Pour Erik McKoy, il est primordial d’être ouvert et transparent sur le fait qu’il est trans.

L’homme de 30 ans croit qu’il est important pour lui d’être un exemple positif pour les autres; le genre de modèle, en fait, que lui-même aurait voulu avoir.

« J’ai grandi dans la peur de ne pas savoir si je m’identifierais comme une personne homosexuelle ou transgenre », explique M. McKoy, animateur au Centre de contact de la Banque Scotia à Ottawa. « Mon objectif : montrer aux gens que je suis heureux et que les choses vont bien. Je ne cacherai pas que je suis trans, parce que si j’avais connu une personne qui était trans et qui était heureuse quand j’étais jeune, ça aurait eu un impact important sur moi. »

En marge du Mois de la fierté, des événements sont organisés à l’échelle mondiale en l’honneur de la communauté LGBT+. Ainsi, tout le mois de juin, on célèbre son droit, durement acquis, d’être soi-même, et on reconnaît la lutte qu’il a fallu mener à cette fin ainsi que le chemin qu’il reste à parcourir. 

D’ordinaire, les Canadiens et les Canadiennes sortent dans les rues pour participer ou assister aux défilés de la fierté partout au pays. Toutefois, cette année, les festivités ont dû se tenir en ligne en raison de la pandémie.

« C’était quelque chose que je devais faire », explique Erik McKoy, animateur au Centre de contact de la Banque Scotia. « Si je ne l’avais pas fait, j’aurais passé ma vie à me réfréner, à me sentir enchaîné à une cage et à me dire constamment que je n’atteindrais jamais mon plein potentiel, que je ne serais jamais libre et, pire encore, que je ne serais jamais moi-même. »

« Je suis bien heureux de voir cette mobilisation prendre une forme différente », affirme M. McKoy. « J’adore assister à un défilé de la fierté et célébrer avec tout le monde, mais un peu comme le font les familles en ce moment, le monde s’adapte pour le Mois de la fierté, et je trouve ça beau à voir. »

Les mesures de distanciation sociale mises en place pour limiter la propagation de la COVID-19 l’avaient déjà contraint à annuler une fête entre amis en l’honneur d’une étape importante. En effet, le 15 mars, cela a fait deux ans que M. McKoy a commencé à prendre de la testostérone dans le cadre de sa transition.

Bien que M. McKoy soit aujourd’hui ouvert, il n’en est pas arrivé là du jour au lendemain. Il a grandi à Châteauguay, en banlieue de Montréal, et on y parlait rarement de personnes transgenres et de transition de genre.

« Dès que j’ai eu le sentiment d’être dans le mauvais corps, je l’ai refoulé », se confie-t-il.

Cet instinct de répression a été renforcé par les histoires d’horreur que lui avaient racontées des personnes transgenres ou dont il avait entendu parler. Il a souvent entendu dire que pour être elles-mêmes, les personnes transgenres devaient abandonner leur vie actuelle, ce qu’il ne voulait pas faire.

Cependant est arrivé un point où il ne pouvait plus ignorer ses sentiments.

« C’était quelque chose que je devais faire », explique-t-il. « Si je ne l’avais pas fait, j’aurais passé ma vie à me réfréner, à me sentir enchaîné à une cage et à me dire constamment que je n’atteindrais jamais mon plein potentiel, que je ne serais jamais libre et, pire encore, que je ne serais jamais moi-même. »

En novembre 2017, alors qu’il travaillait au Centre de contact de Cornwall, en Ontario, il a voulu parler de sa transition à sa chef Lily McCream. Terrifié à la perspective d’aborder le sujet directement, il en a fait brièvement mention lors d’une autre conversation.

Mais ses mots ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.

« Elle m’a regardé et m’a dit : “Attends, qu’est-ce que tu viens de dire? C’est génial” », se souvient M. McKoy.

Mme McCream a apporté un soutien incroyable à M. McKoy. Elle a parlé de sa transition au reste de l’équipe d’une manière et à un rythme qui lui convenaient. Il a eu l’occasion d’en parler directement à ses collègues. De plus, l’équipe a tenu des réunions séparées avec les Ressources humaines et les Relations avec les employés pour en apprendre davantage sur l’inclusion des différentes identités et expressions de genre. M. McKoy a également aidé à la rédaction des courriels sur le sujet destinés à ses collègues des autres bureaux.

« C’était réellement de cette façon que je voulais que ça se fasse », précise-t-il. « C’était tout à fait libérateur. Probablement l’un des meilleurs sentiments que je n’ai jamais eus. »

Tamara Hansen, directrice, Services spécialisés à Toronto, a vécu une expérience similaire.

Elle se souvient parfaitement du jour où elle est enfin entrée à son bureau du centre-ville bien dans sa peau.

Comme M. McKoy, pendant des années, la BanquièreScotia de longue date a vécu de l’anxiété liée à son genre à une époque et à un endroit où les personnes étaient beaucoup moins à l’aise d’en parler.

Mme Hansen, qui s’est jointe à la Banque en 1981, explique qu’elle a été « conditionnée à vivre dans le déni et à se comporter d’une certaine façon ».

Pendant plusieurs années, le genre n’était pas dans ses priorités.

« On garde tout en dedans pendant assez longtemps, puis à un moment donné, ça veut sortir. C’est ce qui m’est vraiment arrivé en 2014. »

C’est à ce moment qu’elle a commencé, en secret, l’hormonothérapie substitutive. Elle était alors dans la cinquantaine, et le processus s’avère plus difficile et moins efficace avec l’âge.

« À cause de mon âge, il y avait une forte probabilité que je doive tout arrêter », explique Mme Hansen. « J’ai pris la décision d’aller le plus loin possible dans la thérapie avant de le dire à qui que ce soit. J’ai donc dû garder le secret pendant quelques années. »

En 2015, Mme Hansen a eu des complications et a eu besoin de prendre congé du travail. Lorsque ses collègues lui posaient des questions, ça lui pesait de ne pas pouvoir y répondre.

Pour Tamara Hansen, la Banque est devenue un « lieu sûr », et elle a ressenti de l’amour et de la camaraderie au travail, du moment où elle a parlé de sa transition à ses collègues jusqu’à sa retraite, à la fin de l’année dernière.

Au fil des années, Mme Hansen avait de plus en plus le désir d’en parler aux autres, mais elle s’en empêchait, par peur de ne pas être prête.

Elle raconte que le hasard a fait que c’est une virée au IKEA qui l’a confortée dans sa décision de sortir du placard.

C’était le Mois de la fierté, et le magasin était placardé d’affiches en soutien à la communauté LGBT+.

« Je n’étais pas sortie que les larmes coulaient déjà », se souvient-elle. « Je savais que c’en était assez, que c’était maintenant que ça se faisait. »

Elle l’a alors annoncé à six collègues de la Banque Scotia.

« Je voulais simplement voir quel genre de réaction j’allais avoir », précise-t-elle. « Et ça a été positif sur toute la ligne. »

Mme Hansen est passée à la prochaine étape en décidant d’en parler à plus de gens au travail. En date du 10 août 2018, « la vieille version de moi avait quitté la Banque ».

Alors que Mme Hansen avait pris une semaine de congé pour se préparer physiquement en faisant ses cheveux et ses ongles et mentalement en se présentant à ses voisins, la Banque Scotia a préparé ses collègues à son retour. Il y a entre autres eu plusieurs séances de formation en petits groupes pour les personnes de sa division, au nombre de plus de 200, le vendredi précédent.

« Le lundi, quand je suis arrivée, je me suis sentie acceptée à 100 %. C’était incroyable », souligne Mme Hansen. « Depuis ce moment, je n’ai plus jamais regardé en arrière. »

Jody Jacobson, première directrice, Diversité et inclusion, souligne que la Banque est soucieuse de promouvoir un milieu inclusif pour les employés, actuels ou potentiels, et les clients qui font partie de la communauté LGBT+.

« Pour nous, la diversité d’opinions, d’expériences et de perspectives nous rend plus forts, et c’est grâce à elle que nous saurons nous adapter à long terme. C’est pourquoi nous nous efforçons de promouvoir l’inclusion des différentes orientations sexuelles et identités et expressions de genre, au bénéfice des personnes qui s’identifient comme lesbiennes, gaies, bisexuelles, bispirituelles, trans ou alliées. La Banque priorise l’inclusion de la communauté LGBT+ et encourage tous les employés à ne pas cacher qui ils sont. »

Mme Hansen explique que la Banque Scotia a tout fait pour faciliter le processus et pour répondre à ses besoins, et que même si elle savait que les politiques de la Banque à l’égard des employés LGBT+ l’auraient protégée, c’était la réaction des gens qui allait faire que ça passe ou ça casse. La formation complète et la communication proactive auprès de ses collègues ont fait de sa démarche un succès.

« Au début, on est terrifié. On ne sait pas dans quoi on s’embarque. L’entreprise ne peut pas laisser la personne seule avec ce fardeau. C’est énorme. Elle doit l'appuyer. Elle doit donner de la formation aux gens qui interagissent avec la personne transgenre; c’est vraiment ça, le plus important. On ne peut pas attendre de la personne qu’elle fasse tout le travail, déjà que c’est un combat ardu pour elle. »

Dans l’ensemble, la réponse que M. McKoy a obtenue de ses collègues a été positive, malgré quelques moments inconfortables au début. Il indique toutefois que c’était à prévoir. Il considère important d’être ouvert et de permettre à ceux qui sont en contact avec la personne en transition de commettre des erreurs.

« On me voyait comme une personne que je n’ai jamais vraiment été. Je demande donc un changement de perspective, une ouverture d’esprit », explique-t-il. « Mais je dois en faire autant et témoigner aux autres le même respect. Je dois être conscient qu’ils apprennent et qu’ils sont en transition avec moi. Ils ne vont pas employer les bons pronoms chaque fois. »

Pour Mme Hansen, la Banque est devenue un « lieu sûr ». Elle a ressenti de l’amour et de la camaraderie au travail, du moment où elle a parlé de sa transition à ses collègues jusqu’à sa retraite, à la fin de l’année dernière.

« Si je passais une mauvaise matinée ou que j’avais eu des problèmes dans mes déplacements, j’avais hâte d’arriver au bureau », confie-t-elle. « C’était comme un refuge. »

Mme Hansen avait hâte au défilé de la fierté cette année. Elle est enthousiaste à l’idée de participer en ligne, mais elle espère également qu’une célébration en personne sera possible plus tard dans l’année, quand il sera sécuritaire de le faire.

Au défilé de Toronto l’an dernier, elle a particulièrement été touchée de voir que les festivités avaient su attirer des personnes de tous les milieux, et pas seulement la communauté LGBT+.

« J’adore le Mois de la fierté, car c’est l’occasion de nous faire voir, et c’est ce qu’il faut », ajoute-t-elle. « Après tout, nous sommes des gens comme les autres. »

 

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