Chez certains, la question du changement climatique et du parcours vers la carboneutralité à l’échelle mondiale peut susciter de l’inquiétude, voire du désespoir. Alors que bien des facteurs semblent échapper à notre contrôle, et compte tenu de ce qui est en jeu, l’optimisme semble être un luxe inabordable. Pourtant, l’espoir représente un élément clé de la voie vers la carboneutralité mondiale, affirme le Dr Thomas Wagner.
Docteur Wagner est un planétologue et climatologue éminent ayant travaillé avec la NASA, la Fondation nationale des sciences des États-Unis et d’autres organismes pour concevoir et mettre en œuvre des programmes liés au changement climatique et des missions de satellite.
Selon Dr Wagner, une série d’innovations, de moteurs économiques émergents et de comportements changeants est porteuse d’espoir.
« En se penchant sur les données et en voyant au-delà des manchettes, on peut entrevoir un avenir très prometteur », déclare-t-il.
La Banque Scotia a récemment invité le Dr Wagner à s’adresser à ses employés dans le cadre d’un événement de formation sur l’environnement afin de leur parler de climatologie, de la voie à suivre pour parvenir à la carboneutralité mondiale et des solutions possibles moyennant un effort collectif. La webdiffusion a coïncidé avec le Jour de la Terre en avril, en prévision de la Journée mondiale de l’environnement célébrée le 5 juin. Le rôle des banques étant crucial dans la transformation des systèmes et des structures financières pour lutter contre les changements climatiques, la Banque Scotia offre du financement et appuie la recherche pour stimuler le progrès tout en informant ses employés des dernières découvertes en matière de carboneutralité.
Photo: Docteur Thomas Wagner est un planétologue et climatologue éminent ayant travaillé avec la NASA, la Fondation nationale des sciences des États-Unis et d’autres organismes
Baisse spectaculaire des coûts liés à l’énergie renouvelable
Sur le plan de l’innovation, les percées technologiques en matière d’énergie renouvelable ont progressé à une vitesse fulgurante dans les secteurs public et privé au cours des dernières années. De fait, les émissions pourraient être réduites de moitié dans tous les secteurs d’activité, comme le révèlent les récents résultats de recherche du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) que cite le Dr Wagner.
Bien que le vent, le soleil et l’eau soient tous des sources d’énergie renouvelable, leur énergie tend à se perdre si elle n’est pas utilisée immédiatement. Traditionnellement, l’énergie tirée du pétrole, du gaz et du charbon peut être stockée et convertie en carburant ou en électricité, selon les besoins. Cette capacité à stocker du carburant nous permet de produire de l’électricité pour le réseau lorsque nécessaire, notamment lorsque la demande en énergie est élevée.
Le développement de la capacité à stocker l’électricité produite par les énergies renouvelables afin de l’utiliser en période de forte demande constituera un élément clé d’un avenir carboneutre. Au cours des dernières années, les efforts de recherche et de développement portant sur le stockage de l’énergie renouvelable sur batterie font avancer les nouvelles technologies.
Si on combine ces avancées avec des investissements dans l’infrastructure énergétique pour mieux acheminer cette énergie aux consommateurs dans plusieurs pays, l’avenir de l’énergie renouvelable peut s’avérer très prometteur, soutient Dr Wagner.
« Notre capacité à créer, à stocker et à gérer l’énergie augmente rapidement », déclare-t-il.
Grâce à ces innovations, les coûts relatifs à l’énergie renouvelable ont chuté de manière spectaculaire, entraînant des changements encore plus importants sur le plan économique. Cette évolution cadre avec l’objectif de la Banque Scotia d’utiliser des sources non émettrices pour 100 % de son électricité au Canada d’ici 2025 et à l’échelle mondiale d’ici 2030.
Des avancées prometteuses dans le domaine de la technologie durable
Selon un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (CRI) cité par Dr Wagner, le coût de la production d’électricité tirée de combustibles fossiles est demeuré pratiquement le même entre 2010 et 2020. Entretemps, les coûts de production d’électricité de sources renouvelables ont chuté jusqu’à devenir inférieurs à ceux de production d’électricité tirée de combustibles fossiles en 2020, souligne Dr Wagner.
« Toutes ces énergies renouvelables sont maintenant si abordables qu’aux États-Unis, elles pourraient remplacer la quasi-totalité de l’électricité issue du charbon et engendrer des économies », déclare Dr Wagner.
En se penchant sur les données et en voyant au-delà des manchettes, on peut entrevoir un avenir très prometteur.
Il ajoute que les résultats d’une recherche menée par le Pew Research Center indiquent non seulement que les jeunes d’aujourd’hui accordent une priorité à la lutte contre le changement climatique, mais aussi que leurs aînés sont plus nombreux que l’on pense à abonder dans le même sens.
Le consensus croissant sur l’importance de la lutte contre le changement climatique laisse présager une forte réduction des émissions d’ici 2050, affirme Dr Wagner. La communauté scientifique s’entend généralement pour dire que l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050 représente l’exigence minimale pour que le réchauffement climatique demeure dans les limites de l’acceptable.
Cependant, les avancées prometteuses en matière de technologie durable, de moteurs économiques et de comportements ne doivent pas faire perdre de vue la nécessité de s’attaquer d’urgence au changement climatique.
Selon Dr Wagner, la collaboration entre les gouvernements, la communauté scientifique et le secteur privé pour mettre en œuvre de nouvelles technologies et innovations durables s’intensifie.
« Les médias parlent beaucoup de l’aspect politique, mais à l’échelle régionale, les gens prennent conscience du potentiel que recèlent les énergies renouvelables », dit-il.
La Banque Scotia travaille avec différentes parties prenantes des secteurs privé, public et sans but lucratif afin de faciliter et de soutenir les actions liées au climat, notamment en offrant 25 millions de dollars en financement communautaire sur 10 ans pour soutenir des partenariats sans but lucratif et caritatifs qui permettent le changement de systèmes liés au climat et la décarbonisation du secteur. De cet investissement, 10 millions de dollars sont consacrés au fonds Net Zero Research Fund de la Banque Scotia soutenant les universités et les organismes sans but lucratif qui travaillent sur des politiques publiques, des études scientifiques et des technologies innovantes.
En plus de définir ses cinq principaux engagements à l’égard du climat, la Banque Scotia s’est jointe à l’alliance bancaire Net Zéro et s’est engagée à éliminer complètement les émissions produites dans le cadre de ses activités et des activités qu’elle finance d’ici 2050. Pour ce faire, la Banque vise la carboneutralité dans les secteurs à fortes émissions et a mobilisé 96 milliards de dollars pour atteindre son objectif cumulatif de financement lié au climat de 350 milliards de dollars d’ici 2030. Cet engagement inclut des offres de prêts, d’investissements, de financement et de services-conseils pour soutenir la transition vers une économie sobre en carbone, ainsi que des investissements dans les activités de la Banque et les collectivités où elle est présente afin de réduire les effets des changements climatiques.
Une collaboration mondiale s’impose
Bien que la priorité demeure la réduction des émissions pour limiter la hausse des températures, certains scientifiques se consacrent à l’étude de méthodes qui permettraient de capter et de stocker le carbone présent dans l’atmosphère, explique Dr Wagner. Des solutions d’urgence, comme l’injection d’aérosols stratosphériques ou éventuellement, la mise en place de miroirs ou de lentilles dans l’espace pour rediriger une partie des rayons du soleil loin de la Terre sont en cours d’élaboration pour faire baisser les températures mondiales si celles-ci continuent d’augmenter au-delà des limites acceptables, ajoute-t-il.
Grâce à son travail avec la NASA et d’autres organisations qui étudient le changement climatique, Dr Wagner comprend que les problèmes planétaires nécessitent une collaboration à grande échelle. Mais ce n’est pas la première fois que les milieux scientifiques, industriels et gouvernementaux s’unissent pour résoudre un grave problème environnemental, souligne-t-il.
Dans les années 1980, des scientifiques ont découvert que des substances présentes dans de nombreux produits de consommation provoquaient la formation d’un trou dans la couche d’ozone, permettant aux rayons ultraviolets nocifs du soleil d’atteindre la Terre à un degré dangereux. Un accord international, le Protocole de Montréal, fut donc universellement ratifié en 1987 pour éliminer progressivement la production et l’utilisation de ces substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO). Depuis, cette dernière a commencé à se régénérer.
Dr Wagner a conclu son intervention sur une note optimiste. « Je veux que vous repartiez non seulement optimistes, mais aussi motivés par la possibilité de mener à bien cette mission pour la prochaine génération », dit-il.