Pour Prakash Kulkarni, s’installer au Canada était comme un rêve devenu réalité. Fort de treize années d’expérience en tant qu’infirmier diplômé en Inde, il a obtenu son permis de travail après avoir posé sa candidature pour venir travailler en Nouvelle-Écosse. La province, comme la majeure partie du pays, fait toujours face à une pénurie de professionnels de la santé.
M. Kulkarni est arrivé à Bridgewater, en Nouvelle-Écosse, en 2023. Depuis, la collectivité est devenue son foyer, mais cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Partir de Chandigarh, en Inde, qui compte plus de 1,2 million d’habitants, pour venir s’établir à Bridgewater, dont la population est d’environ 9 000 habitants, a été un grand changement.
«S’intégrer dans la collectivité a été un véritable défi pour nous», raconte M. Kulkarni, qui est venu au Canada avec son épouse, ses deux enfants et son père.
Par exemple, en tant qu’hindou, M. Kulkarni ne savait pas à qui s’adresser pour ses besoins spirituels. Même la procédure d’inscription de ses enfants dans les écoles locales a été pour lui une source de stress supplémentaire. Toutefois, en tant que participant au programme Nova Scotia’s International Community of Healthcare Workers Engagement (NICHE), il a reçu de l’aide pour gérer différents aspects de sa nouvelle vie. Le programme, qui vise à simplifier le processus d’immigration des professionnels de la santé étrangers qui souhaitent travailler en Nouvelle-Écosse, a également pour objectif d’accroître le taux de rétention des participants en les aidant, ainsi que leur famille, à s’installer dans la collectivité.

Prakash Kulkarni avec sa famille lors d'un récent événement soulignant le soutien de la Banque Scotia au programme NICHE.
Dans le cadre du programme NICHE, soutenu par la Banque Scotia, les professionnels de la santé qui viennent d’arriver au pays, comme M. Kulkarni, reçoivent des conseils sur des sujets tels que l’ouverture d’un compte bancaire, la recherche de garderies ou même la recherche de réseaux culturels afin de pouvoir déguster des plats de leur pays d’origine. M. Kulkarni explique que le programme NICHE l’a aidé à se familiariser avec sa collectivité, notamment en recommandant diverses attractions, comme des plages où aller passer du bon temps avec sa famille.
La Banque Scotia soutient le programme NICHE en investissant 500 000 dollars sur quatre ans par l’intermédiaire de ScotiaINSPIRE, l’engagement d’investissement communautaire de 500 millions de dollars de la Banque dont la stratégie vise à promouvoir la résilience économique des groupes défavorisés. Les fonds serviront spécifiquement à financer les initiatives du programme qui ont pour but de retenir les professionnels de la santé nouvellement arrivés et de veiller à ce qu’ils se sentent chez eux en Nouvelle-Écosse.
Selon un rapport du Conference Board du Canada, une personne immigrante sur cinq qui s’établit au Canada décidera de partir dans les 25 ans, et plus d’un tiers d’entre elles le feront au cours des cinq premières années. Le rapport, intitulé Des occasions manquées 2024 et soutenu en partie par la Banque Scotia, révèle que le Canada atlantique est confronté à la plus forte migration subséquente. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, les personnes immigrantes vivant en dehors d’Halifax et de Moncton sont plus susceptibles de partir que celles qui s’installent dans ces villes.
La pandémie de COVID-19 a mis en lumière la pénurie de personnel de la santé au pays, mais le problème ne se limite pas à cela. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, bien que l’effectif global de personnel infirmier ait augmenté, le nombre d’infirmières et d’infirmiers fournissant des soins directs n’augmente pas au rythme des besoins en soins de santé de la population vieillissante. De 2013 à 2022, le nombre d’infirmières et infirmiers en soins directs pour 1 000 personnes aînées (âgées de 65 ans et plus) au Canada est passé de 59 à 52. Conscientes que le recrutement international est un moyen essentiel de remédier à la pénurie, la Nouvelle-Écosse et d’autres provinces ont mis sur pied des programmes visant à accélérer le recrutement de professionnels de la santé à l’étranger.
Il existe plusieurs programmes visant à soutenir les personnes nouvellement arrivées au Canada à différents stades de leur parcours, mais cette approche fragmentée peut parfois laisser des lacunes et il peut être difficile pour ces personnes de s’y retrouver. Le programme NICHE a été lancé en 2021 par Nova Scotia Health afin de soutenir les travailleurs de la santé venant d’arriver au pays d’une manière plus globale. Le programme est fièrement soutenu par la QEII Foundation, la plus grande fondation pour les soins de santé du Canada atlantique.
Les équipes de recrutement de la NSH attirent et embauchent des professionnels de la santé formés à l’étranger qui correspondent aux besoins en matière de services dans l’ensemble de la province. Depuis le début de NICHE en 2021, environ 700 infirmières formées à l’étranger ont été embauchées pour travailler à la NSH.
Les professionnels de la santé travaillent avec des précepteurs et des mentors jusqu’à ce qu’ils se soient complètement adaptés au système de soins de santé canadien, ce qui signifie apprendre de nouvelles politiques, lignes directrices, pratiques et méthodes de travail dans divers milieux de soins de santé de la province. Au besoin, NICHE facilite également le soutien linguistique pendant cette période de transition. De nombreux professionnels de la santé formés à l’étranger ont reçu une formation en anglais, mais peuvent avoir une langue principale différente.
Infirmières formées à l’étranger en orientation pour le programme NICHE.
«Les personnes qui viennent d’arriver au pays mettent à profit une expérience précieuse dans nos collectivités au Canada, et c’est pourquoi la Banque Scotia est fière d’appuyer le programme NICHE», déclare Nicola Ray Smith, première vice-présidente régionale, Région de l’Atlantique pour la Banque Scotia.
«Il est essentiel que ces professionnels de la santé et leurs familles se sentent soutenus et à l’aise de s’établir au Canada et dans les collectivités dans lesquelles ils travaillent.»
Historiquement, de nombreux professionnels de la santé qui viennent au Canada prennent d’abord un emploi moins avancé par rapport à leur expérience dans leur pays d’origine. C’est là que le programme de perfectionnement professionnel continu de NICHE peut être crucial pour s’assurer que les nouveaux arrivants obtiennent un soutien immédiat et sont soutenus à long terme pour faire progresser leur carrière et leur vie dans les communautés de la Nouvelle-Écosse.
De nombreuses personnes venant d’arriver au pays et qui s’installent dans une collectivité peuvent finir par s’en aller s’il n’y a pas de possibilités d’emploi pertinentes pour leur conjoint, un problème que NICHE s’efforce également de résoudre.
Par exemple, M. Kulkarni est venu au Canada avec son épouse, qui était infirmière diplômée en Inde, mais qui n’avait pas encore obtenu de permis de travail en Nouvelle-Écosse. Son épouse s’est inscrite à l’un des programmes de transition vers la pratique de NICHE, dans le cadre duquel un précepteur l’a aidée à déterminer l’orientation à prendre pour commencer à exercer de manière indépendante.
Annette Elliott Rose, infirmière en chef et vice-présidente de la performance clinique et de la pratique professionnelle chez Nova Scotia Health, affirme que le programme NICHE a déjà accompli beaucoup de choses et a été reconnu à l’échelle nationale.
« Cela a un impact profond. Il y a une grande fierté en Nouvelle-Écosse d’accueillir des travailleurs de la santé formés à l’étranger dans les communautés et à pratiquer », dit-elle.
L’histoire de M. Kulkarni illustre bien la manière dont les professionnels de la santé nouvellement arrivés peuvent réussir à s’enraciner et à se sentir chez eux dans les collectivités qu’ils s’efforcent de maintenir en santé.
Il est resté proche de sa cohorte d’infirmières et d’infirmiers depuis son arrivée, y compris d’autres personnes venant d’arriver de l’Inde, des Philippines et d’autres pays. L’année dernière, le groupe s’est réuni pour le dîner de la veille de Noël et chaque personne a apporté un mets typique de sa culture pour l’occasion.
M. Kulkarni est devenu résident permanent et, à sa grande surprise, a réussi à obtenir un prêt hypothécaire.
Il habite maintenant dans une maison avec son épouse et ses enfants à Bridgewater, une ville située à une heure d’Halifax et où il souhaite s’établir pour le reste de sa vie.
«Je suis tombé sous le charme de cet endroit», confie-t-il. « Merci, Les Néo-Écossais, de nous accueillir et de nous donner l’occasion de vous servir. C’est un grand privilège de travailler en tant qu’employé de Nova Scotia Health. »