« Entre la numérisation rapide de l’économie mondiale et l’augmentation des cybermenaces sophistiquées, les institutions financières jouent des coudes avec les gouvernements et les entreprises de toutes tailles pour recruter des professionnels dans le bassin limité de talents en cybersécurité », explique Elaine Hum, première directrice, Partenariats de cybersécurité de la Banque Scotia.

« Les cybercrimes – violations de données, attaques par rançongiciel, escroqueries par hameçonnage et attaques par déni de service distribué – augmentent de façon exponentielle et ciblent souvent les institutions financières en raison de leurs données précieuses, de leur propriété intellectuelle et de leurs secrets commerciaux », ajoute Mme Hum.

Elaine Hum headshot

Elaine Hum


L’écart considérable entre les postes à combler et les professionnels disponibles en cybersécurité – la pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur se chiffre à 3,4 millions de travailleurs à l’échelle mondiale – est accentué par l’épuisement professionnel, l’absence de communication entre les établissements d’enseignement et les employeurs ainsi que le désintérêt des étudiants envers une formation en cybersécurité. Au Canada, où un poste sur six en cybersécurité est vacant, il faut ajouter à ces difficultés la pression découlant du débauchage réalisé par des entreprises aux États-Unis, qui offrent une meilleure rémunération.


C’est pourquoi de nombreuses organisations font preuve de créativité en matière de recrutement et se tournent vers des bassins de talents inexploités, comme les vétérans des forces armées.

Pour créer un bassin qui comblera une partie de cet écart, la Banque Scotia a mis en place le programme de partenariat en cybersécurité dont l’objectif est d’attirer des talents provenant de divers groupes méritant l’équité (comme les femmes, les personnes autochtones, noires et de couleur, les personnes neurodivergentes, les membres des communautés LGBT+ et les vétérans).

« Toutefois, une collaboration sera nécessaire entre le monde universitaire, l’industrie et le gouvernement pour s’assurer que les connaissances des diplômés reflètent mieux les besoins du secteur », précise Mme Hum, dont le rôle à la Banque Scotia est d’établir des partenariats avec des établissements universitaires et non universitaires afin de conseiller les universités et les collèges.

Cybersécurité : des postes adaptés aux vétérans des forces armées

Adrien Morrison, ingénieur, Sécurité des applications (Ingénierie de plateformes, Sécurité des applications), est l’un des trois vétérans embauchés par la Banque Scotia. Pour ce poste, il a dû suivre une formation en ligne de huit mois, offerte par l’Institut de développement professionnel de l’Université d’Ottawa en partenariat avec l’organisme Coding for Veterans, ainsi qu’un stage de quatre mois à la Banque. Essentiellement, son équipe déploie, corrige, tient à jour et soutient les outils assurant la sécurité des applications, qui permettent d’analyser les vulnérabilités des applications utilisées par la Banque. De plus, elle développe des automatisations et des outils personnalisés qui facilitent la gestion et le signalement des vulnérabilités.

En 2003, à l’âge de 23 ans, M. Morrison s’est engagé dans la Marine royale canadienne en tant que Comm Nav, c’est-à-dire « spécialiste en communications navales ». Pendant plusieurs années, il devait assurer la communication avec les autres navires et le quartier général. « J’ai eu envie d’en savoir plus sur le fonctionnement de ces technologies », explique-t-il. 

Adrien Morrison headshot

Adrien Morrison


L’idée de faire carrière en technologies lui est toutefois venue alors qu’il servait en Afghanistan dans le domaine des renseignements militaires au sein du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry durant ses deux dernières années de service. M. Morrison avait reçu l’ordre de créer une page Web, mais il ne savait pas du tout comment procéder ni où trouver de l’aide.

« J’étais au beau milieu d’une zone de guerre. Je devais me débrouiller. C’est à ce moment que j’ai eu l’idée », déclare-t-il.

Sa carrière militaire lui a également permis d’affiner sa capacité à travailler sous pression et en équipe, des atouts qui lui sont utiles aujourd’hui. « Je sais jusqu’où on peut me pousser et ce que je peux réaliser dans des situations stressantes. Il est bien de connaître cette limite », ajoute-t-il.

« Nous reconnaissons et apprécions le service rendu par les vétérans et les réservistes. Nous croyons également que leur ensemble de compétences uniques convient bien aux divers rôles en cybersécurité », explique Mme Hum. Elle cite ensuite des compétences générales comme la résolution de problèmes, l’esprit analytique, l’éthique et l’intégrité, la gestion du temps, le sens des affaires, la collaboration et le travail d’équipe.

Le caporal-chef intérimaire Wayne Thomas, vétéran des Forces armées canadiennes, met aussi à profit l’esprit d’équipe et le leadership qu’il a développés durant sa carrière militaire dans son rôle d’architecte de sécurité, Sécurité et contrôle des données au sein de la Banque.

« Si l’on transpose mon rôle militaire à la Banque Scotia, j’étais un débutant qui parlait à des gens de l’échelon des premiers directeurs ou des premiers vice-présidents, parce que je disposais des renseignements dont ils avaient besoin », explique-t-il. « Si on ne transmet pas cette information, comment peuvent-ils être au courant de ce qui se passe? »

Wayne Thomas outside

Wayne Thomas


L’équipe de M. Thomas joue le rôle de conseillère auprès de la haute direction de la Banque. « Nous lui exposons nos préoccupations ainsi que les risques et les menaces que nous percevons, car en fin de compte, nous veillons à la sécurité de l’ensemble de la Banque – les employés, les parties prenantes et, bien sûr, les clients. »

M. Thomas s’est joint aux Forces armées canadiennes en 2009 après avoir perdu son emploi de responsable de quai de chargement chez Ford en raison de la récession. « J’y pensais depuis les attentats du 11 septembre 2001, bien avant de perdre mon emploi. J’avais alors une vingtaine d’années et j’ai ressenti comme un appel à faire quelque chose pour le Canada », affirme-t-il.

À titre de membre du deuxième régiment de la Royal Canadian Horse Artillery à la base Petawawa, M. Thomas a servi pendant 12 ans au sein de l’unité d’intervention immédiate. Cette dernière est chargée d’aider la population canadienne après une catastrophe naturelle, comme des feux de forêt ou des inondations.

Pendant deux ans, il a joué le rôle d’officier responsable des talents et des acquisitions au sein du 450e Escadron tactique d’hélicoptères de l’Aviation royale canadienne. À ce poste, il devait traiter des renseignements confidentiels sur le personnel. Il a donc dû suivre des cours sanctionnés par un certificat sur la façon de soumettre une demande d’accès à l’information et protection des renseignements personnels (AIPRP) et de détruire correctement ces données. Ces compétences techniques lui sont plus qu’utiles à son poste actuel. 

Accroître la présence des femmes et des Autochtones en cybersécurité

« Au cours des six derniers mois, la Banque Scotia a augmenté le pourcentage de femmes occupant des postes à la vice-présidence en cybersécurité à 50 % », affirme Mme Hum. « C’est assez impressionnant si l’on considère que le pourcentage de femmes œuvrant en cybersécurité partout dans le monde est d’environ 24 %. » Mme Hum a elle-même été reconnue par IT World Canada : elle figure dans le palmarès Top Women in Cybersecurity de 2023, qui célèbre les réalisations de 20 femmes ayant surpassé les attentes dans le domaine de la cybersécurité.

En outre, la Banque collabore avec la STEAM Academy de la Six Nations Polytechnic (STEAM est un acronyme anglais faisant référence aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie, aux arts et aux mathématiques) et l’Initiative conjointe de développement économique du Nouveau-Brunswick afin de sensibiliser les étudiants autochtones aux diverses options de carrière en cybersécurité et d’accroître la représentation des Autochtones dans ce secteur.

« La Banque Scotia s’engage à former des équipes diversifiées et inclusives qui représentent le monde dans lequel nous vivons », déclare Mme Hum. « En plus d’être la bonne chose à faire, diversifier notre main-d’œuvre nous permet de prendre de meilleures décisions et d’apporter des solutions plus efficaces à des problèmes complexes. »