Myles Zyblock, stratège principal en placements de Gestion mondiale d’actifs Scotia – qui gère plus de 200 milliards de dollars* pour des millions d’investisseurs au Canada et ailleurs dans le monde – livre ses plus récentes réflexions sur les marchés et sur les placements.

Ce mois-ci, Myles Zyblock analyse les causes de la sous-performance des actions canadiennes et établit le bien-fondé de la diversification.


L’indice composé canadien S&P/TSX a enregistré un rendement de 4,1 % depuis le début de l’année, alors que les actions mondiales ont affiché tout juste au-dessus de 12 % de rendement. En conséquence, le principal indice de référence du Canada, l’indice composé S&P/TSX, arrive au 60e parmi les 92 principaux indices boursiers que Bloomberg surveille et classe en fonction de leur rendement. Cette année peut être considérée comme décevante, du moins jusqu’à présent, pour un investisseur qui fait principalement des placements en actions canadiennes.

Pourquoi l’indice de référence du Canada est-il à la traîne? Les résultats des indices pondérés en fonction de la capitalisation boursière (dans lesquels les titres sont pondérés en fonction de leur valeur totale plutôt qu’en fonction de leur cours) peuvent dépendre – souvent, de façon considérable – de la façon dont ces indices sont structurés.

Dans le cas de l’indice composé S&P/TSX, 60 % de la capitalisation boursière de l’indice est biaisée vers le secteur financier et celui des ressources (c.-à-d. l’énergie et les matériaux), que les investisseurs mondiaux ont délaissés. Seuls 15 % de la capitalisation boursière sont consacrés aux technologies de l’information, aux biens de consommation discrétionnaires et aux services de communication, qui ont été les secteurs les plus performants cette année.

Pour que le Canada soit concurrentiel en termes de rendement, non seulement son homologue américain (l’indice S&P 500) devra continuer de croître, mais les prix des marchandises devront se comporter beaucoup mieux que dans les derniers temps.

Le Canada et les États-Unis : une relation tissée serrée

Au fil du temps, la performance de l’indice TSX par rapport à l’indice S&P 500 a suivi de près les résultats des bénéfices des sociétés du TSX par rapport à ceux du S&P 500.

Le marché boursier canadien a moins bien fait que son homologue américain pendant la majeure partie des 15 dernières années, principalement en raison du fait que les bénéfices des sociétés inscrites à l’indice TSX n’ont pas su suivre le rythme des bénéfices des sociétés du S&P 500.

La croissance des bénéfices des sociétés du TSX, tout comme la capitalisation boursière de cet indice, dépend de l’évolution des bénéfices des sociétés financières et des entreprises de ressources.

Alors que les analystes se préoccupent souvent des bénéfices des sociétés, les investisseurs se concentrent sur les rendements des actions. Ces deux visions se rejoignent souvent, mais la relation entre les bénéfices d’une société et le rendement de ses actions est loin d’être parfaite.

Nous constatons que la variation des rendements annuels du TSX s’explique en grande partie par deux variables : 1) le rythme annuel des hausses de prix des marchandises; et 2) les rendements en glissement annuel de l’indice S&P 500. Les circonstances les plus favorables pour l’indice TSX sont celles où les résultats du S&P 500 et les prix des marchandises ont tous deux augmenté. Alors que l’indice S&P 500 a bien fait cette année, la plupart des indices globaux de prix des marchandises ont affiché une baisse se chiffrant entre 5 % et 9 %.

Les banques canadiennes et les prix des marchandises

Les banques canadiennes sont diversifiées sur les plans sectoriel et géographique. Cependant, une part importante de leurs activités consiste en l’octroi de prêts hypothécaires au Canada. L’essor des activités immobilières résidentielles au cours des vingt dernières années a largement contribué à l’augmentation des bénéfices des banques. Il est peu probable que cette situation se répète au cours des 20 prochaines années, sauf si les taux d’immigration sont élevés ou que les taux d’intérêt sur emprunt reviennent à près de zéro pour cent.

En ce qui concerne les prix des marchandises, la Chine – le plus grand consommateur de marchandises – pourrait devenir un frein important à la demande future. Il faudra du temps, à savoir des années, pour que la capacité excédentaire du secteur immobilier du pays et ses programmes de dépenses en immobilisations reviennent à la normale. Ces facteurs représentent probablement une entrave au rythme de croissance de la demande future de marchandises.

En rétrospective, il est toujours évident de savoir ce qu’on aurait pu faire pour obtenir un meilleur rendement. En pratique, toutefois, cela s’avère extrêmement difficile. Au final, nous recommandons d’adopter une approche de placement à long terme, axée sur une diversification entre les différents secteurs, catégories d’actifs et régions.

Myles June Headshot

Myles Zyblock est un éminent stratège nord-américain, réputé pour ses réflexions sur les placements, qui font appel à la finance et à la psychologie pour capter les points d’inflexion majeurs sur les marchés financiers. Il a plus de 25 années d’expérience dans l’encadrement et les conseils sur la répartition des actifs pour un ensemble varié de conseillers auprès des institutions et des particuliers dans le monde entier. Il est entré au service de l’entreprise en 2013 comme stratège principal en placements et travaille en étroite collaboration avec l’équipe de gestionnaires des placements. Son expérience s’étend à différentes catégories d’actifs et régions géographiques.