Nous demandons aux Canadiens à la tête de petites entreprises quels conseils ils donneraient à d’autres propriétaires de petites entreprises. Dans ce numéro spécial de Portrait d’une petite entreprise soulignant le Mois de la petite entreprise, nous nous entretenons avec une entrepreneure formidable qui ravit les palais d’amateurs de sauce piquante d’un océan à l’autre.
En tête-à-tête avec Ana Stevens
Ana Stevens est la cofondatrice et la vice-présidente, Développement des affaires, de Pepper North, une entreprise de sauces piquantes entièrement produites au Canada qu’elle a fondée en 2013 avec son mari Drew Stevens.
Le couple lance son entreprise, établie à Oshawa, en Ontario, après que Drew Stevens eut développé un intérêt pour la production et la vente de graines de piment fort en ligne. Un été au cours duquel le couple récolte plus de piments forts qu’il ne peut en manger lui-même, Drew Stevens, toujours prêt à expérimenter et à essayer de nouvelles recettes, crée sa première sauce piquante, qu’il nomme No Joke, à base de tomate et de piment ghost pepper. En 2014, le couple décide de vendre ses sauces maison favorites, dont la sauce No Joke, au marché des cultivateurs de Port Credit.
Ce week-end, leur comptoir connaît tant de succès que leurs clients en redemandent : mais où peuvent-ils bien continuer à s’approvisionner en sauces de Pepper North? À l’époque, Ana occupe un emploi dans le secteur de la logistique et attend son premier enfant. Deux ans plus tard, alors qu’elle travaille toujours à temps plein, Ana est en congé de maternité après avoir donné naissance à son deuxième enfant. Elle songe à changer de carrière et à travailler à son compte, tout en conciliant vie professionnelle et vie personnelle pour élever ses deux jeunes enfants. C’est à ce moment-là que le couple décide de se lancer dans la vente en gros de ses produits.
«J’ai réalisé que je pouvais m’appuyer sur mon expérience en affaires pour me lancer avec succès dans la vente en gros de nos produits», résume Ana Stevens.
Pimenter le marché canadien
Trois ans plus tard et Pepper North distribue maintenant ses produits dans plus de 700 magasins à l’échelle nationale. Bien entendu, le parcours de la jeune entreprise n’a pas toujours été de tout repos. Dans le secteur de l’alimentation, les marges sont minces. En outre, la croissance des activités de l’entreprise pose certains défis; le couple doit notamment trouver le moyen d’accéder à suffisamment de fonds pour répondre à une demande de plus en plus grande.
«À l’été de 2016, nous avons rempli le coffre de notre voiture de boîtes de sauces piquantes et avons pris la route avec un bébé et un jeune enfant pour promouvoir nos produits auprès du plus grand nombre de gens possible», se souvient Ana Stevens.
Dans le cadre de cette tournée, le couple présente ses produits à tous les détaillants qui acceptent de le rencontrer. À la fin de l’été, le couple décroche 70 nouveaux comptes de détail. Mais l’approvisionnement de ces 70 nouveaux clients, qui inclut une commande importante de Sobey’s, présente son lot de défis logistiques et financiers pour l’entreprise relativement jeune.
«Nous avons eu à réfléchir à la manière dont nous allions étendre nos activités, se rappelle Ana Stevens. Il nous a fallu assurer la logistique nécessaire au transport de produits de notre installation de production aux entrepôts des détaillants, et repenser la façon dont nous nous approvisionnons en ingrédients pour préparer nos sauces en plus grande quantité.»
La facilité d’accès à des liquidités a été cruciale à la croissance de l’entreprise. Pour cette raison, Ana Stevens suggère aux petites entreprises d’établir le plus tôt possible une relation étroite avec leur institution financière.
«Puisque la plupart des détaillants paient dans un délai de 30 à 60 jours, il faut des avances de liquidités pour assurer sa production, dit Ana Stevens. Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur un partenaire précieux, la Banque Scotia. Nous avons développé une relation étroite avec notre conseiller, Petites entreprises. Il suit de près les progrès de notre entreprise et croit vraiment en son potentiel.»
Le conseiller a permis au couple d’accéder aux fonds dont il avait besoin et a aussi invité Ana Stevens à participer à l’initiative Femmes de la Banque Scotia, un programme exhaustif qui aide des propriétaires d’entreprises à atteindre de nouveaux sommets en leur donnant accès à du capital, à du mentorat provenant de dirigeants chevronnés et à de la formation adaptée à leurs besoins.
Ana Stevens a tiré parti de prêts et d’autres formes de crédit pour étendre les activités de son entreprise aussi rapidement, mais elle retient de sa participation à l’initiative Femmes de la Banque Scotia que les propriétaires d’entreprise doivent aussi pouvoir s’appuyer sur un réseau de contacts et rester à l’affût d’occasions de perfectionnement.
«La formation continue est très importante à mes yeux, dit Ana Stevens. Donner l’occasion à des femmes entrepreneures issues de secteurs divers de se réunir pour échanger revêt une importance cruciale : en tant que propriétaire d’entreprise, il est rassurant de savoir que d’autres entrepreneurs vivent les mêmes choses que vous, qu’il s’agisse de réussites ou d’épreuves.»
«Pour réussir, un propriétaire d’entreprise doit être en mesure de surmonter ses craintes et les obstacles», déclare Ana Stevens.
«Lancer sa propre entreprise peut être une expérience affolante, ajoute-t-elle. Vous n’avez aucune idée de la manière dont les choses vont se passer. Vos efforts peuvent être couronnés de succès… ou pas. Je crois que la réussite de Pepper North repose sur le fait que je n’ai jamais eu peur de travailler dur ni de prendre des risques. En fait, il ne faut jamais hésiter à se promouvoir et à prendre des risques; sinon, certaines occasions peuvent vous glisser entre les doigts.»
L’avenir semble prometteur pour Pepper North Artisan Foods. Maintenant qu’elle a atteint son objectif de devenir une marque reconnue à l’échelle du pays, l’entreprise cherche à distribuer ses produits dans un plus grand nombre d’épiceries et à les commercialiser auprès de restaurants et de fournisseurs de services alimentaires.
«Les occasions de croissance et de promotion de notre marque ne manquent pas, conclut Ana Stevens. Nous voulons que nos sauces piquantes fassent partie des produits incontournables de tous les ménages canadiens.»