pour diversifier l’économie se sont avérés fructueux. Nous avons vu d’autres pays antillais éprouver des difficultés quand un seul projet touristique d’envergure prenait du retard, et l’ensemble de l’économie en souffrir. »

Malgré le virage économique de la République dominicaine, le tourisme demeure l’un des secteurs locaux les plus importants – il représentait 17,2 % du PIB en 2018 –, générant à la fois des possibilités et des risques. En 2018, le pays a reçu plus de 6,5 millions de visiteurs, et 498 bateaux de croisière lui ont amené 1,3 million de passagers. Après la mort hautement médiatisée de plusieurs touristes l’été dernier, le gouvernement a rapidement annoncé de nouvelles mesures de sûreté, de sécurité et de santé pour rassurer les touristes saisonniers.

Le vice-président à la Banque Scotia signale que l’île est exposée à d’autres risques, notamment sa dépendance au pétrole étranger et son économie relativement « dollarisées », ce qui peut se traduire par une non-concordance des devises dans le système financier. Selon lui, le gouvernement dominicain doit garder le cap sur la stabilisation de la dette nationale, qu’il qualifie de « modérée avec une croissance lente », ainsi que la résolution des questions énergétiques et la réforme du système d’éducation.

« La République dominicaine aurait avantage à investir dans les sources d’énergie de remplacement, pour réduire sa dépendance à l’importation et, du même coup, créer un autre moteur économique », précise M. Suarez.

Ces appréhensions mises à part, les prévisions sont optimistes. En effet, le FMI estime que la croissance du PIB de l’île atteindra 5,5 % à la fin de 2019, et connaîtra une augmentation solide de 5,2 % en 2020, puis de 5 % à moyen terme.

Toujours selon le FMI, « les perspectives sont favorables, et la croissance s’accompagnera de risques modérés et équilibrés ». De plus, le gouvernement dominicain compte sur « les importants investissements privés (locaux et étrangers) et la consommation des ménages qui représentent les piliers de la croissance. »

Gonzalo Parral, chef de la direction, Scotiabank Dominican Republic, est aussi d’avis que l’avenir économique du pays s’annonce prometteur.

« Les Dominicains sont vraiment animés par le progrès et l’entrepreneuriat, qu’il s’agisse des petits marchands, des dirigeants de grandes sociétés commerciales et industrielles, ou des décideurs qui établissent prudemment l‘itinéraire que suivra le pays », explique M. Parral, qui dirige les activités de la Banque Scotia en République dominicaine depuis 2018.

Ayant établi sa première succursale en sol dominicain à Saint-Domingue en 1920, la Banque Scotia y emploie aujourd’hui 2 000 personnes, réparties dans 58 succursales et 23 agences. En 2018, la Banque Scotia a montré toute la confiance qu’elle porte en la République dominicaine en annonçant l’acquisition de 97,44 % de la Banco Dominicano del Progreso en mars 2019. Ainsi, la Banque Scotia a non seulement doublé sa clientèle, mais elle a aussi consolidé son quatrième rang au chapitre des actifs liés aux services bancaires complets, et son troisième rang en ce qui concerne le marché des cartes de crédit. Actuellement, la Banque Scotia détient 10 % du marché des services bancaires dans ce pays.

En somme, si les vacanciers du monde entier choisissent toujours cette île baignée du soleil des Antilles pour ses paysages magnifiques et son ambiance relaxante, les investisseurs internationaux y portent maintenant attention en raison de sa saine gestion politique, budgétaire et économique.

 

Profil de la République dominicaine

·      La République dominicaine occupe les deux tiers de l’île d’Hispaniola, et la République d’Haïti l’autre tiers. L’île est située entre l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes.

·      Population : 10,4 millions d’habitants

·      Âge médian : 28,1 ans

·      Espérance de vie : 78,3 ans

·      Taux d’alphabétisation : 91,8 %

·      Gouvernement : Démocratie avec représentants élus

·      Langue officielle : Espagnol

·      Monnaie : Peso dominicain (RD$);

·      Économie : Agriculture (principales exportations : sucre, café et tabac), exploitation minière, commerce et services

·      Tourisme : 6,5 millions de visiteurs (2018)

·      PIB par habitant : 7 370 $ (2018)

·      Croissance prévue du PIB réel : 5,0 % (2019)

·      Taux d’inflation prévu (variation des prix à la consommation) : 1,8 % (2019)

 

Sources : Ministère du tourisme de la République dominicaine, Fonds monétaire international, Index Mundi et Banque mondiale