La Banque Scotia a longuement mûri son Plan d’action pour la vérité et la réconciliation, qui comprend une liste détaillée de mesures concrètes que la Banque s’engage à prendre pour rétablir des relations de confiance avec les peuples autochtones.

Ce plan est le fruit de 18 mois de planification, de consultations avec des titulaires de droits autochtones à l’intérieur et à l’extérieur de la Banque, de groupes de discussion auxquels des employés de partout au pays ont participé et d’une longue réflexion. 

Myan Marcen-Gaudaur, première directrice, Impact social et Réconciliation à la Banque Scotia, soutient qu’«il était primordial de prendre le temps et le soin de bien faire les choses. 

«Il s’agit d’un travail de transformation, explique Mme Marcen-Gaudaur, qui appartient à la Nation métisse de l’Ontario. La mise en œuvre d’un changement transformationnel prend beaucoup de temps et, si ce changement est précipité, il risque de causer encore plus de dégâts.» 

Le Plan d’action de la Banque, qui a été publié le 15 octobre, présente 37 engagements, qui représentent autant «de mesures cohérentes, significatives et progressistes pour nous guider sur la voie de la réconciliation», explique Scott Thomson, président et chef de la direction de la Banque Scotia. 

Les engagements du plan initial s’articulent autour de six piliers : le leadership et la gouvernance, l’éducation, l’emploi, la communauté, les clients et les tiers ainsi que l’environnement et l’impact social.

Ces mesures vont de l’engagement à soutenir les employés autochtones en leur offrant une formation spécialisée afin de bâtir un bassin de talents prêts pour des rôles de leadership, à l’augmentation de l’approvisionnement auprès des fournisseurs autochtones. 

«Le plan d’action et les engagements qu’il décrits ont été définis avec l’aide des peuples autochtones et sont fondés sur les expériences de ces derniers; ils ont été élaborés avec délicatesse et respect, dans une recherche déterminée de la vérité, affirme M. Thomson.  

«Nous sommes également conscients que la réconciliation est un processus en constante évolution qui n’a pas de fin précise. Notre plan d’action érige une solide fondation sur laquelle nous pouvons évoluer,» dit-il.

En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada, dont le mandat était d’informer tous les Canadiens sur l’héritage du système des pensionnats indiens au Canada, a publié son rapport final contenant 94 appels à l’action. Ce rapport énumère des mesures précises visant à corriger les préjudices laissés par les pensionnats et faire avancer le processus de réconciliation au Canada. L’appel à l’action 92 concerne spécifiquement les entreprises et les sociétés canadiennes et invite à la réconciliation économique, c’est-à-dire à l’inclusion des populations, des communautés et des entreprises autochtones dans tous les aspects de l’activité économique, et à l’adoption, par le secteur des entreprises, des principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones comme cadre de réconciliation. 

Mme Marcen-Gaudaur affirme que le plan d’action de la Banque Scotia répond à cet appel à l’action, mais se différencie en mettant davantage l’accent sur la vérité. 

«Les dirigeants autochtones ont clamé haut et fort qu’il ne pouvait y avoir de réconciliation sans vérité. L’une de leurs principales doléances est le fait que les entreprises prennent une foule de mesures, sans prendre le temps de réfléchir à la vérité. Ce qui constitue une grave erreur.» 

Elle précise en outre que selon la définition de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, la réconciliation se compose de trois éléments : la vérité, la reconnaissance et les excuses, et l’action. 

«Cette responsabilité accrue à l’égard de la vérité signifiait que nous avons dû être très honnêtes avec nous-mêmes et placer la vérité au cœur de notre travail à chaque étape.» 

La première étape de l’élaboration du plan d’action en 2023 a consisté à passer rigoureusement en revue les politiques, pratiques et programmes en vigueur à la Banque Scotia en ce qui a trait aux relations avec les Autochtones. La Banque a travaillé avec Creative Fire, une société autochtone de communications et de services-conseils, dans le cadre d’une évaluation approfondie qui a débuté en juin et a duré plus de deux mois.

Les résultats de l’évaluation ont permis d’orienter l’étape suivante : organiser des groupes de discussion, tant internes qu’externes, à l’échelle du pays.  

«Nous voulions que les groupes de discussion soient représentatifs de la diversité sur le plan géographique et composés de membres à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation, explique Mme Marcen-Gaudaur.

«Nous avons invité des clients autochtones, des représentants d’organismes à but non lucratif et d’organismes caritatifs qui travaillent avec ScotiaINSPIRE – la stratégie d’impact social de la Banque qui consiste à investir  500 millions de dollars sur 10  – ainsi que des employés du plus grand nombre possible d’échelons et de secteurs d’activité, précise-t-elle.

«Nous ne voulions pas seulement parler à ceux qui ont une expérience de la réconciliation ou de l’inclusion des Autochtones, déclare Mme Marcen-Gaudaur. Il a été tout aussi instructif d’entendre ceux qui n’avaient aucune idée de ce qu’était la réconciliation, car c’est avec eux que nous pouvons le plus faire avancer les choses. C’est-à-dire avec les équipes et les personnes qui ne considèrent pas que la réconciliation fait partie de leur travail.»

Les groupes de discussion se sont tenus en personne dans la mesure du possible, mais certains ont été organisés virtuellement. Les membres de l’équipe centrale du plan d’action de la Banque Scotia n’étaient pas présents afin de permettre aux participants de s’exprimer librement. 

En outre, les séances destinées aux titulaires de droits (peuples autochtones) débutaient et terminaient avec la bénédiction de l’Aîné Larry Frost, premier directeur exécutif du Native Canadian Centre of Toronto et chef autochtone de longue date.

«La présence d’un Aîné a contribué à créer un sentiment de sécurité, indique Mme Marcen-Gaudaur. C’était vraiment important si nous voulions demander aux personnes autochtones d’être véritablement honnêtes sur des sujets qui causent, ou qui continuent de causer, beaucoup de tort. Nous avons donc veillé à créer les conditions propices pour obtenir les réponses honnêtes dont nous avions besoin pour faire avancer ce travail.»

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«Nous sommes également conscients que la réconciliation est un processus en constante évolution qui n’a pas de fin précise. Notre plan d’action érige une solide fondation sur laquelle nous pouvons évoluer.»

Scott Thomson, président et chef de la direction de la Banque Scotia

En tout, plus de 70 personnes ont participé aux discussions, dont plus de la moitié sont des titulaires de droits, c’est-à-dire des employés, des clients, des membres de la communauté et des représentants autochtones appartenant à différentes Nations.

Après trois mois de délibération au sein de ces groupes de discussion, soit au début de l’automne 2023, l’équipe a dressé une première liste de 89 engagements. 

«C’était le premier aperçu d’une feuille de route et de ce qui était possible, affirme Mme Marcen-Gaudaur. L’équipe était pleine d’espoir, mais elle réalisait également l’immense travail qu’il restait à accomplir.»

Ensuite, le groupe de travail du Plan d’action pour la vérité et la réconciliation de la Banque Scotia, composé d’employés travaillant sur l’impact social, l’inclusion des Autochtones et d’autres secteurs clés de la Banque, a examiné et discuté de chacun des engagements afin d’épurer la liste.  

«Nous avons donné la priorité à des actions fondamentales, comme l’éducation, soutient Mme Marcen-Gaudaur. Notre mantra est le suivant : savoir, se soucier, agir. Les gens ne peuvent pas se soucier de quelque chose qu’ils ne connaissent pas. Et s’ils ne s’en soucient pas, ils n’agiront pas.»

L’équipe a également examiné si la Banque Scotia disposait de la bonne gouvernance ou de l’infrastructure nécessaire pour lui permettre de s’engager et d’aller jusqu’au bout. 

«Il y a certains engagements qui nous tenaient à cœur, mais que nous avons dû laisser de côté, car nous savions que nous ne pourrions pas les réaliser étant donné leur grande complexité et le niveau de connaissances et de compréhension requis pour les atteindre.»

Au début de l’année 2024, l’équipe de la vérité et de la réconciliation a établi la liste finale de 37 engagements qui s’articulent autour des six piliers.  

Chaque engagement est assorti d’un échéancier qui indique s’il est permanent, s’il doit être actualisé sur une base régulière ou s’il doit être achevé à une certaine date. La responsabilité de la mise en œuvre de ces engagements est répartie à l’échelle de la Banque.

«Il est important que cette démarche s’applique à l’ensemble de l’entreprise et qu’elle soit détaillée. Elle doit être fixée dans le temps, partagée et divulguée publiquement, et les progrès doivent être communiqués à intervalles réguliers,» affirme Mme Marcen-Gaudaur.

Bien que le plan d’action n’ait été officiellement dévoilé que le 15 octobre, la Banque Scotia a déjà commencé à mettre en œuvre certains de ses engagements. 

Par exemple, au début de l’année, la Banque a commencé à offrir une formation aux membres de son conseil d’administration afin de les sensibiliser aux réalités des peuples autochtones, conformément à l’engagement 3.  

De plus, la Banque Scotia s’est associée à la campagne Moose Hide, dans le cadre de son engagement à soutenir des organismes de sensibilisation aux femmes, aux filles et aux personnes 2ELGBTQIA+ autochtones disparues et assassinées (FFADA2E+). Avec l’aide de ScotiaINSPIRE, la campagne Moose Hide a permis de distribuer plus de 35 000 épinglettes à travers son réseau d’employés et de succursales afin de sensibiliser la population à la violence faite aux femmes et aux enfants. 

L’équipe de la Vérité et de la réconciliation a déjà commencé à travailler avec l’ensemble des employés et des services de la Banque sur la manière d’honorer leurs engagements, notamment en ce qui concerne la dotation, le financement et les autres ressources dont ils auront besoin pour y parvenir.

«Notre équipe continuera à travailler en étroite collaboration avec les responsables des engagements à l’échelle de la Banque pour s’assurer qu’ils commencent eux aussi à planifier les prochaines étapes clés nécessaires pour passer du concept à la mise en œuvre.»

Cela s’accompagne d’une structure de gouvernance évoluée qui responsabilise les secteurs d’activité en leur demandant de produire des rapports d’avancement sur une base régulière.  

La Banque Scotia prévoit également de mettre en place un comité consultatif autochtone externe qui contribuera à la mise en œuvre du plan, tout en publiant chaque année les progrès accomplis et les obstacles rencontrés dans la concrétisation des engagements. 

Mme Marcen-Gaudaur estime qu’il faudra environ quatre ans pour mettre en œuvre et réaliser l’ensemble des 37 engagements.

«Il s’agit d’un travail de transformation, et je ne m’attends pas à en voir les véritables résultats de mon vivant. Mais lorsque nous aurons atteint le cap des quatre ans et conclu ce premier plan d’action, j’aimerais que le concept de réconciliation soit connu de tous, qu’il soit compris de tous les employés, partout où nous exerçons nos activités au Canada. Je veux pouvoir sentir, voir et entendre ce sentiment collectif de sensibilisation, de compréhension et de responsabilité partagée.»

L’objectif à court terme est de créer cette culture de réconciliation par le biais de la connaissance et de l’éducation, a-t-elle ajouté.  

« Une fois que nous aurons acquis cette base, nous pourrons vraiment commencer à bâtir et à évoluer sur des politiques, des pratiques et des programmes qui s’attaquent au cœur des obstacles systémiques et changent fondamentalement pour le mieux la façon dont nous nous engageons auprès des employés autochtones et soutenons véritablement l’avancement économique des peuples autochtones. »

Cette démarche nécessitera un effort collectif de la part de tous les services de la Banque; l’inclusion des peuples autochtones s’applique à tous les membres du personnel, indépendamment de leur poste ou de l’unité fonctionnelle dont ils font partie, selon Mme Marcen-Gaudaur.

Elle dit être convaincue que la Banque Scotia possède la vision, la motivation et la persévérance nécessaires pour être un chef de file en matière de réconciliation.

« Dans les faits, la colonisation continue à se perpétuer, et l’assimilation n’est pas encore chose du passé. La réconciliation nous concerne tous, Autochtones et non Autochtones. Bien que nous ne soyons pas personnellement responsables, nous avons tous un rôle à jouer.

« Ce Plan d’action est notre feuille de route. Il représente le seuil, plutôt que la limite, de ce qui est possible, et si nous nous engageons, collaborons et agissons à la fois avec empressement et patience, le fruit de notre travail aura des retombées positives sur les détenteurs des droits, les clients, les membres du personnel et le secteur dans son ensemble. »