Ci-dessus : Vue d’installation, DENSE, 2022. Transfert photo au gel sur mur, Power Plant Contemporary Art Gallery, Sandra Brewster. Photo de Toni Hafkenscheid ©
Les trois artistes canadiens qui sont les grands finalistes du Prix de photographie Banque Scotia 2023 ont des approches et des sujets très différents, mais partagent le désir de définir leur monde à travers le prisme de l’art.
Les finalistes de cette année sont Sandra Brewster, photographe et vidéaste de Toronto ayant recours à diverses techniques, dont les transferts au gel réalisés à partir de photographies, pour explorer ses racines guyanaises; Chris Curreri, photographe et sculpteur de Toronto dont le travail repose sur l’idée que les choses du monde ne sont pas définies par des propriétés essentielles, mais plutôt par les relations réelles que nous établissons avec elles; et Ken Lum, artiste vancouvérois de renommée internationale qui excelle à exprimer sa façon de voir le monde au moyen de divers médiums.
Ce prix, qui est le plus grand et le plus prestigieux prix de photographie décerné annuellement par des pairs au Canada, célèbre la vision créative et les réalisations de photographes contemporains. Le lauréat, qui sera dévoilé le 4 mai, recevra un prix en argent de 50 000 $ et pourra présenter ses œuvres dans le cadre d’une exposition solo au Festival de photo CONTACT Banque Scotia de 2024. Ses œuvres seront également rassemblées dans un recueil publié et distribué dans le monde entier par l’éditeur allemand Steidl. Les finalistes recevront chacun une bourse de 10 000 $.
Un jury composé de membres prééminents de la communauté artistique canadienne – Edward Burtynsky, artiste et président du jury; Stéphane Aquin, directeur général du Musée des beaux-arts de Montréal; Kenneth Montague, collectionneur et conservateur d’art; et Gaëlle Morel, commissaire d’exposition de la galerie The Image Centre de Toronto – a sélectionné les finalistes et choisira le grand gagnant.
Les finalistes
Vue d’installation : Flou, 2022. Transfert photo au gel sur mur, H. : 2,43 m, ARLES, 2022. Photo d’Aurore Valade/Les Rencontres d’Arles 2022 ©. Portrait : Sandra Brewster
Sandra Brewster : La Torontoise Sandra Brewster déploie ses talents en dessin, en vidéographie et en photographie pour créer des installations qui explorent ses racines guyanaises et sa relation avec ce qu’elle considère être son foyer.
« Mes parents et bon nombre de leurs compatriotes ont profité des politiques d’immigration du Canada et sont venus s’établir à Toronto vers la fin des années 1960, écrit Brewster dans son dossier de candidature. Leurs souvenirs de la Guyane sont devenus les miens et il est important pour moi que ma génération apprenne à connaître son passé. »
Dans son œuvre Flou, qu’elle a présentée l’an dernier en France au prestigieux festival Les Rencontres de la photographie d’Arles, Brewster explore les thèmes de l’identité, de la visibilité, de la mémoire et de la représentation des Noirs. La technique de transfert de photo au gel sur bois et sur papier confère mouvement et fluidité à l’œuvre.
Brewster, qui est titulaire d’une maîtrise en études visuelles (arts visuels en atelier), de l’Université de Toronto et d’un baccalauréat en beaux-arts en peinture et dessin de l’Université York, est représentée par la Olga Korper Gallery. Ses œuvres ont récemment été exposées à la Power Plant Contemporary Art Gallery (Toronto; 2022), à la Hartnett Gallery (Rochester; 2022), au Musée des beaux-arts de l’Ontario (Toronto; 2018-2022) et à la Or Gallery (Vancouver; 2019).
Vue d’installation : That, There, It, Contemporary Calgary, Canada. Portrait : Chris Curreri, photo de Kourosh Keshiri
Chris Curreri : Le travail de l’artiste torontois Chris Curreri repose sur l’idée que les choses du monde ne sont pas définies par des propriétés essentielles, mais plutôt par les relations réelles que nous établissons avec elles. La photographie et la sculpture lui permettent de construire des allégories qui poussent à questionner notre ouverture d’esprit.
« Deux types d’expérience influent sur ma pratique, à savoir la porosité du corps humain et l’espace de production artistique, écrit Curreri dans son dossier de candidature. Les deux se côtoient dans sa récente exposition au Agnes Etherington Art Centre, A Surrogate, A Proxy, A Stand-In, dont la commissaire est Emelie Chhangur, et qui cherche à provoquer chez le visiteur un sentiment de mise à nue et d’enfermement.
Curreri est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts de la Milton Avery Graduate School for the Arts du Bard College à Annandale-on-Hudson, N.Y., et d’un baccalauréat en beaux-arts (photographie) de l’Université Ryerson. Son travail fait partie des collections du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée des beaux-arts de l’Ontario, du Agnes Etherington Art Centre, ainsi que du Musée des beaux-arts du Canada. Ses récentes expositions comprennent That, There, It à Contemporary Calgary, Thick Skull, Thin Skin à la Esker Foundation à Calgary, The Way We Are 2.0 au musée d’art moderne The Weserburg (Bremen, Allemagne), Sleeping with a Vengeance, Dreaming of a Life au Württembergischer Kunstverein (Stuttgart, Allemagne) et The Ventriloquist à la Daniel Faria Gallery à Toronto.
Vue d’installation : There’s No Place Like Home, 2000. Portrait : Ken Lum
Ken Lum : Même s’il cherche depuis des années des moyens d’exprimer ses « désirs et ses insatisfactions à l’égard du monde », ce Vancouvérois à la tête du département des beaux-arts de la Stuart Weitzman School of Design de l’Université de Pennsylvanie, à Philadelphie, et artiste, photographe, écrivain et commissaire d’exposition de renommée internationale, ne sent toujours pas entièrement à l’aise en tant qu’artiste.
C’est lors de sa dernière année d’études en sciences générales à l’Université Simon Fraser que Lum a découvert le monde de l’art contemporain et s’est rendu compte qu’il n’était pas fait pour passer sa vie dans un laboratoire. Selon lui, sa prise de conscience du décalage entre les idéaux de l’art et la réalité du système est à l’origine de son agitation.
« Ma prédisposition à l’anxiété m’a poussé à faire de l’art, à travailler en art public, à écrire des essais sur l’art et la culture au sens large et à organiser des expositions portant sur des thèmes historiques qui m’intéressent », écrit Lum dans son dossier de candidature.
Ses réalisations comprennent un nombre impressionnant d’expositions, tant comme artiste que comme commissaire, la fondation et la publication de la revue Yishu: Journal of Contemporary Chinese Art, ainsi que la publication de ses textes dans Everything is Relevant: Writings on Art and Life, 1991 – 2018, publié en 2020 par les Presses de l’Université Concordia. En 2020, il a également écrit un scénario intitulé The Cook sur les travailleurs contractuels chinois au 19e siècle, qui est en cours de développement à Hollywood.
Lum est titulaire d’un doctorat honorifique de l’Université Simon-Fraser et a été lauréat d’une Bourse Guggenheim, en plus de remporter le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques en 2020. En 2017, il a été nommé Officier de l’Ordre du Canada.
Découvrez Jin-me Yoon, la gagnante de l’édition 2022 du Prix de photographie Banque Scotia. Vous pourrez voir son exposition solo au Toronto Image Centre lors du Festival de photo CONTACT Banque Scotia qui débute en mai 2023.