Cet article fait partie d’une série régulière qui présente les moyens innovateurs par lesquels certains des clients de la Banque Scotia contribuent à réduire les émissions de carbone.

En 2016, alors qu’elle s’apprêtait à atteindre le sommet d’une montagne près de Lhassa au Tibet, elle a eu une révélation en apercevant un moine avec un téléphone cellulaire à la main. Ayant œuvré de nombreuses années dans le secteur pétrolier et gazier, elle a alors pris conscience que la demande en batteries lithium-ion pour alimenter les appareils mobiles et les véhicules électriques irait en augmentant, mais que les difficultés d’approvisionnement en métaux risquaient de freiner la transition vers les énergies propres.

C’est cette réalisation qui est à l’origine de denaLiMC, la technologie brevetée d’extraction directe du lithium (EDL) de l’entreprise. Cette technologie utilise des nanomatériaux avancés d’extraction du lithium pour extraire le lithium des eaux souterraines sous les lacs salés, également appelés salars, ce qui permet d’obtenir du lithium d’une grande pureté. Ce procédé, plus durable, se révèle plus rapide et donne de meilleurs rendements que les méthodes d’extraction employées couramment. 

Ce procédé a permis à Amanda Hall de figurer sur des listes prestigieuses, notamment le classement des 25 femmes les plus influentes en 2022 et la liste des finalistes du Grand Prix de l’Entrepreneur d’EY des Prairies.

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J’élève seule mes trois enfants, la décision n’était donc pas facile à prendre. Mais je ne pouvais pas renoncer à me lancer.

Amanda Hall, fondatrice et PDG de Summit Nanotech

À son retour du Tibet, Mme Hall, bachelière en géophysique, a continué à forer des puits de pétrole lourd pendant un an, tout en économisant pour pouvoir voler de ses propres ailes. En 2018, elle a quitté son emploi et vendu sa maison pour se consacrer à plein temps à son entreprise.

« J’élève seule mes trois enfants, la décision n’était donc pas facile à prendre. Mais je ne pouvais pas renoncer à me lancer », affirme Amanda Hall, fondatrice et PDG de Summit Nanotech, une entreprise de Calgary qui est cliente de la Banque Scotia.

« Je ne touchais pas beaucoup de revenus lorsque mon entreprise a démarré. J’ai dû vendre les actions des sociétés pétrolières et gazières acquises au fil des ans pour joindre les deux bouts. »

Les changements ont été nombreux au cours des dernières années. Tout d’abord, Mme Hall se verse désormais un salaire et dirige une équipe de plus de 100 chefs de file du secteur qui peuvent s’occuper de tout, de la conception de la technologie à la mise en œuvre sur le terrain pour les sociétés minières qui veulent changer la façon dont elles extraient le lithium de la saumure. Summit Nanotech a récemment achevé un programme pilote multiclients mené auprès de plusieurs sociétés minières au Chili et se concentre sur la démonstration à grande échelle de sa technologie sur le terrain, laquelle est prévue l’année prochaine. La technologie sera finalement vendue aux sociétés minières d’extraction du lithium de la saumure.

En avril dernier, Summit Nanotech a ouvert sa propre installation à Santiago, au Chili, qui servira de point central pour le déploiement de la technologie ainsi que l’exécution de programmes de réinjection et de récupération de l’eau. Elle s’est également adjoint les services d’un chef des opérations, Gautam Parimoo. Ce dernier a fait ses preuves dans la mise en œuvre de technologies similaires en Amérique latine, plus récemment à Lake Resources NL, où il était responsable du développement de nouvelles solutions dans le secteur du lithium basées sur la technologie d’EDL. Jeremy Patt s’est joint à la société en mai en qualité de directeur de la technologie, fonction qu’il occupait auparavant à AquaHydrex. Il a dirigé l’accélération du développement d’usines pilotes et de programmes de recherche ainsi que la mise en place d’installations de fabrication totalement inédites pour Dow Chemical, ExxonMobil et diverses jeunes pousses financées par du capital de risque. 

L’évolution du procédé d’extraction

Le lithium est extrait soit de roches dures, soit de réserves de saumure. Dans le premier cas, il s’agit de procédés mécaniques, thermiques et chimiques à forte empreinte écologique qui produisent de grandes quantités de gaz à effet de serre. Le procédé actuel de production de lithium-ion à partir de saumure affecte également l’environnement. En effet, de grands bassins d’évaporation qui prélèvent une énorme quantité d’eau des écosystèmes sont utilisés. Des impuretés risquent d’être rejetées dans les réseaux aquifères peu profonds dont dépendent les collectivités environnantes pour leur approvisionnement en eau douce, une ressource rare.

Alors que de nombreuses entreprises travaillent à la mise au point d’autres versions de cette même technologie, Amanda Hall estime que la technologie d’EDL de Summit Nanotech comble la plupart des lacunes qui affligent actuellement la production de lithium. La technologie denaLiMC, conçue pour les mineurs travaillant dans le triangle du lithium – dans les lacs salés (salars) des régions désertiques en haute altitude d’Amérique du Sud qui renfermeraient suffisamment de lithium pour alimenter la transition énergétique sur le continent américain –, doublerait la production de lithium et accélérerait ainsi la transition vers les véhicules électriques.

De plus, cette technologie fait passer le temps de production de 18 mois à un jour, ne requiert pas de grands bassins d’évaporation, réduit les déchets de pratiquement 90 %, minimise l’utilisation de produits chimiques et permet de recycler près de 95 % de l’eau utilisée. La technologie protège également les aquifères souterrains en permettant aux entreprises de réinjecter la saumure usée dans le réservoir.

Summit Nanotech ribbon cutting

À partir de la gauche : Vivian Rocha, directrice, Mise en œuvre des technologies, Summit Nanotech; Amanda Hall, PDG et fondatrice, Summit Nanotech; Vladimir , président de la communauté Atacameños; Paul Barbaro, directeur général, Summit Nanotech — Chili 

« Lors du développement de la technologie, nous avons fixé des critères très contraignants en matière d’efficacité énergétique, d’utilisation de l’eau, de production de déchets et même pour les déplacements en camion jusqu’au lieu d’extraction », explique-t-elle.

« Nous mesurons ces critères au quotidien, car nous sommes déterminés à respecter les normes que nous nous sommes fixées. Pour bâtir une entreprise solide, la durabilité doit y être intégrée », affirme-t-elle.

Summit Nanotech s’efforce également de susciter l’adhésion des collectivités. L’entreprise a passé du temps à s’entretenir avec les personnes vivant à proximité des lacs salés, leur demandant ce qu’elles aimaient ou non et leurs sujets de préoccupation. « Toutes ces personnes ont dit la même chose », indique-t-elle. « Tout en comprenant l’importance du lithium, tous souhaitaient un procédé créant le moins de perturbations possible. »

La chaîne d’approvisionnement

Selon le site Web de Summit Nanotech, les batteries devraient être à la source de 90 % de la demande de lithium d’ici à 2030, et la production devra être multipliée par 20 d’ici 2050. La production mondiale de lithium en 2021 était de 104 800 tonnes, selon les données les plus récentes de Ressources naturelles Canada. Plus de 50 % du lithium extrait provient d’Australie, tandis que le Chili produit près de 25 % de la production mondiale. La Bolivie, le Chili et l’Argentine (le « triangle du lithium ») disposent des ressources estimées les plus importantes, soit près de 50 millions de tonnes pour ces trois pays. Bien que le Canada possède environ 3 % des réserves mondiales, le ministère fait remarquer que le pays n’est pas un producteur de lithium pour le moment.

Amanda Hall espère que cette technologie permettra aux sociétés minières de commencer bientôt à traiter le lithium à l’échelle nécessaire pour accélérer la transition vers les véhicules électriques. Les entreprises pourront acheter le nombre d’appareils nécessaires pour atteindre le niveau de production souhaité. Par exemple, si un mineur souhaite produire 20 000 tonnes de lithium par an, il devra acheter cinq appareils.

L’objectif est de vendre les appareils en Amérique du Sud. « Nous essayons d’ouvrir la chaîne d’approvisionnement nord-sud en Amérique », affirme Amanda Hall. « Je crois que ce sera possible dans l’avenir, mais nous n’y sommes pas encore », indique-t-elle en ajoutant que la majeure partie du lithium extrait en Amérique est aujourd’hui destiné à l’Asie.

Landscape photo of Salar de Talar, Antofagasta, Chile

Salar de Talar, Antofagasta, Chili

Un soutien dans la bonne direction pour les véhicules électriques

Mme Hall a choisi la Banque Scotia comme partenaire pour les besoins bancaires de l’entreprise au Chili en raison de la présence de l’institution en Amérique latine, mais elle apprécie également le souci que la Banque porte à l’environnement. Elle ajoute qu’il est important à ses yeux de travailler avec des partenaires qui soutiennent la transition vers des technologies propres. « Je dis toujours qu’une personne peut avoir une influence sur l’avenir si elle s’entoure des bonnes personnes. Lorsque la Banque Scotia investit dans des entreprises soucieuses de l’environnement, celles-ci peuvent progresser plus rapidement », ajoute-t-elle.

« Si nous continuons, en particulier les banques, à soutenir la transition des hydrocarbures vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques, nous jouerons un rôle clé dans la survie de notre civilisation. »

« La Banque est extrêmement fière d’avoir soutenu le parcours de Summit Nanotech en lui offrant des services bancaires spécialisés qui lui ont permis d’accélérer le développement de sa technologie efficace d’extraction du lithium, affirme Phillip Cutts, directeur associé, Services bancaires commerciaux. La Banque Scotia reconnaît le rôle important que les batteries joueront dans la transition vers la carboneutralité. Nous nous réjouissons de pouvoir collaborer avec Summit Nanotech pour bâtir un avenir plus sain. »

 «Grâce à l’étroite collaboration de nos équipes d’un pays à l’autre où la Banque Scotia exerce ses activités, nos clients sont en mesure d’accepter, de déplacer et de gérer des fonds facilement et de manière durable, afin de bâtir un avenir meilleur pour tous» soutient Joseph Villamizar, vice-président, Opérations internationales.

Pour sauver la planète, Amanda Hall estime qu’il est impératif d’accélérer le mouvement vers l’électrification. « La règle générale en matière de changement climatique veut que l’impact observable des gaz à effet de serre se manifeste de cinq à dix ans après leur émission. Même si nous cessions complètement les émissions d’hydrocarbures aujourd’hui, dix années de catastrophes climatiques nous attendraient encore avant un retour à la stabilité. C’est la réalité avec laquelle nous devrons apprendre à nos enfants à composer. »

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