Chaque dimanche, Sunil Subramaniam effectuait deux heures de bénévolat pour l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA), aidant les personnes ayant une déficience visuelle à transporter leurs achats d’épicerie, à rédiger des courriels et à faire les courses pour lesquelles elles avaient besoin d’aide. Jamais il n’aurait imaginé qu’un jour, il bénéficierait lui-même de ces services.
M. Subramaniam a vécu un choc lorsque son ophtalmologue lui a annoncé qu’il était atteint d’une maladie génétique rare et qu’il devait se préparer à perdre jusqu’à 95 % de sa vision à tout moment.
« Je pensais que je souffrais d’une simple perte de vision, peut-être d’une cataracte ou de quelque chose qu’une opération chirurgicale suffirait à réparer, explique-t-il. J’ai appris cette nouvelle en décembre 2020, et j’ai déjà perdu presque 70 % de ma vision. »
Sunil Subramaniam, comptable professionnel agréé à la Banque Scotia
M. Subramaniam est un comptable professionnel agréé qui occupe un poste de direction au sein des Affaires financières mondiales à la Banque Scotia. Il a également supervisé de grandes équipes en tant que haut dirigeant dans d’importantes banques canadiennes et américaines.
« La vie a pris une tournure abrupte, et cela a incontestablement affecté ma carrière », reconnaît M. Subramaniam.
La Journée mondiale des personnes handicapées, instituée par les Nations unies, est célébrée le 3 décembre de chaque année. En 2024, elle a pour thème « Amplifier le leadership des personnes handicapées pour un avenir inclusif et durable ».
Au Canada, plus de 1,5 million de personnes sont aveugles ou partiellement voyantes, et seulement 42 % des personnes qui ont une déficience visuelle occupent un emploi, selon l’étude sur les niveaux d’emploi à l’échelle internationale réalisée par INCA en 2018.
Changer les perceptions relatives à la communauté des personnes ayant une déficience visuelle
Lorsque M. Subramaniam a reçu son diagnostic, il a craint que sa vie professionnelle prenne fin, car les particularités de son travail lui semblaient impossibles à gérer sans sa vision. Cependant, il estime que l’aide de Raj Viswanathan, chef des Affaires financières à la Banque Scotia, avec qui il avait déjà travaillé, a changé sa trajectoire.
« Il a été une bénédiction pour moi, affirme M. Subramaniam. Lorsqu’il a appris ce que je traversais, il m’a dit de garder la tête haute et m’a proposé de m’aider à rebâtir ma vie. »
M. Subramaniam s’est fait offrir un contrat de trois mois, assorti d’une entrée en fonction progressive et de mesures d’adaptation pour pallier sa perte de vision, dont plusieurs grands moniteurs, un clavier spécialisé et le logiciel d’assistance ZoomText. Il occupe maintenant ce poste depuis bientôt trois ans. « Je suis privilégié d’avoir un travail stimulant et intéressant. Je fais partie d’une équipe solide, composée de bonnes personnes », déclare M. Subramaniam.
Voilà le type de mesures de soutien qu’INCA espère voir les entreprises envisager afin de créer des environnements plus accueillants et inclusifs. Donner aux gestionnaires et aux responsables du recrutement des conseils sur la façon de créer des milieux de travail accessibles et de former des équipes diversifiées constitue l’un des objectifs du programme Ouvrir les portes du travail de la Fondation INCA, que soutient l’initiative ScotiaINSPIRE de la Banque Scotia. En collaborant avec des entreprises de secteurs variés, INCA souhaite changer les perceptions relatives à l’embauche de personnes qui sont aveugles, sourdes et aveugles ou partiellement voyantes faisant partie du bassin de talents du programme Ouvrir les portes du travail.
« Non seulement nous travaillons avec les membres du bassin de talents pour les aider à trouver des emplois, mais nous aidons aussi les milieux de travail à devenir inclusifs, accueillants et accessibles, » explique Shoko Kitano, directrice générale du programme. « S’assurer que les gens sont conscients de leur mentalité et du fait que leurs préjugés ou leur manque de connaissances peuvent créer des obstacles à l’embauche : voilà en quoi consiste le véritable défi. »
ScotiaINSPIRE appuie le programme Ouvrir les portes du travail de la Fondation INCA
La Banque Scotia s’est engagée à verser 1,2 million de dollars à l’organisme pour soutenir sa mission et fournira 90 000 $ supplémentaires en tant que commanditaire national du Congrès Points de connexion sur l’éducation, la technologie et l’emploi pour les personnes ayant une déficience visuelle. Ce partenariat avec INCA s’inscrit dans le cadre de ScotiaINSPIRE, une initiative de 500 millions de dollars sur 10 ans de la Banque visant à améliorer la résilience économique des groupes désavantagés.
Le programme Ouvrir les portes du travail a pour but d’aider les personnes aveugles, sourdes et aveugles ou partiellement voyantes à trouver un emploi enrichissant. Il propose également des ateliers de préparation à l’emploi, des occasions de mentorat et un accès aux technologies d’assistance. Les participants et les participantes bénéficient d’un accompagnement professionnel personnalisé afin de cibler leurs compétences et leurs centres d’intérêt et d’obtenir des postes compatibles avec leurs aspirations.
« À l’heure actuelle, notre plus grande priorité est de faire évoluer les mentalités, explique Mme Kitano. Il y a environ cinq ans, nous avons réalisé un grand sondage auprès de la communauté des personnes ayant une déficience visuelle au Canada, et plus de 91 % des personnes interrogées ont affirmé qu’elles voulaient travailler, mais qu’elles n’avaient pas accès aux mêmes occasions que la plupart des Canadiens et Canadiennes. »
« Il faut beaucoup de courage. »
Ryan Rustad, conseiller en recouvrement de l’équipe ScotiaHelps, a obtenu son poste à la Banque Scotia par l’intermédiaire du programme Ouvrir les portes du travail d’INCA.
Après avoir reçu un diagnostic d’uvéite — une inflammation grave de l’œil — en cinquième année, M. Rustad a totalement perdu la vue dans un œil et s’est retrouvé avec une très basse vision dans l’autre.
Ryan Rustad, conseiller, Mesures d'allégement pour les clients
« Au début, j’étais nerveux, admet M. Rustad. J’ignorais comment je m’adapterais, mais le processus d’entrevue s’est déroulé sans heurts, et j’ai reçu un soutien incroyable de la part de la Banque Scotia, qui m’a fourni des outils modernes et a veillé à ce que j’aie tout le nécessaire pour réussir. »
Son trajet de deux heures trente d’un bout à l’autre du Grand Toronto pour se rendre au travail comporte des défis, mais il est reconnaissant de la compréhension et de la souplesse dont son équipe fait preuve. « L’essentiel est de ne pas avoir peur de demander des mesures d’adaptation et de parler des obstacles auxquels vous faites face; les entreprises sont souvent plus ouvertes à collaborer avec vous que vous ne le croyez. »
M. Rustad a également évoqué certains préjugés qu’il juge répandus dans les milieux de travail.
« J’ai l’impression que les gens pensent que les personnes ayant une déficience visuelle sont un peu timides, mais ce n’est pas toujours le cas. En fait, faire ce que nous faisons prend beaucoup de courage, explique-t-il. On sous-estime l’adaptabilité, et les personnes ayant une déficience visuelle ont souvent une capacité d’adaptation, de concentration et de planification très développée… nous n’avons pas d’autre choix. »
Par l’entremise du partenariat d’INCA avec ScotiaINSPIRE, le programme Ouvrir les portes du travail a aidé plus de 2 454 Canadiens et Canadiennes qui sont aveugles, sourds et aveugles ou partiellement voyants à se préparer à intégrer le monde du travail. Les données d’INCA démontrent également que 79 % des participants et des participantes s’estiment plus aptes à chercher un emploi à l’issue du programme. L’objectif est de les aider à obtenir des postes qui présentent des occasions d’évolution professionnelle.
« Nous vous aiderons à vous sentir mieux préparés, et vous le serez réellement, déclare M. Kitano. Nous aidons les employeurs à devenir plus accueillants et inclusifs, mais la magie doit quand même opérer. Les gens doivent rivaliser pour décrocher un emploi, comme tout le monde… et ils le font. »