Se prélasser sous le soleil, sur un banc public dans un parc du quartier Church Wellesley de Toronto, c’est pour la plupart un droit élémentaire et un bonheur simple. Mais pour James Frederick, 36 ans, c’est un privilège et un luxe qu’il ne pourrait jamais plus connaître s’il rentrait chez lui.

« Je fais partie de la communauté LGBTQ+, et à Sainte-Lucie, je devais constamment rester sur mes gardes simplement à cause de ce que je suis », confie-t-il. (The 519 ne se sert du terme 2SLGBTQIA+ que pour désigner les programmes qui viennent en aide aux Autochtones du Canada.)

Policier pendant 12 ans à Sainte-Lucie, James Frederick a toujours été privé d’aide ou de protection, explique-t-il. Il n’a même pas eu droit à une promotion pour son ancienneté.

« C’était difficile pour moi de travailler avec mes collègues. Je n’ai jamais eu de promotion. Dans chaque service où j’ai été muté, dès qu’on apprenait qui j’étais, je remarquais que j’étais traité différemment, déplore-t-il. Impossible de faire fructifier tout mon potentiel. Et je n’étais jamais à l’aise. »

En mars 2023, peu après le décès de sa mère, il a décidé de venir s’installer au Canada. Il a suivi le conseil de deux de ses nouveaux amis canadiens, qui ont eux aussi fui leur pays natal et sont devenus des réfugiés queer et PANDC. Ses amis lui ont tous les deux donné l’adresse de cet organisme. Cet organisme de services, qui est un centre communautaire bispirituel, lesbien, gai, bisexuel, transgenre, queer, intersexué et asexuel (2SLGBTQIA+), est le plus important et le plus illustre au Canada. 

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James Frederick (à droite) dans la salle de bal de The 519

James Frederick with hands in the air

James Frederick dans la salle de bal de The 519


James et ses amis font partie des milliers de nouveaux arrivants et réfugiés LGBTQIA+ auxquels The 519 vient en aide chaque année dans le cadre du processus d’établissement des nouveaux arrivants. Financé par la Banque Scotia, le programme du Projet Unlock de cet organisme offre de l’aide justement pour permettre aux nouveaux arrivants, réfugiés et demandeurs d’asile LGBTQIA+ à trouver des emplois valorisants malgré les obstacles considérables qu’ils doivent surmonter pour avoir accès à des emplois et à la stabilité financière.

« C’est Jervis, membre du personnel de l’organisme The 519, qui m’a aidé à déposer ma demande auprès d’Ontario au travail ». Ce programme offre des subventions pour les frais de gîte et de couvert et les autres frais des personnes nécessiteuses qui répondent aux critères d’admission, précise James Frederick. « Je ne connaissais pas du tout ce programme. Je suis allé le voir, je me suis assis dans son bureau et il m’a aidé du début à la fin. Il s’est occupé de tout… En moins de deux jours, j’ai eu droit à des prestations. Quel soulagement! »

Jervis Stone est le directeur des Services de soutien des réfugiés de cet organisme. Il nous apprend qu’il a lui-même été réfugié et client de cet organisme, ce qui lui permet de mieux comprendre les personnes qui frappent à sa porte.

« Dans le pays d’où je viens, être queer est considéré comme une hérésie. Je craignais toujours pour ma vie. Ce n’était tout simplement pas accepté dans la collectivité. On nous maltraitait à cause de notre choix de vie, et je craignais la violence. »

Juin est consacré au Mois de la fierté, qui met à l’honneur les communautés 2SLGBTQIA+, l’inclusivité et la liberté d’expression. C’est le défilé de la Fierté à Toronto qui lui a ouvert les yeux sur la vie qu’il pourrait mener au Canada.

« J’ai vu défiler des milliers de personnes, jeunes ou moins jeunes, qui pouvaient simplement être elles‑mêmes… queers et fières d’exprimer tout haut leur bonheur et leur amitié, dit-il. Ces défilés réunissent les gens de différents groupes d’âge, races et identités, qui expriment leur personnalité. Je me suis rappelé que c’était pour moi un moment charnière. C’est ce que je voulais être », précise-t-il.

Il s’est donc engagé sur cette voie et s’est adressé à The 519. « Par l’entremise de cet organisme, j’ai pu nouer des liens et donner un sens à ma vie. J’ai trouvé mon bonheur, ni plus ni moins », s’exclame‑t-il.

Jervis Stone headshot

Jervis Stone


Selon lui, c’est parfois très compliqué de trouver bonheur et stabilité dans un emploi lorsqu’on cumule différentes identités.

« On s’identifie comme PANDC et réfugié. On s’identifie aussi comme un jeune, puis comme LGBTQ+. Chacune de ces identités comporte ses propres obstacles et difficultés, et lorsqu’on cumule ces identités, les luttes se multiplient. » Selon lui, le racisme, l’inexpérience et l’accès sont les plus grands obstacles.

Jervis Stone coordonne aujourd’hui des programmes et des activités destinés à plus de 8 000 demandeurs du statut de réfugié, nouveaux arrivants et personnes qui ont l’intention de demander le statut de réfugié au Canada.

Le nombre de réfugiés augmente chaque mois au Canada. Ainsi, The 519 a reçu en 2023 plus de 7 000 demandes de nouveaux arrivants LGBTQIA+ qui ont besoin d’aide, soit trois fois le nombre de nouveaux arrivants qu’il a aidés en 2022.

Grâce au financement offert par ScotiaINSPIRE dans le cadre d’un engagement de 500 millions de dollars sur 10 ans et d’une stratégie d’impact social pour promouvoir la résilience économique des groupes défavorisés, The 519 peut offrir des programmes individualisés, des feuilles de route professionnelles et de l’aide financière aux nouveaux arrivants LGBTQIA+, pour qu’ils puissent se faire agréer dans les carrières les plus courues. Les participants ont droit à des séances de mentorat et d’encadrement et à de l’aide dans la recherche d’un emploi. Cet organisme offre aussi aux employeurs, d’un océan à l’autre, la formation qui leur permet de bâtir des environnements de travail plus inclusifs et accueillants.

« ScotiaINSPIRE nous aide en versant des fonds pour mettre au point des programmes en présentiel et en ligne, ainsi que des programmes grâce auxquels les employeurs peuvent surmonter les obstacles systématiques », confirme Jervis Stone.


Il s’agit entre autres de mobiliser les employeurs pour les amener à comprendre les enjeux queer et trans, en améliorant l’inclusivité et la diversité de leurs espaces. « Nous pouvons nous pencher sur les enjeux que nous cernons dans les entreprises. C’est la mission de cet organisme », lance Jervis Stone.

« Nous sommes privilégiés et fiers de financer The 519 pour aider les réfugiés LGBTQIA+ à mener des carrières valorisantes, affirme Meigan Terry, cheffe des Communications et de l’Impact social à la Banque Scotia. Grâce à ScotiaINSPIRE, nous avons la volonté d’offrir le financement absolument nécessaire pour les programmes communautaires essentiels destinés aux 2SLGBTQIA+ dans l’ensemble des activités que nous exerçons. »

Même s’il n’a pas encore trouvé d’emploi à temps plein, James Frederick poursuit activement ses recherches et reste optimiste. Pour l’heure, il fait du bénévolat tous les mercredis dans les séances Among Friends de cet organisme de bienfaisance. « Ces séances vous aident à vous préparer et vous enseignent la ligne de conduite à tenir, en plus d’apprendre à connaître les droits des locataires et des locateurs, à se déplacer dans les transports en commun de la TTC et à avoir accès aux rabais offerts sur les tarifs : les nouveaux arrivants ont beaucoup à apprendre », déclare-t-il.

Ces séances lui permettent de nouer des liens et de développer son réseau personnel.

« The 519 est une bénédiction et m’a sauvé la vie, clame-t-il. Quand j’appelle des gens dans mon pays natal, ils me disent que j’ai l’air radieux. Je vais au gymnase. Je prends soin de moi mieux que jamais. Je suis plus libre. Je peux me déplacer sans m’inquiéter. Je peux simplement être moi-même, ce que je ne pouvais pas faire dans mon pays natal. »

Jervis Stone affirme qu’il est fier de dire qu’il entend régulièrement des témoignages aussi positifs de personnes comme James Frederick.

« Nous changeons leur vie. Nous leur donnons les moyens de rechercher un emploi. Nous mettons à leur disposition les outils et les ressources qui leur permettent de s’affirmer. Nous sommes en mesure de promouvoir un sentiment d’appartenance et un esprit de communauté qui leur font cruellement défaut.

« Le financement offert par ScotiaINSPIRE nous permet d’offrir des services et de promouvoir la résilience économique dans notre communauté, conclut Jervis Stone. Et en définitive, c’est tout ce que nous demandons. »

 

Woman throwing hands up at Pride Parade, seen from behind

Fierté à la Banque Scotia