Lorsqu’elle a appris qu’elle avait été choisie comme récipiendaire d’une bourse d’études en droit de la Banque Scotia, qui est offerte aux étudiants qui militent contre le racisme en droit, Furyal Hussain s’est effondrée en larmes et est passée par toute une gamme d’émotions.
« Je n’aurais jamais pensé que je me démarquerais suffisamment à l’Université de l’Alberta pour recevoir un jour un prix, et encore moins un prix aussi important que celui-ci », a déclaré Furyal Hussain. « J’ai descendu l’escalier à la course pour l’annoncer à mes parents. Ma mère s’est mise à pleurer et mon père était très ému. »
Furyal Hussain s’est effectivement démarquée. Étudiante engagée d’origine pakistanaise, née et élevée en Arabie saoudite avant de déménager au Canada à l’âge de 12 ans, Furyal Hussain a non seulement fait preuve d’une performance exceptionnelle dans ses études universitaires, mais elle a également participé à la création d’une fondation caritative.
Photo : Furyal Hussain
La Khushi Refugee Foundation, un organisme à but non lucratif au service des groupes minoritaires défavorisés, comprend un programme de bourses d’études dans le cadre duquel Furyal Hussain aide quatre étudiants du Pakistan, tous issus de groupes religieux minoritaires dans une région pauvre connue sous le nom de village de Tando. « Nous cherchons des personnes marginalisées et nous changeons leur vie en leur offrant des possibilités d’emploi », a expliqué l’étudiante.
Son dévouement à promouvoir l’harmonie entre les différentes confessions et à soutenir les groupes marginalisés l’a aidée à recevoir une certaine reconnaissance et a été motivé par sa propre expérience en tant que musulmane pakistanaise. « Je suis très consciente du climat politique qui y règne et du manque de possibilités pour les minorités religieuses marginalisées. Je devais changer les choses. »
Furyal Hussain est l’une des 18 récipiendaires du Programme pour les étudiants en droit de la Banque Scotia, dans le cadre duquel la Banque s’engage à verser plus de 500 000 $ sur cinq ans. Le programme, qui en est à sa dernière année, accorde des bourses à des étudiants désireux de faire carrière dans le domaine juridique, dans le but de promouvoir la lutte contre le racisme dans ce domaine.
Furyal Hussain explique qu’elle a su très tôt qu’elle voulait devenir avocate, notamment après les attentats du 11 septembre et leurs conséquences sur les musulmans, les Asiatiques du Sud et la population arabe.
« Ce n’est pas seulement une question de loi, il s’agit de veiller à ce que les droits de chacun soient respectés, quelles que soient leurs croyances », a affirmé l’étudiante.
Furyal Hussain a également réussi à décrocher un stage d’été à la Banque Scotia — avec une offre de retour pour l’année prochaine — en tant qu’associée, Conformité au sein de l’équipe de Conformité globale.
« Cette bourse est un formidable cadeau, autant pour ma carrière que pour me permettre d’étendre mon champ d’action à un plus grand nombre de personnes dans le besoin », a-t-elle indiqué.
En outre, elle espère représenter son héritage et sa culture en portant un hidjab dans le cadre de son futur emploi. « Il y a un tel manque de diversité dans le domaine juridique. Je veux créer un système juridique plus équitable pour les femmes marginalisées et les femmes de couleur, parce que c’est tellement difficile quand personne ne vous ressemble », a-t-elle ajouté.
Michelle Liu, une autre récipiendaire de la bourse, pense également qu’une plus grande diversité est nécessaire dans le paysage juridique.
Étudiante en troisième année de droit à l’Université de Victoria, elle participe actuellement à un programme d’échange de quatre mois à Singapour. Elle est née en Chine et sa famille a immigré au Canada lorsqu’elle avait deux ans. Elle a grandi à Vancouver et à Surrey.
Bien qu’elle ait étudié les neurosciences et la physiologie à l’Université de la Colombie-Britannique, c’est sa mineure en santé publique qui a éveillé son intérêt pour le droit.
« J’ai découvert l’impact sociétal plus important et les intersections entre la science, la santé et le droit. J’ai commencé à m’intéresser à l’étude du phénomène social, au-delà du niveau microscopique », a déclaré l’étudiante.
Le fait d’être ambulancière volontaire dans l’est du centre-ville de Vancouver a alimenté son intérêt, car elle a vu de ses propres yeux les répercussions de la crise des opioïdes, des politiques en matière de drogues et du manque de ressources en santé mentale. Lorsqu’elle a commencé ses études en droit en 2021, elle a participé à des recherches sur les politiques liées à la pandémie pour les établissements de soins de longue durée et sur les lois d’urgence qui ont été mises en place pendant la COVID-19.
« Les politiques liées à la COVID-19 ont eu un effet disproportionné sur les communautés marginalisées. À première vue, ces lois semblent neutres, mais souvent elles ne le sont pas », a-t-elle déclaré.
Photo : Michelle Liu
Son désir d’aider les immigrants est l’un des principaux facteurs de motivation de Michelle Liu, surtout après avoir constaté une augmentation du racisme envers les personnes asiatiques pendant la pandémie. Elle consacre son temps libre à travailler à Access Pro Bono en tant qu’interprète juridique auprès de populations à faible revenu composées principalement d’immigrants.
Malgré ses résultats scolaires exceptionnels et son curriculum vitæ impressionnant, Michelle Liu a déclaré souffrir souvent du syndrome de l’imposteur. Elle se demande où est sa place, et si elle a vraiment sa place. « Je me suis demandé si j’étais vraiment à ma place… De nombreux cabinets d’avocats sont encore très homogènes; je ne vois pas beaucoup de gens qui me ressemblent », a-t-elle affirmé.
Michelle Liu explique que l’obtention de cette bourse lui a donné l’occasion de se faire connaître, en plus des avantages financiers, mais que le fait d’être en contact avec une excellente mentore à la Banque Scotia a été l’un des plus grands cadeaux.
« J’ai été jumelée à une mentore des Affaires juridiques de la Banque Scotia. Nous discutons régulièrement et tenons des appels vidéo. Elle me rassure lorsque je suis confrontée à des incertitudes, et après lui avoir parlé, je me sens calme et j’ai l’esprit clair », a-t-elle indiqué.
Les universités participant au programme sont les suivantes : les facultés de droit de l’Université de l’Alberta, de l’Université de Windsor et de l’Université McGill et l’école de droit Schulich de l’Université de Dalhousie. Elles attribuent les bourses au nom de la Banque Scotia. Chaque université affiliée versera chaque année à un étudiant une bourse d’études de 10 000 $, reconductible chaque année pour la durée de son programme d’études de trois ans, soit un total de 30 000 $.
Les boursiers et les boursières ont également l’occasion de participer au symposium annuel interne de la Journée sur la rue Bay, ce qui leur permet de faire connaissance avec des cadres supérieurs de la Banque Scotia, des membres de la communauté juridique, des leaders d’opinion du domaine de la justice et des représentants des groupes communautaires de lutte contre le racisme.
Cet événement leur permet également de réseauter avec d’autres étudiants du programme, de rencontrer leurs mentors en personne, d’écouter des leaders de la profession sur les carrières dans le domaine juridique et les autres possibilités de carrières, et de participer à un atelier sur la santé mentale.
« Le Programme pour les étudiants en droit de la Banque Scotia et les événements comme la Journée sur la rue Bay visent à donner à la prochaine génération de professionnels du droit une voix et une présence plus fortes dans la lutte contre la discrimination raciale, a déclaré Maria Saros, vice-présidente et chef mondiale, Impact social à la Banque Scotia. Nous sommes convaincus que ce programme, le premier du genre au Canada, aura des retombées positives et durables pour l’ensemble des Canadiens.»
Michelle Liu estime qu’il est essentiel qu’il y ait un plus grand nombre d’avocats aux parcours diversifiés afin de susciter de nouvelles réflexions et d’aider efficacement une clientèle de plus en plus diversifiée. Et c’est exactement l’objectif du programme de bourses d’études, selon Ian Arellano, vice-président à la direction et directeur, Affaires juridiques de la Banque Scotia.
« Le programme vise à encourager des perspectives et des expériences uniques, à créer des architectes du changement et à favoriser la diversité du leadership dans le domaine du droit, a-t-il expliqué. En améliorant la diversité et l’équité, nous contribuerons à créer une société plus juste au profit de tous les Canadiens. »
Même si Michelle Liu décrit la lutte contre les grands problèmes comme le racisme dans le secteur juridique comme un défi de taille, elle affirme que le fait de recevoir cette bourse et d’avoir le soutien d’une grande institution comme la Banque Scotia renouvelle chaque jour son engagement et son dévouement à l’égard de ces enjeux. « J’ai l’impression que c’est la confirmation que je suis là où je suis censée être, » conclut-elle.