Les criminels cherchent toujours de nouvelles façons de déjouer les autorités. Au cours des dernières années, ils s’emploient à une nouvelle forme de blanchiment d’argent surnommée « schtroumpfage du coucou » (traduction : cuckoo smurfing). Si son nom semble enfantin, il s’agit en fait d’un stratagème de blanchiment d’argent complexe qui touche les consommateurs au quotidien sans qu’ils s’en rendent compte.
Voici ce qu’il vous faut savoir sur le schtroumpfage du coucou pour éviter de tomber dans le piège.
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Le schtroumpfage est une technique de blanchiment d’argent par laquelle des criminels fractionnent des opérations importantes en plusieurs « petites » opérations de moins de 10 000 $ réparties entre plusieurs opérateurs ou titulaires de compte. Puisqu’elles sont nombreuses et petites, on les appelle « schtroumpf », en référence aux petites créatures bleues de la fameuse bande dessinée.
Ce stratagème avantage les criminels puisque les grandes institutions financières sont inscrites auprès du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada et ont l’obligation de signaler toute transaction de 10 000 $ ou plus et toute opération suspecte qui pourrait être liée au blanchiment d’argent ou au financement terroriste.
Avec la technique du schtroumpfage du coucou, les criminels profitent de la participation involontaire de titulaires de comptes bancaires tiers qui attendent un virement de fonds dans leurs comptes. Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que l’argent qui est déposée dans leur compte provient d’activités criminelles.
Le mot « coucou » fait référence à l’oiseau qui pond ses œufs dans le nid d’autres oiseaux, les dupant à s’occuper de sa portée. Comme le coucou, les criminels tentent de profiter de titulaires de compte honnêtes pour donner une apparence de légitimité à leurs opérations.
Bon nombre gens assument qu’ils ne pourraient jamais être impliqués dans un stratagème de schtroumpfage du coucou, mais son efficacité réside justement dans le fait que n’importe qui peut être exploité par cette activité criminelle sans même s’en rendre compte.
Voici un exemple de scénario :
- Un parent à l’étranger veut envoyer 9 000 $ à son enfant aux études en Australie pour l’aider à payer ses frais de scolarité et ses dépenses courantes. Elle confie le transfert des fonds vers l’Australie à une entreprise qui offre ce type de service.
- Au même moment, une organisation criminelle établie en Australie cherche un moyen de virer 9 000 $ à des complices à l’étranger.
- Plutôt que de virer tel que promis les fonds que papa ou maman lui a confiés, l’entreprise de services de virement transmet les renseignements de l’opération à une organisation criminelle impliquée dans des activités de blanchiment d’argent.
- L’organisation profite de l’occasion pour déposer des fonds provenant d’activités criminelles dans le compte bancaire de l’étudiant en Australie.
- Les fonds que papa ou maman voulait remettre à l’étudiant sont virés aux criminels, plutôt qu’à leur destinataire légitime.
En fin de compte, chacun obtient l’argent qu’il s’attendait à recevoir, mais l’organisation criminelle en a profité pour blanchir son argent en catimini. Malheureusement, les fonds dans le compte de l’étudiant pourraient être bloqués si les autorités ont de bonnes raisons de croire que ceux-ci sont le fruit d’activités criminelles.
Tout cela n’est seulement possible que parce que l’entreprise de services de virement de fonds est corrompue ou impliquée dans une organisation criminelle.
La famille innocente apprend avec effarement qu’elle a été impliquée à son insu dans un crime financier.
Pour le commun des mortels, le schtroumpfage du coucou semble plus compliqué que nécessaire, mais tout le problème est là. Dans ce stratagème, des gens innocents se retrouvent mêlés à la toile de ce stratagème, ce qui complique l’identification des vrais coupables. De plus, ce ne sont pas toutes les institutions financières à l’extérieur du Canada qui sont tenues de s’enregistrer auprès de la CANAFE. Pire encore, elles pourraient même collaborer avec les criminels en échange d’une commission. Cela complique encore plus la détection d’activités suspectes.
La structuration d’opérations est une autre méthode répandue de blanchiment d’argent. Disons qu’une organisation criminelle cherche à virer 50 000 $ à l’étranger sans trop attirer l’attention. Pour se dérober de toute obligation de déclaration auprès de la CANAFE, elle pourrait faire appel à 10 complices et leur transférer chacun 5 000 $. Toutefois, cette technique ne fonctionne qu’un certain temps, puisque ces complices reçoivent des virements de fonds fréquents ou effectuent des dépôts importants et les banques finiront par soupçonner le complot.
Si le schtroumpfage du coucou en indigne certains, pour les criminels, ça fait partie du boulot. L’objectif, c’est de mêler l’argent provenant d’activités illégales à des fonds légitimes. Les criminels et les blanchisseurs d’argent contrôlent bon nombre des entreprises impliquées, donc les parties impliquées sont nombreuses et travaillent main dans la main.
Il peut être difficile de déterminer si vous êtes à risque d’être ciblé par le subterfuge du schtroumpfage du coucou, mais vous pouvez prendre certaines mesures pour vous protéger.
- Lorsque vous envoyez de l’argent à l’étranger, ne faites appel qu’aux services d’une institution digne de confiance inscrite auprès de la CANAFE. Si vous recevez des fonds, demandez à vos proches d’utiliser les services d’entreprises réputées fiables dans leur pays.
- Si une offre semble trop belle pour être vraie, par exemple des taux d’intérêt bien plus bas que ce qui est proposé ailleurs, il y a probablement anguille sous roche.
- Restez à l’affût de toute opération suspecte ou inhabituelle portée à votre compte. Par exemple, communiquez avec votre institution financière si des fonds inattendus sont déposés dans votre compte. Elle lancera une enquête et se penchera sur les opérations suspectes. Elle pourra aussi vous aviser de la démarche à suivre le temps que l’enquête soit menée.
Bref, si une offre semble trop alléchante pour être vraie, c’est probablement le cas. On n’est jamais à l’abri d’une tentative d’arnaque et celle-ci peut prendre la forme d’un message texte, d’un courriel, d’un appel ou d’une rencontre en personne. Signalez toute activité soupçonnée de fraude ou de blanchiment d’argent.
Si vous êtes un client de la Banque Scotia et croyez être la cible d’une fraude en ligne, appelez-nous au 1-800-575-2424.
Les activités de blanchiment d’argent peuvent nuire à notre sécurité et à notre qualité de vie, puisque les produits du crime proviennent notamment du trafic de drogues. Les institutions financières mettent en œuvre diverses techniques de lutte contre le blanchiment d’argent, alors que les criminels se servent de manœuvres comme le schtroumpfage du coucou et la structuration d’opérations pour s’en dérober.
Toute personne qui reçoit régulièrement ou occasionnellement des fonds de l’étranger devrait veiller à ne faire affaire qu’avec des entreprises dignes de confiance.
Gardez toujours un œil sur vos comptes bancaires et signalez sans tarder toute opération suspecte, que vous soupçonniez un leurre comme le schtroumpfage du coucou ou toute autre fraude courante.