Cet article fait partie d’une série régulière qui présente les moyens innovateurs par lesquels certains des clients de la Banque Scotia contribuent à réduire les émissions de carbone.

CarbonCure Technologies est une entreprise dont la mission est de réduire de 500 millions de tonnes par an les émissions de carbone d’ici 2030 dans les secteurs du ciment et du béton. Cela revient à retirer de la circulation 100 millions de voitures pendant un an, et c’est un objectif que l’entreprise sait ne pas pouvoir atteindre seule. 

 « Beaucoup de gens n’ont pas conscience du fait que le béton est le second matériau le plus abondant sur la planète après l’eau, et le matériau le plus abondant fabriqué par l’humain », explique Christie Gamble, première directrice principale du développement durable chez CarbonCure. « L’ingrédient principal du béton est le ciment, et la fabrication du ciment est un processus à forte intensité d’émissions de carbone. » 

En 2005, Rob Niven, ingénieur diplômé de l’Université McGill sortait tout juste d’un sommet des Nations Unies sur les changements climatiques. Il a commencé à réfléchir à la manière dont son champ d’études pouvait s’appliquer à l’injection du dioxyde de carbone (CO2) dans le béton pour aider à réduire les émissions de carbone et ainsi atteindre plus rapidement les objectifs climatiques à l’échelle mondiale. Puisque la communauté scientifique comprenait déjà que le CO2 pouvait être transformé en carbonate de calcium en l’injectant dans un mélange de béton, Rob Niven a réalisé qu’il devait y avoir là une solution pour aider les producteurs de béton à répondre à la demande en produits pour l’écoconstruction.   

CarbonCure Technologies, entreprise fondée en 2012 par Rob Niven à Halifax, n’est pas dédiée au captage du carbone. Sa spécialité est en fait de produire un ensemble de technologies qui injectent de façon permanente le CO2 capturé dans le béton, le rendant ainsi plus solide; et la quantité de ciment nécessaire à la fabrication du béton en est alors réduite.  

Un casse-tête en béton 

Le béton est essentiel pour répondre aux besoins actuels en infrastructures et aux défis de demain, mais il reste un gros responsable des émissions de gaz à effet de serre. C’est un matériau utilisé depuis des millénaires, et, dans la plupart des régions du monde, il est à la base de la construction de maisons, de bureaux et d’hôpitaux durables ainsi que de ponts et de routes.  

En 2020, 4,2 milliards de tonnes de ciment ont été produites dans le monde et ont permis de fabriquer 14 millions de mètres cubes de béton. Les données de l’Association mondiale du ciment et du béton (Global Cement and Concrete Association – GCCA) montrent que, cette année-là, la valeur marchande de l’industrie du béton a atteint 440 milliards $ US. 

« Si le béton est aussi omniprésent, c’est qu’il y a une raison », explique Mme Gamble. « C’est un très bon matériau pour construire des infrastructures et des bâtiments qui résisteront à l’épreuve du temps et aux effets croissants des changements climatiques. »

Si le béton constitue la base de l’industrie du bâtiment, il est également responsable de 7 % des émissions annuelles de CO2. À titre de comparaison, les transports routiers sont responsables de 10,2 % des émissions annuelles, les combustibles et l’énergie pour les bâtiments résidentiels, de 10,6 % et le fer et l’acier, de 4 %. Le ciment, c’est-à-dire l’agent liant les différents ingrédients du béton, est responsable de la production élevée de carbone dans le processus de fabrication. Non seulement le ciment requiert l’utilisation d’énergies fossiles pour chauffer le calcaire (le carbonate de calcium) et l’argile, mais la réaction chimique nécessaire à sa fabrication génère environ 650 kilogrammes de CO2 par tonne produite. 

CarbonCure estime qu’à ce jour, environ 600 systèmes ont été vendus à des producteurs de béton dans le monde. Ces systèmes ont contribué à la production de plus de 15 millions de mètres cubes de béton et ainsi évité le rejet de 165 000 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. 

L’union fait la force


« La solution pour atteindre une réduction de 500 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030 est un vrai défi qui va nécessiter un engagement de la part de nombreuses industries et entreprises. Nous devrons également déployer tout l’arsenal technologique dont nous disposons dans le monde entier », souligne Mme Gamble. « Nous aurons besoin de voir une accélération du mouvement de la part de l’industrie du béton, mais aussi de la part d’un grand nombre de parties prenantes. » Ces parties prenantes comprennent les gouvernements, qui, note Mme Gamble, sont responsables d’environ 40 % de l’approvisionnement en béton à l’échelle mondiale, des ingénieurs, des constructeurs et diverses autres entreprises. Le sentiment d’urgence n’est pas une nouveauté : la GCCA, qui s’est engagée à fournir du béton carboneutre d’ici 2050, appelle également un ensemble de parties prenantes, dont les innovateurs et les institutions financières, à se joindre à elle dans « ce moment critique. » 

En tant qu’entreprise en croissance dont la mission première est de réduire les émissions de carbone, CarbonCure cherche à s’associer avec d’autres entreprises qui partagent les mêmes valeurs dans tous les aspects de leurs affaires, explique Mme Gamble. « Nous cherchons des partenaires qui ont démontré qu’ils sont alignés sur notre mission, des entreprises qui mesurent et réduisent leurs propres empreintes carbone et achètent des crédits de carbone de grande qualité pour contrebalancer les émissions qu’elles ne peuvent réduire ou pour soutenir l’effort mondial de réduction des émissions dans les secteurs difficiles à décarboner », souligne-t-elle.

« La Banque Scotia est fière de collaborer avec CarbonCure pour l’aider à atteindre ses objectifs de réduction des émissions carbones dans les secteurs du ciment et du béton » explique Mark Tanner, directeur principal, Relations d’affaires à la Banque Scotia. « Nous avons déjà une longue relation avec CarbonCure. Nous avons aidé l’entreprise à ses débuts en lui apportant des crédits d’exploitation pour soutenir sa croissance. Nous continuons à lui apporter notre soutien au fur et à mesure de son évolution, grâce à un ensemble de services, dont les crédits d’exploitations, les opérations de change et la gestion de sa trésorerie. »   

 La Banque Scotia s’est engagée à participer au développement durable et à la transition vers une économie sobre en carbone, non seulement en réduisant sa propre empreinte écologique, mais aussi en finançant des solutions durables et en aidant à engager un débat mondial autour du changement climatique. 

"

La solution pour atteindre une réduction de 500 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030 est un vrai défi qui va nécessiter un engagement de la part de nombreuses industries et entreprises. 

Christie Gamble, première directrice principale de la durabilité de CarbonCure

Politiques de soutien

Les investissements du gouvernement dans le domaine du captage du carbone peuvent aussi fortement aider CarbonCure et le secteur à atteindre leurs objectifs. Le budget fédéral pour 2022 incluait un crédit d’impôt à l’investissement remboursable (valable à partir de cette année) pour les entreprises au Canada qui stockent de façon permanente le CO2 capté.

Selon Mme Gamble, en réalisant cet investissement, le gouvernement a fait de la minéralisation du CO2 dans le béton une approche stratégique pour le stockage permanent du carbone capté et montre qu’il y a d’autres moyens pour stocker et se défaire durablement du CO2, au-delà des méthodes traditionnelles de captage et de stockage géologique. 

« Les gouvernements peuvent s’assurer que ces types de technologies soient au centre des discussions pour faciliter le développement de différentes solutions, à l’image de celles proposées par CarbonCure par exemple » a-t-elle dit.

La voie de la reconnaissance 

La recherche et l’innovation de pointe de l’entreprise ont obtenu la reconnaissance mondiale. CarbonCure a reçu le prix NRG COSIA Carbon XPRIZE en 2021, a été nommée entreprise Cleantech nord-américaine de l’année en 2020 et a fait partie des 100 entreprises du hall of fame Cleantech, et a été nommée sur la liste CNBC Disruptor 50 en 2022.

Le prix Carbon XPRIZE, une compétition mondiale qui prend place en trois étapes sur 54 mois, demande aux participants de développer des technologies de pointe pour transformer les émissions de dioxyde de carbone en produits utilisables – avec le but ultime de pallier le changement climatique. À l’étape finale, CarbonCure a présenté sa dernière technologie commerciale visant à introduire du carbone dans les eaux usées générées par les usines de béton afin de produire du béton avec une teneur réduite en carbone, eau et ciment.