Imaginez que vous recevez un appel tard dans la nuit… C’est un proche, en panique, qui dit avoir eu un accident et qu’il a besoin d’argent immédiatement. Or, il ne s’agit pas d’un être cher, mais d’un escroc qui utilise l’intelligence artificielle pour imiter sa voix à la perfection. Ce n’est qu’un exemple des derniers stratagèmes utilisés par les fraudeurs pour vous soutirer votre argent. Notre invitée, Tammy McKinnon, première vice-présidente, Gestion de la fraude à la Banque Scotia, nous expliquera quelques-unes des fraudes les plus courantes, les signaux qui peuvent nous mettre la puce à l’oreille et les mesures simples que nous et nos proches pouvons prendre pour nous protéger.
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Clone de Stephen Meurice : Je m’appelle Stephen Meurice et bienvenue à Perspectives. Commençons sans plus attendre.
SM : Eh non, ce n’était pas moi. Je suis le vrai Stephen Meurice. Vous venez d’entendre une imitation de ma voix générée par l’IA à partir d’un échantillon d’une minute. C’est assez trompeur, n’est-ce pas? Je l’ai réalisée en quelques secondes à peine avec un logiciel facilement accessible en ligne. Devrions-nous nous inquiéter?
Tammy McKinnon : Les fraudeurs utilisent l’IA pour imiter des voix. Ce pourrait même être celles de vos proches.
SM : Vous venez d’entendre Tammy McKinnon, une experte en fraude à la Banque Scotia.
TM : Une personne âgée pourrait recevoir un appel en pleine nuit. Dans l’urgence, elle croit parler à l’un de ses petits-enfants parce que la voix clonée est très ressemblante. Par exemple : «Grand-maman, j’ai eu un accident de voiture.» Parfois, les fraudeurs vont même dire : «Quelqu’un va passer chercher l’argent.»
SM : Ce n’est qu’un exemple parmi les nombreux nouveaux stratagèmes perfectionnés utilisés de nos jours pour vous soutirer de l’argent.
TM : Les fraudeurs sont de plus en plus habiles et utilisent des technologies de pointe pour duper leurs victimes.
SM : Selon un récent sondage mené par la Banque Scotia, les nouveaux arrivants au Canada sont particulièrement vulnérables : près de 40 % d’entre eux disent avoir été victimes d’une fraude, contre 17 % des autres Canadiens. D’après ce même sondage, la grande majorité des Canadiens pensent qu’il faut davantage d’éducation sur la fraude financière. C’est pourquoi nous avons invité Tammy aujourd’hui. Elle est première vice-présidente de la Gestion de la fraude à la Banque Scotia et nous expliquera quelques-unes des fraudes de l’heure, les signaux qui peuvent nous mettre la puce à l’oreille et les mesures simples que nous et nos proches pouvons prendre pour nous protéger.
Je m’appelle Stephen Meurice, le vrai de vrai cette fois, et bienvenue à Perspectives.
Tammy, bienvenue une fois de plus à l’émission. C’est un plaisir de vous revoir.
TM : Merci beaucoup. Tout le plaisir est pour moi.
SM : Nous allons parler de certaines fraudes courantes en ce moment. Peut-être pourriez-vous commencer par dresser le portrait général de la situation? Est-ce un phénomène qui ne cesse de grandir?
TM : Oui, il y a assurément plus de fraudes auxquelles nous voulons sensibiliser nos clients pour qu’ils se protègent.
SM : Statistiquement, constatez-vous donc que de plus en plus de personnes sont victimes de différents types de fraude?
TM : Oui, tout à fait. Selon les statistiques du Centre antifraude du Canada, de plus en plus de personnes se font arnaquer chaque année. De mémoire, la fraude a fait 41 000 victimes l’an dernier et a atteint une valeur totale de 545 millions de dollars.
SM : C’est énorme. Avant de plonger dans le vif du sujet, j’aimerais que nous prenions le temps de parler de la stigmatisation associée à la fraude. Beaucoup de personnes sont probablement mal à l’aise d’en parler parce qu’elles se sentent bêtes d’en avoir été victimes. Les fraudes d’aujourd’hui sont-elles si perfectionnées que n’importe qui pourrait se faire avoir?
TM : Tout le monde peut en être victime. Tout est une question de contenu et de circonstances. Plusieurs personnes qui se considèrent comme bien éduquées, bien informées et intelligentes m’ont dit : «Je n’aurais jamais cru me faire avoir un jour.» Différentes circonstances peuvent amener les gens à tomber dans le piège. Le moment pourrait être une source de vulnérabilité. Pensez à une personne à moitié endormie qui répond à un appel ou à une autre qui part en vacances. Le chaos est propice à la fraude. Chaque fois qu’une personne est pressée d’aller quelque part, elle est moins vigilante et peut être plus vulnérable à la fraude.
SM : Intéressant. Nous vous donnerons quelques conseils plus tard, mais le premier pourrait être : ne vous précipitez pas. Prenez votre temps.
TM : C’est exact. Méfiez-vous et prenez le temps de réfléchir.
SM : Bien dit. Les victimes hésitent-elles à dénoncer ces fraudes?
TM : Oui. La fraude affecte vraiment le bien-être des victimes, leur confiance en elles et leur estime de soi. Elle cause beaucoup de tort aux gens. Les fraudeurs disent aussi à leurs victimes de n’en parler à personne. C’est la première erreur à éviter. C’est exactement ce qu’ils veulent : que vous gardiez le silence.
SM : D’accord. Comme je l’ai dit, nous vous donnerons d’autres conseils plus tard. Nous allons d’abord vous présenter quelques fraudes qui sévissent actuellement. Comment avez-vous arrêté votre choix? Celles dont vous allez nous parler sont-elles nouvelles? Commencent-elles déjà à faire des victimes? Sont-elles les plus fréquentes?
TM : Oui, en fait nous commençons à les voir. Les fraudeurs sont de plus en plus habiles et utilisent des technologies de pointe pour duper leurs victimes.
SM : D’accord. C’est en fait une excellente introduction pour la première nouvelle fraude dont nous voulons parler aujourd’hui. Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée pour escroquer les gens?
TM : Les fraudeurs utilisent l’IA pour imiter des voix; ce pourrait même être celles de vos proches. Ces voix clonées presque indétectables sont ensuite utilisées pour escroquer les parents et grands-parents. C’est pourquoi nous appelons l’une de ces tactiques la «fraude grands-parents». Le fraudeur se fait passer pour un proche en détresse en copiant sa voix et demande de l’argent pour, par exemple, sortir de prison ou se sortir de n’importe quel autre pétrin.
SM : Ouf. Ça fait peur.
TM : Oui. Quelques points communs permettent de reconnaître ce stratagème. Une personne âgée reçoit un appel en pleine nuit et elle est à moitié endormie. Dans l’urgence, elle croit qu’elle parle à l’un de ses petits-enfants parce que la voix clonée est très ressemblante. Par exemple : «Grand-maman, j’ai eu un accident de voiture. Je suis en tort. J’ai vraiment peur de ce qui pourrait m’arriver. Je suis sorti tard. J’ai besoin de ton aide. Peux-tu me transférer de l’argent dans un compte?» Parfois, les fraudeurs vont même dire : «Quelqu’un va passer chercher l’argent. J’en ai vraiment besoin. Je ne veux pas signaler l’accident à la police. Je ne veux pas faire monter ma prime d’assurance, grand-maman. Je suis un nouveau conducteur.
SM : C’est ahurissant. Je suppose qu’ils utilisent généralement des fichiers audio qu’ils trouvent sur les médias sociaux d’une personne ou ailleurs parce que tout le monde les utilise et s’expose de différentes manières. Donc, ils prennent un fichier audio qu’ils ont trouvé sur les médias sociaux et utilisent l’IA pour générer d’autres messages en utilisant la même voix ou une voix qui lui ressemble beaucoup.
TM : C’est exact. Aujourd’hui, des sites facilement accessibles permettent de le faire. Les fraudeurs s’en servent pour cloner des voix.
SM : D’accord. C’est donc de plus en plus facile à faire?
TM : Oui.
SM : Il y a aussi l’hypertrucage («deepfake» en anglais). J’imagine que le stratagème est similaire, mais sous forme de vidéo. C’est bien ça?
TM : Exactement. Nous avons vu beaucoup de fraudes de ce genre mettant en vedette des personnes bien connues ou des célébrités. C’est un hypertrucage. La vidéo fait la promotion d’un produit et les victimes sont convaincues de l’acheter en pensant qu’elle vient de la vraie personne, mais ce n’est pas le cas.
SM : Je vois. Donc, ils utilisent une célébrité pour réaliser une fausse vidéo afin d’inciter une personne à faire un investissement ou à acheter un produit ou quelque chose du genre.
TM : C’est en plein ça.
SM : Comment détecter la supercherie? Nous venons de parler des fraudes audio, qui sont assez fréquentes, comme la fraude grands-parents. Une personne reçoit un appel du genre : «Grand-maman, je me suis fait arrêter ou j’ai eu un accident. J’ai besoin d’argent tout de suite.» Quelles mesures les gens peuvent-ils prendre pour se protéger à l’avance contre ce genre de fraudes?
TM : La première chose, selon moi, est d’être conscientisé. Un autre bon conseil est d’établir un mot secret avec vos proches. Le fraudeur ne connaîtra pas le mot. Si vous pensez être au téléphone avec un de vos petits-enfants, demandez-lui quel est le mot secret que vous êtes les seuls à connaître et qu’un fraudeur qui ferait des recherches sur les médias sociaux ne pourrait pas trouver. Il ne faut donc pas que ce soit un deuxième prénom, par exemple.
SM : Bonne idée. Ensuite, je suppose que, dans le cas des fraudes vidéo ou de l’hypertrucage dont nous venons de parler, il faut surtout, encore une fois, être sceptique et ne pas croire tout ce que l’on voit sur Internet.
TM : Tout à fait. Gardez ceci à l’esprit : si c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement une fraude.
SM : C’est probablement une fraude.
TM : Oui.
SM : J’ai cru comprendre qu’en plus de l’hypertrucage et du clonage de voix, l’IA est aussi utilisée pour rendre plus efficaces les méthodes de fraude existantes. Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet?
TM : Oui. Si je sortais mon téléphone maintenant, je pourrais probablement trouver dans ma boîte plusieurs textos qui sont des tentatives d’hameçonnage. Il y a quelques années, nous aurions vu des fautes d’orthographe, des erreurs dans le contenu et des erreurs de syntaxe dans les phrases. Nous aurions tout de suite détecté que c’était un faux concours et que c’était une supercherie. Les fraudeurs utilisent désormais des outils comme ChatGPT pour rendre leurs messages beaucoup plus crédibles et amener les gens à cliquer sur des liens.
SM : D’accord. Donc nous recevons un texto, un courriel ou autre qui contient un lien. Les fraudeurs essaient d’une manière ou d’une autre de nous inciter à cliquer dessus. Que se passe-t-il si nous cliquons dessus?
TM : Parfois, quand vous cliquez sur un lien, il vous renvoie à un site qui vous semble familier. Ce n’est peut-être pas tout à fait une copie conforme, mais il contient suffisamment d’éléments pour vous faire croire que c’est le vrai site. Parfois, il peut installer des logiciels malveillants sur votre appareil, un autre mécanisme permettant à un fraudeur d’avoir accès à des renseignements.
SM : Je vois. Parfait. Passons maintenant au deuxième type de fraude courante dont vous voulez nous parler, c’est-à-dire les arnaques à la cryptomonnaie. J’ai entendu dire qu’elles devenaient de plus en plus problématiques. Est-ce vrai?
TM : Tout à fait. La cryptomonnaie a gagné en popularité ces dernières années, tant auprès des investisseurs que des fraudeurs. Les clients sont informés d’une possibilité d’investissement par quelqu’un au téléphone ou à leur ordinateur. Parfois, ils défilent simplement le contenu sur un réseau social et tombent sur une publicité pour ce qui semble être un investissement alléchant. En général, ces fraudeurs utilisent des méthodes de vente forcée pour inciter les gens à investir leur argent dans ces placements. Habituellement, ce n’est qu’au moment de retirer leur argent que les gens se rendent compte que quelque chose cloche : soit ils ne sont pas en mesure de retirer leur argent, soit le soi-disant investisseur ne donne plus signe de vie et ils sont incapables de le retracer. C’est généralement à ce moment-là qu’ils se rendent compte qu’ils ont été escroqués.
SM : C’est fâchant. Dans les exemples sur lesquels j’ai lu, il semble que les fraudeurs prennent le temps de tisser une relation de confiance avec la personne qu’ils ciblent. Ils y mettent beaucoup d’efforts.
TM : C’est parfois le cas. Ils sont prêts à investir du temps, surtout s’ils sentent qu’ils sont devant une victime qui va mordre à l’hameçon. C’est assez fréquent dans une arnaque amoureuse. Il faut parfois des mois pour gagner la confiance de la victime et c’est à ce moment-là que le fraudeur commence à lui demander d’envoyer de l’argent.
SM : Pourriez-vous nous rappeler ce qu’est une arnaque amoureuse?
TM : Oui, dans une arnaque amoureuse typique, un fraudeur tisse une relation avec une personne, la convainc plus ou moins qu’il a développé de véritables sentiments pour elle et, après un certain temps, lui demande de lui envoyer de l’argent. Les exemples ne manquent pas. Si vous avez Netflix, le documentaire L’Arnaqueur de Tinder en est un bon exemple. L’autre jour, j’ai entendu parler d’une situation qui s’est déroulée aux États-Unis, je crois. Un homme pensait être en couple avec une femme plus jeune. Il a vidé son compte d’épargne-retraite, lui a envoyé tout son argent et s’est même rendu dans une institution financière pour contracter un prêt.
SM : Aïe!
TM : Ce n’est qu’à ce moment qu’une personne a réussi à le convaincre qu’il s’agissait probablement d’une fraude et qu’il devait arrêter d’envoyer de l’argent.
SM : C’est terrible. Les fraudes comme les fraudes à l’investissement, les arnaques à la cryptomonnaie et les arnaques amoureuses sont-elles principalement commises par des fraudeurs à l’étranger? Est-ce surtout des fraudeurs au Canada? Le savez-vous?
TM : C’est difficile à dire parce que les numéros de téléphone sont souvent falsifiés pour éviter que l’on sache vraiment où sont situés les fraudeurs. Par exemple, ils peuvent afficher faussement le numéro de téléphone d’une banque, ce qu’on appelle la «mystification». Il est vraiment difficile de savoir d’où ils proviennent. Donc, non, nous ne le savons pas vraiment. Je pense qu’ils peuvent provenir de n’importe où.
SM : Je vois. Votre réponse nous amène à la troisième fraude dont nous voulons parler, à savoir les fraudes d’usurpation d’identité. Je pense que la mystification en fait partie. Pouvez-vous expliquer ce que c’est?
TM : Oui. L’usurpation d’identité est l’action de prétendre être une autre entité. Les fraudeurs prétendent appeler d’un organisme gouvernemental ou d’une banque. Ces fraudes sont difficiles à détecter parce qu’ils montrent souvent qu’ils connaissent certains renseignements légitimes pour faire croire à l’interlocuteur que l’appel vient de véritables entités. Ils posent généralement à leur interlocuteur des questions pour obtenir d’autres renseignements. Il peut s’agir de renseignements personnels ou financiers. Par exemple, ils utilisent souvent la méthode du code d’accès unique. C’est une méthode que les gens connaissent bien parce qu’ils l’utilisent pour se connecter à leur compte bancaire ou effectuer une opération. La plupart des banques ont mis en place ce niveau de protection ou d’authentification supplémentaires pour confirmer l’identité de leurs clients. Les fraudeurs le savent. Ils téléphonent à leur victime et lui demandent : «Quel est le code que vous voyez à l’écran?» Ils utilisent ensuite aussitôt le code pour accéder au compte. Je pense que ces fraudes sont si difficiles à détecter parce que les fraudeurs savent des choses à votre sujet. C’est comme ça qu’ils gagnent votre confiance.
SM : Comment mettent-ils la main sur ces renseignements à notre sujet?
TM : Ils peuvent puiser dans le contenu sur les réseaux sociaux ou profiter des atteintes à la protection des données. Ces dernières années, nous avons entendu parler de plusieurs vols de données qui ont compromis des renseignements personnels.
SM : Effectivement. Pour la mystification, un fraudeur se fait souvent passer pour une institution financière, comme vous l’avez dit, mais il arrive que notre vraie banque doive nous joindre ou communiquer avec nous d’une manière ou d’une autre pour des raisons légitimes. Comment faire la différence?
TM : Vous avez raison. Votre banque peut vous appeler pour différentes raisons légitimes. Ce pourrait être au sujet d’une opération que vous avez effectuée récemment ou d’une réclamation que vous avez soumise récemment. La différence est qu’une banque ne vous demandera pas de renseignements confidentiels, comme un code d’accès à usage unique, votre numéro de carte de crédit ou même votre code de vérification de carte (c’est-à-dire les trois ou quatre chiffres à l’arrière de la carte qui sont censés constituer une forme de protection). Les employés de la banque ne vous demanderont rien de tout ça. C’est déjà un indice. En cas de doute, raccrochez et rappelez.
SM : Utilisez le numéro au dos de votre carte.
TM : Oui, utilisez ce numéro.
SM : Si je résume : Un employé de la Banque qui nous téléphone ne nous demandera jamais les renseignements personnels dont vous venez de parler. Par contre, si nous téléphonons à la Banque, pour quelque raison que ce soit, les employés peuvent avoir une raison de nous les demander.
TM : C’est exact. Quand vous téléphonez à votre banque, c’est pour une raison en particulier. Certains renseignements peuvent vous être demandés. Si un employé de la Banque vous téléphone, vous ne devez pas lui communiquer ces données confidentielles.
SM : Parfait. Nous avons survolé différents types de fraudes. Quels conseils donnez-vous aux gens pour éviter de tomber dans le panneau de ces fraudes de plus en plus perfectionnées? Les fraudeurs essaient toujours de trouver des failles dans les précautions que les gens prennent.
TM : D’abord, je pense qu’il faut toujours prendre un pas de recul et réfléchir avant d’agir. Arrêtez-vous un instant. Une petite pause ne fera certainement pas de mal à personne. Un autre bon conseil pourrait être d’avoir en tête deux ou trois personnes de confiance à qui vous pouvez téléphoner si vous avez besoin d’un deuxième avis sur une situation.
SM : Je trouve que c’est une excellente idée de penser à quelques personnes à qui nous pouvons téléphoner ou à qui nos parents âgés ou nos enfants peuvent téléphoner si quelque chose leur semble anormal.
TM : Oui. Le fait d’avoir quelques personnes sur qui vous pouvez compter pour vous confier vous permet de prendre un pas de recul de la situation. Comme je l’ai dit, prenez le temps d’être sceptique et de dire à voix haute ce qui vous paraît louche. Parfois, le dire à voix haute peut vous aider à réaliser qu’il y a bel et bien anguille sous roche. Souvent, le simple fait d’entendre une personne de confiance vous dire que ça ne semble pas être une bonne idée ou qu’elle a entendu parler de situations semblables qui se sont révélées être des fraudes suffit pour vous convaincre de ne pas aller de l’avant.
SM : D’accord. Vous ne devriez jamais avoir peur de dire à votre interlocuteur : «Je ne suis pas prêt à prendre une décision tout de suite. J’aimerais en parler à quelques personnes avant. Rappelez-moi plus tard.»
TM : Oui. Vous avez totalement raison. Je me souviens que, pendant la pandémie, les gens avaient beaucoup moins d’occasions de s’asseoir autour d’une table pour discuter. Résultat? Les gens étaient plus vulnérables. L’isolement les rendait plus vulnérables. Un bon conseil serait certainement de tendre la main, surtout à vos parents âgés, et de leur dire qu’ils peuvent vous appeler s’ils se retrouvent dans l’une de ces situations ou s’ils ont des doutes. Les gens aiment avoir leur indépendance et veulent prendre leurs propres décisions, mais je pense que si vous ouvrez la porte et si vous leur offrez simplement, ils sauront que vous ne les jugerez pas et que vous serez là pour les aider. Souvent, je me demande : «Qu’est-ce que ma mère a besoin de savoir aujourd’hui?» Mieux vaut prévenir que guérir. Ensuite, tous les conseils que nous avons donnés aux gens dans les dernières années tiennent toujours. Surveillez vos comptes pour voir s’il y a des opérations que vous ne reconnaissez pas. Tenez-vous au courant des nouvelles fraudes. Nous avons parlé de certaines fraudes, mais elles vont continuer à évoluer. La Banque Scotia a un excellent site à ce sujet. Consultez le banquescotia.com/securite. C’est une ressource très utile pour rester à l’affût des fraudes courantes.
SM : J’imagine que c’est l’essence même de votre travail?
TM : Oui.
SM : Est-ce surtout pour informer le public? Est-ce une façon dont la Banque tente de s’attaquer à ces problèmes à l’interne?
TM : Oui, toutes ces réponses. Vous y trouverez aussi de nouveaux outils. Les banques disposent d’excellents outils pour prévenir la fraude. Nous collaborons de plus en plus avec nos clients pour les aider à déterminer si une opération est légitime ou non. Nous ne voulons pas bloquer d’opérations légitimes. Nous voulons que nos clients puissent effectuer leurs opérations sans problème. Nous collaborons avec eux. Par exemple, nous envoyons parfois des messages à nos clients pour leur demander s’ils sont bien à l’origine d’une opération, sans entrer dans les détails, nous leur demandons s’ils ont bel et bien effectué une opération en particulier. Nous voulons mettre en place des outils pour permettre à nos clients de poursuivre leurs activités en ayant à se soucier le moins possible de la fraude.
SM : Parfait. J’imagine que, comme les fraudeurs, vous utilisez aussi la technologie. Avez-vous recours à l’IA?
TM : Bien sûr. L’IA peut aussi être utilisée à bon escient.
SM : En effet. Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de cet épisode?
TM : Mon message est : vous n’êtes pas seul. Beaucoup d’aide s’offre à vous. Idéalement, vous devez mettre en place des mesures pour vous protéger. Si vous êtes victime d’une fraude, n’hésitez pas à faire appel à nous. Signalez-la. Obtenez l’aide dont vous avez besoin. Être victime de fraude peut avoir de lourdes conséquences sur les gens et la signaler peut aider à empêcher que d’autres personnes ne les subissent aussi.
SM : J’aimerais ajouter une dernière chose. Si jamais je te téléphone et que tu n’es pas certaine que c’est moi, notre mot secret sera «rutabaga».
TM : Rutabaga? Personne ne le devinera.
SM : Tammy, merci beaucoup de votre présence aujourd’hui.
TM : Merci.
SM : Vous venez d’entendre Tammy McKinnon. Elle est première vice-présidente de la Gestion de la fraude à la Banque Scotia.