Stephen Meurice : De quoi parlez-vous habituellement avec vos parents? De la dernière publication de votre tante sur Facebook? De la famille royale? De l’entraînement des Blue Jays pendant la saison morte? Pourquoi pas d’argent? De leur argent. Vous n’oseriez pas, n’est-ce pas?
Amy D’Aprix : Je pense que ce qui est intéressant, c'est que l'argent est un sujet tellement émotionnel.
S. M. : Je vous présente Mme Amy D’Aprix, notre invitée pour cet épisode. Elle sait que parler à nos parents de leur argent n’est pas facile, mais de plus en plus nécessaire.
A. D. : Souvent les gens se retrouvent en situation de crise parce qu’ils ont évité ces conversations.
S. M. : En cas d’urgence médicale ou de décès dans la famille, un enfant majeur pourrait soudainement se retrouver à aider un de ses parents ou les deux à gérer leurs finances. Compte tenu du vieillissement de la population et de l’augmentation de l’espérance de vie, c’est une réalité de plus en plus courante.
A. D. : Tout ce fardeau peut être allégé en tenant ce que j’appelle les « conversations essentielles » et l’argent fait assurément partie des sujets à aborder.
S. M. : Mme Amy D’Aprix, également connue sous le nom de « Dr Amy », est autrice, conférencière et experte des questions concernant la retraite, le rôle de proche aidant et la dynamique familiale. Elle est également consultante pour la Banque Scotia et pour L’initiative Femmes de la Banque Scotia. Dans cet épisode, elle nous donne quelques conseils pour aborder le redoutable sujet de l’argent avec nos parents, quel que soit notre âge. Elle énumère les points à aborder et donne quelques suggestions d’amorces. Je m’appelle Stephen Meurice et bienvenue à Perspectives.
Amy, merci beaucoup de votre présence aujourd’hui.
A. D. : Ça me fait plaisir.
S. M. : Aujourd’hui, vous allez nous expliquer comment aborder le sujet de l’argent avec nos parents. Pourriez-vous commencer par nous dire pourquoi il est important d’en parler? Pourquoi est-ce tabou aujourd’hui alors que ce ne l’était pas il y a 20 ans? Ou peut-être était-ce aussi tabou à l’époque?
A. D. : J’allais dire que l’argent a probablement toujours été un sujet tabou, mais nous en sommes plus conscients maintenant, en partie en raison du vieillissement des baby-boomers. Un nombre ahurissant de personnes approchent du troisième âge ou l’ont atteint. Pensez à la génération sandwich. Ces personnes doivent à la fois s’occuper de leurs enfants et penser à leurs parents. En toute honnêteté, presque chaque jour, des gens me parlent de difficultés que leur apporte le vieillissement d’un de leurs parents parce qu’ils sont tellement nombreux dans cette réalité en ce moment.
S. M. : Oui, je suis moi-même passé par là, par tout le tracas de la génération sandwich. J’ai dû prendre mon courage à deux mains pour parler à un de mes parents vieillissants. Comme beaucoup de personnes souffrent de démence et d’autres maladies du genre, j’imagine qu’il est d’autant plus important de tenir ces conversations plus tôt plutôt que plus tard. Y a-t-il un moment préférable pour commencer à en parler à nos parents? Quels sont les problèmes ou les situations qui pourraient survenir et que vous tentez d’éviter grâce à ces conversations?
A. D. : Il n’y a pas de raison d’attendre. C’est ce que je dis toujours aux gens. La prévention est notre objectif et vous venez de le dire. Je tiens quand même à vous rassurer : la majorité des gens vieillissent sans être atteints de démence. Par contre, même si vos parents ne sont jamais confrontés à un problème de perte de mémoire ou de démence, il y a tout de même des choses dont vous devriez leur parler. L’objectif de ces conversations est d’éviter des situations désagréables à l’avenir, même des situations de crise. C’est l’essentiel. Souvent, les gens se retrouvent en situation de crise parce qu’ils ont évité ces conversations. Si vous êtes un enfant majeur, vous avez intérêt à tenir ces conversations pour comprendre votre rôle dans le cours des choses. Allez-vous apporter une certaine contribution financière et prodiguer des soins ou vos parents sont-ils capables de gérer tous ces aspects seuls? Si vous évitez le sujet, vous n’en aurez jamais vraiment le cœur net, jusqu’à ce que, un jour, vous vous retrouviez possiblement en pleine situation de crise.
S. M. : Pouvez-vous nous donner des exemples de situations de crise?
A. D. : Prenons l’exemple d’un parent qui a des problèmes de mobilité. Vous voyez votre mère vieillir et constatez que ses capacités diminuent. Elle vit dans une maison à trois étages. Vous commencez à ressentir une petite inquiétude quand vous lui rendez visite. Quelques jours plus tard, vous recevez un appel disant que votre mère est tombée dans les escaliers et s’est cassé une hanche. Maintenant, vous vous retrouvez à vous demander : « Quel plan de soins souhaiterait-elle? Nous n’en avons jamais parlé. Quels sont ses moyens financiers? » Vous ne savez peut-être même pas si elle a des fonds de côté. Disons que votre mère avait déjà fait des démarches et pensé à un endroit où elle souhaitait se faire soigner advenant le besoin. Comme vous n’avez possiblement pas tenu de conversation sur la planification, il se peut qu’il n’y ait pas de place pour votre mère là-bas ou qu’elle n’ait pas les moyens d’y aller. Vous pourriez découvrir que votre mère n’a pas suffisamment d’argent pour les soins. Vous vous retrouvez donc confronté à deux choix : Allez-vous l’aider à payer? Allez-vous l’envoyer dans un établissement qui n’est pas son premier choix? Donc, Stephen, j’explique beaucoup comment arriver à respecter les choix de nos parents, leur volonté et leur indépendance lorsqu’ils vieillissent. C’est vraiment le but premier des conversations sur l’argent.
S. M. : Si je résume : nous ne voulons pas nous retrouver à avoir cette première conversation en pleine situation de crise ou après, alors que nous avons des décisions à prendre, mais ne connaissons pas les volontés de notre parent ni les dispositions qu’il a pu prendre à l’avance.
A. D. : C’est rarement l’idéal de procéder ainsi. Je pourrais passer la journée ici à vous raconter toutes sortes d’histoires de différentes personnes qui ont passé par là. Tout ce fardeau peut être allégé en tenant ce que j’appelle des « conversations essentielles », qui consistent à parler à nos proches de ce qu’il y a de plus important dans la vie. L’argent fait assurément partie des sujets à aborder. Il faut en parler tôt et ouvrir la porte à en parler sur une base régulière. Le sujet est rarement clos du premier coup. Il est généralement préférable d’y aller pas à pas.
S. M. : Pour beaucoup de gens, j'imagine qu'avoir une conversation avec leurs parents au sujet des finances de leurs parents peut être très difficile ou inconfortable. Comment commencez-vous cette conversation? Surtout si ton parent n'est pas dans une situation précaire, en ce qui le concerne, ça va. Comment initiez-vous cette conversation?
A. D. : Je suis ravie que vous posiez cette question, car la façon dont nous abordons la conversation est aussi importante, voire plus importante, que les points dont nous parlons. Je vous ai dit il y a quelques instants qu’il est important de parler à nos parents pour leur dire que nous voulons respecter leur indépendance et leurs décisions. Donc, nous pourrions entamer la conversation dans cette optique et aborder le sujet en disant quelque chose comme : « J’aimerais vous parler de quelque chose qui risque de vous rendre un peu inconfortable. Nous n’en avons jamais parlé auparavant. C’est à propos de vos finances. Je veux vous en parler, maman et papa (ou seulement maman ou papa), parce que c’est important pour moi de respecter votre volonté quand vous vieillirez. Pour pouvoir le faire, je dois savoir ce que vous voulez, mais aussi ce que nous pouvons nous permettre financièrement en tant que famille. » Vous pourriez aussi dire « ce que vous pouvez vous permettre » si vous ne voyez pas ça comme une responsabilité familiale. L’idée étant de l’aborder dans cette optique. Je pense qu’il y a deux raisons pour lesquelles les gens ne veulent vraiment pas parler d’argent avec leurs enfants. Premièrement, certains ont peur que leurs enfants essaient de prendre le contrôle de leur vie. C’est une grande peur, la peur de perdre le contrôle.
S. M. : Perdre son indépendance.
A. D. : Oui, exactement. Ils pourraient se dire : « Pour qui te prends-tu? Tu viens ici pour me parler d’argent. C’est moi le parent. » Deuxièmement, le parent pourrait penser à tort que vous avez besoin d’argent. Ce sont les deux principales craintes. Vous pouvez donc dissiper ces deux craintes dès le départ. « Ce n’est pas parce que j’ai besoin de quelque chose. C’est simplement parce que je veux vous aider. Si nous en parlons, j’ai l’impression que je serai mieux préparée pour vous aider quand vous vieillirez. »
S. M. : C’est certain. C’est donc un processus graduel. Vous pouvez peut-être commencer par dire : « Nous devrions en parler bientôt », ne serait-ce que pour introduire le sujet et les amener à y réfléchir.
A. D. : En toute honnêteté, mon père est quelqu’un qui a besoin de réfléchir et, quand j’ai voulu avoir la première conversation avec lui à ce sujet, je savais que je ne pouvais pas simplement entrer chez lui et soudainement dire : « Il faut qu’on parle. » Donc, je l’ai appelé avant. C’est aussi une bonne stratégie. Ma mère avait subi un grave accident vasculaire cérébral. Elle avait besoin de soins importants. Et je lui ai dit : « Papa, tu sais, je pense qu’il serait peut-être utile que toi et moi prenions le temps de parler de vos finances afin que nous puissions décider des soins qui conviendraient le mieux pour maman. Quel serait le meilleur moment pour s’asseoir et en parler? » On a organisé une rencontre en fonction de son emploi du temps. Au téléphone, il me semblait un peu réticent, mais, quand je suis arrivé, Stephen, il était tout prêt. Nous nous sommes assis et avons eu une bonne conversation sur un sujet que nous n’avions jamais abordé. Donc, cette approche fonctionne vraiment. Depuis plus de 30 ans, j’accompagne les gens dans ce processus et un de mes conseils est d’aviser les gens et de les rassurer dès le départ : « C’est pour ces raisons que nous avons cette conversation. Je veux respecter ta volonté. »
S. M. : C’est certain. J’imagine que, pour beaucoup de gens, la conversation n’est pas aussi facile que celle que vous avez eue avec votre père. Il s’était préparé. Existe-t-il une liste pour nous aider à nous préparer? Quels sont les points que les gens devraient aborder avec leurs parents, selon vous?
A. D. : Bien sûr. Il avait imprimé le bilan de ses finances, mais il n’avait pas pensé à toutes les choses que je vais mentionner et qui sont essentielles. D’abord, idéalement, vous devriez parler avec vos parents lorsque tout va bien. Évidemment, le moment est plus propice pour tenir cette conversation quand tout le monde est en bonne santé et que tout va bien. Nous n’avons pas toujours le privilège d’en parler dans de bonnes circonstances. Vous devez d’abord parler de leur testament et leur procuration. S’en sont-ils occupés? La procuration concerne autant leurs soins personnels que leurs biens. S’ils n’en ont pas encore, d’excellentes ressources s’offrent à eux. La Banque Scotia offre d’excellentes ressources et ses professionnels peuvent les aider à mettre le tout en place. Vous devez vous assurer qu’ils en ont et que quelqu’un sait où ils sont rangés. C’est primordial. [rires] Je pourrais vous raconter des tas d’histoires de gens qui avaient un testament, mais que personne n’est arrivé à trouver. Ensuite, les points suivants sont la suite logique des premiers. Qui sont les professionnels avec qui ils font affaire? Ont-ils un avocat? Ont-ils un planificateur financier? Dans l’affirmative, sont-ils ouverts à ce que vous les rencontriez? Là encore, vous pouvez vous attendre à une certaine résistance, mais c’est important de les rencontrer quand tout va bien, car si vos parents ont un jour besoin d’aide, c’est probablement vous qui serez en contact avec ces professionnels. Le meilleur moment pour les rencontrer est donc lorsque les choses vont bien. Vous pourriez dire à vos parents : « Je veux simplement rencontrer les personnes avec qui vous faites affaire parce que si jamais vous avez besoin d’aide, c’est moi qui devrai leur parler. Ce sera plus facile si on se connaît déjà. Je n’ai pas envie de leur parler pour la première fois quand il y aura un problème. » C’est donc un autre point à aborder. La plupart des parents seront ouverts à l’idée. Vos parents sont peut-être plus jeunes. Vous m’écoutez peut-être même si vous n’êtes que dans la vingtaine ou la trentaine et vos parents n’ont qu’une cinquantaine d’années. Vous pouvez tout de même entamer ces conversations sur l’argent. Vous pouvez préparer le terrain. Vous n’oserez peut-être pas questionner vos parents sur leurs vieux jours, mais qu’en est-il de leur retraite? Qu’envisagent-ils? Comment entrevoient-ils cette étape de leur vie et comment s’y sont-ils préparés? Ces premières conversations peuvent être un très bon premier pas. Selon moi, une des meilleures approches à adopter est de tenir des conversations mutuelles. Parfois, si nous souhaitons parler à nos parents de leur argent, nous pouvons amener le sujet autrement et dire quelque chose comme : « J’aimerais vous parler de votre testament et de votre procuration, et vous montrer ce que moi j’ai fait » (ou ce que je pense faire). La conversation est alors plutôt un échange qu’une entrevue.
S. M. : C’est certain. C’est un sentiment étrange parce qu’une grande partie de notre vie, nous pensons que, comme nos parents sont adultes, ils ont réponse à tout. C’est un changement de dynamique soudain et un peu bizarre.
A. D. : Oui, je pense que c’est fascinant de voir que l’argent est un sujet aussi émotionnel. L’argent est souvent source de gêne et de culpabilité, même pour nos parents. Que vos parents soient en grande forme ou pas, ils pourraient être gênés par leur situation financière, mais vous ne le saurez pas tant que vous n’en avez pas parlé. Dans cette optique, vous pourriez amener la conversation d’une manière qui ne met pas vos parents mal à l’aise de ne pas avoir encore tout réglé. Vous pourriez dire : « Maman, papa, j’apprends encore beaucoup sur l’argent et je suppose que je vais continuer à apprendre tout le reste de ma vie. Je ne sais pas à quoi ressemble votre situation financière actuellement et, quelle qu’elle soit, ce n’est pas un problème. Je voudrais simplement en parler avec vous pour qu’on puisse s’assurer ensemble de pouvoir respecter votre volonté pour vos vieux jours. »
S. M. : C’est certain. Et, si nous en parlons suffisamment tôt, nous pourrons peut-être les aider à mieux s’y préparer.
A. D. : Exactement.
S. M. : Il faut aussi penser aux petites choses du quotidien. Par exemple, à un moment donné, nous devrons peut-être prendre le contrôle de leurs comptes bancaires. Faut-il parler de la gestion de leurs finances quotidiennes plutôt que de la planification à plus long terme?
A. D. : Oui, absolument. Quand nous pensons aux rôles que nous pourrions jouer auprès de nos parents lors de leurs vieux jours, celui auquel nous pensons le plus souvent est de les aider. Ce peut être de les aider avec les petites choses, comme les aider à gérer leurs comptes bancaires. Il peut même s’agir d’aider nos parents à s’assurer qu’ils ont l’argent dans les bons comptes et que les factures sont payées. Au fil du temps, notre rôle pourrait évoluer. Souvent, les enfants majeurs se retrouvent à devenir en quelque sorte le « conseil d’administration » en matière d’argent pour leurs parents lorsqu’ils vieillissent ou que celui qui gérait l’argent décède. Le parent qui est encore en vie peut avoir besoin que vous interveniez davantage. Ça ne veut pas dire que vous devez nécessairement prendre le contrôle de tout. Vous pouvez vous retrouver dans un rôle de conseiller et avoir à l’accompagner le temps qu’il prenne le relais, mais il pourrait avoir besoin d’une certaine aide pour y parvenir. Ce sont donc quelques-uns des rôles fréquents. Évidemment, si vous êtes mandataire, votre rôle peut évoluer au fil de temps. Même si vous ne l’êtes pas, vous aurez probablement à un moment ou à un autre un rôle à jouer auprès de vos parents en ce qui concerne leurs finances. Il est donc utile de faire le point avec eux.
S. M. : Nous ne sommes pas tous des experts de la finance. Certains peuvent avoir une certaine appréhension à assumer ce genre de responsabilités. Comment peuvent-ils s’y retrouver? Que peuvent-ils proposer de faire s’ils ne se sentent pas aptes à assumer ces responsabilités?
A. D. : Je pense que les premières conversations sont vraiment simplement exploratoires : « Où sont rangés vos documents? Qu’envisagez-vous? Si vous avez un testament et une procuration, pouvez-vous me dire qui sont vos conseillers? » Ce genre de renseignements ne nécessite évidemment aucune expertise financière. La plupart d’entre nous qui tentons d’aider nos parents n’avons pas d’expertise financière. C’est pour cette raison que nous pouvons compter sur les professionnels de la finance. Cependant, vous pouvez toujours vous renseigner sur tous ces aspects avec vos parents. Si vous réalisez que vous n’avez pas assez de connaissances ou si vous vous demandez s’ils ont vraiment assez d’argent pour faire ce qu’ils veulent. Je vous recommande vraiment de faire appel à un professionnel de la finance pour en parler ensemble.
S. M. : Au risque d’ouvrir la boîte de Pandore, quoi faire si la famille compte plusieurs frères et sœurs qui pourraient avoir des opinions différentes sur ce que les parents devraient faire ou sur la personne désignée comme responsable?
A. D. : Nous pourrions faire trois balados rien que sur ce sujet! La réponse courte à cette question est que si vous avez des frères et sœurs, la gestion de toute cette situation dépend de votre culture familiale. Souvent, il y a une personne dans la famille qui a une meilleure relation avec un parent et qui est plus à l’aise d’avoir ces conversations. Par contre, les autres frères et sœurs ne doivent pas pour autant être tenus à l’écart. Vous pouvez décider en famille : « D’accord, c’est le temps de parler de certaines choses. » Ensuite, vous pourriez désigner l’un d’entre vous pour parler à vos parents ou décider de le faire tous ensemble, mais vous devez penser à ce que vos parents ressentiront. Disons qu’il est plus imposant de voir vos trois enfants entrer dans le salon pour tenir cette conversation plutôt qu’un seul. Vous devez tout de même vous assurer de tenir la fratrie au courant. Si vous ne le faites pas, je peux garantir que vous aurez des problèmes plus tard. Des chicanes explosent souvent lorsque les frères et sœurs dans la cinquantaine ou la soixantaine découvrent que des décisions ont été prises sans qu’ils aient été consultés. Vont s’en suivre des paroles comme : « J’ai toujours su que maman t’aimait plus », etc. C’est exactement ce que nous cherchons à éviter.
S. M. : [rires] C’est sûr. Nous avons parlé un peu de la génération sandwich. En fait, nous vous inviterons dans un prochain épisode pour expliquer comment aborder le sujet de l’argent avec nos enfants. Voyez-vous souvent aujourd’hui des gens qui se retrouvent à conjuguer les deux, c’est-à-dire à élever leurs enfants, mais aussi à aider leurs parents?
A. D. : Tout à fait. La génération sandwich est un phénomène bien réel. Parfois, les gens se retrouvent pris en sandwich entre encore plus de choses. C’est ce qu’on appelle un « club sandwich ». [rires] Personne ne veut ce genre de club sandwich.
S. M. : [rires] Je n’avais jamais entendu cette expression.
A. D. : Vous pouvez vous retrouver à vous occuper non seulement de plusieurs générations, mais aussi de plusieurs personnes de plusieurs générations. C’est pourquoi il est vraiment important de prendre du recul en tant que proche aidant. Pensons à un proche aidant qui est aussi parent. Quels sont les principaux éléments auxquels il doit penser? L’argent de ses parents vieillissants en est un. Un peu plus tôt, j’ai parlé de nos rôles auprès de nos parents. L’un d’entre eux pourrait être de commencer à assister à des rencontres entre nos parents et leurs conseillers. C’est un autre pratique qu’adoptent souvent les enfants majeurs.
S. M. : Comme vous le dites, il est d’autant plus important pour la personne qui se trouve prise en sandwich de comprendre ce qui se passe avec ses parents, car elle pourrait finir par devoir assumer des responsabilités financières auxquelles elle doit également se préparer.
A. D. : Vous avez totalement raison. Les enfants majeurs sont rarement prêts à ça. Encore une fois, l’approche, la façon dont vous abordez la conversation, est tellement importante. Allez-y petit à petit. Optez pour une série de petites conversations au fil du temps et reconnaissez que vous ou vos parents pourriez être mal à l’aise. Ce sont tous des moyens qui peuvent vraiment atténuer l’inconfort de ces conversations et vous permettre de continuer à en parler à long terme.
S. M. : C’est certain. Suggérer à l’un de vos parents de l’accompagner lorsqu’il rencontre son conseiller financier peut être particulièrement délicat ou sensible. Il pourrait avoir l’impression que vous tentez vraiment de vous incruster dans ses affaires. Comment faites-vous pour justifier votre implication directe?
A. D. : Il n’est pas nécessaire d’assister aux rencontres proprement dites. En fait, vous pourriez seulement demander une courte rencontre pour faire connaissance avec le professionnel. Vous pouvez donc organiser la rencontre en disant : « Je voudrais seulement apprendre à connaître ton conseiller financier [ou ton avocat] pour avoir déjà installé une relation advenant un besoin dans le futur. » De cette façon, votre parent sera probablement plus à l’aise et il pourra déterminer s’il souhaite que vous ayez accès aux renseignements qui seront communiqués. Bien sûr, vous devez convenir à l’avance de cette façon de faire avec le conseiller. Je peux vous garantir que tous les conseillers en seront ravis, car cette relation est aussi importante pour eux. C’est beaucoup plus facile pour tout le monde quand quelque chose arrive et que les gens doivent soudainement travailler ensemble.
S. M. : Regardons la situation d’un autre œil. Si nous ne sommes pas loin d’être nous-mêmes des parents vieillissants, je vous pose une question pour un ami...
A. D. : [rires]
S. M. : Que devrions-nous faire? Les parents devraient-ils amorcer eux-mêmes la conversation?
A. D. : Tout à fait. Si vous écoutez cet épisode et que vous avez des enfants majeurs, commencez à tenir ces conversations dès que vous le pouvez. Encore une fois, c’est vous qui décidez de la quantité d’information que vous voulez partager, mais il y a certains éléments de base que vous pouvez partager. Des choses comme : « Oui, j’ai un testament. Oui, j’ai une procuration. Voici où ils se trouvent. Voici qui sont mes conseillers. » Vous pourriez aussi peut-être dire auprès de quelles institutions sont vos comptes pour que vos enfants n’aient pas à chercher. La réalité d’aujourd’hui nous amène d’autres questions, Stephen. Nous faisons tous des opérations bancaires en ligne. Vous devez donc demander à vos parents : Où sont vos mots de passe? Où est votre argent? Si vous commencez à parler à vos enfants majeurs tôt, vous pouvez aller à l’inverse de ce que j’ai dit, mais garder la même optique : « J’aimerais qu’on se parle pour que tu puisses respecter mon indépendance et mes choix à mes vieux jours. »
S. M. : Amy, je suis ravi de vous avoir reçue. C’était très intéressant. Merci beaucoup de votre présence aujourd’hui et nous avons hâte de vous revoir bientôt.
A. D. : Tout le plaisir est pour moi. Merci, Stephen.
S. M. : Vous venez tout juste d’entendre Mme Amy D’Aprix, autrice, conférencière et experte des questions concernant la retraite, le rôle d’aidant et la dynamique familiale. Elle est également consultante pour la Banque Scotia et pour L’initiative Femmes de la Banque Scotia.
Comme vous l’avez entendu, elle sera de retour dans quelques semaines pour nous expliquer comment aborder le sujet de l’argent avec nos enfants ou les jeunes de notre entourage. Restez à l’affût.
En attendant, nous avons enregistré un épisode il n’y a pas longtemps intitulé « Planification successorale 101 ». Écoutez-le pour en savoir plus sur les procurations, les testaments et les nombreux autres sujets abordés dans cet épisode. Vous pouvez le trouver dans le fil de notre balado et nous ajouterons aussi un lien vers celui-ci dans la description de l’épisode.
La série de balados Perspectives est réalisée par Armina Ligaya, par notre producteur, Andrew Norton, et par moi-même, Stephen Meurice. Andrew, qui ne me permet pas d’assister à ses rencontres avec son conseiller financier parce que je ne suis soi-disant « pas son fils ».