Puisqu’il est continuellement question de l’économie dans les médias, vous pourriez entendre ou lire beaucoup de termes qui ne vous sont pas familiers. Pour vous aider à mieux suivre les tendances les plus récentes, voici une excellente occasion d’enrichir votre vocabulaire financier.

Pour ce balado Perspectives, nous avons invité Laura Gu, économiste de la Banque Scotia, à nous expliquer 11 termes économiques couramment utilisés. 

Cliquez ici pour lire la transcription.

Voici un cours intensif sur les termes que tous devraient connaître — et comprendre — selon Laura Gu.

1. Produit intérieur brut

En somme, le produit intérieur brut (PIB) permet d’évaluer la production économique d’un pays. «Essentiellement, le PIB est simplement la valeur totale de tout ce qui est produit dans notre économie», nous a expliqué Laura Gu.

En faisant le total de la valeur monétaire de tous les biens et services produits au Canada pendant une certaine durée, on obtient le PIB.

Mme Gu nous a aussi expliqué la différence entre le PIB théorique et le PIB «réel», qui ne tient pas compte des effets de l’inflation. Le PIB réel capte les tendances de l’activité économique en faisant appel à des prix constants. Les économistes peuvent ainsi mesurer l’évolution réelle du PIB, plutôt que les changements attribuables à l’inflation.a

2. Politiques monétaires et budgétaires

Bien qu’elles constituent toutes deux des outils auxquels on fait appel pour orienter l’activité économique du pays, les politiques monétaires et budgétaires sont différentes du point de vue de l’organisme qui les contrôle et de leur raison d’être.

Les banques centrales gèrent les politiques monétaires qu’elles utilisent pour maîtriser la masse monétaire en circulation. L’objectif premier des politiques monétaires consiste à mater l’inflation. Par exemple, la Banque du Canada peut augmenter les taux d’intérêt pour tâcher de gérer l’inflation.

Les politiques budgétaires, quant à elles, sont gérées par les ministères de l’État. L’objectif premier de ces politiques consiste à améliorer l’activité économique, grâce à la fiscalité et aux dépenses.

«Pour stimuler l’économie, l’État peut réduire les taux d’imposition et augmenter les dépenses, a expliqué Mme Gu. Et lorsqu’il doit refroidir l’économie qui surchauffe, il peut hausser les taux d’imposition et réduire les dépenses.»

3. Écart de production

L’écart de production est une mesure économique de la différence entre la production réelle d’une économie et sa production potentielle, qui est la quantité maximale de biens et de services que l’économie peut produire lorsqu’elle fonctionne au plein emploi.

«Les économistes adorent parler des écarts de production», a-t-elle expliqué. S’il en est ainsi, c’est parce que cet indice nous donne une idée de la situation de l’économie.

Si l’écart de production est positif, c’est que l’économie tourne à plein régime, généralement parce que l’inflation augmente et que le chômage baisse. Dans ce cas, comme l’a expliqué Laura Gu, «Les banques centrales peuvent hausser les taux d’intérêt pour ralentir la demande et réduire l’inflation».

Quand l’économie accuse un écart de production négatif et tourne en deçà de son potentiel, les banques centrales pourraient réduire les taux d’intérêt pour stimuler la croissance.

Idéalement, il faut que cet écart soit le plus rapproché possible. Or, «l’économie n’atteint jamais cette situation idéale», a-t-elle précisé.

4. Durcissement quantitatif

Le durcissement quantitatif (DQ) pourrait faire penser à une recette de cuisine. Il s’agit en fait d’un outil monétaire utilisé par les banques centrales. L’objectif du DQ consiste à réduire la masse monétaire de l’économie pour contrôler l’inflation.

Les banques centrales tâchent parfois de faire appel à différentes méthodes pour réduire l’inflation. L’une de ces méthodes consiste à hausser les taux d’intérêt. Quand les taux montent, le coût d’un prêt hypothécaire ou d’un prêt automobile augmente. Toutefois, hausser le coût du crédit permet de réduire la demande et de stabiliser les prix.

Le durcissement quantitatif est une autre méthode qui permet de réduire l’inflation. Les banques centrales peuvent tenter de réduire la taille de leur bilan en vendant des obligations d’État ou en les laissant arriver à échéance. L’objectif est de retirer l’argent des marchés financiers.

Si ces méthodes visent toutes deux à réduire l’inflation, Laura Gu explique que la hausse des taux d’intérêt se répercute généralement sur les taux d’intérêt à plus court terme, alors que le durcissement quantitatif a des incidences sur les taux d’intérêt à plus long terme.

5. Stagflation

La stagflation, c’est l’inflation qui s’emballe pendant une durée prolongée. L’économie est en stagflation quand elle réunit trois conditions:

  • lenteur de la croissance économique
  • chômage élevé
  • hausse des prix

D’après Laura Gu, la stagflation est «l’un des pires dénouements d’un emballement prolongé de l’inflation».

Lorsque les taux de chômage montent, la croissance économique peut se ralentir, ce qui donne lieu, pour les banques centrales, à un défi de taille, selon elle.

Le choc de l’offre est l’une des causes les plus répandues de la stagflation: ce choc se produit quand l’offre de biens ou de denrées évolue contre toute attente et entraîne une hausse ou une baisse subite des prix. Par exemple, en 1973, le choc pétrolier a fait flamber les cours du pétrole, à cause des pénuries de carburant imprévues. 1

6. Inflation fondamentale

L’inflation fondamentale est une mesure de l’inflation qui exclut les catégories les plus volatiles que sont les produits alimentaires et l’énergie. Pourquoi exclure l’alimentation et l’énergie? Parce que le prix de ces biens et services a tendance à fluctuer plus que les autres.

En retranchant, dans l’indice de l’inflation fondamentale, l’alimentation et l’énergie, on a une meilleure idée de l’ensemble des prix des biens et des services, ce qui permet à la Banque du Canada de prendre des décisions plus éclairées dans la fixation des taux d’intérêt. Par exemple, si elle augmente trop rapidement, l’inflation fondamentale pourrait motiver le gouvernement à prendre des mesures pour la freiner.

7. Hyperinflation

Ce terme décrit l’inflation qui est très élevée et qui s’accélère généralement. Dans les épisodes d’hyperinflation, la valeur réelle de la monnaie locale commence à se déprécier rapidement. L’hyperinflation est souvent due à l’augmentation fulgurante de la masse monétaire du pays, ce qui a tendance à se produire pendant les périodes de tourmente économique.

On relève dans l’histoire plusieurs exemples de l’hyperinflation. Deux exemples parmi les plus récents se sont produits en Turquie et en Argentine.

Dans les 50 dernières années, la Turquie a comptabilisé un taux annuel d’inflation de l’ordre de 40 % .2 En octobre 2022, l’inflation a atteint un sommet de 85,5 % sur 24 ans. Récemment, l’inflation en Argentine a frôlé les 100 %.3,4 Les habitants de ces deux pays ont dû changer leurs habitudes d’achat et repenser complètement leurs dépenses.

8. Désinflation

La désinflation est le ralentissement temporaire de l’inflation. «Si l’inflation se ralentit et passe de 8 % à 6 %, on peut dire qu’il y a désinflation», précise Laura Gu.

En période de désinflation, les prix continuent d’augmenter, à un rythme plus lent. Ce n’est toutefois pas une mauvaise nouvelle. La désinflation est plutôt normale et nécessaire pour éviter la surchauffe de l’économie. Une récession peut déclencher la désinflation, tout autant que le durcissement des politiques monétaires.

9. Taux final

Le taux final est le taux d’intérêt cible qu’une banque centrale vise à atteindre pendant un cycle de hausse ou de baisse des taux.

Pour déterminer le taux directeur cible (le taux final), les banques centrales doivent soupeser des conditions comme les taux d’inflation et de chômage. Elles font appel à des politiques monétaires pour orienter les taux d’intérêt actuels afin d’atteindre le taux cible.

10. Taux de chômage à inflation stationnaire (TCIS)

Le taux de chômage à inflation stationnaire (TCIS), aussi appelé le taux de chômage non accélérationniste (TCNA), est une notion beaucoup plus facile à comprendre qu’il n’en a l’air. Le TCIS représente le taux de chômage le plus bas qui puisse être maintenu avant que les salaires et l’inflation ne commencent à augmenter. Il s’agit du taux de chômage compatible avec une absence d’accélération du taux d’inflation.

Quand le taux de chômage est inférieur au TCIS et qu’il le reste pendant une durée prolongée, l’économie a tendance à surchauffer, ce qui fait augmenter l’inflation.

11. Point de base

Le point de base (pb) est une unité de mesure financière à laquelle on fait souvent appel pour décrire les modestes variations des taux d’intérêt. Le point de base est égal au centième d’un point de pourcentage (0,01 %). Cent points de base représentent 1,0 %. Ainsi, au lieu de simplement dire qu’«il y a eu une hausse de 1 % du taux d’intérêt», un économiste dirait plutôt que «le taux d’intérêt a augmenté de 100 points de base».

Vous avez envie de parler de l’économie?

L’univers financier est peuplé de termes spécialisés. Toutefois, grâce à cette liste de termes et à un peu d’exercice, vous pouvez améliorer votre vocabulaire et suivre facilement les actualités et tendances économiques les plus récentes.

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Transcription de l’épisode du balado 

Stephen Meurice: Vous est‑il déjà arrivé de regarder ou de lire les actualités ou de participer à un dîner et d’entendre quelqu’un parler de l’économie?

Soudainement, les acronymes fusent de partout. On lance des grands mots et des termes complexes, et vous vous doutez qu’on ne les comprend qu’à moitié. Même pour ceux d’entre nous qui sont plutôt au fait de l’actualité, il peut s’agir d’une soupe à l’alphabet. Et tout ce que vous pouvez faire, c’est d’opiner en faisant mine de comprendre. C’est aujourd’hui la fin de tout cet imbroglio. Dans cet épisode en effet, nous avons réuni quelques termes économiques que vous avez peut‑être entendus ou lus récemment, sans toutefois les comprendre parfaitement. Avec l’aide de Laura Gu, économiste à la Banque Scotia, nous allons définir ces termes. Il sera entre autres question du durcissement quantitatif, de la politique monétaire et du PIB. Nous allons aussi parler de certains termes qu’on n’entend pas souvent, mais qui ont l’air plutôt savants. Il s’agit entre autres du TCIS, soit le taux de chômage à inflation stationnaire. À la fin de cet épisode, nous vous garantissons que vous aurez un arsenal de bons mots quantitatifs, une litanie de termes grandiloquents et une panoplie nettement enrichie de termes. Je me contenterai de ce répertoire de termes. Je crois que vous avez compris ce que je veux vous dire. Je m’appelle Stephen Meurice, et j’anime le blogue Perspectives de la Banque Scotia.

Laura, merci infiniment d’être encore une fois des nôtres.

LG: Merci Stephen. Je suis heureuse d’être avec vous.

SM: Allons droit au but. Voici notre liste de termes économiques. Je vais vous demander de nous aider à définir ces termes, et je vais aussi tâcher de prouver que j’ai appris ce qu’ils veulent dire. C’est à vous qu’il reviendra de me confirmer que je les ai bien compris.

LG: Très bien.

SM: J’oubliais: nous avons prévu un jeu-questionnaire éclair et vous m’avez demandé de vous attribuer un prix pour cet effort. Les enjeux sont considérables. Ma fierté est en jeu. Et votre prix l’est aussi. Allons‑y.

LG: Allons-y.

SM: Parfait! Nous allons commencer par un terme en apparence assez simple: le PIB. Il s’agit d’un terme assez courant, qui désigne le produit intérieur brut. Qu’entend‑on par là et pourquoi ce terme est‑il d’actualité?

LG: Essentiellement, le PIB désigne la valeur totale de tout ce qui est produit dans notre économie. L’opposé est une toute autre notion. Il s’agit du produit national brut ou PNB, soit les biens ou les services produits par les résidents d’un pays. Par exemple, si une société allemande a une usine aux États‑Unis, sa production entre dans le calcul du PIB américain, mais aussi dans le PNB allemand. Mais quand on parle de la croissance économique, dont il est beaucoup question par les temps qui courent, on emploie normalement le terme PIB réel, qui est essentiellement le baromètre de la production économique corrigée de l’inflation.

SM: Donc, le PIB, c’est essentiellement ce qui permet d’évaluer la taille de l’économie.

LG: Essentiellement, oui. Il s’agit de la taille de la production économique.

SM: Très bien. Donc, quand on dit que «[l]'économie a crû de 1 % en chiffres corrigés de l’inflation, et ainsi de suite», on parle en fait du PIB, qui a progressé d’autant.

LG: Il s’agit effectivement du PIB réel.

SM: Très bien. Donc, quand il est question du PIB dans les actualités, on parle surtout du PIB réel en général?

LG: Il s’agit effectivement de la croissance réelle. Parce qu’elle est corrigée de l’inflation, elle donne une meilleure idée des tendances de l’activité économique, sans tenir compte des variations de prix.

SM: Très bien. Passons au suivant. Quand il est question de l’économie par les temps qui courent, on parle souvent des politiques monétaires et des politiques budgétaires. De quoi s’agit‑il et quelle est la différence entre ces deux types de politiques?

LG: Essentiellement, ce sont deux outils qui servent à orienter l’activité économique d’un pays. Les politiques monétaires sont gérées par les banques centrales, qui contrôlent la masse monétaire et dont l’objectif consiste à mater l’inflation. Les politiques budgétaires, quant à elles, sont gérées par les ministères de l’État et sont destinées à améliorer l’activité économique du pays. Il s’agit essentiellement des mesures fiscales et budgétaires qu’adopte le gouvernement. Par exemple, pour stimuler l’économie, un gouvernement peut réduire les taux d’imposition et augmenter ses dépenses. Et lorsqu’il doit ralentir l’économie qui s’emballe, il peut hausser les taux d’imposition et abaisser ses dépenses.

SM: Très bien. Les politiques budgétaires relèvent donc de la compétence du gouvernement, qui prend des décisions pour tâcher d’orienter l’économie dans un sens ou dans l’autre. Les politiques monétaires sont celles qu’adopte par exemple la Banque du Canada et qui ont des incidences sur l’inflation. Mais quel est l’objectif des banques centrales?

LG: L’objectif premier des banques centrales consiste à maîtriser l’inflation pour orienter l’activité économique, l’emploi et la valorisation de la monnaie.

SM: Très bien. Alors quand le gouvernement hausse mes impôts, il applique des politiques budgétaires. Et quand la Banque du Canada augmente le taux d’intérêt de mon emprunt hypothécaire, il applique des politiques monétaires.

LG: C’est exact. Vous avez bien compris.

SM: Parfait. Nous allons maintenant parler de l’écart de production. Nous invitons souvent à cette émission Jean‑François Perreault, économiste en chef à la Banque Scotia. Il a employé plusieurs fois cette expression. Normalement, je me contente de hocher poliment la tête. Vous pourriez peut‑être m’aider à comprendre en quoi consiste effectivement cette notion.

LG: Absolument. Les économistes adorent parler des écarts de production. Les économistes et les décideurs cherchent à savoir non seulement si le PIB augmente ou baisse, mais aussi s’il est au‑dessous ou en dessous de son potentiel. Essentiellement, l’écart de production est une mesure économique de la différence entre la production réelle et la production potentielle d’une économie. La production potentielle correspond essentiellement au volume maximum de biens et de services que l’économie peut produire même si elle tourne à plein régime et en situation de plein‑emploi. Si nous aimons parler de cette notion, c’est parce qu’elle nous donne une idée de la situation de l’économie. Un écart de production positif veut dire que l’économie tourne au‑delà de sa capacité, ce qui fait généralement monter l’inflation et réduire le chômage. Et inversement: quand l’écart de production est positif, les banques centrales peuvent hausser les taux d’intérêt pour ralentir la demande et abaisser l’inflation. Elles peuvent réduire leurs taux quand l’écart de production est négatif.

SM: Donc, l’écart de production correspond à la différence entre ce que produit effectivement l’économie et ce qu’elle pourrait potentiellement produire si elle tournait à plein régime et à pleine capacité?

LG: C’est exact.

SM: Très bien. Est‑ce à dire qu’on veut que l’écart de production soit le plus faible possible? L’objectif consiste‑t‑il à annuler cet écart?

LG: Ce serait la situation idéale et le point d’équilibre. Mais, comme vous le savez, l’économie n’atteint jamais ce point d’équilibre. Et c’est pourquoi nous avons besoin de politiques monétaires et de politiques budgétaires pour aider l’économie à revenir à l’équilibre et à tourner à plein régime.

SM: Je crois que j’ai bien compris. Enchaînons avec le quatrième terme. Je sais que la Banque du Canada tâche d’orienter les taux d’intérêt en pratiquant ce qu’il est convenu d’appeler le durcissement quantitatif. Ça me semble pénible. Pourriez‑vous nous expliquer en quoi consiste cette notion et pourquoi il faut s’en inquiéter?

LG: Bien entendu. Le durcissement quantitatif, ou DQ comme on l’appelle, est essentiellement un outil de la politique monétaire que les banques centrales utilisent pour ramener l’inflation sur la cible. C’est le contraire de l’assouplissement quantitatif, qui est utilisé pour augmenter l’inflation. Le durcissement quantitatif est donc une pratique utilisée par les banques centrales pour réduire la taille de leur bilan et maîtriser la masse monétaire. Il s’agit d’un complément de leurs principaux outils monétaires, soit les taux directeurs. Elles réduisent la taille des bilans en vendant les obligations d’État qu’ils détiennent ou en les laissant simplement arriver à échéance et en les retirant des bilans. Et, grâce au durcissement quantitatif, les banques réduisent la demande d’obligations sur les marchés, ce qui augmente le rendement obligataire et les coûts d’emprunt des ménages et des entreprises. C’est ainsi que dans l’ensemble, elles peuvent mater l’inflation.

SM: Très bien. [rires] Ça fait beaucoup à retenir. Vous allez devoir m’aider un peu plus à comprendre ce terme. Le durcissement quantitatif consiste donc à tâcher de réduire la masse monétaire?

LG: Oui, essentiellement.

SM: D’accord. Et pour ce faire, les banques centrales vendent les obligations qu’elles détiennent.

LG: Elles peuvent soit les vendre, soit les laisser arriver à échéance, ce que fait la Banque du Canada à l’heure actuelle.

SM: Comment font‑elles pour laisser les obligations arriver à échéance?

LG: Une obligation est essentiellement un titre de dette. En les laissant arriver à échéance, le titre arrive à expiration et la somme empruntée est remboursée à son créancier.

SM: Très bien. C’est donc ce qu’on veut dire quand on parle d’imprimer de l’argent? On dit par exemple que le gouvernement ou la Banque du Canada impriment de l’argent et augmentent la masse monétaire, et parfois, les dirigeants politiques le lui reprochent. Est‑ce la même notion?

LG: Non, ce n’est pas la même notion. Il ne s’agit pas d’imprimer de l’argent en soi. Il s’agit plutôt de contrôler la masse monétaire en circulation dans l’économie.

SM: Très bien. Donc, le durcissement quantitatif est un outil que les banques centrales utilisent pour maîtriser la masse monétaire, et avec les taux d’intérêt, il s’agit de l’un des moyens qu’utilise la Banque du Canada pour maîtriser l’inflation.

LG: Exactement. Du point de vue des taux d’intérêt, les banques centrales exercent une plus grande influence sur les taux d’intérêt à court terme. Or, le durcissement quantitatif influe sur les taux d’intérêt à plus long terme, qui sont plus étroitement liés aux taux hypothécaires fixes.

SM: Très bien. Avant d’enchaîner avec notre jeu-questionnaire éclair, parlons de la stagflation. C’est un terme sur lequel je m’interroge depuis un certain temps. L’inflation est bien entendu au premier rang des inquiétudes de tout le monde. Mais qu’est‑ce que la stagflation?

LG: La stagflation désigne la situation de l’économie lorsqu’elle réunit trois conditions: la croissance est lente, le chômage est élevé et les prix montent. On croit généralement que la stagflation est surtout causée par les chocs de l’offre, par exemple le choc du pétrole ou les blocages de la chaîne logistique, qui réduisent l’offre et ralentissent la croissance économique, ce qui oblige les entreprises à abaisser leur demande de travailleurs et ce qui fait monter les prix. C’était d’ailleurs l’une des causes de la stagflation dans les années 1970. Les causes de la stagflation sont toujours largement débattues dans l’univers économique. Pourtant, la plupart d’entre nous s’entendent pour dire que la stagflation est problématique.

SM: Effectivement.

LG: C’est une mauvaise nouvelle.

SM: Je pense qu’on s’inquiétait quand les premiers signes d’inflation se sont manifestés: on se demandait s’il s’agirait d’un problème. Il ne semble toutefois pas s’être produit.

LG: Mmm hmm. C’est l’un des pires résultats que puisse donner une période prolongée de flambée d’inflation. Le taux de chômage augmente. Parfois, il atteint même un sommet et a pour effet de ralentir la croissance, ce qui crée un énorme problème pour les banques centrales lorsqu’il s’agit d’affronter la situation. Comme vous le savez, lorsque les banques centrales luttent contre le chômage, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’inflation. Elles s’en prennent d’abord au chômage avant de s’attaquer à l’inflation. C’est en quelque sorte une bataille qu’elles mènent sur tous les fronts. C’est vraiment un cauchemar.

SM: Très bien. Si nous n’avons pas connu ce scénario cauchemardesque, c’est parce que la situation de l’emploi a été plutôt solide pendant toute cette période. Et même si l’économie s’est ralentie, on ne peut pas dire que ce ralentissement a été catastrophique.

LG: C’est vrai. Comme je le disais, il faut réunir trois conditions: la croissance doit se ralentir, le chômage doit être élevé et les prix doivent augmenter. Et elles ne le sont pas encore.

SM: C’est exact. C’est ce qui explique le terme stagflation, n’est‑ce pas? Il s’agit à la fois de la stagnation et de l’inflation.

LG Effectivement. Je ne sais pas qui a créé ce terme, mais c’est une bonne façon de l’expliquer. C’est exact.

SM: Si je comprends bien, la stagflation réunit à la fois l’emballement de l’inflation, la hausse du chômage et le ralentissement économique, et ce mélange a un effet désastreux.

LG: Oui. C’est tout ce que vous pouvez imaginer de pire.

SM: Très bien. Nous allons maintenant faire notre jeu-questionnaire éclair. Il s’agit de définir le plus grand nombre de termes le plus rapidement possible. À la fin, il y a un prix mystère à gagner, que je vais vous attribuer, quel que soit votre résultat, puisque je ne vais pas vous chronométrer ni vous attribuer de notes. Laura, êtes‑vous prête?

LG: Oui, je suis prête.

SM: Andrew, notre producteur, pourrait peut‑être faire jouer de la musique dramatique?

[On entend de la musique dramatique.]

SM: Très bien. Enchaînons avec le premier terme: l’inflation fondamentale.

LG: L’inflation fondamentale est un baromètre de l’inflation qui exclut les catégories plus volatiles des prix de l’alimentation et de l’énergie.

SM: Très bien. Le taux final.

LG: Le taux final est le taux directeur cible que les banques centrales prévoient d’atteindre dans un cycle de hausses de taux, ou dans un cycle de baisses de taux.

SM: J’espère que nous avons atteint ce taux à l’heure actuelle?

LG: Nous sommes sur le point d’y arriver.

SM: [rires] C’est un objectif que nous sommes en voie d’atteindre. La ligne Mendoza…

LG: Humm…

SM: C’est en fait un terme emprunté au baseball et que j’ai employé simplement pour savoir si vous êtes toujours attentifs.

LG: [rires] Je ne regarde pas le baseball.

SM: [rires] Point de base.

LG: Le point de base est de 0,01 %. Autrement dit, 100 points de base sont égaux à un point de pourcentage.

SM: Si, pour une raison ou une autre, ils insistent pour parler de 50 points de base, les économistes entendent‑ils par là un demi‑point de pourcentage?

LG: C’est exact.

SM: Très bien. Hyperinflation.

LG: L’hyperinflation désigne une très forte flambée et généralement une accélération de l’inflation. Dans les épisodes d’hyperinflation, la valeur réelle des monnaies locales se déprécie vraiment rapidement.

SM: Est‑ce que c’est ce qui s’est produit l’an dernier?

LG: Il n’y a pas eu d’hyperinflation ici au Canada. Mais il y a eu de l’hyperinflation en Argentine et en Turquie.

SM: C’est vrai.

LG: Exactement.

SM: Que dire maintenant de la désinflation?

LG: Quand il y a désinflation, il y a toujours de l’inflation. Toutefois, les prix et les salaires augmentent lentement. Si par exemple l’inflation ralentit et passe de 8 % à 6 %, on dit qu’il y a désinflation.

SM: Très bien. Enfin, que dire du taux de chômage à inflation stationnaire ou TCIS?

LG: C’est un bien grand mot! Le taux de chômage à inflation stationnaire, c’est le taux de chômage le plus faible que l’on puisse soutenir sans provoquer la croissance des salaires ni faire augmenter l’inflation.

[Fin de la musique dramatique]

SM: Merci Laura. C’est ce qui met fin à notre jeu-questionnaire éclair. Vous avez été époustouflante. Je vous ai promis un prix fabuleux. Andrew, pourriez‑vous dire à Laura ce qu’elle a gagné?

Andrew Norton: Eh bien, Laura va jongler élégamment avec les chiffres sur sa toute nouvelle calculatrice! Cette calculatrice affiche huit chiffres; elle a une fonction de mémoire. C’est aussi ce qu’il y a de mieux que nous ayons pu trouver après près de 30 minutes à chercher au magasin à un dollar. Félicitations, Laura!

LG: Je crois bien en avoir une sur mon téléphone. Mais celle‑ci est exceptionnelle.

SM: Andrew a cru que c’était un prix idéal pour une économiste. C’est aussi une calculatrice très perfectionnée, comme vous pouvez le constater.

LG: Oui, ça paraît.

SM: [rires] Laura, j’espère que ce cadeau vous plaît. Ce jeu était très amusant, et notre vocabulaire s’est vraiment enrichi.

LG: Merci.

SM: Je viens de m’entretenir avec Laura Gu, économiste à la Banque Scotia. Je m’appelle Stephen Meurice et j’anime le balado du blogue Perspectives de la Banque Scotia avec Armina Ligaya et Andrew Norton, notre producteur. Et sachez que chaque fois qu’il est question de baseball dans cette émission, c’est lui le responsable.