Tandis que le choc causé par la pandémie de COVID-19 semble s’estomper et que les choses reviennent peu à peu à la normale, les Canadiens doivent maintenant composer avec l’inflation, qui n’a jamais été aussi élevée depuis le début des années 19901. Les prix augmentent pour différentes raisons : pénuries de main-d’œuvre et difficultés d’approvisionnement, répercussions des changements climatiques sur les produits alimentaires et dépenses gouvernementales comme les suppléments de revenu.
Comme d’autres institutions ailleurs dans le monde, la banque centrale du Canada a procédé à une hausse des taux d’intérêt pour tenter d’enrayer la flambée des prix, mais l’incidence d’une telle mesure pourrait prendre un certain temps avant de se faire sentir. Entre-temps, les consommateurs doivent s’ajuster à la conclusion de certains programmes d’aide, à la réduction de leur pouvoir d’achat et à la hausse des taux des prêts hypothécaires.
« Les gens pourraient éprouver des difficultés financières, surtout ceux qui touchent de petits revenus », affirme Bruce Sellery, spécialiste en finances personnelles et chef de la direction de Solutions en matière de dette Crédit Canada. « Bien des gens, même ceux qui comptent sur un revenu élevé, traînent une dette élevée. »
Composer avec l’inflation en 2022
Le taux d’inflation au Canada a atteint un sommet en 30 ans et son incidence sur nos portefeuilles paraît souvent même encore plus forte que ce que les chiffres semblent indiquer2. Les prix à l’épicerie augmentent, les rénovations sont de plus en plus dispendieuses et les prix des automobiles s’envolent. C’est ce qui a tendance à se produire après une période où les taux d’intérêt s’étaient fixés à des planchers historiques et que des milliards de dollars aient été injectés dans l’économie. Le Canadien moyen n’y peut rien.
« On peut bien en parler, mais ça ne fera aucune différence, ajoute M. Sellery. C’est un peu comme une tempête de neige. On peut bien s’en plaindre mais en bout de ligne, il n’y a rien d’autre à faire que de se retrousser les manches, d’empoigner une pelle et de commencer à pelleter son entrée. »
En plus d’administrer cette bonne dose de réalité, M. Sellery suggère aux particuliers de gérer leurs finances le plus strictement possible. Deux facteurs rendent l’inflation particulièrement pénible : la hausse des dépenses et la stagnation des revenus. Pour tirer votre épingle du jeu, il vous faut lutter promptement sur ces deux fronts.
En matière de dépenses, quels ajustements pouvez-vous apporter pour améliorer votre santé financière? Pouvez-vous privilégier l’achat de produits « sans nom »? Reporter certains achats? Acheter des produits de saison plutôt que des fraises en février?
En ce qui concerne votre salaire, le temps est venu de prêcher pour votre paroisse. Par chance, le marché de l’emploi est en pleine effervescence. Le temps est peut-être venu de demander une augmentation de salaire ou de mettre à jour votre curriculum vitae. Peut-être aussi êtes-vous en mesure de faire du temps supplémentaire ou de vous lancer à la quête de nouveaux clients.
« Nous pouvons influencer nos revenus et contrôler nos dépenses », résume M. Sellery.
La pyramide des priorités financières personnelles, d’après Bruce Sellery
Si vous ne savez pas par où commencer pour gérer vos finances, la pyramide des priorités financières de M. Sellery peut vous aider. Ce système vous permet de classer vos priorités financières parmi six catégories. Au début, il vous faut maîtriser la base (le premier échelon), puis vous gravissez graduellement les prochains échelons.
- Échelon 1 : Entrées et sorties de fonds
- Vos revenus sont-ils supérieurs à vos dépenses?
- Échelon 2 : Dette
- Êtes-vous libre de toute dette de carte de crédit?
- Échelon 3 : Épargne
- Cotisez-vous régulièrement à votre épargne?
- Échelon 4 : Impôt
- Tirez-vous parti d’instruments fiscalement avantageux?
- Échelon 5 : Rendement des placements
- Au fil du temps, les rendements de vos placements suivent-il ceux de leur indice de référence?
- Échelon 6 : Optimisation des rendements
- Pourriez-vous faire appel à d’autres stratégies pour maximiser le rendement de vos placements?
Incidence d’une hausse des taux d’intérêt sur votre planification financière
La flambée inflationniste s’explique en partie par la faiblesse récente des taux d’intérêt. C’est pourquoi la Banque centrale du Canada prévoit d’augmenter plusieurs fois les taux pour lutter contre l’inflation. Dans ce contexte, toute dette devient plus coûteuse.
Et les Canadiens sont très endettés. Collectivement, les Canadiens ont contracté 193 milliards de dollars de dette hypothécaire durant la pandémie, gonflant la dette totale des ménages canadiens vers un nouveau sommet de 2,5 billions de dollars3. Le nombre de nouvelles marges de crédit hypothécaire n’a aussi jamais été aussi élevé depuis 10 ans4.
Or, l’endettement ne pose pas toujours un problème. Le test de résistance pour les prêts hypothécaires, inauguré en 2018, permet de déterminer si un emprunteur potentiel serait toujours en mesure de rembourser son prêt dans l’éventualité d’une hausse de 2 % des taux, ce qui devrait être le cas pour la plupart des emprunteurs ayant un emploi. Et même si les taux augmentent, les prêts hypothécaires à taux variable prévoient des versements mensuels fixes. Leur remboursement prendra simplement plus de temps.
D’après M. Sellery, ce sont les Canadiens qui songent à acquérir une nouvelle propriété cette année qui devraient se soucier le plus de leur niveau d’endettement, en réfléchissant notamment aux taux qui pourraient être en vigueur dans cinq ans, au moment du renouvellement de leur prêt, afin qu’ils puissent planifier la gestion de leurs finances en conséquence.
Fait à noter, alors que l’endettement hypothécaire explosait, la dette des consommateurs diminuait5. Dans le cadre de ses activités professionnelles à Crédit Canada, M. Sellery affirme avoir vu moins de Canadiens s’inscrire à des programmes de consolidation de dettes ou avoir eu à traiter un moins grand nombre de proposition de consommateur qu’il y a quelques années, essentiellement en raison de l’effet stabilisateur des mesures d’aide gouvernementales pendant la pandémie.
Toutefois, M. Sellery s’attend à ce que cet effet sur les finances personnelles des Canadiens s’estompe rapidement à mesure que le gouvernement dénouera progressivement, voire même complètement, son aide. « Nous nous attendons à une hausse prochaine de telles demandes et à ce que nos téléphones ne dérougissent pas. » Les gens ayant une dette de consommation élevée devraient tenter de s’en libérer le plus rapidement possible.
Comment la pandémie souligne l’importance de pouvoir compter sur un fonds de prévoyance
Lorsque les restaurants, les salons de coiffure, les salles de spectacles et les centres commerciaux ont fermé leurs portes durant la pandémie, les Canadiens se sont rendu compte à quel point il pouvait être facile d’épargner lorsqu’ils ne sortaient pas de la maison pour dépenser. L’aide gouvernementale accordée en réponse à la pandémie ont aussi favorisé l’assainissement des finances personnelles canadiennes. Les Canadiens ont mis de côté la somme incroyable de 212 milliards de dollars au cœur de la pandémie en 2020, contre 18 milliards de dollars en 2019. En moyenne, chaque Canadien aurait épargné 5 574 $ en 2020, comparativement à 479 $ en 2019.
Si vous n’aviez pas de fonds de prévoyance avant la pandémie, le moment est venu d’en établir un, maintenant que l’économie est en pleine relance. M. Sellery vous suggère d’ouvrir un compte bancaire distinct où vous mettrez de l’argent de côté pour financer toute dépense imprévue.
« J’aimerais que chaque Canadien soit réellement sensibilisé à l’importance d’avoir accès à des fonds, par l’entremise d’un fonds de prévoyance ou de tout autre instrument. »
Si vos dépenses mensuelles s’élèvent à environ 5 000 $, vous devriez idéalement avoir à portée de main une réserve d’au moins 15 000 $. Cette somme peut sembler élevée, et constituer un tel fonds pourrait vous prendre du temps, mais vous pouvez y arriver, même en commençant par mettre de côté 100 $ par mois.
En établissant un fonds de prévoyance correspondant à six mois de dépenses, vous aurez non seulement l’esprit tranquille, mais cela vous aidera à éviter de vous endetter en raison d’une urgence ou, qui sait, d’une autre pandémie.
Une ligne de crédit conviendrait-elle à vos finances personnelles?
Bon nombre de gens se sentent en sécurité en mettant de l’argent de côté dans un compte d’épargne, mais ce n’est pas nécessairement le cas pour tout le monde. Avec des taux d’intérêt à leur plus bas et une inflation élevée, l’argent qui dort dans un compte bancaire perd graduellement de sa valeur. Certains Canadiens sont d’avis qu’il est préférable de placer cet argent, par exemple dans un CELI. Plutôt que de compter sur les fonds déposés dans un compte d’épargne en cas d’urgence, ces Canadiens pourraient plutôt se tourner vers une ligne de crédit renouvelable.
Si vous gérez particulièrement bien vos finances et avez de saines habitudes financières et un bon coussin en vue de la retraite, vous pourriez certainement considérer cette solution.
« Cela dépend de vos préférences. Certains sont satisfaits de savoir qu’ils ont accès à un fonds de prévoyance de 5 000 $, 10 000 $ ou 20 000 $ en cas d’imprévu. S’ils perdent leur emploi ou s’ils doivent faire une dépense importante en urgence, ils ont l’assurance de pouvoir compter sur les fonds nécessaires. D’autres pourraient déplorer le fait que cet argent dort. »
Habituellement, une ligne de crédit s’accompagne de taux d’intérêt avantageux, puisqu’elle est garantie par la valeur de votre propriété ou qu’une institution financière l’offre à ses clients de longue date ayant une cote de crédit élevée et une épargne considérable. Il s’agit d’un moyen simple d’accéder rapidement à des fonds, qui vous donne aussi l’option de payer seulement l’intérêt. En cas d’urgence, vous pouvez puisez dans ce crédit tout en profitant de faibles taux d’intérêt.
Toutefois, l’utilisation d’une ligne de crédit comporte une plus grande part de risque. Elle exige certaines connaissances en finances et en gestion de dette poussées. Si vous avez d’autres contraintes financières, par exemple des prêts étudiants imposants à rembourser, un emploi faiblement rémunéré ou un parcours professionnel imprévisible, vous devriez vous en tenir à un fonds de prévoyance.
Peut-on se préparer à l’éventualité d’une nouvelle pandémie?
On a beau dire que personne n’aurait pu prévoir la pandémie de coronavirus, les sommités en santé publique tirent la sonnette d’alarme à propos du risque d’une pandémie mondiale depuis des dizaines d’années. Qui sait quand et sous quelle forme s’abattra la prochaine calamité. C’est pourquoi il est crucial d’adopter de saines habitudes financières pour se préparer en vue de l’imprévisible.
Une gestion judicieuse de vos avoirs requiert une gestion rigoureuse de vos entrées et sorties de fonds, un fonds de prévoyance adéquat et une dette minimale, ou du moins à des taux d’intérêt très faibles (c.-à-d. autre qu’une dette sur carte de crédit).
Nous avons tous besoin d’un coup de pouce occasionnel pour gérer nos finances. Communiquez avec un conseiller de la Banque Scotia pour obtenir des guides détaillés sur la planification financière, les placements, l’élaboration d’un budget et plus encore. Un conseiller peut vous aider à prendre vos finances en main, à diminuer votre stress et à vous protéger contre les imprévus.